Chapitre 3 – Résumer des scènes de film

Objectifs d’apprentissage
  • Construire des descriptions à partir du visuel
  • Reconnaître la présence de propriétés physico-culturelles du monde en cause qui demandent des inférences qui peuvent être difficiles pour qui ne fait pas partie de la culture en cause
  • Comprendre les implications sociales et relationnelles du tutoiement et du vouvoiement par l’intermédiaire de scènes de cinéma
  • Résumer des scènes de films (donc du « texte » sans support écrit)
  • Passer du résumé au compte rendu / Intégrer le résumé dans du compte rendu
  • Travailler le discours indirect
  • Travailler le lexique cinématographique et, dans le compte rendu, le vocabulaire appréciatif

1. Introduction : visées

Dans ce chapitre, nous allons résumer des scènes de films. Le travail de rédaction est similaire à celui qu’on fait pour résumer une séquence narrative de roman, à la différence qu’on n’a pas de texte écrit sur lequel s’appuyer pour rédiger.

Autre différence, le résumé écrit d’une scène de film n’a guère d’application concrète « dans la vraie vie, contrairement aux résumés de chapitres de livres, qui peuvent servir à soutenir une lecture interrompue (qui lit un roman entier d’un seul coup, sans interruption ?). Il s’agit donc essentiellement d’un exercice d’écriture – mais quel bon exercice d’écriture ! Voici en quoi.

Sur le plan rédactionnel, l’absence d’un texte écrit apporte des difficultés particulières. Le passage de l’audio-visuel (la scène de film) à l’écrit (le résumé) constitue un changement de système de signes; c’est donc un « résumé intersémiotique » qu’on produit. Certes, les dialogues constituent du texte, mais vous ne disposez pas d’une version écrite de ce texte. Et si les dialogues construisent l’histoire, le contexte, lui, n’est communiqué que visuellement (à moins qu’il y ait une voix hors champ[1] qui décrive). Le cadre socio-culturel, les allusions peuvent ainsi être plus difficiles à comprendre que dans du texte écrit.

Le premier objectif des exercices de résumé proposés dans ce chapitre est donc de construire par écrit le cadre descriptif en l’intégrant au résumé de l’action proprement dite.

Les trois scènes de film à partir desquelles nous travaillerons dans ce chapitre portent sur des situations de changement de code entre le tutoiement et le vouvoiement ou de décalage par rapport aux attentes. Pour résumer ces scènes, vous aurez besoin de comprendre les positionnements sociaux et les sentiments qui motivent le changement dans le pronom d’adresse[2] et d’en rendre compte. Le deuxième objectif du chapitre est donc de vous aider à mieux comprendre le fonctionnement social du tu et du vous, dont les valeurs gardent souvent leurs mystères pour les anglophones. En témoigne d’ailleurs cet algorithme humoristique  (http://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-og-bastile-vous-tu-20140711-htmlstory.html)[3] du journaliste américain William Alexander, également auteur de Flirting with French.

2. Plongée dans les arcanes mystérieuses du tu et du vous

L’algorithme d’Alexander présenté dans « Brush up on your French with this Bastille Day flowchart » vous rappelle entre autres qu’à moins que votre professeur soit assez jeune pour être votre fille ou votre fils, les conventions veulent que vous le vouvoyiez. Cela, vous le savez. Mais tout en le sachant, vous l’oubliez parfois ou encore, vous combinez le tu et le vous dans un même texte, une même conversation. Ou encore, vous oubliez de faire les accords et les renvois coréférentiels qui s’imposent avec le tu et le vous.

Nous allons donc en premier revoir les valeurs du tu et du vous et les relations de coréférence[4] qu’ils commandent.

Normes d’usage de tu et de vous selon les liens socioculturels et la situation de communication

Exercice sur le tutoiement[5]

Choisissez la forme la plus appropriée pour la situation.

