7 Realiser le code de conduite universel pour prevenir et traiter la maltraitance dans le sport (UCCMS)

Gretchen Kerr

Thèmes

Mauvais traitement
Code de conduite universel
Voix des athlètes

Objectif d’apprentissage

Lorsque vous aurez terminé ce chapitre, vous serez en mesure de :

OA1 Identifier trois facteurs précipitants au développement de l’UCCMS;
OA2 Identifier les preuves de recherche utilisées pour éclairer le développement de l’UCCMS;
OA3 Identifier les façons dont les voix des athlètes ont informé le développement de l’UCCMS; et
OA4 Identifier les prochaines étapes dans la réalisation de l’UCCMS.

Aperçu

À la suite de la sensibilisation croissante du public et des données de recherche concernant la maltraitance des athlètes, le Code de conduite universel pour prévenir et traiter la maltraitance dans le sport (UCCMS) a été élaboré. L’UCCMS s’est appuyée sur des preuves de recherche mettant en évidence les expériences de maltraitance des athlètes, y compris les préjudices psychologiques, physiques et sexuels et la négligence. Bien que l’UCCMS identifie les comportements interdits, il ne représente qu’une première étape dans le parcours sportif sécuritaire. Les prochaines étapes comprennent le besoin de mécanismes de plainte et d’arbitrage indépendants et l’élargissement de la notion de sport sécuritaire au-delà de la prévention des préjudices pour inclure l’optimisation de l’expérience sportive.

Dates clés

Qu’est-ce que le Code de conduite universel pour prévenir et combattre la maltraitance dans le sport (UCCMS)?

Le Code de conduite universel pour prévenir et traiter la maltraitance dans le sport (UCCMS) est un ensemble de règles sur le comportement que doivent suivre tous les intervenants et participants canadiens dans le sport. Rédigé par les organismes nationaux de sport (ONS), les organismes de services multisports (OSM) et les membres du réseau de l’Institut canadien du sport olympique et paralympique (COPSI) en 2019, il identifie les conduites interdites ou les comportements qui ne seront pas acceptés dans le contexte sportif. En identifiant les normes, les attentes et les lignes directrices pour les comportements dans le contexte sportif, l’UCCMS peut soutenir les sportifs en fournissant une structure à suivre pour résoudre les dilemmes éthiques, y compris le signalement d’une violation.

L’UCCMS sert également à communiquer les valeurs et les engagements clés du sport à des publics internes et externes. Dans ce cas, l’UCCMS était fondée sur la Loi sur l’activité physique et le sport[1] qui se lit comme suit :

« La politique du gouvernement du Canada en matière de sport est fondée sur les normes et les valeurs éthiques les plus élevées, y compris […] le traitement de toutes les personnes avec équité et respect, la participation pleine et juste de toutes les personnes au sport et la pratique juste, équitable, transparente et règlement rapide des différends dans le sport ».[2]

Mise en perspective: Atteindre la scène mondiale en toute sécurité

Est-il possible pour les athlètes d’accéder à la scène sportive mondiale sans subir de mauvais traitements?

 

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Photo de planet_fox sur PixaBay.

 « Athlète A » réalisé par Bonni Cohen et Jon Shenk, sorti le 24 juin 2020.

Ce documentaire suit les reportages de l’athlète A, identifiée comme étant la gymnaste Maggie Nichols, et le parcours de dénonciation des abus par le médecin USA Gymnastics Larry Nassar. Le film éclaire le cas comme un exemple de maltraitance qui existait dans les sports de haut niveau et était un exposé des actions suite à cet abus et à la survie de nombreux athlètes olympiques.

Pourquoi l’UCCMS a-t-il été développé?

La nécessité d’un code de conduite universel s’imposait, en partie, en raison de l’existence et de la sensibilisation généralisée de cas d’abus d’athlètes au Canada et à l’étranger. Tout en reconnaissant que les abus contre les athlètes ont toujours eu lieu dans le sport, la couverture médiatique et la sensibilisation du public à ces expériences se sont intensifiées dans la seconde moitié de la décennie 2010. L’affaire Barry Bennell dans le football britannique, l’affaire Jerry Sandusky à la Penn State University, aux États-Unis (football), Larry Nassar en gymnastique aux États-Unis, Bertrand Charest (ski alpin) et Matt Bell (natation) au Canada, sont quelques-uns des nombreux exemples des cas très médiatisés d’abus sexuels d’athlètes.

