Module 2: Genre et sexualité

Trans

Une note sur le langage

Ce cours utilise le terme trans pour décrire l’expérience des personnes de genre différent à une époque où certains cadres n’étaient pas disponibles pour décrire leur expérience. Plutôt que de perpétuer un récit qui ne tient pas compte de la diversité des genres et qui, en fin de compte, entre en conflit avec elle, les chercheurs ont réagi aux limites du terme transgenre actuel et ont innové une méthode d’analyse qui va au-delà des catégories d’identité binaires. Dans leur ouvrage intitulé “Trans-, Trans, or Transgender ?” [« Trans-, trans, ou transgenre ? »], les spécialistes du transgenre Susan Stryker, Paisley Currah et Lisa Jean Moore ont inventé l’utilisation du préfixe trans, « qui reste ouvert et résiste à la forclusion prématurée par l’attachement à un suffixe unique », et son verbe subséquent, le transing.3 L’analyse du transing est née du sentiment que :

[…] ni « -genre » ni aucun des autres suffixes de « trans- » ne peuvent être compris isolément […] les lignes impliquées par le concept même de « trans- » sont des cibles mouvantes, composées simultanément de multiples déterminants. En bref, le « transing » est une pratique qui se déroule au sein d’espaces genrés, mais aussi à travers ou entre ces espaces. C’est une pratique qui assemble le genre dans des structures contingentes d’association avec d’autres attributs de l’être corporel, et qui permet leur réassemblage4.

Dans ce cas, le terme trans est reconceptualisé, passant de strict et défini à fluide et englobant, rejetant son rejet sur la base d’une spécificité inapplicable; le transing devient une avenue d’interrogation diverse, identifiant les structures de pouvoir qui produisent et suppriment les articulations normatives et non-normatives du genre, de la race, de la capacité et d’autres façons d’être dans cette histoire. L’utilisation de ce terme est une intervention savante que ce projet emploie avec une attention particulière.

3Susan Stryker, Paisley Currah, et Lisa Jean Moore, “Introduction: Trans-, Trans, or Transgender?” [« Introduction : Trans-, trans, ou transgenre ? »] Women’s Studies Quarterly 36, no. 3/4 (2008): 11.

4Susan Stryker, Paisley Currah, et Lisa Jean Moore, “Introduction: Trans-, Trans, or Transgender?” [« Introduction : Trans-, trans, ou transgenre ? »] Women’s Studies Quarterly 36, no. 3/4 (2008): 13.

 


Gerd Katter se tient dans le sable sur un fond d'arbres, regardant vers le bas et vers la droite. Il porte une chemise à col, un pantalon, des chaussures de ville brillantes, une cravate rayée et une casquette. Il porte une mallette.
Gerd (Eva) Katter à l’Institut für Sexualwissenschaft [Institut des sciences sexuelles] de Magnus Hirschfeld, vers 1929. # 47024. Musée mémorial de l’Holocauste des États-Unis, avec l’aimable autorisation de Magnus-Hirschfeld Gesellschaft.

Le Transvestitenschein de Gerd (Eva) Katter [Carte d’identité transsexuelle] (1928) 

 

La carte d'identité transsexuelle de Gerd (Eva) Katter. Les cheveux courts de Katter sont repoussés en arrière. Il porte une cravate, une chemise à col et un manteau en daim à revers.
Transvestitenschein de Gerd (Eva) Katter, [Carte d’identité transsexuelle] (1928). # 47024. Musée mémorial de l’Holocauste des États-Unis, avec l’aimable autorisation de Magnus-Hirschfeld Gesellschaft.

Comme décrit précédemment dans la conférence, l’Institut des sciences sexuelles du Dr Magnus Hirschfeld était à l’avant-garde de la recherche sur les personnes transgenres. Hirschfeld a inventé le terme transsexualität, qui sera par la suite traduit en transsexuel, et a pratiqué des chirurgies d’affirmation du genre pour de nombreux patients. Hirschfeld a également travaillé avec la police locale pour mettre un terme au harcèlement des personnes de sexe différent dans la rue. L’un des remèdes proposés à la persécution était le Transvestitenschein, une carte d’identité qui donnait la permission au porteur d’agir comme il le faisait et de paraître comme il était, indépendamment du fait que cela correspondait à son sexe assigné à la naissance. Malgré les conditions apparemment progressistes pour les trans et les personnes de sexe différent dans le Berlin de Weimar, sous le régime nazi, les traces de l’existence des trans se limitent aux rapports de police et aux témoignages.

 

Traduit de l'allemand, « Eva Katter est, en termes cliniques, un travesti. Pour maintenir son bien-être mental et sa capacité à travailler, il est nécessaire qu'elle puisse porter des vêtements de sexe masculin, ce qui correspond à sa nature. »6
Documentation médicale pour Gerd (Eva) Katter, signée par Magnus Hirschfeld (1928). # 47078. Musée mémorial de l’Holocauste des États-Unis, avec l’aimable autorisation de Magnus-Hirschfeld Gesellschaft.

Individus LGBTQ+ juifs

Ce module a décrit les expériences de nombreux individus LGBT+, et a mis en avant les histoires de ceux qui étaient également juifs. Comme le démontrent les histoires de Magnus Hirschfeld, Gad Beck, Manfred Lewin, Henny Shermann, Annette Eick et Frida Belinfante, ceux qui portaient à la fois une identité juive et LGBT+ ont été persécutés avant tout en tant que Juifs. Il est essentiel que nous reconnaissions les dynamiques troublantes présentées par la persécution de ces identités qui se chevauchent – combien de vies juives LGBTQ+ ont été perdues ou n’ont pas été reconnues ? Comment les idéologies nazies relatives à la race et au sexe ont-elles convergé pour avoir un impact sur ces personnes ? En mettant en avant les témoignages des LGBTQ+ juifs, cette conférence tente de parler de cette absence dans les archives, et d’honorer les histoires de ces individus perdus.

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