Tu/vous et les possessifs y renvoyant : rappel des formes et des coréférences de base

  • Tu devient te en objet direct et indirect.
  • On ne peut combiner tu et une reprise en vous.
  • Le pronom réfléchi dans les verbes pronominaux est coréférentiel, même à l’infinitif : Tu devrais aller dehors et te promener un peu. / Vous devriez aller dehors et vous promener un peu.
  • Les déterminants possessifs qui renvoient à la 2e personne du singulier sont ton/ta/tes. Les pronoms possessifs sont le tien / la tienne / les tiens / les tiennes.
  • Les déterminants possessifs qui renvoient à la 2e personne du pluriel sont votre/vos. Les pronoms possessifs sont le vôtre / la vôtre / les vôtres.
  • Tu et vous ont un genre : masculin ou féminin. Les adjectifs et les noms animés qui complètent tu ou vous doivent être du même genre que le référent du pronom : Es-tu content/contente ? Nous sommes heureux que vous soyez le nouveau directeur / la nouvelle directrice. C’est le référent du tu ou du vous qui nous indique le genre.
tu
vous
Pronoms personnels
tu /te
Pronoms personnels
vous
Pronom réfléchi
te
Pronom réfléchi
vous
Déterminants possessifs
ton/ta/tes
Déterminants possessifs
votre/vos
Pronoms possessifs
le tien / la tienne
/les tiens / les tiennes
Pronoms possessifs
le vôtre / la vôtre
/les vôtres

 

Exercice sur la coréférence

3. Les trois extraits de film : quels enjeux de compréhension ?

Voici les trois extraits de film que nous travaillerons :

  • ROUVE, J.-P. (2014). Les souvenirs. Extrait « Commissariat »
  • MOURET, E. (2006). Changement d’adresse. Extrait « On se dit tu ? »
  • ZIDI, C. (1978). La zizanie. Extrait « On ne se tutoie plus ? »

3.1 Un thème commun : tutoyer ou vouvoyer ?

Les trois extraits présentent des situations où l’un des personnages change de pronom pour s’adresser à un autre personnage ou emploie un pronom d’adresse qui n’est pas normal compte tenu de la relation qui existe entre les deux. Ce changement de pronom constitue l’élément central des scènes en cause. Pour résumer les extraits, il faut donc bien comprendre sur quelles valeurs du tutoiement et du vouvoiement ils jouent.

3.2 Des cadres socioculturels à comprendre

Les trois scènes sont tirées de films français. Le décodage culturel demande donc de comprendre des réalités qui nous sont étrangères, comme Canadiens et Nord-Américains. Qui plus est, le 3e extrait, tiré d’un film de Claude Zidi, date de 1978, une époque totalement révolue pour la quasi-totalité d’entre vous, une époque que vous ne vous représentez peut-être pas mieux que l’« Entre-deux-guerres[6] » (quelles guerres, direz-vous ?) ou le début du XXe siècle; le travail de décodage des propriétés physico-culturelles du monde en cause et les inférences qu’il faut donc tirer de la scène et des dialogues est d’autant plus grand. Or la compréhension du monde représenté est ce qui permet de comprendre la séquence narrative ainsi que les dialogues et le décor qui y contribuent.

 3.3 Une séquence narrative à rendre

La troisième dimension du travail est évidemment de reconstruire la chaîne narrative (situation initiale, élément déclencheur, etc.) à partir du décodage du décor et de la compréhension des dialogues.

 3.4 L’alternance tu/vous comme ressort comique

Les trois films dont sont tirés les extraits sont des comédies : les deux premiers sont des comédies sentimentales qui font une bonne part au comique; le troisième, La zizanie, est carrément un film comique. Or le comique a ses ressorts, ses procédés, ses recettes : le punch, évidemment, mais aussi les jeux d’opposition, la caricature, etc.

« Procédé comique », Assistance scolaire personnalisée.
https://www.assistancescolaire.com/eleve/2nde/francais/lexique/P-procede-comique-fx095

Verdier, A. « Ressorts comiques », Dramaturgie et scénario.
https://architecriture.wordpress.com/2007/08/02/ressorts-comiques/
Page d’un blog de conseils pour les apprentis scénaristes. L’article décortique en quoi le comique ne fonctionne pas dans une série française (Nerdz) qui copie la célèbre série américaine The Big Bang Theory.

 

Dans les trois scènes, les pronoms d’adresse sont au cœur de la construction comique. Pour résumer la scène en rendant compte de ce qui la rend comique, il faut donc bien comprendre leur rôle dans l’histoire.

Application A

Vous la trouverez ici

Cette première série d’exercices d’application vise à vous aider à bien comprendre les trois extraits afin d’en faire ensuite des résumés et des comptes-rendus écrits.