L’attention accrue des médias sur les abus sexuels des athlètes, en particulier, a été inévitablement influencée par le mouvement MeToo et la création du hashtag #MeToo en 2017 qui a incité des individus du monde entier à partager publiquement leurs expériences de violence sexuelle. Bien que les hommes et les femmes aient signalé avoir été exploités sexuellement par des personnes en position de pouvoir et d’autorité, la plupart des voix provenaient de filles et de femmes. En plus de souligner la prévalence des expériences de violence sexuelle chez les femmes, le hashtag #MeToo a donné aux femmes un endroit où trouver validation et soutien.

Parallèlement à cette attention médiatique accrue, un nombre croissant de données de recherche concernant les préjudices subis par les athlètes, notamment les abus sexuels, psychologiques et physiques, la négligence, l’intimidation et la discrimination. Entre 2010 et 2019, trois études nationales sur la prévalence de la maltraitance des athlètes ont été menées au Royaume-Uni,[3] en Belgique et aux Pays-Bas[4] et au Canada.[5]

Malgré les différents échantillons d’athlètes, les niveaux d’engagement sportif et les outils de mesure, les trois études ont indiqué que les dommages psychologiques étaient le plus souvent signalés par les athlètes. Les préjudices psychologiques peuvent être classés en comportements verbaux (p. ex., commentaires dégradants, menaçants, dégradants), comportements physiques (p. ex., lancer des objets en colère sans frapper un athlète) et refus actif d’attention et de soutien (p. ex., refuser d’entraîner un athlète après une performance médiocre).[6]  L’étude canadienne sur la prévalence a été l’une des premières à inclure une évaluation de la négligence ou de l’omission de soins, les athlètes de l’équipe nationale rapportant des expériences de négligence de manière répétée. La négligence se distingue du refus d’attention et de soutien dans la violence psychologique, car la négligence implique un manque d’attention aux besoins physiques et psychologiques d’un athlète, tandis que la violence psychologique est un acte de commission ou un comportement actif pour retirer l’attention et le soutien.

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Photo par HubertPhotographer sur PixaBay.

Le nombre croissant de preuves de recherche montre que malgré l’accent mis sur les abus sexuels par les médias, les préjudices psychologiques sont beaucoup plus souvent subis par les athlètes. De plus, conformément aux conclusions de la littérature sur la maltraitance des enfants, les données émergentes dans le sport suggèrent que les expériences de violence psychologique peuvent avoir des effets graves et délétères sur la santé mentale et le bien-être des athlètes. Par exemple, Willson et al. (2021) ont rapporté que les athlètes féminines à la retraite du sport esthétique souffraient de dysmorphie corporelle, de troubles de l’alimentation, d’une baisse de l’estime de soi et de difficultés à développer la confiance dans les relations, en raison des comportements psychologiquement abusifs de la honte corporelle dans leur entraînement de haute performance. De même, Parent et al. (2021) ont rapporté que chez les jeunes athlètes canadiens-français âgés de 14 à 17 ans, la violence et la négligence psychologiques (ainsi que la violence sexuelle) étaient indépendamment liées à une faible estime de soi, à une détresse psychologique plus élevée et à des symptômes de SSPT. Ces résultats suggèrent la nécessité d’élargir l’optique de la maltraitance pour inclure et aller au-delà des formes de préjudice sexuel en reconnaissance des effets potentiellement nocifs à long terme de la violence et de la négligence psychologiques.

Dans les médias: Harcèlement en natation artistique

« De nouvelles allégations d’abus ont ancré l’équipe de natation artistique du Canada » par GretchenKerr et Erin Willson, la conversation, 1er novembre 2020.

 

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Photo de lawrav sur PixaBay.

