10 Jour 1 : Salle d’urgence
Jour : 1
Heure : 2 h
Endroit : Salle d’urgence
Jason décide de prendre encore les signes vitaux :
Jour : 1 | Fréquence cardiaque | Pression artérielle | Fréquence respiratoire | Température | Saturation en O2 |
Heure : 2 h | 86 | 160/90 | 22 | 36,5 °C | 90 % |
Heure : 2 h 30
« Dr Singh, voici les résultats de la spirométrie et de la GSA d’Erin Johns.
— Merci. » Le Dr Singh prend connaissance des résultats et tire les mêmes conclusions que Matt et Jason. « Regardons la radiographie thoracique de la patiente. »
Le Dr Singh affiche la radiographie à l’ordinateur, et les deux intervenants s’approchent de l’écran pour y scruter l’image en noir et blanc. Jason regarde l’image, puis il se tourne vers le Dr Singh en se disant que la radiographie lui semble normale, à l’exception de la longueur inhabituelle des poumons.
Le Dr Singh pousse un soupir. « D’accord, la radiographie montre de légères infiltrations à la base des poumons et une hyperinflation caractéristique d’une MPOC. Tout cela n’a rien d’anormal en soi, mais, compte tenu des résultats de la GSA et de la spirométrie, j’aimerais la garder ici cette nuit pour savoir si son état s’améliorera ou s’aggravera. S’il s’agit d’une pneumonie, son état empirera durant la nuit et demain. Si tout cela n’est causé que par le temps froid et qu’il n’y a aucune infection, elle devrait prendre du mieux avec un peu de soins et d’attention. Qu’en pensez-vous?
— Matt et moi avons eu la même discussion. Je crois bien que je pourrai lui trouver une place à l’urgence pour qu’elle demeure avec nous. Il reste à savoir si elle voudra passer la nuit ici.
— Allons lui parler. »
Peu de temps après, le médecin s’approche d’Erin : « Bonjour, madame Johns. Je suis le Dr Amir Singh. Je suis l’une des nombreuses personnes prenant soin de vous.
— Vous prenez soin de moi? C’est la première fois que je vous vois. »
Le Dr Singh sourit. « Vous avez tout à fait raison. Je travaille davantage en arrière-scène, comparativement à Jason qui s’occupe directement de vous ici. Jason et moi avons examiné les résultats de vos tests et nous croyons que vous devriez passer la nuit avec nous. Je ne pense pas que la situation soit grave. Si vous dormez raisonnablement bien et que vous prenez quelques bouffées de plus des médicaments que j’ai prescrits et un peu d’oxygène, vous devriez vous sentir mieux demain matin.
— Je me sens déjà mieux. Mais pas parfaitement. Puis-je avoir un lit? Ma chienne peut-elle venir me voir ici? Quelqu’un appellera-t-il mon fils? »
Le Dr Singh sourit. « Oui, oui et oui. Je téléphonerai à votre fils pour l’informer de la situation, et Jason vous trouvera l’un des meilleurs lits de l’urgence.
— Merci. »
Le Dr Singh salue Erin et Jason de la tête et se dirige vers une infirmière lui faisant signe de venir au lit 3.
Jason se penche pour avoir les yeux à la même hauteur que ceux d’Erin et lui dit : « Donnez-moi quelques minutes et je vous trouverai un endroit plus discret. »
Erin hoche la tête et sourit. Elle attrape la main de Jason pour la lui tapoter gentiment, comme l’ont déjà fait tant d’autres dames âgées avec lui.
Après une discussion avec l’infirmière responsable et le nettoyage de l’espace libéré à la suite d’un récent congé, Jason réussit à installer Erin sur le dernier lit d’hôpital le plus éloigné du poste de soins infirmiers et des portes. Il s’agit de l’endroit le plus isolé et le plus prisé par le personnel pour y prendre des pauses.
« Vous devriez être plus à l’aise ici. Vous devez m’appeler si vous avez besoin d’aller à la toilette, afin que je vous trouve une autre bouteille d’oxygène mobile pour vos déplacements.
