38 Salle d’urgence

Jour : 0
Heure : 18 h
Endroit : Salle d’urgence

« Bonsoir, James et Zac, dit Jackie, l’infirmière de triage, pour accueillir les deux ambulanciers. S’agit-il du patient dont il était question dans l’appel?

— Hé, Jackie. Oui, c’est lui, répond James. La pression artérielle est un peu basse. La fréquence cardiaque est élevée, tout comme la fréquence respiratoire. Nous croyons qu’il faut une septicémie. Nous lui avons administré plus de la moitié d’un soluté physiologique. Voici son dossier du Centre Sleepy Hollow. Je dois remplir mon dossier avant de remettre le tout.

— Très bien. Veuillez le conduire dans la salle à l’arrière. On est prêt à vous y recevoir. Les salles de traumatologie sont occupées par deux victimes d’une collision automobile. »

Zac et James dirigent la civière vers les portes doubles, les franchissent, puis empruntent le long corridor menant à l’une des salles arrière pour y trouver le Dr Pierce en discussion avec une autre infirmière.

« Docteur Pierce, comment allez-vous?

— Je vais bien, James. Est-ce le patient du centre de soins?

— Oui. Il s’agit de George Thomas, un homme de 82 ans. Zac et moi pensons qu’il a une septicémie en raison d’une infection urinaire. »

James présente alors son rapport au Dr Pierce, ainsi que les renseignements provenant du centre de soins et ceux que Zac et lui ont recueillis.

« Excellent rapport. Merci, James. Eh bien, installons-le dans notre lit et branchons-le à un appareil de contrôle. »

En travaillant ensemble, les quatre professionnels de la santé transfèrent George de la civière de l’ambulance à celle de l’urgence.

« Zac et moi attendrons que le patient soit branché à votre appareil de contrôle avant de repartir, si cela vous convient.

— Bien sûr. Je m’appelle Jim et je suis l’un des nouveaux infirmiers de l’urgence. Accordez-moi une minute pour tout installer et m’assurer que George est en sécurité. »

Jim branche rapidement George à l’écran de contrôle et appuie sur le bouton du tensiomètre automatique pour faire gonfler le brassard. Les deux ambulanciers paramédicaux et Jim regardent l’appareil de contrôle pour voir s’afficher les signes vitaux.

Fréquence cardiaque : tachycardie sinusale à 110; fréquence respiratoire : 28; saturation en oxygène : 93 %; pression artérielle : 98/64.

Jour : 0 Fréquence cardiaque Pression artérielle Fréquence respiratoire Température Saturation en O2
Heure : 18 h 15 110 98/64. 28 93 %

« Merci, Jim. Ces résultats ressemblent à ce que nous avons obtenu sur le terrain. Je dois les consigner et signer la feuille avant de vous remettre le dossier. » James remplit le formulaire de l’ambulance et le remet à Jim et au Dr Pierce.

Jim s’approche de George et effectue son évaluation primaire. Le Dr Pierce observe l’écran de contrôle un instant, puis il se rend de l’autre côté du lit et ausculte le cœur et les poumons de George. « Très bien, Jim. Qu’en pensez-vous?, demande le médecin.

— D’après le rapport de l’ambulance, M. Thomas recevait un traitement pour une infection urinaire. Il a connu un peu plus de problèmes neurologiques au cours des derniers jours, jusqu’à ce qu’on le trouve inconscient aujourd’hui. Selon les signes vitaux, il répond à tous les critères d’un SRIS. Je crois donc qu’il a une septicémie. Compte tenu des problèmes liés au SNC, la grande question est de savoir s’il s’agit d’une septicémie grave.

— Je suis entièrement d’accord avec la septicémie. En ce qui a trait à la gravité, attendons de lui avoir donné plus de liquide pour trancher, car je crois qu’il lui en manque encore. S’il ne réagit pas à l’apport de liquide, alors il pourrait s’agir d’une septicémie grave. Je suivrai le protocole pour la septicémie. Connaissons-nous le poids de M. Thomas? »

Jim consulte le dossier photocopié du Centre Sleepy Hollow. « Il est indiqué qu’il pesait 91,2 kg il y a deux mois.

— Les lignes directrices recommandent un test de lactate et un autre litre de liquide. Installez une autre ligne intraveineuse, prélevez des échantillons pour un test de lactate et une hémoculture, puis administrez un autre litre de soluté physiologique. Il faudrait également installer une sonde de Foley à M. Thomas et faire analyser un échantillon d’urine. Je m’occuperai des autres prescriptions et planifierai une radiographie thoracique pour le patient, puisqu’il présente quelques crépitements basilaires. Je dois également savoir s’il s’agit d’une pneumonie; si tel est le cas, les antibiotiques à administrer ne seront pas les mêmes. Je crois que je tenterai de savoir s’il y a quelqu’un du service des maladies infectieuses ou si le pharmacien clinique peut m’aider pour le choix des antibiotiques. Les cultures d’abord, les antibiotiques ensuite.

