19 Salle d’urgence

Jour : 0
Heure : 22 h 30
Endroit : Salle d’urgence

L’infirmière Jackie, responsable du poste de triage ce soir, pousse un long soupir et se dit en elle-même : Eh bien, la soirée a été bien tranquille jusqu’à présent. Jackie a le dos tourné à la salle d’attente et met à jour la liste des patients quand elle entend : « Excusez-moi! Pouvez-vous aider mon conjoint? Je crois qu’il fait une crise cardiaque.

Jackie se retourne immédiatement et voit deux personnes devant le poste de triage. Il s’agit de deux personnes aux traits est-asiatiques. La première est une femme qui semble sur le point d’éclater en sanglots; la seconde est un homme au poids excessif, les cheveux en bataille, qui se masse l’épaule gauche.

« Pourriez-vous répéter ce que vous avez dit? Votre conjoint a des douleurs thoraciques? »

Légèrement exaspérée et épuisée à la fois, Priya répond : « Oui. Il pense qu’il ne s’agit que d’une indigestion, mais il frotte son épaule depuis le dîner et il dit qu’il ne se sent pas bien. Il a pris quelques comprimés de Tums, mais la situation ne s’est pas améliorée. Il blâme ma cuisine, mais nous sommes mariés depuis plus de 25 ans. Si mes recettes étaient problématiques, il serait certainement plus mince. »

Jackie les regarde tous les deux et fait un signe affirmatif de la tête. Elle sort rapidement du poste de triage et saisit un fauteuil roulant à proximité. « Comment vous appelez-vous?

— Je m’appelle Harj Singh et je n’ai pas besoin de fauteuil roulant.

— Veuillez vous asseoir, monsieur Singh. Faites-nous plaisir, à votre conjointe et à moi. Vous semblez avoir de la difficulté à respirer. Vous vous massez le bras et la partie supérieure du thorax et vous semblez un peu plus pâle que je m’y attendrais. »

Harj se laisse tomber dans le fauteuil roulant, fâché et visiblement mécontent de toute cette situation. Priya se penche et lui prend la main.

Jackie s’accroupit pour parler directement à Harj et à Priya. « Nous prenons les douleurs thoraciques très au sérieux. Beaucoup de choses se produiront donc très rapidement. Je vous conduirai derrière mon poste jusqu’à une salle spéciale. Nous prendrons votre pression artérielle et d’autres signes vitaux, et le médecin vous examinera rapidement. Nous vous donnerons sans doute quelques médicaments pour voir si nous pouvons réduire les douleurs thoraciques et celles dans votre bras. Votre conjointe peut vous accompagner, puisque nous devons comprendre comment tout a commencé. Je lui demanderai cependant de s’approcher du bureau d’admission pour me donner quelques renseignements. Êtes-vous prêt? »

Harj et Priya semblent maintenant très effrayés, mais ils acquiescent d’un signe de tête.

Jackie se dirige à l’arrière du fauteuil roulant et le pousse rapidement jusque dans la zone des soins aigus de la salle d’urgence, où elle pénètre dans la salle de traumatologie 1. En y pénétrant, elle fait signe à deux autres infirmières de l’urgence de s’approcher. « Hé! Jackie. On peut t’aider?

— Oui. Pouvez-vous informer le Dr Smythe que nous avons un patient avec des douleurs thoraciques dans la salle de trauma 1. Pouvez-vous m’apporter de l’aspirine et de la nitro en vaporisateur. J’aurais aussi besoin qu’on commence à installer une ligne intraveineuse à M. Singh. »

L’une des infirmières se dirige rapidement vers le coordonnateur d’unité pour lui demander de joindre le Dr  Smythe sur son téléavertisseur; la seconde infirmière, Carrie, aide Jackie à installer M. Singh sur la civière de la salle de traumatologie.

« OK, M. Singh. Voici Carrie. Elle m’aidera à vous retirer votre chemise. Elle commencera aussi à installer une ligne intraveineuse dans votre bras gauche, au cas où nous devrions vous administrer des liquides. Pour ma part, je prendrai vos signes vitaux. »

Jackie enroule le brassard du tensiomètre autour du bras droit de Harj, installe le capteur du saturomètre à l’index gauche de ce dernier et insère la sonde de température sous la langue du patient. Carrie saisit les électrodes de l’électrocardiographe et en fixe cinq sur le thorax de Harj. Elle met l’appareil en marche.