— Merci. Des nouvelles de mon fils et de Trixie?
— Le Dr Singh et moi avons parlé à Thomas. Il ne viendra pas ce soir, mais il sera ici demain matin. Il dit de ne pas s’inquiéter pour Trixie. Il lui donnera un bain et un repas, et ils se détendront ensemble en regardant quelques films.
— Oui, elle a vraiment besoin d’un bain. Je me sens mal de ne même pas avoir été capable de le faire moi-même. Trixie aime regarder Mad Men. Ce M. Draper n’est qu’un vaurien!
« OK, madame Johns. Je prends une autre fois vos signes vitaux, puis vous pourrez dormir. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appuyez sur le bouton d’appel. »
Jour : 1 | Fréquence cardiaque | Pression artérielle | Fréquence respiratoire | Température | Saturation en O2 |
Heure : 2 h | 86 | 160/90 | 22 | 36,5 °C | 90 % |
Jour : 1
Heure : 7 h
Endroit : Salle d’urgence
Alors qu’il étudie la liste des patients à examiner ce matin, le Dr Notley voit s’approcher l’infirmière responsable. Elle a en main la liste des patients qui ont passé la nuit à l’urgence et qui pourraient retourner à la maison si tout va bien.
« Pouvez-vous d’abord examiner les patients suivants? Faites-moi savoir lesquels peuvent rentrer à la maison. L’état de Mme Johns, dans la salle du fond, semble s’être aggravé. Nous devrons peut-être lui trouver un lit. »
Le Dr Notley acquiesce d’un signe de tête. « J’irai voir Mme Johns rapidement, puis j’examinerai les patients pouvant être renvoyés à la maison. Je me fie à votre jugement. Vous pouvez commencer à préparer les documents pour ces patients. Ainsi, quand j’autoriserai leur sortie, les choses iront plus vite. »
Le Dr Notley affiche le dossier électronique d’Erin Johns à l’écran : exacerbation de MPOC; lunettes nasales à 2 l/min; la GSA révèle un niveau de CO2 supérieur à la normale et une diminution de la PO2, la radiographie thoracique semble montrer quelque chose.
Le Dr Notley parcourt rapidement le corridor jusqu’à la dernière civière d’une rangée en comptant vingt. Voyant le rideau entreouvert, il s’avance. « Bonjour, je suis le Dr Notley. »
Jackie, l’infirmière qui s’occupe d’Erin, lui fait signe d’entrer.
« Bonjour, Jackie. Comment allez-vous?
— Je vais bien. Merci. Par contre, Mme Johns ne va pas aussi bien qu’on l’espérait. J’étais responsable du triage hier lorsqu’elle s’est présentée à l’hôpital. Ce matin, j’ai augmenté son oxygène à 5 l/min et j’ai demandé à l’inhalo de passer pour déterminer si l’usage d’un masque respiratoire ou de l’Optiflow s’avérerait judicieux. J’ignore quelle option conviendra le mieux.
Sa saturation demeure à 90 % ou 91 % à 5 l/min, le travail ventilatoire semble plus accru, les bruits respiratoires présentent des sifflements à l’expiration dans les champs supérieurs et des râles crépitants rudes dans les champs inférieurs.
— Tout cela est un peu décevant. Comment vous sentez-vous, madame Johns? »
Erin regarde le Dr Notley et se dit en elle-même qu’il a vraiment l’air d’un médecin : de beaux cheveux gris, une blouse repassée et un stéthoscope autour du cou.
« Je me sens fatiguée. Suis essoufflée. Peux pas me… lever du lit. J’utilise la… chaise d’aisance. Mais qu’est-ce… qui m’arrive?
— Eh bien, madame Johns, c’est une très bonne question. Nous nous attendions à une amélioration de votre état avec l’ajout des inhalateurs et une bonne nuit de sommeil. De toute évidence, ça n’a pas fonctionné. Je vais ausculter votre thorax, puis je demanderai d’autres tests afin de trouver pourquoi vous ne vous sentez pas mieux. Je présume que nous devrons commencer à vous administrer des antibiotiques et vous admettre au service médical pour y recevoir d’autres traitements.
