Module 1: Créer une conscience interculturelle et comprendre les attitudes
Les stéréotypes
Comment décririez-vous les personnes originaires d’Italie, du Japon ou du Mexique? Et les Autochtones du Canada ou d’un autre pays? Quelles attitudes et quels comportements vous viennent à l’esprit lorsque vous pensez à une personne noire? Quels stéréotypes circulent sur votre propre groupe culturel? Les stéréotypes sur les groupes culturels ne manquent pas; ils réussissent à s’infiltrer dans notre vie quotidienne. Nous pouvons ne pas voir les stéréotypes ou ne pas en être conscients, mais ils sont toujours présents autour de nous. L’un des défis de l’élimination des stéréotypes est qu’il est très facile de les perpétuer par des commentaires injustes, des blagues, des publicités inexactes, les médias, etc. Les stéréotypes peuvent alimenter un cercle vicieux de fausses croyances dirigées vers différents groupes culturels tout en créant une stigmatisation sociale au sein de ces mêmes groupes. C’est pourquoi nous devons les comprendre ; pour déconstruire les stéréotypes, nous devons les affronter.
ACTIVITÉ : IDENTIFIER LES STÉRÉOTYPES
Réfléchissez aux associations que vous faites en termes d’attributs culturels, d’icônes, de valeurs ou de comportements pour les personnes suivantes. Quels stéréotypes pouvez-vous identifier pour chacune d’entre elles?
PENSEZ-Y BIEN
En repensant aux stéréotypes que vous avez identifiés, posez-vous les questions suivantes :
- Connaissez-vous beaucoup de personnes originaires de ces pays?
- Leur avez-vous déjà rendu visite ou avez-vous déjà vécu parmi eux?
- Où avez-vous appris à les connaître?
- Comment connaissez-vous leurs comportements, leurs symboles et leurs icônes?
- D’après vous, d’où viennent ces stéréotypes?
D’OÙ VIENNENT LES STÉRÉOTYPES CULTURELS?
À moins que vous n’ayez beaucoup voyagé, que vous ne vous soyez immergé dans une autre culture, que vous n’ayez une relation continue avec des personnes d’autres pays ou que vous n’ayez pris le temps d’étudier d’autres cultures, il est probable que ce que vous savez des autres personnes provient d’influences extérieures : quelque chose que vous avez vu dans un film ou une iconographie répétée ajoutée à des publicités et des produits ou affichée dans des magasins. Votre vision peut aussi provenir des commentaires d’un parent ou d’un ami, ou même se fonder sur un événement unique que vous avez vécu.
Lorsque nous avons une conscience ou une connaissance limitée des autres cultures, nous avons tendance à nous fier aux stéréotypes comme sources d’information. Ce faisant, nous perpétuons des idées de groupes qui ne reflètent pas la réalité.
Les stéréotypes sont des généralisations excessives de comportements perçus, appliquées à un groupe entier et fondées sur des observations limitées et une simplification excessive des idées.
Certains stéréotypes peuvent sembler positifs, par exemple : « Les Noirs sont de grands athlètes, les Latino-Américains sont de grands danseurs, les Japonaises sont travailleuses ». Il s’agit cependant toujours de généralisations excessives d’attributs potentiels associés à un groupe. L’un des problèmes de ces généralisations, c’est que lorsque nous rencontrons une personne appartenant à ce groupe, nous nous attendons à ce qu’elle ressemble au stéréotype et sommes déçus si ce n’est pas le cas.
Dans chaque contexte culturel ou national, les stéréotypes raciaux ont tendance à favoriser et à mettre en évidence les attributs positifs et désirables de la race dominante ou du groupe dominant (par exemple, les Canadiens blancs) tout en dévalorisant ou en limitant l’appréciation des groupes minoritaires (par exemple, les Canadiens noirs, les peuples autochtones, les Asiatiques du Sud-Est, etc.). Les stéréotypes conduisent souvent à un traitement injuste des personnes en raison des hypothèses et des attitudes qu’ils produisent. Les stéréotypes peuvent devenir des préjugés, qui se transforment ensuite en actions contribuant à la discrimination.
Un préjugé est une opinion préconçue d’un groupe qui n’est pas fondée sur la raison ou qui est dérivée de l’expérience acquise au cours d’interactions. Il s’agit d’avoir des opinions négatives sur les autres sans disposer de connaissances suffisantes. Les préjugés résultent du fait de se fier constamment à des représentations injustes d’un groupe et conduisent à la haine ou à la discrimination.
La discrimination est une action injuste ou un traitement inéquitable d’une personne ou d’un groupe en raison de son identité, par exemple, sur la base de la race, du sexe, des capacités ou de l’origine.
Le fait de s’appuyer constamment sur des représentations injustes d’un groupe affecte notre manière d’interagir et de juger les autres. Cet effet peut être inconscient, mais aussi se transformer en politique, à un niveau où les pratiques injustes peuvent être invisibles. En outre, les stéréotypes sont préjudiciables aux personnes qui les subissent, car ils peuvent exercer une pression sur les membres de groupes culturellement minoritaires pour qu’ils ressemblent davantage aux membres du groupe dominant.