Après avoir jeté un œil à l’appareil de prise des signes vitaux, Jackie consigne les résultats dans le dossier de l’urgence.

Jour : 0 Fréquence cardiaque Pression artérielle Fréquence respiratoire Température Saturation en O2
Heure : 22 h 96 180/90 28 36,5 °C 95 %

En consultant l’électrocardiographe, elle constate que Harj présente une tachycardie sinusale normale avec un certain sous-décalage du segment ST au niveau des deuxième et troisième électrodes.

« Maintenant que vous êtes bien installé, avez-vous des douleurs thoraciques? »

Harj fait un signe affirmatif de la tête.

« Avez-vous déjà eu des douleurs du genre? »

Priya regarde son conjoint, inquiète. Le regard baissé vers son vendre, Harj répond : « Oui, mais pour une courte période seulement. Je me suis assis et la douleur est disparue. »

Priya semble épouvantée. « Tu ne m’en as jamais parlé! Qu’est-ce que je vais faire de toi?

— Ne vous en faites pas, madame Singh. Cette réaction est normale. Le déni est assez courant. Monsieur Singh, si je vous demandais d’évaluer vos douleurs sur une échelle de 1 à 10, 1 étant une douleur à peine perceptible et 10 étant la pire douleur que vous avez jamais ressentie, quelle note me donneriez-vous actuellement?

— Je dirais 5/10, environ.

— Très bien. Je vais vous donner de l’aspirine et vaporiser un médicament sous votre langue. Ce médicament a mauvais goût et il pourrait vous donner des petits maux de tête. Êtes-vous allergique à des médicaments? Quels médicaments prenez-vous actuellement? »

Priya regarde Jackie. « Il prend du HCTZ. Je suis désolée, mais je ne connais pas le nom au complet. Il prend un comprimé le matin pour son hypertension. »

Jackie les regarde tous les deux. « Prenez-vous du Viagra ou du Cialis? »

Harj et Priya se regardent l’un l’autre et font non de la tête.

« Je vous pose cette question parce que ces médicaments peuvent réduire considérablement la pression artérielle s’il est combiné au médicament que je m’apprête à vaporiser sous votre langue. »

Jackie remet à Harj un petit gobelet contenant une minuscule aspirine bleue de 81 mg.

« J’aimerais que vous mâchiez l’aspirine. Elle aura mauvais goût. Voici donc un petit verre d’eau pour rincer votre bouche et avaler le tout par la suite. »

Harj prend l’aspirine et la mâche en grimaçant. Il boit ensuite le verre d’eau d’un seul trait.

« Très bien. Je vais maintenant vaporiser un médicament sous votre langue. Veuillez ouvrir la bouche et coller le bout de votre langue au palais. »

Harj fait ce qu’on lui demande et Jackie vaporise de la nitro deux fois sous la langue du patient. « Attendons quelques minutes pour voir si tout cela diminue vos douleurs thoraciques.

— Jackie, la ligne intraveineuse est installée dans la fosse antécubitale de M. Singh. La pompe lui administre maintenant 25 ml/h de soluté physiologique. As-tu besoin d’autres choses?

— Merci, Carrie. Ça devrait aller. M. Singh ne semble pas dans un état critique actuellement. Je vous ferai signe si nous avons besoin d’aide. Pourrais-tu t’occuper du poste de triage pendant quelques instants, le temps que nous installions M. Singh adéquatement?

— Oui. Aucun souci. Je m’en suis déjà occupé. Je t’appellerai si j’ai besoin d’un coup de main. Nous pourrons alors échanger nos places. Qu’en penses-tu?

— Bien sûr. Merci. » Jackie étire le bras et appuie de nouveau sur le bouton du tensiomètre automatique pour contrôler la pression artérielle de Harj après la vaporisation de nitro. Elle consigne ensuite le résultat dans le dossier de l’urgence.