— Je ne veux pas rester ici.
— Madame Johns, j’aimerais que vous restiez. Je sais qu’il peut être difficile d’être loin de sa famille…
— Ma chienne, Trixie.
— Oui, les animaux domestiques font partie de la famille. Vous souffrez d’un problème de santé de longue durée appelé ‘‘MPOC’’. Je pense que vous faites aussi une pneumonie. Si vous retournez à la maison, votre état s’aggravera probablement.
— Je pourrais mourir?
— Oui, c’est une possibilité. Je ne demande pas à mes patients de rester à l’hôpital sans raison valable. Me faites-vous confiance? »
Mme Johns baisse le regard et tortille avec ses doigts le drap de lit blanc froissé. « Vous avez l’air… d’un bon médecin. D’accord. Je vous fais confiance.
— Merci. Je vais ausculter votre thorax maintenant, prescrire quelques tests et discuter avec l’équipe médicale pour vous trouver un lit dans les plus brefs délais. Votre séjour parmi nous ne sera peut-être pas long si nous trouvons le bon traitement. » Le Dr Notley prend le stéthoscope autour de son cou, insère les embouts auriculaires dans ses oreilles et dépose délicatement le récepteur de son sur le thorax d’Erin. Il écoute de façon méthodique, la face antérieure d’abord, puis la face postérieure.
« Merci, madame Johns. Jackie et moi devons aller voir d’autres patients, mais nous reviendrons. »
Jackie et le Dr Notley écartent le rideau pour sortir et se diriger vers une alcôve pour y avoir une discussion en privé.
« Qu’en dites-vous, docteur Notley?
— Je suis d’accord avec vous, Jackie. L’état de Mme Johns semble s’aggraver. Ses poumons semblent encombrés et émettent des sifflements. Les besoins en oxygène augmentent. Je crois qu’elle a contracté une pneumonie extrahospitalière. J’aimerais prescrire une radiographie thoracique, une FSC, une GSA et un prélèvement d’échantillon d’expectoration. Je vérifierai si le laboratoire a la coloration de Gram de l’échantillon d’expectorations prélevé plus tôt, puisqu’elle pourrait orienter notre réflexion. Je prescrirai aussi des antibiotiques, mais je dois consulter la pharmacie pour m’assurer de choisir les bons. Je vais l’hospitaliser et j’informerai l’équipe d’admission médicale qu’elle a une nouvelle patiente. Avez-vous besoin d’autre chose?
— C’est parfait. Je demanderai à l’inhalo d’effectuer la GSA dès maintenant pour que nous puissions trouver la bonne oxygénothérapie.
— Excellent! Vos deux autres patients figurent sur ma liste de congés. Comment vont-ils?
— Les deux se portent bien. Aucun problème. Ils sont d’ailleurs déjà habillés et ils ont déjà demandé à quelqu’un de venir les chercher. Tous les deux ont besoin d’ordonnances pour les médicaments prescrits hier soir. Dès que vous les aurez vus, je les déplacerai vers la salle d’attente afin de nettoyer les espaces pour d’autres patients installés dans le corridor.
— Parfait. Allons les voir rapidement. Je préparerai les ordonnances et les prescriptions de départ pour que vous puissiez les déplacer. Merci. »
Le Dr Notley se dirige vers les lits 18 et 19 pour parler aux patients qui sont prêts à recevoir leur congé. Jackie attend quelques instants pour savoir si le médecin a besoin de quelque chose, puis elle se dirige vers le poste de soins infirmiers pour joindre l’inhalo sur son téléavertisseur.
Heure : 7 h 30
Jackie voit Alexa arriver dans l’unité et se dirige rapidement vers elle.
« Bonjour Alexa. Aurais-tu une minute pour examiner l’une de mes patientes et effectuer une GSA?
— Bonjour Jackie. Donne-moi une minute pour terminer cette GSA et prendre du matériel. Je te rejoins au chevet de la patiente. De qui s’agit-il?