Les trois films sont des comédies qui font une bonne place au comique. Les deux premiers sont des comédies sentimentales; le troisième est purement de la comédie comique. Or le comique au cinéma a ses ressorts, ses recettes : le punch, évidemment, mais aussi les jeux d’opposition, la caricature, etc. Le choix des pronoms d’adresse fait partie du comique et il faut bien comprendre leur signification dans l’histoire pour pouvoir résumer la scène en intégrant ce qui la rend comique.

Chaque scène dépeint un événement. Les premiers éléments à identifier sont donc le qui, quoi, où, etc.

Regardez chacun des extraits et répondez aux questions qui s’y rapportent. Cherchez les termes dont vous aurez besoin dans vos dictionnaires si vous ne les entendez pas dans la scène.

1. ROUVE, J.-P. (2014). Les souvenirs. Extrait « Commissariat ».
https://www.youtube.com/watch?v=xefYht84UMc

 

2. ZIDI, C. (1978). La zizanie. Extrait « On ne se tutoie plus ? ».
https://www.youtube.com/watch?v=eREZWMS5xQE

 

3. MOURET, E. (2006). Changement d’adresse. Extrait « On se dit tu ? ».

Extrait court comprenant seulement la proposition de tutoiement : https://www.youtube.com/watch?v=B5dxEZCX5cw

Extrait plus long : https://www.youtube.com/watch?v=voznHjiYydQ

 

4. Tutoiement et vouvoiement : synthèse des usages

Le choix du tutoiement ou du vouvoiement pour s’adresser à une personne dépend :

  • de la proximité et de l’intimité qui existe avec la personne;
  • de la situation et du cadre social dans lequel on rencontre la personne;
  • des coutumes socioculturelles, lesquelles peuvent varier d’un environnement à l’autre.

Typiquement :

  •  le tu est informel et familier (amis et amoureux, famille, camarades de classe, enfants et adolescents);
  • le vous est plus formel et marque le respect (inconnus, personnes d’âge mûr, voisins, personnes avec qui on entretient des relations commerciales ou professionnelles, professeurs, supérieurs hiérarchiques, personnes en position de prestige ou d’autorité).

En cas de doute, on demande : « Est-ce qu’on peut se tutoyer ? » Si on veut garder ses distances, on répondra : « Je préfère qu’on se vouvoie. »

 

5.    Résumer des scènes de films : objectifs et démarches

5.1 Le synopsis d’un film entier : construction et fonction

Un synopsis, c’est soit une ébauche de scénario de film qu’un cinéaste écrit comme point de départ d’un projet de film, soit un résumé (partiel) très bref d’un film qui a été réalisé. Comme résumé d’une œuvre cinématographique, il permet aux spectateurs éventuels de déterminer a priori si le film les intéresse ou non. Les critiques (reviews) du film qu’en font les journalistes peuvent confirmer ou infirmer l’intérêt de départ; ces critiques intègrent d’ailleurs le synopsis d’une façon ou d’une autre, puisque le thème et l’histoire sont des facteurs clés dans le choix des films qu’on regarde.

Observons ce synopsis du film Pour vivre ici, de Bernard Émond, présenté notamment au festival CinéFranco de Toronto au printemps 2018 :

 

Ébranlée par la mort subite de son époux, modeste ouvrier de Baie-Comeau reconnu pour sa bonté, Monique erre sans but dans les rues enneigées de la ville. Puis, au contact d’un ami de la famille, l’infirmière retraitée décide d’aller visiter ses enfants à Montréal. Mais son fils, architecte surchargé de travail jonglant avec les exigences de la garde partagée, a peu de temps à lui consacrer. Monique trouve encore moins de réconfort auprès de sa fille journaliste, qui quitte d’urgence pour l’étranger, lui laissant la garde de son appartement. Sans se démonter, la visiteuse de la Côte-Nord appelle Sylvie, l’ex-petite amie de son autre fils, décédé il y a quinze ans. Auprès de la jeune éducatrice qui a voué sa vie aux enfants autistes, Monique trouve enfin l’occasion de partager des souvenirs de son défunt mari. L’idée lui vient alors de retourner dans son patelin natal du nord de l’Ontario, où elle n’a pas mis les pieds depuis l’adolescence.

http://2018.cinefranco.com/en/component/k2/item/492

Analysons la façon dont les personnages et les lieux sont décrits au fil des 7 phrases (P) du synopsis :

(P1) Ébranlée par la mort subite de son époux, modeste ouvrier de Baie-Comeau reconnu pour sa bonté, Monique erre sans but dans les rues enneigées de la ville.

