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PRATIQUES EXEMPLAIRES POUR L’EXCELLENCE DE L’ENSEIGNEMENT EN PLEIN AIR

Bryan Taylor

Comment pourrions-nous décrire le concept évoqué par le mot excellence? Existe-t-il une définition usuelle? Un point de départ pourrait être une description des éléments qui peuvent préciser la pensée attendue. On pourrait dire que la qualité doit être exceptionnelle. Comment pouvons-nous appliquer cette description définitive précise à l’enseignement en plein air (Asfeldt et coll., 2021)?

Tandis qu’une approche scientifique pratique de l’enseignement est courante même si l’enseignement comporte bien sûr un volet artistique, ce chapitre porte sur l’art de l’enseignement. Il examine sept principes qui vont au-delà de l’art et de la science de l’enseignement en plein air et présente plusieurs exemples canadiens.

Introduction

Prenez le temps de réfléchir à vos idées clés sur ce qui caractérise un.e excellent.e enseignant.e en plein air. Votre réflexion pourrait donner lieu à des questions comme : « Mes passions et mes talents sont-ils alignés avec la réalité et correspondent-ils bien à l’enseignement en plein air? » Nous pourrions convenir que le fait d’être efficace, pragmatique, organisé, créatif et intentionnel, ainsi que de suivre un plan bien réfléchi en vue de créer les résultats d’apprentissage souhaités, contribuerait grandement à l’excellence en enseignement. Cependant, le parcours du développement de son métier s’accompagne également d’un désir profond de poursuivre cette excellence, de sorte que chaque enseignant.e en plein air aspire naturellement à exceller. Tout d’abord, si nous observons des personnes considérées comme des maîtres dans un domaine, elles semblent accomplir leurs tâches avec aisance.

Commençons par examiner le cœur de notre métier : nos valeurs en tant que professionnel.le.s. Les lecteurs sont invités à examiner et à énumérer leurs valeurs personnelles. Ces valeurs émanent de nos cœurs et de notre désir de faire une différence et de responsabiliser les apprenant.e.s, comme les leaders en plein air devraient le faire. Si le leadership entre en jeu, nous aspirons à guider, habiliter et former les personnes pour qu’elles s’améliorent et deviennent plus compétentes. Comment se déroule donc l’ensemble de cette stratégie? La modélisation et la recherche peuvent aider à orienter l’élaboration d’une telle stratégie. Être stratégique dans l’environnement d’apprentissage est une qualité essentielle que tout leader en plein air devrait posséder : chercher intentionnellement à planifier, préparer, mettre en œuvre et réfléchir aux pratiques qu’il appliquerait dans un environnement extérieur.

Ensuite, considérons la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage. L’assurance de la qualité est axée sur un modèle d’amélioration continue de la planification, de la prestation, de l’évaluation et du cycle d’amélioration qui s’applique à l’enseignement. La planification de chaque moment d’enseignement ou de chaque leçon constitue un point de départ crucial. En effet, la conception d’un programme de formation est un guide important pour organiser les éléments essentiels en vue de garantir que tous les facteurs sont pris en compte et organisés de manière systématique pour répondre aux besoins des apprenant.e.s. L’utilisation de principes d’assurance de la qualité, particulièrement pour la conception et la mise en œuvre de programmes de formation, établit des normes de qualité plus élevées et devient une référence pour les professionnel.le.s de l’enseignement en plein air et leurs programmes.

Pour favoriser une qualité d’enseignement et d’apprentissage élevée, les lecteurs peuvent examiner les valeurs de Quality Matters (QM) (2023) visant à soutenir la conception et la mise en œuvre de programmes. QM est une norme de conception qui guide les professionnel.le.s dans l’organisation des éléments clés essentiels pour créer des inventaires bien organisés et efficaces à inclure dans tout plan de programme d’enseignement (Cochran-Smith, 2003). Bien qu’il soit initialement conçu pour l’enseignement et l’apprentissage en ligne, le cadre QM a été appliqué au contexte de l’apprentissage hybride ou mixte en personne ou en salle de classe (Quality Matters, 2023). Cet auteur suggère que les enseignant.e.s en plein air peuvent aussi trouver ce cadre utile, même s’il n’a pas encore été testé dans des environnements naturels ou sur le terrain.