— Mme Johns. Elle se trouve dans l’espace du fond. »
Alexa acquiesce d’un signe de tête et se dirige rapidement vers l’appareil de GSA pour effectuer une analyse. Jackie se retourne et se rend à la civière de Mme Johns.
« Madame Johns, Alexa, une inhalothérapeute, viendra bientôt vous examiner et effectuer une gazométrie du sang artériel afin de nous aider à vous aider.
— D’accord. J’en ai eu une. Hier. Je crois.
— C’est exact. Voici Alexa. »
Alexa dépose délicatement sa main sur le poignet d’Erin pour y sentir un pouls, puis elle se présente. « Bonjour, madame Johns. Je m’appelle Alexa et je suis inhalothérapeute. Je vais ausculter vos poumons, faire une petite piqûre dans votre poignet pour y prélever du sang et apporter quelques ajustements à votre oxygénothérapie avant de vous voir partir pour le service à l’étage. Est-ce que tout cela vous convient?
— Oui.
— Vous semblez très essoufflée, alors je ne vous demanderai pas de faire trop de mouvements. »
Alexa vérifie le débit d’oxygène et le positionnement des lunettes nasales, puis elle ausculte les poumons d’Erin. En saisissant le poignet de sa patiente, Alexa effectue le test d’Allen.
« Tout semble bon. Je suis prête à effectuer le test maintenant. »
Alexa parvient à réaliser efficacement la GSA. Erin ne bronche même pas. Elle reste étendue dans le lit et respire rapidement.
« Vous vous en êtes bien tirée, madame Johns. Jackie tiendra votre poignet pendant quelques minutes encore, et moi, j’irai analyser cet échantillon à l’aide d’un appareil spécial. »
Jackie s’approche et tient fermement le poignet d’Erin pour prévenir un hématome. Alexa se dirige rapidement vers l’appareil de GSA.
Alexa revient quelques minutes plus tard. Elle examine le poignet d’Erin et installe un pansement léger sur la plaie. Elle montre ensuite les résultats de la GSA à Jackie.
Jour : 1 | pH | O2 | CO2 | HCO3 | SaO2 |
Heure : 8 h 30 | 7,3 | 65 | 52 | 27 | 89 |
« Merci, Alexa. Le CO2 est à peu près normal pour Mme Johns avec la MPOC, mais les niveaux d’oxygène sont très bas, ce qui est un peu préoccupant.
— Je suis d’accord. Je pense que je lui installerai l’Optiflow dès maintenant. Quand elle sera montée à l’étage, demande à la personne responsable d’effectuer une autre vérification. Je crois que nous pourrons la surveiller seulement avec l’oxymètre de pouls et que nous n’aurons peut-être pas besoin d’une autre GSA avant demain.
— Ça me va. »
Jackie se tourne vers Erin et lui explique la suite des choses. Erin fait un faible signe affirmatif de la tête.
Alexa s’éloigne rapidement pour rassembler le matériel de l’Optiflow et revient quelques minutes plus tard. Elle règle l’humidificateur et installe les lunettes nasales à haut débit dans le nez d’Erin. Alexa se penche vers l’avant en faisant quelques ajustements au débit. « Comment vous sentez-vous, madame Johns?
— C’est un peu mieux. Merci. » En levant le regard vers la saturation en oxygène affichée à l’écran, Jackie et Alexa constatent que le résultat augmente à 93 %.
Alexa écoute les bruits respiratoires d’Erin et ne remarque aucun véritable changement.
« Très bien, Jackie. Je pense qu’elle va bien pour l’instant. Le Dr Notley a prescrit une radiographie thoracique, et je pense que nous devrions la faire avec un appareil mobile. Je communiquerai avec le service pour lui demander de procéder de cette manière. Je pense qu’un aller-retour vers le service de radiologie sera trop exigeant pour le moment.
— Je suis d’accord. Je peux communiquer avec le service, si tu le souhaites.