— C’est parfait, dit Jim. Je m’en occupe immédiatement. » Jim rassemble rapidement le matériel nécessaire pour installer une ligne intraveineuse et faire un prélèvement pour les tests de laboratoire prescrits par le Dr Pierce. Après le prélèvement pour les tests de laboratoire et l’étiquetage des tubes, Jim installe la ligne intraveineuse et un sac sous pression pour administrer le soluté en moins de 15 minutes. Il communique ensuite avec le poste d’accueil pour qu’un préposé vienne chercher les échantillons sanguins et qu’il aille les livrer au laboratoire. Puis, Jim installe une sonde de Foley no 16 et prélève une petite quantité d’urine concentrée à l’odeur inhabituelle. Il dépose l’échantillon dans un récipient collecteur et le range dans le réfrigérateur, en attendant qu’il soit envoyé au laboratoire.

Jim se dit en lui-même : Le litre est presque entièrement administré. Voyons voir comment se porte le patient.

« M. Thomas. George. Ouvrez vos yeux. »

Les yeux de George papillotent. Un faible grognement franchit les lèvres du patient, et ce dernier bouge spontanément tous ses membres.

Un peu mieux qu’à son arrivée, mais il n’est pas encore vraiment éveillé. Il a peut-être besoin de plus de liquide, pense Jim.

Jim consigne les nouvelles constatations à propos du SNC, vérifie l’appareil de contrôle et note les derniers signes vitaux, lesquels n’ont pas vraiment changé. Il ausculte le thorax de George et il ne constate aucune accentuation des crépitements ou d’autres bruits. Il remarque que la diurèse n’a pas augmenté.

Heure : 19 h 30

Le Dr Pierce s’approche de Jim, qui termine la rédaction de ses notes dans le dossier et se prépare à terminer son quart de travail.

« Jim, avez-vous vu le résultat du dernier test de lactate?

— Oui, il était de 4,1. Je me demandais si vous souhaitiez administrer un autre litre de liquide au patient, puisque sa diurèse n’a pas augmenté. Il a ouvert un peu les yeux après l’administration du premier litre de liquide. Les autres analyses sanguines sont terminées. Les GB sont à 22, l’hémoglobine est à 110, et les autres résultats sont assez normaux.

— D’accord. Donnons-lui un autre litre de liquide, ordonne le Dr Pierce. À quel moment est prévu le prochain test de lactate?

— À 21 h. Jason prend la relève, et je m’assurerai de lui rappeler. »

Quelques minutes plus tard, Jason arrive et s’assoit près de Jim. Les deux infirmiers s’approchent l’un de l’autre, et Jim présente son rapport sur George Thomas.

« Merci, Jim. Travailles-tu demain?, demande Jason.

— Oui. J’ai demandé de revenir ici. Si c’est le cas, le transfert du rapport sera un peu plus facile pour toi.

— Très bien. À demain matin. » Jason entend le vrombissement d’un appareil lourd qui s’approche et regarde par-dessus son épaule. Je présume que cet appareil est pour M. Thomas, pense-t-il.

Gurpreet pousse l’appareil de radiographie mobile jusqu’à Jason. « Hé, je m’appelle Gurpreet et j’ai reçu une demande pour M. George Thomas. Radiographie thoracique mobile avec diagnostic différentiel de pneumonie.

— Bonsoir, Gurpreet. Je suis Jason. George est l’un de mes patients ce soir. Il n’est pas très éveillé. Il ne sera sans doute pas en mesure de s’asseoir pour vous. Serait-il possible de réaliser la radiographie en position couchée?

— Oui, mais l’image produite ne sera pas idéale, et le radiologue préfère à la verticale. Nous ferons de notre mieux. »

Gurpreet s’approche du lit et de George. « Je m’appelle Gurpreet. Je dois d’abord contre-vérifier votre identité, puis j’installerai une plaque très dure derrière vous pour réaliser une radiographie de votre thorax. »

George n’a aucune réaction.

Gurpreet consulte la demande et compare les renseignements qui s’y trouvent au bracelet d’identification que porte George à son poignet gauche. « Jason, pourriez-vous confirmer l’identité de George pour moi?

— Oui, il s’agit bien de George Thomas. » Jason lit la date de naissance et le numéro d’assurance-maladie.

« Parfait. Nous pouvons commencer. »

Gurpreet retourne à l’appareil de radiographie mobile et retire une large plaque d’un compartiment dissimulé à l’arrière. Elle glisse la plaque dans un sac spécial en plastique, puis revient vers le lit. Avec l’aide de Jason, ils inclinent ensemble George vers l’avant et déposent la plaque servant à la radiographie derrière le patient.