Enseigner en suivant un plan bien exécuté est comme jouer une symphonie. Le chef d’orchestre suit un programme composé et travaille de concert avec divers groupes et individus pour optimiser les potentialités de chacun, développer la force de chaque instrument et encourager un travail collaboratif exceptionnel. Cet effort et son objectif soulèvent une question provocatrice : comment tous ces éléments sont-ils réunis harmonieusement pour créer l’environnement spécial nécessaire pour produire une musique merveilleuse et un lieu où grandir et apprendre?

Selon cet auteur, la réponse peut être trouvée en combinant sept principes pour l’excellence de l’apprentissage et de l’enseignement (Université Griffith, 2009). Ce chapitre examinera ces principes plus en détail et explorera leur potentiel pour soutenir des environnements dynamiques et stimulants en classe et en plein air.

Sept principes d’excellence en enseignement

Les clés des pratiques exemplaires en enseignement sont l’engagement, la création d’un intérêt et la concentration de l’attention des élèves sur ce que vous communiquez. Raconter des histoires est un excellent moyen de créer une telle connexion mutuelle. Les apprenant.e.s sont venus à l’extérieur pour découvrir et se transformer. C’est une histoire pleine d’aventure, de mystère et de découvertes sur le monde et sur eux-mêmes. Comment pouvons-nous enrichir leur vie et permettre à cette expérience de changer leurs pensées, leurs sentiments ou leurs comportements?

1. Créer un environnement d’apprentissage dynamique, engageant, motivant et stimulant sur le plan intellectuel.
  • Montrer aux élèves l’excitation qui découle de la découverte, ainsi que la créativité nécessaire à l’exploration d’idées et à la résolution de problèmes importants et réels.
  • Trouver des façons de présenter des activités d’apprentissage suffisamment stimulantes de manière enthousiaste, intéressante, agréable et dynamique.
  • Favoriser la participation active et l’engagement passionné dans les activités d’apprentissage.
  • Encourager la reconnaissance mutuelle des talents, des aspirations et des connaissances antérieures que les apprenant.e.s et les enseignant.e.s apportent dans l’environnement d’apprentissage.

Pendant la récente pandémie, les professeurs et les étudiant.e.s de l’Université de Sherbrooke au Québec ont publié un guide sur l’éducation en plein air comme solution de rechange à l’enseignement supérieur en classe afin de réduire la transmission virale (Ayotte-Beaudet et coll., 2020). Ils ont recommandé une combinaison de pédagogies expérientielles fondées sur des problèmes et des projets ayant eu lieu « dans des situations concrètes » en solutionnant des problèmes « importants, motivants et aussi proches que possible d’une situation réelle » permettant aux apprenant.e.s de « s’engager dans un apprentissage… ancré dans la vraie vie » (page 8). Évidemment, l’éducation en plein air est applicable et mise en œuvre à tous les niveaux d’enseignement formel et informel.

Une autre pratique exemplaire consiste à appliquer et à créer une situation dynamique où les idées et les théories sont mises en pratique. Cela valide les points de vue scientifiques et permet aux apprenant.e.s de distinguer la réalité et la fiction, en plus de tester les limites des concepts appris dans le monde réel. Pensez à l’enseignement des concepts mathématiques de trigonométrie, où les longueurs des côtés et les angles des triangles (sinus, cosinus ou tangente) sont calculés les uns par rapport aux autres. On pourrait enseigner cela en classe, ou aller dehors pour mesurer la hauteur des arbres, la longueur des montagnes et la largeur des rivières en utilisant les mêmes techniques (Yamamura et coll., 2003). Voir les concepts en action favorise un niveau de compréhension qui complète les connaissances développées. Le concept clé est de faire le lien avec des situations concrètes qui engagent les apprenant.e.s dans chaque processus.