« Bonsoir. Je suis le Dr Smythe. Qu’avons-nous ici, Jackie? »

Jackie lève les yeux vers le médecin qui vient d’entrer dans la salle de traumatologie. « Bonsoir, docteur Smythe. Voici M. Singh et sa conjointe. M. Singh est arrivé à l’urgence avec des douleurs thoraciques irradiant dans le bras gauche et la mâchoire. Nous lui avons donné deux vaporisations de nitro et 81 mg d’aspirine. La saturation en oxygène est supérieure à 93 %; je ne lui ai donc pas donné d’oxygène. J’allais lui poser des questions sur ses douleurs thoraciques, puis communiquer avec vous pour obtenir d’autres consignes.

— Merci, Jackie. Monsieur Singh, comment vous sentez-vous actuellement? »

Harj lève le regard et voit un médecin à l’allure conventionnelle, bien habillé, arborant un nœud papillon et portant une blouse blanche courte. « Je vais bien actuellement. Je pense que vous faites tout un plat de cette situation. Je dois aller travailler demain matin, sinon, je ne serais pas payé.

— Occupons-nous d’un problème à la fois. Pourriez-vous me parler de vos douleurs thoraciques? »

Harj roule les yeux, puis commence à expliquer qu’il a déjà ressenti ce type de douleurs thoraciques il y a quelques semaines, mais qu’elles sont disparues après un repos dans la cabine de son camion. Aujourd’hui, après le dîner, elles sont revenues. Il a pris des comprimés antiacides, mais elles ne sont pas disparues.

« J’ai ressenti une sorte de pression lourde et sourde et de l’engourdissement dans le bras gauche.

— Il a dit qu’il se sentait fatigué, ajoute Priya. J’ai dû l’accompagner jusqu’à la voiture, puisqu’il était très essoufflé et fatigué. Il avait le teint pâle aussi.

— Fumez-vous, monsieur Singh?, demande le médecin.

— Beaucoup trop, répond Priya. Au moins un paquet par jour.

— Allons donc! Je ne fume pas autant, réplique Harj.

— C’est faux!, rétorque Priya. Je peux voir les paquets vides dans le bac de recyclage.

— Buvez-vous de l’alcool?, demande le Dr Smythe.

— Oui, je prends un verre après le travail.

— Je dirais plutôt deux ou trois verres après le travail, lance Priya. Harj, ils essaient de t’aider. Ils ne te jugent pas. Dis-leur la vérité!

— D’accord. Je bois de deux à trois verres de Crown Royal tous les soirs. »

Le Dr Smythe et Jackie consignent les renseignements. « Merci, monsieur Singh. Qu’en est-il du travail? Est-il stressant?

— Pas vraiment. J’exploite une petite entreprise de livraison par camion. Les choses sont un peu serrées, mais pas particulièrement stressantes. »

Priya roule les yeux. « Nous arrivons à peine à joindre les deux bouts. Tous les jours, Harj doit réparer son camion. Il se lève à 5 h du matin et ne rentre pas à la maison avant 18 h. »

— Cette situation me semble assez stressante. Avez-vous d’autres activités, à part le travail, monsieur Singh?

— Si vous voulez le savoir, je ne fais pas d’exercice.

— D’accord. Comment décririez-vous vos douleurs thoraciques actuellement?

— Elles sont un peu moins fortes qu’à mon arrivée. Oh oui, vous voulez un nombre. Je dirais 3/10. Le vaporisateur a été efficace, mais j’ai très mal à la tête maintenant. »

Le Dr Smythe se tourne vers Jackie. À quand remonte la dernière vaporisation de nitro?

Jackie consulte le dossier de l’urgence. « Un peu plus de cinq minutes.

— Très bien. Donnez-lui deux autres vaporisations de nitro. Si les douleurs thoraciques perdurent, administrez-lui de la morphine, de 1 mg à 2 mg par voie intraveineuse jusqu’à la disparition des douleurs. Je le noterai. Il faut aussi effectuer des tests de laboratoire : FSC, électrolytes, AUS, créatinine, troponineECG 12 dérivations et radiographie thoracique mobile. »

Jackie acquiesce de la tête et prend en note les consignes du Dr Smythe.

Ce dernier se dirige du même côté du lit que Priya. « Je ne suis pas certain que votre conjoint fait une crise cardiaque. Nous devons faire quelques tests pour en savoir davantage. Je le garderai ici jusqu’à l’arrivée des résultats.