(P2) Puis, au contact d’un ami de la famille, l’infirmière retraitée décide d’aller visiter ses enfants à Montréal.

(P3) Mais son fils, architecte surchargé de travail jonglant avec les exigences de la garde partagée, a peu de temps à lui consacrer.

(P4) Monique trouve encore moins de réconfort auprès de sa fille journaliste, qui quitte d’urgence pour l’étranger, lui laissant la garde de son appartement.

(P5) Sans se démonter, la visiteuse de la Côte-Nord appelle Sylvie, l’ex-petite amie de son autre fils, décédé il y a quinze ans.

(P6) Auprès de la jeune éducatrice qui a voué sa vie aux enfants autistes, Monique trouve enfin l’occasion de partager des souvenirs de son défunt mari.

(P7) L’idée lui vient alors de retourner dans son patelin natal du nord de l’Ontario, où elle n’a pas mis les pieds depuis l’adolescence.

 

PERSONNAGES :

Monique :

En P1 sa situation de départ est donnée en apposition devant son nom (le noyau du sujet).

En P2, on la situe professionnellement.

En P3, 4 et 5, on situe ses enfants et son ex quasi belle-fille.

En P5, elle est désignée par son lieu d’origine.

 

Les enfants et l’ex-petit amie de son fils décédé :

En P3, longue apposition nominale qui donne à la fois la profession et la situation familiale du fils.

En P4, profession de la fille avec, en subordonnée relative les exigences de son travail.

En P6, profession de l’ex petite amie avec un jugement de caractère positif.

 

LIEUX :

Le film est un road movie. Trois lieux : Baie-Comeau sur la Côte-Nord (précision apportée en P5); Montréal; le nord de l’Ontario, lieu de la jeunesse (patelin = village, avec une connotation affective soit positive, soit négative).

Le synopsis campe parfaitement les personnages et les lieux. Il ne couvre pas tout le déroulement du film, ce qui est la norme dans ce type de résumé, qui vise à faire découvrir avant de voir le film et non à rappeler l’action d’un film vu ou à se substituer au visionnement.

 

5.2 Le résumé d’une scène de film : construction et fonction

Réglons tout de suite la question de la fonction : le résumé d’une scène de film ne sert aucune fonction autre que de vous faire écrire (et comprendre); il n’a aucune utilité documentaire ou publicitaire : c’est strictement un exercice d’écriture. Jamais dans votre vie professionnelle n’aurez-vous à écrire un résumé d’une scène de film.

Comme nous l’avons vu en 5.1, le synopsis du film ne rend généralement pas compte de la trame narrative entière. Le résumé d’une scène, par contre, rend bien compte de toute la scène, mais sans comprendre nécessairement toutes les étapes du schéma narratif (voir le chapitre précédent); il rend compte de la série d’actions formant la scène et leur dénouement : cet enchaînement forme l’épine dorsale du résumé. S’y tissent la description des personnages et du lieu. Le résumé d’une scène de film comprend donc :

 

  • Le compte rendu de l’action (au présent de narration comme temps de base) : à partir des dialogues essentiellement, mais sans recours au discours direct.
  • La description des personnages : à partir du visuel (apparence physique, jeu d’acteur : gestes, expressions) autant que du contenu de leurs répliques (paroles mêmes, ton…)
  • La description du lieu : à partir du visuel. (Une scène, par définition se déroule dans un seul lieu. Deux des trois extraits se déroulent dans plus d’un lieu, mais l’essentiel de l’action se déroule dans un seul.)
Application B
Faites le résumé en moins de 100 mots de chacune des trois scènes de film (Rouve, Mouret et Zidi) que vous avez décortiquées dans l’Application A. Cette première application vous a fourni l’essentiel de votre matière première : les étapes de l’action et la description des personnages et du lieu; il vous faut maintenant les tisser ensemble. Intégrez le plus clairement possible la situation de tutoiement ou de vouvoiement, mais ne la commentez pas plus que nécessaire pour que le lecteur la comprenne : c’est la description de la scène qui doit donner à voir le côté cocasse.