2. Mettre l’accent sur l’importance de la théorie et des connaissances, la pertinence et l’intégration avec la pratique professionnelle pour trouver des solutions à des défis réels.
  • Donner des exemples de sa propre pratique professionnelle ou disciplinaire pour illustrer les concepts, les compétences et les connaissances liés à la discipline.
  • Mettre en valeur la pertinence et l’importance du contenu du programme et des activités d’apprentissage pour les expériences professionnelles, disciplinaires, concrètes et personnelles.
  • Offrir aux élèves l’occasion de comprendre leur apprentissage en établissant des liens entre le contenu individuel, le programme d’études plus vaste et la pertinence et l’application de leur éducation dans l’avenir.
  • Fournir des expériences d’apprentissage qui simulent la pratique professionnelle et disciplinaire ou qui abordent des problèmes qui y sont liés.
  • Concevoir des programmes, des tâches d’apprentissage et des évaluations qui permettent aux élèves d’appliquer leurs connaissances disciplinaires dans un contexte réel et pratique.
  • Inviter la communauté, les professionnels et les experts de l’industrie à présenter des conférences, des séminaires ou d’autres activités.

Il y a plus de 50 ans, lorsque l’éducation en plein air venait d’émerger au Canada, le secrétaire de direction de l’Association canadienne d’éducation a souligné que « de plus en plus d’enseignant.e.s canadien.ne.s découvrent la valeur de l’éducation en plein air en tant que méthode d’apprentissage par l’expérience directe et la découverte, ainsi que comme méthode d’enseignement qui utilise le monde réel comme ressource » [traduction] (Passmore, 1972, p. 5). Aujourd’hui, de nombreux programmes en plein air reprennent la philosophie d’enseignement du monde réel prônée par l’école Blue Mountain WILD (2020, n. p.) en Ontario :

Notre salle de classe est la vie, notre campus est le monde naturel. Nous encourageons la curiosité dans l’apprentissage grâce à des expériences pratiques. Nous épluchons les connaissances comme un oignon, en explorant les nombreuses couches qui vont au-delà des perceptions initiales et nous examinons leurs intégrations et leurs relations. Notre pensée est critique, nos leçons sont ancrées dans la résolution de problèmes concrets à l’aide d’exemples pertinents. Cela stimule l’intérêt et la motivation à en découvrir davantage. Nous sortons la salle de classe à l’extérieur et dans la communauté pour intégrer des projets et des occasions dans le vrai monde.

Un autre élément s’inscrivant dans cette collection d’idées est la création d’un espace d’apprentissage où l’on peut exprimer ses origines culturelles et ses croyances, être encouragé à participer de manière équitable et être libre de participer, et se sentir respecté. Nous pouvons en apprendre beaucoup sur l’histoire des apprenant.e.s qui façonne la façon dont ils traitent l’information, et nous pouvons cerner les limites de ces croyances qui forgent les valeurs qui guident chaque personne. Nous avons tous été élevés différemment dans des environnements variés; nous avons été inspirés par certaines personnes et découragés par d’autres. Ce processus découlant de l’histoire de chaque personne donnera lieu à une manière de traiter les situations différemment. Cela peut remettre en question l’environnement et constituer l’une des perspectives personnelles.

3. Proposer des expériences d’apprentissage qui forment des diplômés sensibles aux enjeux internationaux et à la culture qui font une différence en tant que citoyens socialement et éthiquement responsables.

  • Donner l’exemple d’interactions respectueuses et compétentes sur le plan culturel avec les élèves.
  • Utiliser des études de cas et des représentations de dilemmes éthiques et professionnels.
  • Intégrer des questions et des approches éthiques aux activités d’apprentissage et d’évaluation des élèves basées sur l’investigation.
  • Utiliser des tâches coopératives et en équipe pour augmenter les occasions d’interaction entre les élèves des groupes interculturels.

En plein air, l’accent mis sur le fait de faire une différence évoque souvent le perfectionnement du participant dans sa relation avec lui-même, les autres et (ou) l’environnement. Au Canada, la sensibilité culturelle peut faire référence à notre société pluraliste et (ou) aux efforts de réconciliation avec les peuples autochtones. En enseignant en plein air, toutes ces dimensions doivent être abordées de manière intégrée, car tout dans le monde est connecté. En Colombie-Britannique, le ministère de l’Éducation a publié un guide interdisciplinaire sur l’enseignement en milieu naturel. Ses suggestions pratiques incluent de nombreuses références à une grande variété de perspectives culturelles sur l’apprentissage à propos de la terre et à depuis celle-ci. Plus particulièrement, « Il importe que les perspectives culturelles et religieuses d’autres provenances soient reconnues et respectées, et que leur portée environnementale soit analysée. » et « Les connaissances écologiques traditionnelles des communautés autochtones issues de régions morphologiques, géographiques et écologiques particulières peuvent être un atout précieux pour l’élaboration d’activités d’éducation à l’environnement culturellement adaptées et pertinentes. » (Ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique, 2007, p. 10). Les apprenant.e.s ne peuvent pas faire une différence s’ils ignorent les autres contributions importantes à la résolution de problèmes environnementaux.