— Mais, docteur!, réplique Harj. Vous m’empêcherez de gagner de l’argent si vous faites cela. »

Priya lui prend la main. « Je préfère perdre une journée de salaire que mon conjoint. »

Harj roule les yeux et appuie sa tête sur l’oreiller en poussant un soupir d’exaspération.

« Madame Singh, pourriez-vous me suivre jusqu’au bureau d’admission pour nous donner vos coordonnées? Vous pourrez ensuite joindre d’autres membres de la famille. Jackie prendra bien soin de votre conjoint. »

Le Dr Smythe conduit Priya jusqu’au bureau d’admission et la présente au commis en fonction. « Vous pouvez donner vos coordonnées au commis. Ensuite, retournez au poste à l’entrée et indiquez que vous aimeriez voir votre conjoint. On vous mènera à lui. »

Priya remercie le Dr Smythe.

Ce dernier retourne au poste de la commise d’unité et lui demande de communiquer avec le laboratoire et la radiologie pour que quelqu’un vienne voir M. Singh dans la salle de traumatologie 1.

Elle lève le regard vers lui. « Jackie m’a déjà informée qu’elle a entré une prescription dans l’ordinateur et que celle-ci était urgente. Quelqu’un devrait venir rapidement. Voulez-vous ajouter d’autres choses?

— Non. C’est un bon départ. Attendons les résultats pour connaître la suite des choses. Il ne sera peut-être pas nécessaire de l’admettre à l’hôpital s’il s’agit seulement d’angine.

Heure : 21 h 55

Jackie vérifie auprès de M. Singh s’il évalue encore les douleurs thoraciques à 3/10, puis elle vaporise deux autres doses de nitro sous la langue du patient.

Endroit : Laboratoire médical

S’apprêtant tout juste à quitter le service d’urgence et à se diriger vers le laboratoire pour y déposer quelques échantillons et réapprovisionner son chariot, Alexa reçoit un message sur son téléavertisseur et se dit en elle-même : Test de labo urgent dans la salle de traumatologie 1. Cette demande a préséance sur le retour au laboratoire. Je devrai sans doute prendre ma pause un peu plus tard que l’habitude.

Alexa fait donc demi-tour et dirige rapidement son chariot vers la salle de traumatologie 1.

En pénétrant dans la salle, Alexa voit un homme en surpoids aux traits est-asiatiques et d’âge moyen. Elle aperçoit également Jackie, l’infirmière qui s’occupe habituellement du poste de triage.

« Bonsoir, Jackie. Je viens faire un test. Tu as demandé une analyse sanguine urgente, n’est-ce pas? »

Jackie se retourne et lui sourit. « Bonsoir, Alexa. Je te remercie d’être venue si vite. Oui. Voici M. Harj Singh. Nous soupçonnons une angine instable, peut-être même un infarctus du myocarde.

— D’accord. As-tu les étiquettes?

— Oui, elles sont encore dans l’imprimante. »

Alexa se dirige vers l’imprimante d’étiquettes et en ressort trois pour M. Harj Singh.

De retour au chevet du patient, Alexa commence la procédure de vérification de l’identité. « Bonsoir, monsieur Singh. Je m’appelle Alexa et je viens vous faire un prélèvement sanguin pour des tests. Je dois vous poser quelques questions pour m’assurer que vous êtes la bonne personne et que j’ai en main les bonnes étiquettes.

— Vraiment. Voici mon bracelet d’identification. N’est-ce pas suffisant?

— Non. Nous voulons nous assurer de faire le prélèvement au bon patient, puisque beaucoup de traitements dépendent des résultats obtenus. Vous ne souhaitez certainement pas recevoir le mauvais traitement, n’est-ce pas?

— Ah! Vous avez bien raison. Évitons les erreurs. Posez-moi vos questions. »

Alexa suit la procédure de confirmation du nom, de la date de naissance et du numéro d’identification de M. Singh.

Satisfaite, elle réalise efficacement le prélèvement sanguin à partir de la fosse antécubitale.

« C’est terminé, monsieur Singh. Veuillez appliquer une pression ici pendant quelques minutes encore. Jackie, je me charge de livrer l’échantillon au laboratoire. Vous devriez recevoir très rapidement les résultats concernant la troponine.