Gurpreet positionne l’appareil de radiographie au pied de la civière. Elle allume une lumière du bloc de caméra et règle l’ouverture en fonction de la taille du thorax de George. À l’aide d’un ruban à mesurer intégré, Gurpreet fait une vérification pour s’assurer que la radiographie est prise à la bonne distance. Satisfaite, elle fait un signe de tête et saisit le tablier de protection suspendu au montant de l’appareil de radiographie. Elle annonce : « Radiographie prête dans la salle arrière 1. » Elle patiente une ou deux secondes.

« Écartez-vous! Radio en cours! » Gurpreet appuie sur un bouton qui démarre un bruissement. L’opération se termine par un clic sourd.

« C’est terminé. » Gurpreet suspend le tablier de protection au montant, puis se dirige vers le lit pour aider Jason à retirer la plaque et à réinstaller George.

Gurpreet sort ensuite de la chambre avec l’appareil de radiographie mobile.

Au poste de radiographie, à l’arrière du poste de soins infirmiers, Gurpreet insère la cassette exposée dans l’appareil de numérisation et entre les renseignements inscrits sur la demande. Quelques secondes plus tard, l’image de George s’affiche à l’écran. Gurpreet l’examine pour s’assurer qu’il n’y a pas surexposition et que tous les champs thoraciques sont visibles à l’écran. Ce n’est pas une radiographie parfaite, étant donné la position couchée, se dit-elle. Je devrai sans doute en réaliser une autre quand le patient sera en mesure de s’asseoir. Gurpreet appuie sur une série de boutons et libère la radiographie pour qu’elle puisse être examinée, avec des notes indiquant qu’il s’agit d’une image en position couchée.

Ensuite, elle s’assure encore que l’appareil mobile est prêt pour le prochain patient. Très bien, dit-elle en se parlant à elle-même, je retourne au service de radiologie pour la prochaine demande.

Heure : 21 h

Alexa pousse son chariot jusqu’à la porte du laboratoire, puis se dirige vers l’ascenseur menant à l’urgence. Dans l’ascenseur, elle appuie sur le bouton correspondant à l’étage de l’urgence et regarde les voyants s’allumer à tour à tour jusqu’à ce que s’illumine celui de l’urgence. En sortant, elle dirige son chariot vers les portes réservées au personnel de l’urgence. Elle prend une grande respiration, puis appuie sur le bouton. À l’ouverture des portes, le bruit, les odeurs et un écrasant sentiment de chaos la font légèrement reculer.

En manœuvrant son chariot dans le service d’urgence, elle trouve rapidement son chemin jusqu’au poste de soins infirmiers et se dirige vers les bureaux, où sont conservées toutes les demandes en attente. Elle remarque que quelqu’un a pris toutes les demandes urgentes parce qu’il n’en reste aucune dans la pile. En examinant les demandes, elle constate qu’elles se ressemblent toutes et qu’elles ont toutes été rédigées sensiblement au même moment.

Commençons par celle-ci, se dit-elle intérieurement. Elle fronce les sourcils en marmonnant : « Salle arrière 1. Où diable est cette salle? »

Jason, passant par là, entend les murmures d’Alexa et s’arrête. « Hé, je m’appelle Jason. Je suis responsable de la salle arrière 1. Qui cherchez-vous? »

La mine quelque peu déconfite, Alexa répond : « Je ne pensais pas que quelqu’un m’entendrait chuchoter avec tout ce bruit.

— Ce n’est pas si bruyant, et on s’y habitue.

— Je cherche George Thomas.

— C’est mon patient. Passons par ici et empruntons le corridor. »

Jason s’approche de George avec assurance et lui touche délicatement le bras. Alexa remarque que George ouvre brièvement les yeux et qu’il les referme.

« George, je vous présente Alexa, l’une de nos techniciennes de laboratoire. Elle vient vous faire un prélèvement sanguin. Est-ce OK pour vous? »

George n’a aucune réaction.

« Je ne crois pas qu’il s’opposera. Il se réveille parfois de manière vigoureuse. Je resterai donc pour lui tenir le bras, au cas où. »

Alexa approche son chariot. Elle consulte la demande, puis vérifie le bracelet d’identité de George.

« Jason, pourriez-vous confirmer qu’il s’agit bel et bien de George Thomas?

— Oui, je le confirme.

— Parfait. Merci! » Satisfaite, elle prépare les tubes, les contre-vérifie et saisit le matériel de ponction veineuse et le garrot.