ACTIVITÉ : LA PRESSION DES STÉRÉOTYPES
Regardez ce TED Talk de Canwen Xu, « Je ne suis pas votre stéréotype asiatique » (9’38”) et prêtez attention aux exemples qu’elle donne et à son argument sur le fait de se conformer ou de se confronter au groupe dominant. N’oubliez pas que, bien que l’exemple porte sur une identité sino-américaine, son histoire reflète l’expérience de personnes de nombreux pays. Pendant que vous regardez, réfléchissez à votre propre expérience et aux pressions qui s’exercent autour de vous. Réfléchissez aussi à l’expérience de personnes que vous connaissez et auxquelles vous n’aviez peut-être pas songé auparavant.
Pour poursuivre, réfléchissez aux questions suivantes et inscrivez votre réponse dans l’espace prévu à cet effet.
D’après l’exposé de Canwen Xu…
L’exposé de Canwen Xu fait référence au melting-pot américain, une idée adoptée aux États-Unis au XXe siècle et qui continue d’être soutenue par de nombreuses personnes, selon laquelle les différences culturelles « se fondent » pour créer une identité nationale unique et forte. On s’attend à ce que les personnes différentes s’assimilent à la culture et ressemblent davantage à l’Américain moyen. Le problème est la supposition que l’assimilation à la culture américaine reflète l’aspiration la plus profonde d’une personne qui doit diluer ou en supprimer ses origines culturelles. La pression de se conformer se présente à tous les niveaux et dans tous les contextes où, pour réussir, les gens doivent essayer de ressembler davantage à la majorité blanche dominante.
En comparaison, dans le contexte canadien, l’idée du multiculturalisme a également vu le jour au XXe siècle et elle est devenue un objet de conversation nationale. Toutefois, au lieu de soutenir les vues assimilationnistes des États-Unis, elle encourage l’appréciation des cultures individuelles, favorisant ainsi la diversité ethnique. Cette perspective vise à favoriser une meilleure compréhension et un plus grand respect entre les cultures en appréciant les différences au lieu de s’attendre à l’assimilation, créant ainsi une nation de Canadiens fiers d’être libres de parler leur langue et de pratiquer leur culture. Cependant, le rêve canadien du multiculturalisme a encore un long chemin à parcourir pour que l’équité et le respect entre les cultures soient pleinement mis en œuvre dans la vie quotidienne.
PENSEZ-Y BIEN
Réfléchissez à votre propre situation et expérience :
- Quels stéréotypes sont associés à votre identité personnelle et votre identité culturelle?
- Souvenez-vous d’un moment où vous avez ressenti des stéréotypes sur votre culture, votre apparence, votre sexe ou vos capacités et aptitudes. Avez-vous ressenti une pression pour vous conformer à la norme dominante? Comment vous êtes-vous senti?
- Si vous avez voyagé à l’étranger, les gens vous ont-ils fait part des stéréotypes qu’ils avaient sur votre pays d’origine? Qu’avez-vous fait dans cette situation?
- Prenez le temps de réfléchir à l’effet des stéréotypes sur les personnes que vous connaissez. Il peut s’agir de parents, d’amis, de collègues de travail, de camarades de classe, de professeurs, de conseillers ou de personnes avec lesquelles vous interagissez.
À RETENIR
- Il est très facile de s’appuyer sur les stéréotypes pour avoir une image mentale des autres personnes, de leurs actions, de leurs comportements, de leur mode de vie et de leur personnalité. Le danger est de renforcer les représentations injustes et inexactes des gens en ignorant que chaque personne est un individu avec sa propre identité et sa propre personnalité.
- Ceux d’entre nous qui sont constamment stéréotypés peuvent ressentir une pression pour se conformer aux exigences de la société dominante. Par exemple, le message pourrait être le suivant : « Vous êtes peut-être les bienvenus dans le pays, mais n’essayez pas d’apporter et d’afficher votre identité culturelle dans nos villes et villages. »
- Les gens peuvent consciemment ou inconsciemment se défaire d’une partie de leur identité culturelle, ce qui peut avoir un effet négatif sur le maintien de l’identité d’origine. Il convient toutefois de préciser qu’il existe une différence entre se conformer aux normes culturelles dominantes et s’adapter à la vie et à l’interaction entre les cultures. Vous pouvez atteindre ce dernier objectif en appréciant votre propre culture et celle des autres et en développant vos compétences interculturelles.
UTILISEZ LES STRATÉGIES SUIVANTES
- Posez des questions aux autres personnes de différentes cultures en faisant preuve de curiosité au lieu de faire des suppositions à leur sujet.
- Apprenez à suspendre votre jugement : prenez du recul et remettez en question les informations que vous avez sous les yeux : « Cette idée ou cette affirmation s’applique-t-elle à toutes les personnes de ce groupe? » Si la réponse est « non », il s’agit probablement d’un stéréotype. N’oubliez pas qu’il y aura toujours des exceptions aux observations culturelles dans tous les groupes ; tous les membres d’un groupe ne sont pas identiques.
- Au lieu de demander : « Pourquoi votre nom de famille est X? D’où venez-vous vraiment? », essayez de demander « D’où vient votre famille? »
- Au lieu de vous fier aux stéréotypes, vous pouvez vous appuyer sur des généralisations culturelles (des observations sur une culture qui sont formées avec soin et plus précisément). Par exemple, au lieu de dire : « Les Russes sont froids, ils ne font pas confiance aux étrangers », vous pouvez dire : « Il peut être plus long d’établir une relation étroite avec les Russes, vous devrez d’abord développer la confiance. »