— Merci, Alexa. »

Jackie se tourne vers le patient. « Très bien, monsieur Singh. Pourriez-vous me décrire vos douleurs thoraciques actuellement?

— Je crois qu’elles sont disparues, répond-il en levant les yeux vers elle.

— Quelle bonne nouvelle! Nous réaliserons tous ces tests pour nous assurer qu’il n’y a rien d’autre, mais voilà un signe encourageant. »

Heure : 22 h 10

Gurpreet consulte la liste des demandes pour les patients et constate que la première exige une radiographie thoracique mobile dans la salle de traumatologie 1.  En prenant connaissance des données du patient, elle voit que celui-ci a été admis en raison d’un éventuel infarctus du myocarde. Très bien, se dit-elle intérieurement. Je comprends pourquoi on ne veut pas déplacer le patient jusqu’au service de radiologie. Je devrai donc sans doute utiliser l’appareil mobile.

Gurpreet s’empare de la demande imprimée, franchit les portes du service et emprunte l’escalier la menant directement au service d’urgence, tout en bas. Au pied de l’escalier, elle prend une plaque d’imagerie dans le chariot et l’insère dans le volet arrière de l’appareil de radiographie mobile. Elle débranche l’appareil, le pousse dans le corridor en évitant la multitude de personnes en mouvement dans le service d’urgence, et trouve la salle de traumatologie 1.

« Bonsoir, je suis Gurpreet de la radmed. Je viens réaliser une radiographie thoracique pour M. Singh.

— Bonsoir, Gurpreet. Je m’appelle Jackie et voici M. Harj Singh.

— Bonsoir, monsieur Singh. Pensez-vous être en mesure de vous asseoir bien droit afin de me permettre d’installer une plaque très dure derrière vous?

« Je crois que oui. Tout dépend à quel point, dit-il en pointant son abdomen.

— Nous trouverons une solution. Voyons voir. »

Jackie et Gurpreet aident Harj à s’asseoir dans le lit et installent la cassette dure derrière lui.

Gurpreet se dirige vers le pied du lit et regarde M. Singh. « Pourriez-vous vous déplacer un peu vers la droite? Très bien. Ne bougez plus. »

Gurpreet positionne correctement l’appareil. Elle sort le ruban à mesurer de la caméra et confirme que celle-ci se trouve à la bonne distance. En regardant M. Singh, elle règle les paramètres techniques de l’exposition. Tout devrait fonctionner pour une personne de son poids, pense-t-elle. En appuyant sur un bouton pour monter le dispositif d’éclairage servant au positionnement, Gurpreet effectue quelques ajustements afin d’obtenir une bonne radiographie du thorax.

« Très bien. Nous sommes prêts pour la radiographie. »

Jackie sort rapidement de la salle, pendant que Gurpreet saisit l’écran de protection pour son cou et son thorax et tire sur le bouton d’exposition d’aussi loin que va le cordon. « Monsieur Singh, inspirez profondément, puis expirez. Je suis prête à faire la radiographie. Inspirez profondément, retenez votre souffle… Radio! Salle de traumatologie 1. »

Gurpreet appuie sur le bouton d’exposition et l’appareil émet des gémissements. On entend alors un bruit de clic.

« Tout est terminé, monsieur Singh. Beau travail. Enlevons maintenant cette cassette si dure. »

Jackie et Gurpreet retirent la cassette et repositionnent Harj. « Est-ce que ça va comme ça?

— Très bien, merci, répond Harj.

— Merci, Gurpreet, lance Jackie. Combien faudra-t-il de temps pour recevoir les résultats?

— Je m’en occupe immédiatement. Ils devraient se trouver dans le système dans moins d’une dizaine de minutes.

— Excellent. »

Gurpreet pousse l’appareil à l’extérieur de la salle et le remet dans son alcôve spéciale. Elle saisit la cassette exposée et retourne au service de radiologie pour traiter la radiographie thoracique de M. Singh.

Au même moment où Gurpreet quitte les lieux, Dennis du service de cardiologie arrive avec son chariot. « J’ai reçu une demande d’ECG 12 déviations pour un M. H. Singh qui souffre de douleurs thoraciques. Suis-je au bon endroit?