À l’automne 2020, le centre d’entraînement de Montréal pour l’équipe de natation artistique du Canada a été temporairement fermé après des allégations d’abus et de harcèlement de la part de ses athlètes. Dans cet article, Kerr et Willson expliquent la controverse et la situent dans le contexte plus large des abus subis par les athlètes féminines dans des sports esthétiques comme la natation artistique.[7]

Au Canada, l’ancienne ministre fédérale des Sciences et des Sports, Kirsty Duncan (de janvier 2018 à novembre 2019), a joué un rôle déterminant dans le développement de l’UCCMS, déclarant qu’« un changement de culture systémique est nécessaire pour éliminer les mauvais traitements, y compris les, et la violence physique, la négligence, le harcèlement, les brimades, l’exploitation et la discrimination ».[8] Le développement de l’UCCMS faisait partie de ce changement de culture systémique.

Pourquoi maintenant?

Les normes et les attentes sociétales changent constamment. Ce qui était bien dans les maisons, les écoles, les lieux de travail et les relations dans le passé ne l’est plus nécessairement maintenant et le sport doit être soumis aux mêmes normes. Pour prospérer, le sport organisé doit aligner ses pratiques sur les autres domaines dans lesquels les gens, y compris les jeunes, vivent, travaillent, apprennent et se développent. Par exemple, les opinions sur la façon de développer et de nourrir les enfants et les jeunes reconnaissent maintenant les potentialités extraordinaires des jeunes que les adultes ont la responsabilité de nourrir.

Les approches de la parentalité et de l’éducation sont passées de méthodes centrées sur les parents ou l’enseignant, utilisant des méthodes de commandement et de contrôle, à des méthodes centrées sur l’enfant et l’élève, utilisant des méthodes plus démocratiques et humanistes. Ces changements d’approches se reflètent dans l’attention accrue portée aux diverses façons d’apprendre, l’élimination des stratégies de punition en faveur d’une discipline positive et la prise de décision motivée par les besoins uniques de l’enfant. Outre le passage à des modes d’interaction plus démocratiques avec les jeunes, le mouvement MeToo a mis en évidence les manières dont le pouvoir devrait et ne devrait pas être utilisé, apportant ainsi des éclaircissements et élevant la barre pour la conduite attendue dans les relations de pouvoir inégales.

L’attention accrue portée à l’équité, à la diversité et à l’inclusion dans la société en général a également accru la nécessité d’un changement culturel au sein du sport. La Commission de vérité et réconciliation au Canada, le mouvement Black Lives Matter qui a atteint le monde entier et la reconnaissance des problèmes de santé mentale dans diverses populations sont quelques-uns des nombreux exemples de changements sociétaux qui vont imprégner et appeler à l’action dans le sport.

En somme, le sport ne peut se permettre d’être autonome ou déconnecté des normes et des attentes qui caractérisent la société au sens large. En utilisant des approches centrées sur l’enfant/le jeune, les méthodes d’entraînement de commandement et de contrôle doivent céder la place à des styles démocratiques dans lesquels le pouvoir est partagé avec les athlètes de manière adaptée à l’âge et au stade; les stratégies punitives doivent être remplacées par des conseils, des explications et un renforcement positif et; des environnements sportifs sûrs, inclusifs et accueillants doivent devenir la plus haute priorité.

Vidéo 7.1 : Gretchen Kerr: Pourquoi faire du sport en toute sécurité maintenant?

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

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Dans le pratique:
Expériences sportives sécuritaires pour les jeunes

Photo par Alliance Football Club sur Unsplash.

Lorsque vous vous engagez dans un sport en tant que participant, bénévole, entraîneur ou administrateur, recherchez des comportements qui ne seraient pas jugés acceptables dans d’autres activités axées sur les jeunes, comme en classe ou dans d’autres environnements d’apprentissage. Comment les dirigeants sportifs pourraient-ils considérer les questions suivantes lorsqu’ils offrent des expériences sportives sécuritaires aux jeunes?

1. Les athlètes ont-ils la possibilité de contribuer à leur expérience sportive, aux décisions qui les concernent, ou pour développer des compétences de vie ?
2. Quelles sont les implications potentielles de l’expérience sportive dans laquelle vous vous engagez ou que vous observez ?
3. Comment les implications de l’expérience sportive dans laquelle vous vous engagez pourraient-elles avoir un impact sur les jeunes participants ?
4. Comment pourriez-vous modifier votre propre comportement ou celui des autres pour créer une expérience sûre, plus positive et inclusive?