Pensez à bien utiliser :

  • l’apposition (antéposée ou postposée)
  • les subordonnées relatives
  • des reprises nominales riches pour décrire les personnages
  • Apposition antéposée
    Ulcéré, le père…
  • Apposition postposée
    Le père, ulcéré par la question de l’inspecteur,
  • Subordonnée relative
    Le père, qui est ulcéré par la question de l’inspecteur, …
  • Reprise nominale
    L’inspecteur de police… Le policier

Veillez aussi à bien construire le discours indirect. Il vous faut donc penser :

  • aux changements de pronoms et au choix des déterminants possessifs
  • au choix des verbes introducteurs de discours indirect
  • au choix de la conjonction de subordination (que, si…) ou de l’adverbe ou du pronom interrogation
  • à la répétition de la conjonction s’il y a deux subordonnées coordonnées

Comme les verbes introducteurs sont au présent et qu’il y a peu de discussion sur des événements passés dans les trois scènes, le temps des verbes ne devrait pas poser de problème. Le petit tableau qui suit vous rappelle quelques éléments de la transposition au discours indirect. (Il ne s’agit pas de phrases à intégrer; ce sont des exemples formels.)

 

Exemples formels de transposition
Discours direct Discours indirect
Mais bon, c’est pas la première fois, c’est une vraie passoire là-bas. Le policier dit que ce n’est pas la première fois et que c’est une vraie passoire.
Du coup, concrètement, vous pouvez faire quoi ? Le petit-fils demande ce que la police peut faire concrètement.
/Que voulez-vous que la police fasse ? Il lui demande ce qu’il veut que la police fasse.
On ne peut pas lancer un avis de recherche ? Le père voudrait qu’on lance un avis de recherche.
Est-ce que votre mère est majeure ? Le policier lui demande si sa mère est majeure.
/ Quel âge a votre mère ? Il lui demande quel âge a sa mère.
Pour en savoir plus et pour s’exercer

Gezundhajt, H. Le connectigramme : « Le discours indirect ».
http://www.connectigramme.com/d-indirect.html/odyframe.htm
(Tableaux détaillés de tous les cas de figure.)

Lingolia. « Le discours indirect ».
https://francais.lingolia.com/fr/grammaire/la-phrase/le-discours-indirect
(Bon résumé en une page. Deux bons exercices autocorrigés avec des phrases à compléter.)

Rochat, D. (2010). Contrastes, « Le discours indirect au passé », p. 192-204.
(Le chapitre est détaillé et les règles ne touchant pas aux temps s’appliquent exactement de la même façon quel que soit le temps.)

 

Dernières recommandations :

  • La langue des dialogues dans les deux premiers extraits a de nombreux traits d’oralité (c’est moins le cas dans l’extrait de La zizanie). Votre résumé, cependant, sera d’un registre totalement écrit.
  • Veillez aussi à être précis lexicalement dans la description des personnages et des lieux.
  • Utilisez judicieusement les compléments circonstanciels pour organiser et hiérarchiser les éléments de l’histoire.

5.3 Du résumé de la scène au compte-rendu analytique et critique

Dans son sens le plus étroit, celui qu’on lui donne généralement dans un contexte scolaire, un résumé est fondamentalement objectif : on résume strictement le contenu, tout le contenu, sans analyse et sans appréciation. Vous vous souviendrez cependant que les « résumés » du Fakir qui était resté coincé dans une armoire IKEA de la maison d’édition ne sont absolument pas objectifs.

Les résumés que vous avez produits dans l’Application B sont quant à eux des descriptions objectives des trois scènes. Le vocabulaire appréciatif utilisé reflète strictement la façon dont les personnages vivent la situation et ce qu’ils pensent des autres protagonistes ou ce que d’autres éléments filmiques indiquent directement (par exemple le son triste du cor à la fin de la scène de Changement d’adresse qui signale le sentiment qu’on attribue au professeur). Aucun renseignement contextuel n’est donné : on n’indique pas où s’inscrit la scène dans le film ni quel est le film en cause. Il n’y a pas d’analyse, mais éventuellement, il peut y avoir une synthèse de ce qui se dégage.

Un compte rendu, au contraire, situe le texte, le film, l’événement, la situation dont il traite; il analyse et porte souvent un jugement. C’est comme un exposé, un rapport sur la chose. Un compte rendu peut donc être relativement objectif ou à l’inverse très évaluatif.

