12 Jour 2 : Service médical

Jour : 2
 Heure : 7 h
Endroit : Service médical

Tracie entre dans le poste de soins infirmiers et se dirige vers sa chaise habituelle. Elle tire vers elle le registre des affectations et constate qu’elle a les mêmes patients qu’hier. C’est très bien, pense-t-elle. Au moins, je connais les patients. Elle consulte la liste des patients au tableau et apprend qu’il n’y a eu que deux admissions et un congé depuis hier. Il pourrait y avoir beaucoup de congés et d’admissions aujourd’hui.

Jim arrive et approche sa chaise de Tracie. « Bonjour, Tracie, dit-il. Comment vas-tu?

— Tout va bien jusqu’à présent. Comment s’est déroulée ta nuit?

— La nuit a été tranquille. Il a fallu faire quelques ajustements à l’Optiflow de Mme Johns. Ce sont les inhalos qui les ont faits. M. Alex a présenté un syndrome des états crépusculaires et il était très agité. Sinon, la nuit a été plutôt calme.

— Tant mieux! Très bien. Occupons-nous du rapport pour que tu puisses rentrer à la maison.

— Oui, je dois partir d’ici rapidement. J’accompagne des enfants à une sortie éducative cet après-midi. Vingt-six élèves de deuxième année. J’ai du mal à croire que je me suis porté volontaire pour les accompagner après un quart de nuit. »

Tracie pouffe de rire. « Quelle chance tu as! »

Jim décrit ensuite en détail la nuit à Tracie et fait le point sur les changements relatifs aux patients. Après le rapport, Jim quitte le travail pendant que Tracie consulte rapidement les dossiers pour planifier sa matinée.

Tracie constate qu’elle a beaucoup de médicaments à administrer à 8 h. Elle décide donc de préparer les médicaments et de faire les vérifications auprès des patients au même moment.

Tracie fait donc sa tournée et donne tous les médicaments. Cette tâche accomplie, elle se dit en elle-même : Tout semble bien aller pour mes patients. Ils mangent leur petit déjeuner. On dirait bien qu’il n’y a aucun problème. J’accorderai à tous quelques minutes, puis je m’occuperai des signes vitaux, des évaluations et des congés.

Tracie s’assoit pour lire la note de l’inhalo sur Erin Johns lorsqu’elle entend la sonnerie d’appel de cette dernière. Elle se lève de sa chaise et emprunte le corridor, en direction de la chambre d’Erin.

« Bonjour, madame Johns. Comment puis-je vous aider?

— Je ne peux pas… mon souffle… J’ai enlevé… l’oxygène… pour manger. Remettez-le-… moi. Je suis… essoufflée.

— J’aimerais que vous preniez de grandes respirations. Inspiration par le nez, expiration par la bouche. N’oubliez pas de refermer légèrement vos lèvres en expirant. Je vais chercher l’appareil pour prendre vos signes vitaux et je reviens. »

Tracie s’empare de l’appareil en cours de recharge dans le corridor et l’apporte dans la chambre d’Erin pour prendre les signes vitaux de la patiente.

« Très bien. Vérifions tout ça. » Tracie attache le brassard du tensiomètre autour du bras gauche d’Erin, lui installe l’oxymètre de pouls à l’index de la main droite et lui glisse la sonde de température sous la langue. Trente secondes plus tard environ, elle remarque une légère augmentation de la pression artérielle et une diminution de la saturation en oxygène. La température est demeurée la même, à savoir une fièvre peu élevée. La fréquence respiratoire a aussi augmenté, et la fréquence cardiaque dépasse les 110. Les choses ne vont pas dans la bonne direction, pense-t-elle. Je devrai peut-être demander à l’inhalo de venir la voir.

Jour : 2 Fréquence cardiaque Pression artérielle Fréquence respiratoire Température Saturation en O2
Heure : 7 h 30 112 165/90 22 36,5 °C 83 % à l’air ambiant

« D’accord, madame Johns. Écoutons votre cœur et vos poumons. »

Tracie l’ausculte méthodiquement en se disant intérieurement : Rien n’a changé par rapport à mes souvenirs de la journée d’hier.

« Comment vous sentez-vous maintenant?

— Un peu mieux. Pas très bien.

— Je demanderai à l’inhalo de passer vous voir immédiatement.

« Oh, mon dieu. Je vais mourir, n’est-ce pas?