— Non, je m’en occupe. Tu as probablement d’autres choses à faire ce matin. » Alexa indique deux patients qui attendent d’être déplacés vers la salle d’attente, formulaires de congé remplis en main.
« Ouais. C’est plutôt occupé, mais ce n’est pas trop mal. Les choses sont presque calmes comparativement à ce que nous avons vu ces derniers jours. »
Alexa sourit et se dirige vers le poste de soins infirmiers pour téléphoner avec le service de radiologie. Jackie va à la rencontre des deux patients, assis dans leur fauteuil, qui attendent les documents nécessaires à leur congé.
Appel d’Alexa au service de radiologie
« Bonjour. Alexa à l’appareil. Je suis l’inhalo du service d’urgence. Je crois que vous avez reçu une demande de radiographie thoracique au nom de Mme Erin Johns.
— Un instant. Je vérifie. »
Alexa fredonne une chanson de Drake à voix basse en attendant la réponse. En souriant intérieurement, elle se rappelle son concert de la semaine dernière.
« Oui, nous avons une demande au nom de Mme Johns. J’étais sur le point d’appeler un préposé pour qu’il la conduise ici, puisque nous sommes prêts à faire la radiographie.
— Nous préférerions que la radiographie soit faite avec un appareil portatif. Je viens tout juste de lui installer un appareil à haut débit, et elle est très essoufflée. Je crains que le déplacement aggrave son état ou pire encore.
— Personne ne souhaite ce “pire encore”, n’est-ce pas? J’indiquerai que son état est instable et demanderai au technicien de réaliser la radiographie avec un appareil mobile.
— Génial! Merci. »
Alexa raccroche le combiné et tente de trouver Jackie pour lui apprendre la nouvelle.
Endroit : Radiographie médicale
Serge regarde Emily, la coordonnatrice de l’unité de radiologie, et fronce les sourcils. « Elle ne peut pas venir au service?
— C’est exact. L’inhalo dit que son état est instable et qu’elle craint que le déplacement soit difficile pour la patiente.
— D’accord. J’espère toutefois que quelqu’un pourra m’aider là-bas.
— J’en suis certaine, Serge. Ton dos n’en souffrira pas. Tu pourrais cependant envisager de pratiquer un autre sport durant tes congés. J’ai vu la vidéo YouTube de ta partie de rugby, celle que tu as publiée en ligne. Ce jeu est si violent. Tu as reçu des coups redoutables. »
Serge sourit. « Ouais. Mon conjoint me dit la même chose. Pourtant, il vient voir chaque partie et nous encourage. Je crois qu’il aime vraiment quand je me fais aplatir sur le terrain. »
Emily se met à rire. « J’aime aussi quand tu te fais aplatir. Quand tu te fais écraser, on peut voir la confusion sur ton visage. Tu sembles te dire intérieurement : Comment ça peut m’arriver à moi? »
Serge s’esclaffe à son tour. « Ouais, je peux vraiment encaisser bien des coups. Je pars pour l’urgence. Sharon et Preeti sont les seules personnes présentes au service actuellement. Ils sont à l’arrière pour donner un coup de main avec l’insertion du drain thoracique dans la salle 2. Tu peux me biper en cas de problème. Ils en auront encore pour une trentaine de minutes environ. »
Emily acquiesce en hochant la tête et retourne à son ordinateur.
Serge franchit rapidement les portes et emprunte l’escalier secondaire pour se rendre au service d’urgence. Dans l’alcôve près de l’escalier de service de l’urgence se trouve un appareil de radiographie portatif. Il saisit une plaque radiographique vierge et l’insère dans la fente prévue pour la cassette à l’arrière de l’appareil. Il vérifie ensuite la charge et règle à l’avance une procédure de radiographie thoracique de 85 kVc et de 5 mAs avant de débrancher l’appareil. Il se débrouille pour mener l’appareil de radiographie jusqu’à la civière d’Erin. En consultant la demande pour connaître le motif de la demande, il se dit en lui-même : Essoufflement. Il y a peu de choses à dire. Après avoir immobilisé l’appareil de radiographie au bout du lit, il pointe le tube à rayons X vers sa cliente.