— Oui, tout à fait. Je m’appelle Jackie et je m’occupe de M. Harj Singh. Nous avons effectivement besoin d’un ECG 12 dérivations.

— Parfait. Bonsoir, monsieur Singh. Puis-je vous poser quelques questions? »

Harj regarde Dennis et fait un signe affirmatif de la tête.

Dennis suit la même procédure qu’Alexa pour confirmer l’identité de Harj.

« Vous êtes bien la bonne personne. Je vais fixer dix petits autocollants sur vous, monsieur Singh. Il y en aura un sur chaque bras et un sur chaque jambe; les six autres seront installés sur votre thorax. Ce test n’est pas douloureux, mais vous devez rester complètement immobile. Avez-vous déjà fait un test du genre?

— Oui, il y a environ quatre ans, quand j’ai reçu un diagnostic d’hypertension artérielle. J’ignore si on a trouvé quoi que ce soit.

— Eh bien, si nous découvrons quelque chose aujourd’hui, le Dr Smythe en discutera avec vous. »

Dennis installe donc toutes les électrodes sur Harj. Quelques minutes plus tard, il est prêt à commencer le test.

« Très bien. Le moment est venu de demeurer tout à fait immobile. Prêt? Excellent. » Dennis appuie sur le bouton d’enregistrement. Quelques secondes plus tard, une feuille de papier rose de 8 par 11 po sur laquelle sont tracées des lignes noires sort de l’imprimante. Dennis appuie de nouveau sur le bouton d’impression et remet une copie à Jackie. « Voici les résultats préliminaires pour en discuter avec le Dr Smythe. Je conserverai l’original pour permettre au cardiologue de garde de l’analyser. Si vous avez des questions, veuillez communiquer avec lui.

— Merci, Dennis.

— Très bien, monsieur Singh. On dirait bien que tous les tests sont terminés. Nous n’avons plus qu’à attendre certains résultats, et le Dr Smythe viendra vous parler, à votre conjointe et à vous. Je m’absente une minute pour aller chercher votre conjointe. Est-ce OK pour vous? »

Harj fait un signe affirmatif de la tête.

Heure : 22 h 30

Jackie s’approche du Dr Smythe au poste de soins infirmiers. « Avez-vous une minute pour consulter les résultats de M. Singh, le patient de la salle de traumatologie 1?

— Oui, j’étais sur le point de vérifier les résultats disponibles. »

Jackie et le Dr Smythe s’approchent tous les deux de l’écran d’ordinateur. Ce dernier ouvre d’abord la radiographie.

« La radiographie thoracique semble satisfaisante. Il ne semble pas y avoir de dysfonction ventriculaire ou de faible FEVG. Il y a une légère hypertrophie du cœur. Il pourrait être en train de développer une insuffisance cardiaque ou sur le point d’en développer une. »

Ensuite, le Dr Smythe examine les tests de laboratoire. « Les GB sont normaux. L’information n’est pas si utile, mais nous savons maintenant au moins qu’il n’y a pas d’inflammation. Tout est normal pour l’hémoglobine. L’AUS et la créatinine sont supérieurs à mes attentes, mais ils se trouvent dans la plage normale. Ah! Voici ce que j’attendais. La troponine est normale; pas d’infarctus du myocarde pour M. Singh. Ce sont là de bonnes nouvelles. Avez-vous le résultat de l’ECG 12 dérivations, Jackie?

— Oui. Je ne vois la dépression ni l’élévation d’aucune dérivation. Donc, compte tenu de l’ECG 12 dérivations et de la troponine, il semble avoir une angine instable et non faire un infarctus du myocarde. » Jackie remet le résultat de l’ECG 12 dérivations au Dr Smythe.

« Je suis tout à fait d’accord. Angine instable, et non infarctus du myocarde. D’accord. Recommençons et gardons-le jusqu’à demain matin. Si les choses ne changent pas et qu’il n’a plus de douleurs thoraciques, nous pourrons lui donner son congé. Je ne vois aucun médecin dans le dossier du patient. Y a-t-il moyen de s’assurer d’un suivi?

— Je parlerai avec le service du travail social dans la matinée. On pourra peut-être lui trouver un omnipraticien pour le suivi.

— Merci. Je vais aller lui parler, ainsi qu’à sa conjointe. »

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