« Très bien. Vous sentirez un petit pincement. »

Alexa fait pénétrer délicatement l’aiguille sous la peau, trouve la veine immédiatement et insère le premier des trois tubes de prélèvement dans le tube Vacutainer.

Une fois les tubes remplis, Alexa les secoue lentement et délicatement pour mélanger le sang et l’anticoagulant. Ensuite, elle dépose doucement les tubes dans le support à l’avant de son chariot.

« Merci de votre aide, Jason.

— Aucun problème. Je vous verrai probablement dans quelques heures pour le prochain test de lactate.

— Je crois bien que si. Je m’occupe de l’urgence toute la semaine. »

Alexa s’éloigne et se dirige vers le poste de soins infirmiers. Elle consulte la prochaine demande sur la liste et constate qu’il ne s’agit pas d’un corridor, mais d’un nombre. En regardant autour d’elle, elle trouve rapidement le numéro 12 et se dirige vers son prochain patient.

Heure : 22 h

Jason consulte son dossier et les résultats provisoires des tests de laboratoire et de la radiographie.

Il se dit en lui-même : D’accord, le résultat du test de lactate est le même, et les autres tests sont normaux. L’analyse d’urine confirme la présence d’une bactérie, mais n’en précise pas le type. Le patient s’éveille, mais pas assez rapidement, loin de là. La diurèse est meilleure. Il ne reçoit pas encore d’oxygène. Ce n’est donc probablement pas une pneumonie. Je me demande s’il faudrait lui administrer encore 500 ml de liquide ou même un litre au complet.

Pendant que Jason examine l’ensemble des données, le Dr Smythe s’approche. « Alors, Jason, vous entendez-vous bien avec George Thomas?

— Bonsoir, Docteur Smythe. Je me posais justement la même question. »

Le Dr Smythe approche une chaise, et Jason lui présente les résultats des tests de laboratoire. Ils examinent ensemble la radiographie thoracique et les derniers signes vitaux inscrits sur la fiche de suivi de l’urgence. Jason partage ensuite ses préoccupations quant à la persistance de l’hypovolémie de M. Thomas.

« Je suis d’accord, Jason. M. Thomas n’a sans doute pas encore assez de liquide. Je suis aussi d’avis que nous devrions y aller plus lentement avec un patient de 82 ans. Il ne faut pas que le traitement cause plus de problèmes que la maladie. Voici ce que je propose : avant le prochain test de lactate, administrez-lui 500 ml de soluté physiologique de plus. »

Jason acquiesce d’un signe de tête.

« Ensuite, si le lactate est encore élevé et que la diurèse n’a pas atteint 75 à l’heure, donnez-lui encore 500 ml. Je communiquerai avec l’équipe d’admission au service médical pour savoir si on peut y recevoir M. Thomas dans la matinée. Comme son état s’améliore, il ne s’agit plus vraiment d’un patient pour le service d’urgence.

— Ça me va. Je lui administrerai 500 ml de plus dès maintenant, puis j’attendrai les résultats du test de lactate et de la diurèse. Merci, Docteur Smythe. »

Heure : 11 h

Jim est au téléphone avec l’infirmière de l’étage du service médical, qui a accepté George Thomas.

« Oui. Rien ne s’est produit ce matin. J’ai réussi à le conduire à la toilette. Il est chancelant et il a besoin d’aide, mais il est beaucoup mieux sur le plan du SNC par rapport au moment de son admission, explique Jim. Oui, oui, oui. La fiche de transfert est remplie. Il a reçu des antibiotiques ce matin. La prochaine dose est prévue pour demain matin. La famille est au courant du transfert, et les prescriptions du médecin sont terminées. Très bien. Merci. Glen vous l’amènera dans moins d’une heure. Merci de l’avoir accepté. »

Glen, le préposé du service d’urgence, lève la tête en entendant son nom. « Tout est prêt pour le transfert de M. Thomas au service médical et de chirurgie, n’est-ce pas?

— Ce semble être le cas. On m’a indiqué que le personnel était très occupé actuellement, comme nous tous, je présume. Nous sommes tous très occupés. Laisse-moi t’aider à préparer le patient et à le débrancher de l’appareil de contrôle. Ensuite, tu pourras le conduire à l’étage.

— Parfait. »

Jim rassemble les médicaments, les documents papier qui ne sont pas consignés dans le dossier de santé électronique (DSE) et les effets personnels de George. Avant de débrancher le patient de l’appareil de contrôle, il note les signes vitaux et les consigne sur la fiche de transfert.

« Très bien, Glen. Il est tout à toi. Prenez bien soin de vous, monsieur Thomas. J’espère que vous irez bientôt mieux.

— Merci, docteur », murmure George.

Jim sourit simplement et aide Glen à sortir la civière de l’alcôve et à emprunter le corridor.

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