« Bonjour, madame Johns. » Tout en s’étirant pour lire le nom sur le bracelet d’identification, il poursuit : « Je m’appelle Serge et je viens réaliser une radiographie de vos poumons aujourd’hui. » Serge remarque les grandes lunettes nasales de l’Optiflow. Il voit ensuite la saturation en oxygène à l’écran et constate que le résultat se situe près de 90 %. D’accord. Ce n’est pas si mal, mais ce n’est pas génial, pense-t-il. Je comprends pourquoi on a demandé un appareil portatif.
Erin ouvre légèrement les yeux pour voir un homme très imposant avec une barbe d’un noir profond et ayant à la main ce qui ressemble à une planchette rectangulaire en métal. On dirait davantage un bûcheron que toute autre chose, se dit-elle. Que va-t-il me faire? »
Erin tourne un peu la tête vers Serge. « Qu’avez-vous dit? »
Serge affiche un grand sourire. « Madame Johns, je viens réaliser une radiographie de votre thorax. Le Dr Notley a demandé cet examen pour nous aider à vous aider.
« D’accord. C’est un peu plus raisonnable. Je me sens… très fatiguée. Que voulez-vous… que je fasse?
— Oh! Rien du tout. Vous n’avez qu’à vous détendre dans le lit. Qui est votre infirmière aujourd’hui?
— Jackie.
— Vous me faites une blague, n’est-ce pas? Jackie? Comme dans Nurse Jackie? La série télé? »
Au même moment, Jackie se montre derrière Serge et dépose délicatement sa main sur le coude de ce dernier. « C’est exact. Comme dans la série télé. Quelqu’un veut mon autographe? »
Serge se retourne vivement. « Je blaguais! » Jackie le dévisage pendant une dizaine de secondes, puis lui fait un grand sourire. « Si tu savais le nombre de fois où j’ai entendu ce commentaire. Je préférerais que cette série télévisée n’ait jamais été inventée. »
Serge est visiblement soulagé. « Peux-tu m’aider à positionner Mme Johns pour me permettre d’avoir la radiographie la plus claire possible?
— Avec plaisir. Merci d’être venu avec l’appareil portatif. Je ne suis pas certaine qu’elle aurait pu endurer le déplacement jusqu’au service de radiologie.
— Il nous manque un peu de personnel aujourd’hui. Ce n’était pas si simple de venir ici, mais je comprends maintenant la raison de ta demande. »
Reportant son attention sur Mme Johns, il lui dit : « Nous devons vous installer en position assise, bien droite, sur votre civière. Vous semblez être assez haute sur le lit; nous n’aurons donc pas à vous soulever. »
Serge et Jackie installent Erin dans la position de Fowler haute et placent la plaque radiographique derrière le dos de cette dernière. « Cette plaque est dure, mais la procédure ne prend qu’un moment. » Du bord de la civière, Serge s’étire par-dessus Mme Johns pour s’assurer que la plaque d’imagerie dépasse suffisamment des deux côtés de la patiente et au-dessus des épaules. « Faites de votre mieux pour rester immobile. » Serge revient à l’appareil de radiographie mobile et règle la procédure entrée au préalable à 90 kVc et à 3,2 mAs dans l’espoir de compenser l’essoufflement. De cette manière, l’exposition devrait être plus rapide, pense-t-il. Pendant ce temps, Mme Johns s’agite en raison de l’inconfort causé par la plaque. La plaque ne se trouve d’ailleurs plus à l’endroit où Serve l’avait installée, puisqu’elle a glissé vers le bas. Il ne remarque pas ce déplacement.
