Nuances à considérer pour la tenue d’un débreffage virtuel facilité

Certaines caractéristiques d’un débreffage réalisé en personne ne se transposent pas parfaitement dans un contexte de débreffage virtuel. Pour veiller à ce que le débreffage continue à être efficace et porteur, les enseignant(e)s doivent soigneusement considérer des facteurs comme le moment du débreffage, la communication, l’environnement et la technologie. La perception positive ou négative du débreffage par les apprenant(e)s dépendra de la façon dont ces facteurs sont pris en compte dans le cadre du débreffage virtuel (Cheng et coll., 2020; Verkuyl et coll., 2018).

Moment du débreffage après la simulation

Bon nombre d’enseignant(e)s effectuent le débreffage presque immédiatement ou aussitôt que possible après la simulation. Dans le cas d’une simulation en personne, il arrive souvent qu’on fasse le débreffage immédiatement après la simulation, lorsque les émotions sont les plus vives et les souvenirs de la simulation frais en mémoire. En mode virtuel, cela est possible lorsque la mise en œuvre est totalement synchrone, mais ce n’est pas le cas pour une simulation asynchrone. Toutefois, les apprenant(e)s trouvent souvent avantageuse la tenue immédiate du débreffage, particulièrement si le sujet de la simulation était particulièrement délicat (Verkuyl et coll., 2020). On verra ainsi à effectuer un débreffage immédiat en contexte de simulation asynchrone en proposant un autodébreffage ou un débreffage asynchrone facilité. Lorsque le débreffage doit être reporté en raison du manque de temps ou de conflits d’horaire – ou encore parce que les données d’analyse ne sont pas immédiatement disponibles – le débreffage devrait être réalisé au plus tard deux semaines après la simulation.

Communication

Les signes non verbaux comme le langage corporel, les expressions faciales et le maintien du contact visuel jouent un rôle important dans les conversations quotidiennes, et encore plus dans le débreffage. Le langage non verbal aide à exprimer les émotions et peut conférer des subtilités essentielles à la communication. Or, cette dernière peut représenter un défi dans le cadre d’un débreffage virtuel. Par exemple :

  • Le contact visuel peut être une source de validation, de sympathie ou d’empathie, mais il risque d’être difficile à maintenir pendant un débreffage synchrone virtuel, ce qui réduit considérablement sa portée (Cheng et coll., 2020).
  • Les gens peuvent sembler différents par rapport à leur personnalité véritable dans un environnement virtuel. Une personne extravertie peut ainsi paraître timide en raison de la modification des signes sociaux (Cheng et coll., 2020).
  • De brefs énoncés ou encouragements du type « oui, c’est ça » peuvent ne pas être entendus dans un environnement en ligne; or, cela peut avoir un impact négatif sur la participation des apprenant(e)s et sur la cohésion du groupe (Cheng et coll., 2020).
  • Certain(e)s apprenant(e)s peuvent décider d’éteindre leur caméra vidéo, ce qui risque d’avoir un impact négatif sur le groupe. Certain(e)s apprenant(e)s pourraient aussi se sentir mal à l’aise de parler parce qu’elles/ils ne peuvent pas voir les expressions de leurs pairs. Voilà qui rend la facilitation du groupe plus difficile parce que le(la) facilitateur(-trice) ne peut pas « prendre le pouls » du groupe (Verkuyl et coll., 2018).

Environnement

Lorsque les apprenant(e)s se joignent à une séance de débreffage synchrone virtuel à partir d’un espace privé, comme leur résidence, elles/ils sont à même de se concentrer et de s’exprimer librement. À l’inverse, les apprenant(e)s qui se joignent au débreffage à partir d’un espace public pourraient avoir tendance à limiter leur participation et les informations qu’elles/ils communiquent, de peur d’être entendu(e)s. Des préoccupations liées à la protection des renseignements personnels peuvent aussi faire obstacle à une communication ouverte. La gestion efficace des interruptions dans un débreffage virtuel facilité est la responsabilité de l’enseignant(e) comme des apprenant(e)s (Cheng et coll., 2020).

Les recommandations suivantes pour les apprenant(e)s aideront à créer un environnement propice à l’apprentissage :

  • Faites en sorte qu’il y ait le moins possible de personnes qui apparaissent à votre écran, puisque leur présence pourrait empêcher d’autres apprenant(e)s de faire part de leurs pensées et de leurs émotions.
  • Accédez à l’environnement virtuel à partir d’une pièce bien éclairée et tranquille, la source lumineuse étant préférablement située en face de vous.
  • Asseyez-vous devant un arrière-plan neutre ou uni.
  • Positionnez la caméra à la hauteur des yeux (en plaçant des livres ou un support sous l’ordinateur portatif au besoin) et assurez-vous que votre tête est centrée dans l’écran.
  • Faites face à la caméra et regardez-la fréquemment pour veiller à établir un contact visuel. Des écouteurs avec fil peuvent aider les apprenant(e)s et les enseignant(e)s à parler et à entendre distinctement (Cheng et coll., 2020).