Le président de la Commission de vérité et réconciliation du Canada a souligné que l’éducation détient la clé de la réconciliation future, car la mauvaise éducation était un outil d’oppression par le passé. De nombreux programmes à travers le pays enseignent l’éducation axée sur la terre selon cette perspective. Learning the Land, un excellent exemple qui se développe à l’échelle nationale depuis la Saskatchewan, relie les droits issus des traités aux droits intrinsèques des autochtones :

Learning the land est plus qu’un simple programme d’éducation en plein air. Il s’agit d’apprendre de la terre et de comprendre notre connexion avec elle. La compréhension de notre connexion donnera vie à ce que la terre peut nous enseigner, comment elle communique avec nous et comment elle veille sur toutes les formes de vie qu’elle abrite. La terre est en mesure de renforcer toute chose… Chaque culture, où qu’elle soit, est liée à l’environnement. C’est grâce à cette connexion que les cultures enseignent à leurs peuples comment leurs pratiques traditionnelles relient et respectent tout dans leur environnement. Les cultures autochtones ont vécu de la terre pendant des siècles, de sorte que les connaissances et les liens traditionnels sont profondément enracinés dans les relations ancestrales (Learning the Land, 2020, n. p.).

Le prochain volet porte sur le soutien et le maintien de l’environnement d’apprentissage. Sans l’établissement de mécanismes de soutien et de gestion de groupe, les comportements d’apprentissage peuvent devenir déraisonnables. Comme nous l’avons mentionné, les apprenant.e.s ont certaines limites et perceptions qui peuvent entraîner des comportements qui nuisent à l’efficacité du processus d’apprentissage. Cela met à l’épreuve la patience, la persévérance, la compassion et la force de limiter le discours émotionnel à l’intérieur de chacun de nous. Un environnement d’apprentissage devrait être un espace sacré où les apprenant.e.s se sentent en sécurité et parviennent à sortir de leur zone de confort. L’enseignement consiste principalement à favoriser le développement intellectuel, mental et physique des individus. Il les pousse à investir en eux-mêmes, tout en étant sensibles aux autres. Il encourage un désaccord respectueux dans des espaces collaboratifs et au cours d’activités relaxantes adaptées aux normes culturelles et sociales.

L’élément le plus important consiste à introduire des politiques ou des pratiques qui encadrent le désaccord afin d’obtenir un meilleur résultat, ainsi que des dispositions pour remédier aux comportements qui contournent ces politiques. Donner l’exemple tôt démontre généralement qu’il y a un suivi et donne de la crédibilité aux directives, qui constitueront une pierre angulaire de la gestion de la salle de classe. C’est l’un des facteurs les plus importants dans un environnement d’apprentissage sain où les apprenant.e.s sont soutenus et encouragés à être respectueux. L’enseignant.e a besoin d’un rapport avec les élèves pour bâtir la confiance. Sans cette confiance, le lien d’apprentissage sera moins fort.

4. Offrir un environnement inclusif de soutien et de respect à tous les élèves en accueillant la diversité et l’indigénéité, en restant attentif aux besoins des élèves, en écoutant la voix collective des élèves et en faisant participer les élèves, en tant qu’enseignant.e et leader.