« Très bien, madame Johns. Je suis prêt pour la radiographie. Ne bougez pas. » Serge saisit le tablier protecteur suspendu à l’appareil portatif. Il élargit le collimateur et règle la gaine du tube à rayons X en fonction de la plaque d’imagerie. D’une voix très forte, il lance : « Radiographie, lit 3! » En attendant l’avertissement, Jackie et tous les autres membres du personnel s’éloignent. Tournant la tête vers Mme Johns, il dit : « Inspirez. Madame Johns, prenez une inspiration! » Serge regarde le thorax se soulever et s’abaisser et réalise la radiographie au moment qui, selon lui, correspond à une inspiration. « Radiographie terminée! » Il fait avancer lui-même Mme Johns pour récupérer la plaque. « Je vais incliner un peu votre dossier. Dites-moi à quel moment… » Il commence à incliner le dossier jusqu’à ce que la patiente lui fasse un signe de la tête.
« Merci, madame Johns. J’ai terminé. Le Dr Notley devrait recevoir les résultats dans quelques minutes. Merci, Nurse Jackie! »
Jackie fait une grimace à Serge et le frappe doucement sur le bras. « Sois prudent. J’ai vu la vidéo YouTube de ta partie de rugby. J’aurais très bien pu encourager l’équipe adverse. »
Serge roule les yeux. « Qui ne l’a pas vue? Elle me hantera pendant très longtemps.
— Pas autant que la série Nurse Jackie pour moi. »
Serge lui sourit et éloigne l’appareil de radiographie portatif du lit pour le ranger dans l’alcôve. Il le branche et le prépare pour la prochaine utilisation.
Ouvrant la porte de l’escalier arrière, il monte les marches deux à la fois pour retourner au service de radiologie.
Endroit : Laboratoire médical
Alexa, la technicienne de laboratoire en devoir hier, consulte la liste des patients que la coordonnatrice d’unité vient de lui remettre. Wow. J’hérite encore de l’urgence, se dit-elle en elle-même. Ce sera une bonne journée… ou pas. En lisant la liste, elle voit le nom familier d’Erin Johns. Je me demande comment elle va. Je crois que j’irai la voir en premier.
Alexa pousse son chariot blanc jusqu’à l’ascenseur pour se rendre au service d’urgence. À son arrivée au poste de soins infirmiers, elle confirme qu’Erin Johns se trouve encore à l’urgence et qu’elle se trouve dans la zone arrière.
Alexa se met en direction du lit d’Erin et, en regardant derrière le rideau, voit la dame âgée dormir. Elle s’approche de la patiente et lui touche la main. Cette dernière se réveille en sursaut.
« Quoi encore? Qui êtes-vous? Où suis-je?
— Tout va bien, madame Johns. Je m’appelle Alexa et vous êtes à l’hôpital. Le Dr Notley a demandé quelques tests de laboratoire, et je suis ici pour faire les prélèvements.
— Oh! Je vous ai vue hier.
— C’est exact.
— Vous étiez si douce. Que dois-je faire?
— Vous n’avez qu’à vous détendre, madame Johns. Je dois vérifier votre bracelet d’identification et vous poser quelques petites questions. »
Alexa vérifie le bracelet à l’aide de la demande et des étiquettes des tubes de prélèvement sanguin. Tout semble exact.
« Pourriez-vous me donner votre date de naissance? »
Erin répond aisément à la question d’Alexa.
— Excellent! Pourriez-vous me dire votre second prénom?
— Ce doit être une question piège. Je n’en ai pas.
— Oui. Je dois confirmer votre identité et m’assurer que vous n’êtes pas quelqu’un d’autre. Ainsi, nous sommes certains de faire passer les tests à la bonne personne. »
Erin acquiesce d’un signe de tête. Alexa installe le garrot autour de la partie supérieure du bras droit d’Erin. Elle examine la veine brachiale et la voit apparaître distinctement après quelques secondes. Satisfaite, elle ouvre son chariot et prend les bons tubes. « Vous sentirez un petit pincement. Êtes-vous prête? » Erin fait oui de la tête. Alexa insère rapidement l’aiguille dans la veine et remplit chaque tube. En retirant le garrot, elle dépose un tampon de coton sur la plaie causée par l’aiguille. « Un instant, s’il vous plaît, madame Johns. Je dois apposer les étiquettes sur les tubes. » Après l’avoir fait, Alexa vérifie la plaie et ne voit aucun saignement. Elle appose un pansement rond sur la plaie. « Tout va bien. Vous vous sentez bien?