Comme étudiants à l’université, vous écrivez beaucoup de comptes rendus de lecture. Selon les domaines, selon le niveau du cours, selon les professeurs, le modèle à suivre, la « recette » variera, mais l’idée de base reste la même : rapporter le contenu en donnant à voir ce qui est important, intéressant, original, etc[7].

Dans le cadre d’un cours de français langue seconde, nos objectifs sont essentiellement langagiers. Peut-être avez-vous déjà travaillé dans un cours précédent le compte rendu d’événement, de livre ou de film[8]. Fort probablement, vous aurez alors travaillé les formulations usuelles (Le livre traite de… / Le roman de Romain Puertolas raconte… / Cet article aborde la question de…, etc.) en plus de la structure de base du compte rendu.

 

Attention !

  • A book/movie by
  • Un livre/film/tableau de
  • Un livre écrit par /Un film réalisé par / Un tableau peint par
  • La zizanie, de Claude Zidi, met en scène…

On n’utilise par que si la préposition est « étoffée » par un adjectif qui la précède.

 

Les savoir-faire rédactionnels pour écrire une compte rendu analytique ou critique sont donc différents de ce que demande un résumé.

Voyons comment vous pourrez écrire des comptes de nos trois extraits. Vous devrez :

  • présenter l’œuvre (titre, réalisateur et éventuellement certains des éléments suivants : genre cinématographique, époque, acteurs, etc.)
  • résumer la séquence en l’analysant (comme ce sont trop séquences comiques, c’est ce que vous ferez particulièrement ressortir, en particulier le jeu concernant les pronoms d’adresse)
  • inclure ou non une appréciation personnelle, que ce soit :
    – par des jugements intégrés dans la présentation du film, la description des personnages ou dans le résumé (une comédie hilarante, le père, magnifiquement incarné par Michel Blanc, un dialogue succulent…)
    – par une ou des phrases visant spécifiquement à juger, à évaluer de votre point de vue personnel
Application C
En atelier d’écriture en classe ou en exercice chez soi.

Écrivez un bref compte rendu d’environ 150 mots de l’un des trois extraits en expliquant bien en quoi la scène est drôle, particulièrement le jeu concernant les pronoms d’adresse.

  • Consultez Wikipédia ou AlloCiné pour vous renseigner sur les réalisateurs, les films, les acteurs.
  • Assurez-vous d’utiliser du vocabulaire et des formulations bien françaises pour présenter l’œuvre (inspirez-vous des formulations que vous trouverez dans vos sources).
  • Intégrez des éléments d’appréciation dans la composante résumé; ne faites pas que « plaquer » votre appréciation à la fin.

  1. Voix hors champ : procédé narratif utilisé dans un film consistant à faire intervenir dans un plan la voix d’un personnage absent de ce plan; aussi appelé voix off.
  2. Pronom d’adresse : pronom qu’on utilise pour s’adresser à quelqu’un; en français, les pronoms d’adresse normaux sont le tu et le vous.
  3. William Alexander, « Brush up on your French with this Bastille Day flowchart », Los Angeles Times, 12 juillet 2014, http://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-og-bastile-vous-tu-20140711-htmlstory.html
  4. Coréférence : le fait, pour plusieurs expressions au sein d’une phrase, d’un paragraphe, d’un texte, de désigner la même personne, le même objet.
  5. Également intégré dans la vidéo.
  6. Pour la plupart des Français, l’« entre-deux-guerres », c’est forcément la période entre 1918 et 1939.
  7. Voir par exemple ces deux descriptions du travail impliqué : - Département des sciences historiques (s. d.). « Le compte rendu de lecture », Université Laval [Québec].http://www.hst.ulaval.ca/services-et-ressources/guides-pedagogiques/le-compte-rendu-de-lecture/ - Gingras, F.P. (2005). « Le compte rendu critique », Cybermétho.http://aix1.uottawa.ca/~fgingras/cybermetho/modules/compterendu.html
  8. Voir par exemple : . Blakeley-Dejy, S. (2017). Le goût de l’écrit [notes de cours du cours FRAN 2810 au Collège Glendon], . Black, C.& Chaput, L. (2016) Invitation à écrire, 2eEdition, Canadian Scholars' Press.

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Résumer, synthétiser, argumenter Droit d'auteur © 2018 par Sylvie Clamageran, Henriette Gezundhajt est sous licence License Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, sauf indication contraire.

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