  • Donner l’exemple en adoptant un comportement respectueux..
  • Reconnaître la valeur de la contribution des élèves.
  • Démontrer et encourager le respect de la diversité des élèves dans la classe.
  • Établir des règles de base pour les discussions de groupe et prendre rapidement des mesures en cas de commentaires ou de comportements discriminatoires des élèves.
  • Offrir du soutien aux élèves ayant des difficultés d’apprentissage et des déficiences physiques.
  • Apprendre les noms des élèves et découvrir leurs intérêts.
  • Créer un environnement d’apprentissage sécuritaire et non menaçant dans lequel les élèves sont encouragés à exprimer leurs points de vue et leurs opinions tout en respectant ceux de leurs pairs et du personnel, dans un contexte intellectuel respectueux.
  • Mettre l’accent sur la valeur de la diversité des élèves dans le contexte d’apprentissage et sur les avantages d’apprendre de différentes perspectives individuelles et culturelles.
  • Concevoir des tâches d’évaluation formative précoce pour évaluer les connaissances de base des élèves afin de déterminer les lacunes dans les connaissances ou les compétences requises et le soutien nécessaire aux élèves susceptibles d’échouer.
  • Adapter le rythme de l’enseignement pour accommoder différents styles d’apprentissages tout en maintenant la rigueur et les normes.
  • Fournir aux élèves l’information nécessaire sur le soutien disponible pour les aider à gérer les problèmes d’apprentissage et personnels, notamment en période de stress, afin de réduire le risque d’abandon ou d’échec.
  • Offrir aux élèves l’occasion de développer leurs compétences en présentation orale et d’utiliser les technologies multimédias dans un contexte de soutien.
  • Concevoir des activités d’évaluation qui encouragent les élèves à utiliser des espaces extérieurs, qu’ils soient réels ou virtuels, en particulier dans des contextes de groupe qui motivent les élèves à se rencontrer et à socialiser en dehors des cours officiels.

Une lauréate du Prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement a souligné l’importance d’encourager les élèves à jouer le rôle d’enseignant.e.s. Ses cours de sixième année offerts à des enfants inuits au Nunavut ont offert :

une occasion d’apprendre des aînés, de profiter de la terre, d’établir des liens en tant que classe et de permettre aux élèves de faire preuve de leadership et d’enseigner. Les expériences sont des moments d’apprentissage et des références lors de l’utilisation d’une approche interdisciplinaire. L’apprentissage par projets a révolutionné mon enseignement différencié en classe; des élèves qui n’étaient pas engagés sont maintenant devenus les leaders de la classe et de l’école (Sawyers, 2013, p. 16).

Une autre personne qui enseigne en plein air et effectue des recherches dans des écoles de l’île de Vancouver a réalisé ce qui suit :

Ma nouvelle pratique d’enseignement consiste à garder à l’esprit la voix de mes élèves et leurs besoins. Pour apporter des changements importants, je dois adapter mes leçons pour qu’elles soient davantage dirigées par les élèves et moins dirigées par l’enseignant.e […] Permettre à mes élèves de dire ce qu’ils aimeraient apprendre, où et comment, dans les limites du programme, est le moteur de ma nouvelle perspective quant à l’enseignement [traduction] (Gleeson, 2013, p. 37).

Un élément essentiel consiste à accroître la curiosité et à encourager les pensées créatives lorsque l’esprit de l’apprenant.e cherche à explorer. Cela favorise l’expansion de l’imagination de l’élève. Une appréciation des découvertes personnelles est valorisante. Il y a une forme différente de prise de risque en plein air, où nous enseignons aux apprenant.e.s à découvrir de manière indépendante, ce qui constitue une étape cruciale pour leur développement futur. Il est essentiel de guider les apprenant.e.s de manière constructive pour qu’ils explorent tout en maintenant la portée du travail axée sur les sujets abordés.

5. Encourager l’esprit d’investigation, la compassion, la curiosité et la pensée critique et créative selon la recherche, les normes et les conditions actuelles.

  • Concevoir des activités et des évaluations où les élèves posent des questions de recherche et déterminent les réponses.
  • Utiliser l’apprentissage par problèmes, les approches de résolution de problèmes et d’autres stratégies pour développer les compétences d’analyse, de synthèse et d’évaluation.
  • Faire participer les élèves aux travaux de l’équipe de recherche.

En Alberta, une école privée enseigne l’éducation en plein air pour atteindre sa mission qui consiste à offrir des expériences engageantes, dynamiques et centrées sur les élèves qui favorisent une culture attentionnée et inclusive tout en inculquant un amour de l’apprentissage (Calgary Academy, 2021, n. p.). Un.e enseignant.e a fait part de l’importance des heureux hasards dans le développement de la curiosité, de la créativité et des aptitudes de réflexion :

Mes parties préférées de l’enseignement en plein air sont les moments de découverte où les enfants vivent quelque chose à l’extérieur pour la première fois et se découvrent une passion. J’apprécie aussi le sentiment de connexion que les élèves commencent à développer lorsqu’ils relèvent des défis et découvrent ce qui compte pour eux. Enfin, j’aime les relations qui sont établies au sein de nos cours et qui transcendent le temps. [traduction] – Jason Lindsey (Calgary Academy, 2021, n. p.).