— Non, pas du tout, madame Johns. L’inhalothérapeute est ici pour nous aider, vous et moi. Il s’occupe de votre oxygène et vous aide à respirer.

— Oh! D’accord.

— Je reviens. » Tracie sort rapidement de la chambre et remonte le corridor jusqu’au poste de soins infirmiers. Elle demande ensuite de joindre une inhalo sur son téléavertisseur pour lui demander de venir à la chambre d’Erin Johns.

Le coordonnateur d’unité la regarde. « Que dois-je lui dire?

— Mme Johns est très essoufflée et présente une saturation basse avec l’Optiflow. Je ne sais pas quoi faire pour la suite.

— Je m’en occupe. S’il a d’autres questions, je transférerai son appel au téléphone à l’extérieur de la chambre.

— Merci. »

Tracie retourne vers la chambre d’Erin.

Tracie demande à l’appareil de reprendre les signes vitaux, à l’exception de la température. Elle regarde les résultats de l’appareil et se dit en elle-même : La fréquence cardiaque est légèrement inférieure à 100. La fréquence respiratoire est encore élevée, et la saturation s’est un peu améliorée. Tracie consigne tous ces renseignements et son évaluation dans le dossier d’Erin. Au même moment, Alexa, l’inhalothérapeute, entre dans la chambre.

Jour : 2 Fréquence cardiaque Pression artérielle Fréquence respiratoire Température Saturation en O2
Heure : 7 h 45 98 165/90 22 85 % avec l’Optiflow

« Bonjour… euh! Tracie?

— Bravo! Bonne mémoire. Vous devez vous souvenir aussi de Mme Johns.

— Oui, en effet. Sa saturation ne s’est pas améliorée? Lui avez-vous demandé de prendre de grandes respirations, comme hier?

— Oui. Son état s’est légèrement amélioré, mais pas beaucoup avec les grandes respirations.

— D’accord. Examinons-la. Bonjour, madame Johns. Vous souvenez-vous de moi?

— Oui. Vous étiez… à l’urgence.

— C’est exact. J’ai appris que vous étiez un peu essoufflée, n’est-ce pas?

— Oui. Un peu plus… Je suis très… essoufflée.

— D’accord. Je vais écouter vos poumons et je devrai peut-être prélever du sang dans votre poignet encore une fois. »

Erin fait oui de la tête. Alexa évalue méthodiquement le système respiratoire d’Erin.

« Très bien, madame Johns. Vos bruits respiratoires ne semblent pas très différents de ceux entendus à l’urgence, mais, de toute évidence, vous ne vous sentez pas à votre meilleur. Je pense que je vais remplacer votre traitement à l’oxygène par un masque facial. Avez-vous déjà porté un masque facial?

— Non.

— Il s’agit d’un masque qui couvre à la fois la bouche et le nez. Il me permet de vous donner un peu plus d’oxygène que le système que vous utilisez actuellement. J’irai chercher le matériel nécessaire, puis nous verrons comment vous réagirez à ce nouveau traitement et si nous aurons besoin de faire une autre piqûre dans votre poignet. »

Alexa entre dans la réserve et choisit un masque à haut débit avec un humidificateur. De retour dans la chambre d’Erin, elle prépare le matériel ou ouvre au maximum le débitmètre. En regardant la bonbonne de l’humidificateur, Alexa remarque la formation d’une grande quantité de bulles.

« Madame Johns, je vais vous retirer vos lunettes nasales et installer le masque sur votre visage. »

Alexa remplace le traitement avec assurance et installe le masque à haut débit d’Erin.

« Inspirez lentement et profondément, puis expirez par la bouche. Comment vous sentez-vous maintenant?

— Un peu mieux. Merci. »

En s’adressant à Tracie, Alexa dit : « Je lui ai installé un masque facial à haut débit avec un FiO2 de 0,65. Pourriez-vous prendre encore les signes vitaux pour moi? » Tracie démarre l’appareil pour prendre les signes vitaux.

Les deux professionnelles de la santé et Erin regardent les résultats s’afficher à l’écran.

Jour : 2 Fréquence cardiaque Pression artérielle Fréquence respiratoire Température Saturation en O2
Heure : 8 h 05 98 165/90 22 92 % avec masque facial à haut débit

« Très bien, madame Johns, votre taux d’oxygène est meilleur et vos signes vitaux ressemblent à ceux que nous avions pris au début de mon quart de travail. Vous sentez-vous mieux?

