Module 2: Genre et sexualité

2.3 Avant la guerre, vers la persécution nazie

Dr. Klaus Mueller, conférencier invité

Dans ce clip, le Dr. Klaus Mueller nous invite à nous demander ce qu’est le paragraphe 175. Que savons-nous de l’expérience des hommes homosexuels pendant l’Holocauste ? Et quelle a été l’expérience des femmes lesbiennes sous le régime nazi ? Ce clip nous rappelle la fragilité du progrès, les récits de l’histoire qui sont souvent oubliés ou subjugués, et nous fournit un contexte pour les histoires qui seront présentées dans cette conférence.


Paragraph 175 (2000)

Vidéo: Paragraph 175 (Minutes: 0:13:16-0:14:25)

Ce clip décrit le statut initial du paragraphe 175 en tant que loi contre la sodomie et évoque le rôle du Dr Magnus Hirschfeld dans la lutte pour l’abolition du paragraphe 175 et la dépénalisation de l’homosexualité et de la transsexualité grâce à son travail et à son Institut des sciences sexuelles.

Epstein, Rob et al. Paragraph 175. San Francisco, California, USA: Kanopy Streaming, 2000. Film.

 

Une fête costumée à l'Institut de recherche sexuelle de Magnus Hirschfeld, à Berlin. Hirschfeld est représenté assis à droite, avec une grosse moustache et des lunettes ; ses doigts sont entrelacés avec ceux de son étudiant et amant, Karl Giese.
Une soirée costumée à l’Institut de recherche sexuelle de Magnus Hirschfeld (1920)

Le Dr Magnus Hirschfeld, un chercheur en sciences sexuelles de renommée internationale basé à Berlin, a été l’une des personnalités les plus en vue de cette période pour faire campagne contre la persécution des personnes LGBTQ+ et contre le paragraphe 175. En 1919, l’Institut für Sexualwissenschaft/Institut de recherche sexuelle de Hirschfeld est devenu opérationnel. L’institut proposait un soutien médical et des interventions chirurgicales axés sur l’affirmation du genre et de la sexualité, accueillant des professionnels des domaines de la dermatologie, de la gynécologie, de la psychiatrie, de l’endocrinologie et, évidemment, de la sexologie. L’institut n’était pas seulement un sanctuaire médical, mais aussi un sanctuaire social. Il organisait fréquemment des bals costumés, des brunchs et des rassemblements où les participants pouvaient jouer leur identité, sans inhibition.


Histoire orale de Rolf Hirschberg

Dans cet entretien, Rolf Hirschberg décrit son expérience personnelle en tant que patient du Dr Magnus Hirschfeld. Rolf et son amant Emil, après avoir été implorés par la belle-sœur d’Emil, ont rendu visite à Hirschfeld pour être conseillés sur leur homosexualité. Plutôt que de condamner ou de décourager les deux jeunes hommes comme le prévoyait la belle-sœur d’Emil, Hirschfeld a répondu à Rolf et Emil par une réponse qui traduisait son profond engagement en faveur de la dépénalisation et de la déstigmatisation de l’homosexualité.

 


Après la nomination officielle d’Hitler au poste de chancelier en 1933, une série de changements oppressifs ont été apportés : les bars pour homosexuels ont été fermés, les commerces juifs ont été sanctionnés, le camp de concentration de Dachau a été fondé et a connu ses premières déportations, l’Institut des sciences sexuelles de Magnus Hirschfeld a été détruit et sa collection a été brûlée dans le cadre des nombreux autodafés qui avaient commencé à avoir lieu. Dans ce contexte, la communauté homosexuelle a trouvé un sentiment de sécurité aigre-doux dans le leader nazi, Ernst Roehm ; tant que Roehm, lui-même homosexuel, était autorisé dans le parti et soutenu par Hitler, de nombreux homosexuels se sentaient en sécurité. Cela a changé après la mort de Roehm pendant la Nuit des Longs Couteaux en 1934, où Roehm et d’autres ont été « purgés » du parti nazi par exécution. À la suite de ces événements, un département spécial chargé de traiter l’homosexualité sur le plan pénal a été créé, et en juin 1935, le paragraphe 175 a fait l’objet d’une révision intense et pernicieuse.


Révision du paragraphe 175

 

Articles écrits en allemand, incluant le paragraphe 175
Révision du paragraphe 175, en Allemagne, le 28 juin1935, Ministère allemand de la justice, Musée du mémorial de l’Holocauste des États-Unis.

En juin 1935, les nazis révisent et développent le contenu du paragraphe 175 afin de subjectiver davantage les motifs de persécution. Le paragraphe 175 s’étend désormais au-delà de la sodomie ; une personne peut être arrêtée pour une rumeur, un regard ou un toucher. Il est important de noter que cette législation a été étendue avec l’intention expresse d’incarcérer les hommes homosexuels. S’il a été envisagé de s’attaquer aux femmes lesbiennes, les nazis ont finalement considéré que les lesbiennes étaient malléables, c’est-à-dire qu’avec la bonne persuasion, ces femmes pouvaient être convaincues d’agir en conséquence, d’épouser des hommes et d’avoir des enfants, et, ce faisant, de servir la nation. Dans ce cas, la sexualité des femmes lesbiennes n’était pas considérée comme une menace ; les lesbiennes devenaient dominables.

 


Questions de réflexion :

  1. Après avoir vu et lu ce contenu, réfléchissez à la signification de la révision du paragraphe 175. Quelle était la fonction de l’élargissement de ses termes?
  2. Qui a été exclu du paragraphe 175 et pourquoi?
  3. Comment cette révision est-elle liée à l’idéologie plus large des nazis concernant le sexe et le genre?

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