À l’Université de la Saskatchewan, les camps d’écologie pour enfants offrent une éducation en plein air à travers les sens. « Les enfants s’étendent dans l’herbe et sont en communion avec les prairies. Grâce à leurs cinq sens, ils observent le vent bercer l’herbe, ils écoutent les oiseaux et les insectes, ils ressentent la chaleur du soleil et perçoivent quand un nuage passe devant lui. Ils visitent un milieu humide différent chaque jour, ils marchent pieds nus et sentent la boue entre leurs orteils » [traduction] (EcoFriendly Sask, 2018, n. p.). L’engagement est atteint grâce à une conscience multisensorielle.

L’engagement est un élément essentiel de la liste; sans participation ni intérêt, il y a une limite au transfert des connaissances et au développement des compétences. La communication, tant verbale que non verbale, est vitale. Des attentes claires guident les apprenant.e.s, ce qui est essentiel pour éviter les frustrations. L’établissement de buts et d’objectifs crée un parcours de progression permettant à chaque apprenant.e de réfléchir et se demander s’il est en train de progresser. Les mesures doivent être équitables et raisonnables. Il s’agit de l’expérience des apprenant.e.s; lorsque cela est encouragé, l’engagement s’améliore. Lorsque les mesures sont ambiguës, les apprenant.e.s les perçoivent comme injustes et se désintéressent. La création d’environnements d’apprentissage dynamiques avec des activités ludiques interactives à rythme libre aide les élèves à rester motivés.

6. Améliorer l’engagement et l’apprentissage des élèves en concevant un programme efficace, en associant la technologie à l’enseignement et en utilisant les méthodes d’évaluation appropriées.

  • Communiquer les buts et les objectifs des cours et des programmes.
  • Relier explicitement les activités d’enseignement et d’apprentissage et les tâches d’évaluation aux objectifs d’apprentissage, en veillant à ce que ces objectifs soient alignés.
  • Concevoir une évaluation valide et fiable qui garantit que les normes de formation les plus élevées demeureront des plus pertinentes.
  • Créer des évaluations équitables et prendre des mesures disciplinaires appropriées.
  • Appliquer des processus fiables pour la notation et l’attribution des notes, avec des processus de modération cohérents et systématiques utilisés au sein des cours et entre eux.
  • Fournir de l’information transparente sur les exigences relatives aux cours et aux évaluations, les critères de création et de mesure du travail et les normes de rendement élevées attendues.
  • Fournir une rétroaction ciblée et opportune sur l’évaluation afin d’améliorer l’apprentissage des élèves et prendre en compte les besoins individuels en matière d’apprentissage.
  • Mettre en place une combinaison d’évaluations formatives et sommatives, ainsi que la possibilité pour les élèves de bénéficier d’une rétroaction précoce.
  • Créer une bonne répartition et un bon calendrier des tâches d’évaluation, en tenant compte de la charge de travail des élèves dans tous leurs cours au moment de l’évaluation.
  • Utiliser une gamme de stratégies d’enseignement et d’évaluation pour tenir compte des différents styles d’apprentissages.
  • S’assurer que les élèves sont conscients des problèmes et des politiques liés à l’intégrité académique, ainsi que des sanctions associées aux infractions.
  • Dans la mesure du possible, offrez de la souplesse quant à la présentation du contenu du cours et au type/moment d’évaluation.

