Introduction

Texte alternatif : une personne qui met des déchets à la poubelle.Avez-vous déjà entendu l’expression « médiocre à l’entrée = médiocre à la sortie » ou MEMS? Elle évoque un principe issu des sciences informatiques et désigné en anglais par GIGO (pour « garbage in, garbage out »). Selon ce principe, si vous incorporez des données de départ inadéquates dans un programme informatique, alors les données de sortie qu’elles produiront seront elles aussi inadéquates. Après tout, les ordinateurs ne sont pas vraiment intelligents et ils ne corrigeront pas vos données de départ inadéquates. Un ordinateur va plutôt tout simplement traiter les données que vous lui fournirez. Et si vous lui donnez des données de qualité « médiocre », alors tout ce que vous obtiendrez comme résultat sera encore plus de données « médiocres ». Le même principe s’applique à la rédaction.

Vous avez déjà lu, peut-être, un ensemble d’instructions mal rédigées, avec des coquilles, ou des phrases qui ne suivent pas les règles de grammaire habituelles. Certains passages étaient peut-être ambigus (par exemple, s’ils contenaient des mots qui ont plus d’un sens) et vous faisaient douter de la bonne interprétation. Vous avez probablement relu des instructions à plusieurs reprises pour déchiffrer ce que vous deviez faire, et vous avez peut-être même posé les mauvais gestes. Ce genre d’expérience est certainement frustrant!

Exemple : Réécrivez les codes avec ces commandes avant de les publier.

Cette phrase pourrait signifier :

  • Réécrivez les codes à l’aide de ces commandes, avant de publier les commandes.
  • Réécrivez les codes à l’aide de ces commandes, avant de publier les codes.
  • Réécrivez les codes où figurent ces commandes, avant de publier les commandes.
  • Réécrivez les codes où figurent ces commandes, avant de publier les codes.

Maintenant, imaginez que non seulement vous deviez lire et comprendre ce texte, mais le traduire aussi. Si un texte n’est pas clair dans sa langue d’origine, quelles sont les chances de voir le sens voulu bien transféré dans une autre langue? Je vous le donne en mille : les chances sont minces! La traduction est une tâche complexe, et le principe « médiocre à l’entrée = médiocre à la sortie » s’applique ici aussi. Pour obtenir une traduction utile, vous devez commencer par rédiger un texte qui soit clair et qui optimise la traduction. Le but principal de cette ressource éducative libre (REL) est de vous aider à apprendre comment rédiger des textes pour en optimiser la traduction.

Pourquoi cette REL est-elle nécessaire?

De nombreux textes finissent par être traduits. Toutefois, la plupart des personnes, en écrivant leurs textes, n’ont pas vraiment l’optique de la traduction en tête. La traduction est plutôt envisagée comme un processus complètement séparé — parfois après-coup — et les traductrices et traducteurs doivent se débrouiller avec les textes reçus, peu importe leur état! Le résultat? La traduction devient souvent une tâche inutilement exigeante et fastidieuse.  Les projets sont retardés parce qu’ils sont « en attente d’une traduction », et leurs budgets peuvent exploser quand les coûts de traduction s’avèrent plus élevés que prévu. Parfois, la traduction peut même être de moins bonne qualité à cause d’un texte de départ ambigu ou mal construit, et donner lieu à des interprétations erronées. Les spécialistes de la traduction ne sont pas à l’abri de ce genre de situation. Mais le risque d’erreur est encore plus grand lorsque le texte est soumis à un outil de traduction automatique (par exemple Google Traduction, DeepL Traducteur ou Microsoft Traducteur) — une solution de plus en plus courante. Une des stratégies privilégiées pour améliorer le résultat du processus de traduction est d’améliorer les données de départ, c’est-à-dire le texte de départ. Cela veut dire apprendre à écrire dans l’optique du traduire et à rédiger un texte pour en optimiser sa traduisibilité.

À qui s’adresse cette REL?

Cette REL s’adresse surtout aux personnes qui travaillent dans un environnement bi- ou multilingue où les textes seront traduits dans une autre langue. Par exemple, vous travaillez peut-être au sein d’un établissement bilingue comme l’Université d’Ottawa, ou d’une institution du gouvernement canadien, où la plupart des communications sont fournies à la fois en anglais et en français. En rédigeant vos textes pour en optimiser la traduction, vous pourrez veiller à ce que le message soit clair pour les destinataires des deux langues.

Mais cette REL peut aussi être utile à toute personne qui doit rédiger des textes, même si l’organisation qui les produit ne vise pas particulièrement un public multilingue. De nos jours, il n’est pas toujours possible de prédire si un texte sera traduit. Vous pensez peut-être rédiger un texte pour un public qui ne parle qu’une langue (par exemple, le français). Mais que se passera-t-il si le texte est publié sur un site Web? Une personne moins à l’aise avec le français pourrait choisir de le traduire dans sa langue dominante à l’aide d’un outil de traduction automatique gratuit comme Google Traduction, DeepL Traducteur ou Microsoft Traducteur. Une fois qu’un texte est écrit, il y a toujours une possibilité qu’il soit traduit. Alors, pourquoi ne pas le rédiger, dès le début, pour en optimiser sa traduction? Après tout, si rédiger un texte qui optimise la traduction exige d’écrire clairement et sans ambigüité, alors la lecture de ce texte sera, elle aussi, optimisée. C’est gagnant-gagnant!

Que comprend cette REL?

Pour vous aider à rédiger des textes qui optimisent la traduction, cette REL vous fournira certaines informations sur le processus de traduction, les différences entre la traduction humaine et les outils de traduction automatique, ainsi que sur les techniques que vous pouvez utiliser pour optimiser la traduction de vos textes. Bien sûr, cette brève REL ne fera pas de vous une ou un spécialiste de la communication. Ceux et celles qui écrivent de manière professionnelle s’appuient sur une formation poussée et une longue expérience pour affiner leur plume  . Cette REL peut tout de même contribuer à vous éviter certains pièges courants qui rendent les textes difficiles à traduire. Autrement dit, elle vous aidera à jeter à la poubelle quelques-unes des données « médiocres ».

Il est important aussi de noter que même si un texte est rédigé pour en optimiser la traduction, cela ne fait pas nécessairement de lui un bon candidat à la traduction automatique. Faut-il faire traduire un texte par une personne qui traduit professionnellement ou par un outil informatique? La décision dépendra aussi d’autres facteurs, comme l’objectif du texte, la combinaison des langues, le sujet et le niveau de qualité nécessaire. Pour aiguiser votre jugement et évaluer s’il est pertinent de recourir aux outils de traduction automatique, il faut acquérir des compétences en littératie de la traduction automatique. Cette REL vous aidera à accomplir cela aussi.

 

Alors, vous êtes prêts pour le ménage? Commençons!

 

Cette REL est aussi offerte en anglais : Garbage in, garbage out!