— Oui. Merci. »

Alexa regarde à la fois Erin et Tracie. « Je dois examiner un autre patient dans la chambre d’à côté, mais je reviendrai avant de partir pour savoir comment se porte Mme Johns. »

Tracie fait un signe affirmatif de la tête et accompagne Alexa à l’extérieur de la chambre. « Que se passe-t-il à votre avis? Pourquoi sa saturation a-t-elle chuté ainsi, Alexa?

— Sa pneumonie a peut-être légèrement progressé. Ça se produit parfois, même avec des antibiotiques. Il faut environ trois jours aux antibiotiques pour fonctionner efficacement. Dans l’intervalle, si elle peut le tolérer, nous devrions nous informer si le physio peut la voir et la faire bouger, ce qui aiderait l’ampliation thoracique. L’une des pires choses à faire est de demeurer immobile. Doit-elle avoir une radiographie thoracique?

— Oui. J’ai vu qu’elle doit en avoir une vers 14 h, cet après-midi. Peut-elle y aller avec le masque?

— Sans aucun problème. Je veillerai à ce qu’une bouteille pleine soit disponible. Tony est l’inhalo de l’urgence et il s’occupe aussi de la radiologie au besoin. Je le mettrai au courant de la situation en cas de problème lorsqu’elle sera là-bas.

— D’accord. Je parlerai au médecin à propos du physio et l’informerai que vous avez apporté des changements à son oxygène.

— Merci. Je reviendrai la voir après avoir examiné mes autres patients à l’étage. Si sa saturation actuelle ne change pas, je ne crois pas que nous aurons besoin d’une GSA.

— Génial! D’accord. À tout à l’heure. »

Heure : 9 h

« Bonjour, docteur Hunicutt. Je m’appelle Tracie. L’une de mes patientes, Erin Johns, est sous votre garde.

— Ah! Oui, la dame âgée souffrant de MPOC et de pneumonie. A-t-elle eu une bonne nuit?

— Oui, elle a eu une assez bonne nuit. Il a fallu apporter des ajustements à l’Optiflow, mais, autrement, elle a bien dormi. Je m’inquiète plutôt de ce qui s’est produit ce matin. Elle est devenue très essoufflée et anxieuse. J’ai fait appel à l’inhalo. Nous avons fait quelques ajustements et nous lui avons installé un masque facial à haut débit à 0,65. La saturation s’est améliorée. Elle est remontée à 93 % et se maintient à ce niveau depuis une heure. Elle semble plus détendue maintenant. La température et les bruits respiratoires n’ont pas changé. Il n’y a pas beaucoup d’expectorations. »

— Très bien. Allons la voir dès maintenant pour déterminer s’il faut d’autres ajustements. »

Tracie et le Dr Hunicutt empruntent le corridor jusqu’à la chambre d’Erin. En y entrant, ils voient Erin assise dans le lit, un masque à oxygène vert sur le visage, qui passe un à un les canaux de la télévision.

« Vous avez plus de canaux que moi à la maison, mais aucune émission n’est commencée. Et ce fichu masque m’empêche de bien voir. Combien de temps encore dois-je le porter?

— Bonjour, madame Johns. Je suis le Dr Hunicutt. Je suis le médecin qui s’occupe de vous. Je constate que vous êtes moins essoufflée actuellement. Pourriez-vous me laisser vous ausculter les poumons?

— Bien sûr, mais je commence à en avoir assez de toutes ces personnes qui m’auscultent les poumons.

— Je comprends, madame Johns, mais il s’agit de la seule manière dont nous pouvons évaluer votre état et déterminer s’il faut modifier les traitements. »

Le Dr Hunicutt prend son stéthoscope et ausculte méthodiquement le cœur et les poumons d’Erin. Il étend ensuite son examen à l’état général d’Erin.

— Très bien. Merci, madame Johns.

— Si tout était très bien, je ne serais pas ici. »

— Toutes mes excuses. C’est bon. Vos poumons ne sont pas au mieux en raison de la MPOC. En auscultant vos poumons, je peux constater qu’il y a une importante consolidation dans vos deux lobes inférieurs. » Le Dr Hunicutt pointe l’endroit où il a entendu les souffles tubaires.

Erin baisse le regard pour voir où pointe le Dr Hunicutt. « Oh mon dieu! C’est au milieu de chacun de mes poumons.