Yukon Experiential Learning (YEL) est une initiative du ministère de l’Éducation provincial qui soutient l’apprentissage en plein air en fournissant des conseils, une orientation en matière de gestion des risques, du matériel et d’autres ressources à toute école qui souhaite offrir ces programmes. Son site Web définit l’apprentissage expérientiel comme étant « l’enseignement et l’apprentissage qui intègrent l’expérience directe, la réflexion critique et la négociation comme base du processus d’apprentissage » et explique que, dans le cadre de l’apprentissage expérientiel en plein air :

les rôles principaux de l’éducateur.trice comprennent la création d’expériences adaptées, la présentation de problèmes, l’établissement de limites, le soutien aux apprenant.e.s, la garantie de la sécurité physique et émotionnelle et la facilitation du processus d’apprentissage. L’éducateur.trice reconnaît et encourage les occasions d’apprentissage inattendues. Les éducateur.trice.s s’efforcent d’être conscients de leurs préjugés, jugements et idées préconçues, de même que de leur incidence sur l’apprenant.e. La conception de l’expérience d’apprentissage comprend la possibilité d’apprendre à partir de conséquences naturelles, d’erreurs et de réussites (JEL, s. d., n. p.).

Comme nous l’avons mentionné plus tôt, cette pratique doit compléter le plan initial et le cycle d’enseignement de présentation, d’évaluation et d’amélioration. Pendant l’instruction, de petites vérifications peuvent aider l’enseignant.e à rester en lien avec les apprenant.e.s au fur et à mesure que la présentation du cours progresse. Les évaluations du rendement des élèves peuvent fournir rapidement des indices sur la façon dont ils assimilent les connaissances et leurs applications.

Après la présentation, le matériel peut être retravaillé ou remis au point, les approches pédagogiques ou les stratégies d’enseignement peuvent être peaufinées et les plans de cours peuvent être ajustés pour l’avenir, conformément au modèle d’amélioration continue. C’est aussi un excellent moment pour recueillir des commentaires sur la réalisation des attentes initiales des apprenant.e.s, comme nous l’avons mentionné au début. On peut également réfléchir à comment les apprenant.e.s se sont sentis et ont fait preuve d’autonomie dans le contexte en plein air. Obtenir de l’aide en établissant des relations avec d’autres enseignant.e.s collégiaux. Le dernier point, mais non le moindre, est l’importance cruciale du développement constant et de l’amélioration continue pour les enseignant.e.s en plein air eux-mêmes.

7. Améliorer la pratique de l’enseignement grâce à une prise de conscience de soi continue, à un perfectionnement professionnel constant et à une réflexion critique, comme le préconisent différentes approches d’évaluation. Saisir les occasions d’expérimenter avec des techniques d’enseignement novatrices tout en restant à jour, engagé et passionné par son sujet.

  • Surveiller régulièrement l’efficacité de l’engagement des élèves dans l’apprentissage de leurs cours et programmes.
  • Chercher à obtenir de la rétroaction des élèves et de ses pairs et à s’améliorer continuellement en cernant ses forces et ses faiblesses et en s’ajustant en conséquence.
  • Utiliser les commentaires des élèves sur l’enseignement, les cours et les programmes pour examiner et justifier d’éventuelles modifications des programmes et des pratiques d’enseignement.
  • Fournir une rétroaction aux élèves sur la façon dont les programmes se sont améliorés grâce à leurs commentaires.
  • S’appuyer sur des données probantes à propos de bourse d’apprentissage et d’enseignement issues de publications, de conférences, de séminaires, d’ateliers, etc.
  • Développer ses pratiques scolaires au moyen d’activités de perfectionnement professionnel.

Le programme d’éducation en plein air résidentiel de la région de l’Ouest du district scolaire anglophone de Terre-Neuve-et-Labrador est offert en partenariat avec le camp et le centre de conférences Killdevil, le parc national du Gros-Morne de Parcs Canada et les Premières Nations Qalipu. Cette expérience est liée au programme d’études, donne l’occasion à tous les élèves de la région d’y assister une fois pendant la 4e, la 5e ou la 6e année. Le personnel administratif assure la logistique, l’établissement des horaires et le transport, permettant ainsi aux enseignant.e.s de se concentrer sur l’enseignement :

Ce programme est également unique, car les enseignant.e.s qui y participent assurent une grande partie de l’enseignement pendant la visite de leur classe. Pour se préparer à ce programme, chaque enseignant.e qui participe au programme pour la première fois suivra une séance d’apprentissage professionnelle de deux jours au cours de laquelle il apprendra à enseigner aux élèves en plein air et à présenter des séances d’apprentissage spécifiques portant sur les résultats propres au programme […] En enseignant dans le cadre de ce programme, les enseignants peuvent observer leurs élèves dans des contextes très différents d’une salle de classe régulière et faire le suivi de ce qui est enseigné ici une fois de retour en classe. De plus, les enseignant.e.s qui sont à l’aise d’enseigner à leurs élèves en plein air ont des outils qui peuvent être utilisés pour enseigner dans des environnements extérieurs plus proches de leurs écoles (District scolaire anglophone de Terre-Neuve-et-Labrador, s. d., n. p.).