Oui, je me sens bien pour une patiente enfermée dans cet endroit. »
Alexa fait un signe de la tête, se dirige vers son chariot et quitte Mme Johns.
Heure : 9 h 30
Le Dr Notley s’approche de Jackie. « Très bien. L’équipe médicale a accepté Erin Johns. Pouvez-vous la préparer pour le déplacement vers le septième étage? Elle sera prise en charge par l’équipe du Dr Hunicutt.
— La patiente est déjà prête à partir. Je dois remplir les renseignements de l’évaluation en vue du transfert et rassembler ses affaires. Elle demandait souvent à quel moment elle pourrait sortir de cet endroit bruyant. »
Le Dr Notley sourit et se tourne vers la coordonnatrice d’unité. « Pouvez-vous appeler un préposé pour aider Jackie à conduire Erin Johns à l’étage, s’il vous plaît?
— Glen reviendra bientôt du service de diagnostic et il sait qu’il doit s’informer du transfert auprès de Jackie.
— Excellent! D’accord. Je m’en vais au poste de triage pour savoir qui occupera cette civière maintenant.
— Merci. » En jetant un regard à la coordonnatrice d’unité, Jackie lui demande : « Pourrais-tu me donner un formulaire d’évaluation pour le transfert, s’il vous plaît?
— Certainement. »
Jackie prend le formulaire qui lui est remis, consulte les notes et le dossier d’Erin, remplit le formulaire rapidement, ajoute le numéro de cellulaire du fils, Thomas, et consigne les préoccupations d’Erin à propos de sa chienne, Trixie. « Je dois aussi indiquer qu’elle aimerait que sa chienne puisse venir la visiter. Je ne connais pas la politique sur la présence des chiens au septième étage. Enfin, on s’en occupera là-haut. Oh! J’ai failli oublier. Il faut trouver Alexa, l’inhalo, pour s’occuper de la bouteille d’oxygène. »
Jackie se rend au chevet d’Erin pour y trouver Alexa. Cette dernière a déjà une bouteille portative et s’affaire à l’installer.
« J’étais sur le point de t’appeler pour savoir si tu avais été mise au courant du transfert.
— Un petit oiseau appelé Glen m’a informé de cette possibilité. Je monterai avec Glen et remettrai mes notes à l’inhalo de l’étage afin que tous sachent qu’il faut vérifier souvent l’état de Mme Johns. »
Jackie sourit. « Glen semble toujours savoir à quel moment les choses surviennent. C’est lui qui m’a montré la vidéo de Serge se faisant écraser. »
« Madame Johns, dans quelques minutes, Glen et Alexa vous conduiront au septième étage. Vous serez installée dans une chambre à deux lits, ce qui signifie qu’il y aura un autre patient avec vous. Je téléphonerai à votre fils pour l’informer de votre transfert.
— Ma chienne pourra-t-elle venir?
— Je l’ignore. Vous devrez poser la question aux infirmières là-haut. »
Erin semble un peu déçue et sa tête s’enfonce dans son oreiller.
Au même moment, Glen fait son apparition. « Sommes-nous prêts pour le départ?
— Oui. Voici l’évaluation pour le transfert. Alexa ira parler à l’inhalo de l’étage. N’oubliez pas de les informer que les derniers résultats se trouvent dans le système. Voici son sac de médicaments. J’ai commencé les antibiotiques, et la perfusion s’effectue à l’aide de la pompe.
— Très bien. Nous nous en occupons. Elle est entre bonnes mains.
— Prenez bien soin de vous, madame Johns. » Jackie regarde Glen s’éloigner avec la civière et sortir de la salle d’urgence pour se diriger vers l’ascenseur des patients. Elle se dit intérieurement : Elle n’a pas l’air heureuse, mais elle semble se porter mieux avec l’oxygène. Je me demande bien qui prendra sa place.
Jackie fait demi-tour et se dirige vers le poste de soins infirmiers pour connaître le prochain patient à occuper la civière.