— C’est exact. Mais tout n’est pas perdu. Je crois que nous vous administrons les bons antibiotiques. Nous attendons encore l’analyse des expectorations pour confirmer la chose. Vous aurez une autre radiographie thoracique aujourd’hui pour nous assurer que la pneumonie ne se propage plus. Tracie, y a-t-il quelque chose de plus que vous souhaiteriez faire pour Mme Johns?

— J’aimerais que le physio passe la voir et la fasse bouger un peu, répond Tracie.

— Je crois qu’il s’agit d’une bonne idée, affirme le Dr Hunicutt. Je rédigerai la prescription. Il ne viendra peut-être pas aujourd’hui, mais ça ne veut pas dire que Mme Johns ne peut pas s’asseoir dans un fauteuil ou se tenir au bout de son lit. Je ne veux pas qu’elle se déplace beaucoup, mais elle doit bouger un peu.

— Nous pouvons l’asseoir dans le fauteuil. — Qu’en est-il pour la salle de bain?

— La chaise d’aisance près du lit jusqu’à ce que son oxygène soit inférieur à 50 %. Autre chose?

— Alexa, l’inhalo, a dit qu’elle aimerait attendre avant de faire une autre GSA, puisque sa saturation semble satisfaisante pour le moment.

— Je suis d’accord. Je prescrirai cependant une autre GSA demain matin pour savoir où nous en sommes avec le CO2 et la PO2. Je tiens à m’assurer que la MPOC ne s’aggrave pas aussi. À ce stade, l’autre option dont nous disposons et le BiPAP, mais elle ne réjouira sans doute pas Mme Johns. Voyons si nous pouvons nous occuper d’elle sans recourir aux soins intensifs.

— Merci. Je pense que ce sera tout. Madame Johns, avez-vous des questions? »

Erin cesse de regarder la télévision et tourne la tête vers eux. — Ma chienne pourra-t-elle venir?

Le Dr Hunicutt considère Tracie qui hausse les épaules. « Oui, je crois que c’est possible, à condition qu’elle se comporte bien et que votre compagnon de chambre l’accepte ici.

— Trixie est très sage et elle est toute petite. Elle sera si heureuse de me voir. »

Le Dr Hunicutt et Tracie sourient, font un signe de tête à Erin et sortent de la chambre.

À l’extérieur de la chambre, le Dr Hunicutt demande s’il y a d’autres choses à faire. Tracie pointe du doigt les chambres de ses autres patients et explique que deux d’entre eux sont prêts à recevoir leur congé et qu’il faut consulter les résultats des tests de deux autres patients, puisque la pharmacie soutient qu’un traitement antibiotique pourrait s’avérer inadéquat. Le Dr Hunicutt acquiesce d’un signe de tête et lève le pouce en se dirigeant vers le support des dossiers afin de commencer la procédure de sortie et d’examiner les résultats des tests.

Tracie commence à consigner les échanges avec le Dr Hunicutt et Erin.

Durant la journée, Tracie a réussi à lever Erin deux fois pour utiliser la chaise d’aisance et à l’asseoir deux fois dans le fauteuil pendant 30 minutes. La saturation d’Erin est demeurée stable, tout comme ses autres signes vitaux.

À la fin de son quart de travail, Tracie était très heureuse de voir Jim se présenter sur le service. « Wow! Je ne croyais pas te voir ce soir.

— Moi non plus. On m’a appelé pour faire des heures supplémentaires durant que j’accompagnais les élèves à la sortie scolaire. »

— Tu dois être épuisé.

— Oui, mais pas plus que d’habitude. J’ai fait une petite sieste avant de venir. Peu importe, comment s’est déroulée ta journée? »

Tracie lui présente son rapport général à propos des deux congés et des deux nouvelles admissions. Elle informe Jim des ajustements apportés aux niveaux d’oxygène d’Erin et de la prescription portant sur l’accentuation de l’activité.

— Génial! Merci. Est-ce que je te verrai dans la matinée?

— Je crois bien que si. Je travaille quatre jours de suite. J’ai échangé mes quarts de nuit afin que je puisse aller voir une pièce de théâtre avec mon conjoint. Nous avons passé si peu de temps ensemble, étant donné la préparation finale de son doctorat et mes quarts de travail. Il m’a promis de ne pas parler de recherches et de m’inviter à un véritable rendez-vous si j’échangeais mes quarts de nuit.

— Vraiment! Je suis jaloux. Je te souhaite une bonne nuit de sommeil. Nous nous reverrons demain matin.

— Bonne nuit. »

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