Conclusion

En conclusion, des îlots à l’échelle du pays semblent inclure certains de ces sept principes dans leurs programmes d’éducation en plein air. Evergreen, basé à Toronto, mais présent à l’échelle nationale, est un mouvement qui vise à faire passer les collectivités canadiennes à une approche plus verte, plus durable et prospère. Cet organisme résume une partie du présent chapitre dans un document qui constitue un excellent point de départ pour le perfectionnement de l’enseignement en plein air. Son document de 4 pages, Classroom Management: Outdoor Teaching Strategies (Evergreen, sans date), offre aux enseignant.e.s des suggestions, des conseils sur la planification de cours, des présentations d’activités, et directives liées au plein air. Le ministère de l’Éducation de la plupart des provinces offre des documents similaires. Par exemple, Get Outdoors! de WildBC (s. d.), contient plusieurs astuces et conseils pour les éducateur.trice.s en plein air débutants.

Ces pratiques définies, dans ces îlots canadiens, favorisent un meilleur enseignement en établissant des critères d’excellence auxquels on peut aspirer. Au fil des ans, cela s’est avéré être un modèle de croissance personnelle pour divers professionnels en plein air, en plus d’être très gratifiant sur le plan de leur développement personnel. Les objectifs du modèle restent les suivants : améliorer la pratique, être sensible à la culture, soutenir l’environnement d’apprentissage, rester connecté à la tâche pédagogique, être en relation avec les apprenant.e.s et exprimer les moyens d’enseignement et les méthodes pour les atteindre plus efficacement. Nous espérons que ces renseignements seront précieux et utiles, tandis que nous continuons tous à développer notre art, notre science, et surtout notre métier pour mieux répondre aux défis et aux besoins des élèves.

Bibliographie

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Sawyers, K. (2013). L’apprentissage par des expériences pratiques pour les élèves et l’enseignant.e. Prix du Premier ministre pour l’excellence dans l’enseignement. https://publications.gc.ca/collections/collection_2014/ic/Iu1-2-2013-1-fra.pdf

WildBC. (s. d.). Get Outdoors!. https://metrovancouver.org/school-programs/Documents/get-outdoors-teacher-resource.pdf#search=get%20outdoors

Yamamura, B., Netser, S. et Qanatsiaq, N. (2003). Community Elders, Traditional Knowledge, and a Mathematics Curriculum Framework. Education Canada, 43(1), 44-46.

Yukon Experiential Learning. (s. d.). What is Experiential Learning? http://experientiallearning.yukonschools.ca/what-is-experiential-learning.html

Ressources

Les chapitres d’introduction de ces deux livres canadiens traitent des techniques d’enseignement en plein air :

  • Grant, T. et Littlejohn, G. (2014). Apprentissage en plein air. Profs Verts.
  • Redmond, K., Foran, A. et Dwyer, S. (2010). Quality lessons plans for outdoor education. Human Kinetics.

À propos de l’auteur

Bryan Taylor

École des transports de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique

Bryan Taylor, PIDP, MSR, est un instructeur principal à l’école des transports de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique. Il a grandi à Vancouver, en Colombie-Britannique, et il explore les espaces extérieurs depuis son enfance. Au cours des 30 dernières années, il a enseigné à des jeunes en plein air afin de développer leurs aptitudes en survie. Il apprécie l’élaboration créative de systèmes d’apprentissage et il continue de répondre aux besoins de ses élèves en utilisant des conceptions de programmes efficaces et des pratiques d’enseignement novatrices.

 

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L’article Pratiques exemplaires pour l’excellence de l’enseignement en plein air (2024), par Bryan Taylor, est distribué sous la licence Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, sauf indication contraire.

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L’apprentissage en plein air au Canada Copyright © by Simon Priest; Stephen Ritchie; et Daniel Scott is licensed under a License Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, except where otherwise noted.

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