Technologie       

La technologie peut être un bienfait comme une malédiction dans la réalisation d’un débreffage. Même si elle permet aux apprenant(e)s de participer au débreffage de différentes parties du monde ou dans le confort de leur foyer – en leur offrant des options comme les salles pour petits groupes, le partage d’écran et les fonctions de clavardage – les défis techniques possibles peuvent avoir un impact négatif sur la qualité du débreffage. Les enseignant(e)s et les apprenant(e)s ont besoin de connexions Internet fiables. Une mauvaise connexion menant à une qualité vidéo suboptimale peut empêcher de bien voir les expressions faciales et un son de piètre qualité, influer sur les réponses des apprenant(e)s ou leur interprétation de la discussion. Les problèmes techniques peuvent aussi faire dérailler les fonctions de partage d’écran, ce qui limitera la mise en commun de ressources ou de renseignements importants.

D’autre part, il peut être difficile pour les enseignant(e)s de livrer des contenus sur des plates-formes nouvelles et peu connues (Cheng et coll., 2020). Les enseignant(e)s pourraient ne pas voir tou(-te)s participant(e)s à la fois, limitant ainsi le dialogue et la conversation. Pour éviter les problèmes techniques, il est essentiel que les enseignant(e)s se familiarisent avec la technologie avant de l’utiliser. Une orientation et une pratique solides en lien avec la plate-forme qui sera utilisée sont essentielles. De plus, les enseignant(e)s devraient ajuster leur caméra et vérifier l’éclairage pour assurer une image claire, sans oublier de tester le son (Goldsworthy et coll., 2021).

Activation ou non des options de clavardage et gestion du clavardage pendant le débreffage

Dans le cadre d’un débreffage virtuel facilité, le(la) facilitateur(-trice) peut soit poser une question, soit l’afficher dans le clavardage (Verkuyl et coll., 2018). Le fait d’utiliser le clavardage permet aux apprenant(e)s de relire la question à n’importe quel moment, d’y réfléchir et d’y répondre. L’apprenant(e) est ainsi libre d’utiliser la boîte de clavardage ou le microphone pour répondre, selon son niveau de confort. Lorsque la fonction de clavardage est utilisée, le(la) facilitateur(-trice) ou un autre membre de l’équipe doit constamment surveiller les échanges et répondre aux commentaires affichés (Verkuyl et coll., 2018; Goldsworthy et coll., 2021). Si vous n’êtes pas en mesure de faire le suivi du clavardage, désactivez-le (Goldsworthy et coll., 2021). De plus, si vous faites le suivi du clavardage, désactivez la fonction de messagerie privée pour que tous les commentaires puissent être vus par l’ensemble du groupe.

Options d’enregistrement

Même s’il peut être utile, dans certains cas, d’enregistrer les séances pour les participant(e)s qui les ont manquées, la plupart des enseignant(e)s ne recommandent pas de le faire. En effet, l’enregistrement peut avoir un effet négatif sur la participation des apprenant(e)s et soulever des préoccupations sur le plan de la confidentialité (Goldsworthy et coll., 2020).

Éliminer les distractions

Les apprenant(e)s comme les enseignant(e)s devraient limiter les distractions en éteignant leur téléphone avant le débreffage. Le clavardage est réservé aux échanges avec l’enseignant(e) et ne doit pas servir aux échanges privés. Les participant(e)s mettront leur micro en sourdine, à moins qu’elles/ils ne parlent. Les enseignant(e)s devraient quant à eux aviser les apprenant(e)s de lever la main virtuellement lorsqu’elles/ils veulent parler (ou d’employer une autre fonction semblable). On recommande aussi de ne pas faire plusieurs choses à la fois, comme naviguer sur Internet, vérifier ses courriels ou accomplir d’autres tâches pendant la réalisation du débreffage. Les apprenant(e)s devraient tenter de limiter les distractions environnementales comme des membres de la famille pénétrant dans la pièce ou du bruit excessif en arrière-plan.

Les limites du débreffage pour les simulations virtuelles

La réalisation d’un débreffage lorsque le(la) facilitateur(-trice) n’est pas présent lors de la simulation, comme dans le cas d’une simulation virtuelle, signifie que le(la) facilitateur(-trice) ne peut pas commenter les hésitations ou les pauses qui surviennent pendant la simulation. Le(la) facilitateur(-trice) ne peut que commenter les points de décision forcés et le contenu, par exemple : « À quoi pensiez-vous lorsque cette question a été posée? » et « À quoi pensiez-vous lorsque vous vous êtes trompé(e)? ».

Pour un débreffage efficace, le(la) facilitateur(-trice) doit connaître intimement le contenu de la simulation et tous les cheminements de décision, afin de comprendre les perspectives des apprenant(e)s et optimiser l’apprentissage.

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