La base de preuves pour le développement de l’UCCMS

Les preuves de recherche qui ont éclairé le développement de l’UCCMS comprenaient les éléments suivants :

1. Études de prévalence

Les études de prévalence ont indiqué que le code de conduite devait aborder et s’étendre au-delà des préjudices sexuels pour inclure les préjudices psychologiques et physiques et la négligence. L’étude canadienne sur la prévalence des expériences de maltraitance des membres de l’équipe nationale[9] a indiqué les expériences suivantes, qui sont notées dans le tableau 7.1 ci-dessous.

Tableau 7.1 : Résumé de l’étude canadienne sur la prévalence des expériences de maltraitance des membres de l’équipe nationale
Types de préjudices qui auraient été subis de manière répétée Membres actuels de l’équipe nationale Membres retraités de l’équipe nationale
(au cours des 10 dernières années)
Psychologique 17% 23%
Négligence 15% 22%
Sexuel 4% 7%
Physique 3% 5%

Remarque: l’échantillon comprenait 1 001 athlètes, dont 764 athlètes actuels et 237 retraités.
L’âge moyen des participants était de 27,7 ans (ET = 9,09): 25,5 ans (ET = 8,16) pour les 34,4 ans (ET = 8,57) pour les athlètes retraités.
Parmi les répondants, 61,5 % se sont identifiés comme des femmes, 38,4 % comme des hommes et 0,1 % comme autres. Les participants se sont identifiés comme racialisés (9,7 %), ayant un handicap (11,6 %), Autochtones (1,6 %) etLGBTQ2I+ (7,3 %).
Les répondants représentaient 64 sports. Les sports avec les taux de participation les plus élevés étaient la gymnastique (5,5 %), volleyball (5,4 %), athlétisme (4,4 %), natation (3,8 %), aviron (3,3 %), rugby (3,5 %), hockey (3,4 %) et ski acrobatique (3,8 %).

2. Normalisation ou acceptation

La normalisation ou l’acceptation de comportements psychologiquement nocifs dans le contexte sportif a été bien documenté.[10]  Les comportements psychologiquement violents comprennent:

    • Commentaires verbaux négatifs (par exemple, commentaires menaçants, humiliants, dégradants, réprimandants), y compris la honte corporelle;
    • Actes physiquement agressifs qui servent à effrayer ou à intimider;
    • Refus délibéré d’attention et de soutien.[11]

De nombreux auteurs ont écrit sur l’acceptation généralisée de ces comportements dans le sport comme méthodes de développement de l’athlète malgré l’interdiction de tels comportements dans d’autres milieux peuplés de jeunes comme les écoles et malgré le fait que ces pratiques vont à l’encontre du vaste corps de preuves sur les méthodes efficaces d’apprentissage et de développement de l’enfant.

Fait intéressant, la normalisation des méthodes psychologiquement nocives a été l’aspect le plus controversé et le plus débattu du processus de développement de l’UCCMS. Lorsqu’une ébauche de l’UCCMS a été diffusée pour obtenir des commentaires parmi les parties prenantes du sport (par exemple, les administrateurs sportifs, les entraineurs, les athlètes, le personnel des sciences du sport), beaucoup se sont opposés à l’inclusion de ces comportements liés à la psychologie, citant leur importance pour le développement de l’athlète et sa force mentale.

Vidéo 7.2: Gretchen Kerr : La peur des répercussions des athlètes

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

3. Résultats de la recherche

Les résultats de la recherche mettent en évidence la réticence des athlètes à divulguer et/ou à signaler leurs expériences de préjudice. Lorsqu’on a demandé aux athlètes de l’équipe nationale canadienne : « Si vous avez été victime d’abus, de harcèlement, d’intimidation ou de bizutage, en avez-vous parlé? », seulement 56 % des athlètes actuels et 52 % des athlètes à la retraite ont répondu « Oui ». De plus, lorsqu’on a demandé à ces athlètes « Si vous avez été victime d’abus, de harcèlement, d’intimidation ou de bizutage, avez-vous soumis un rapport/plainte officiel de votre (vos) expérience(s)? », seuls 15 % des athlètes actuels et 13 % des athlètes à la retraite ont répondu « Oui. » Les athlètes participants ont cité des raisons pour ne pas faire de signalement, notamment : la peur des répercussions négatives sur leur carrière sportive, les tentatives délibérées de garder le silence, la normalisation, le manque de savoir où aller avec leurs préoccupations, l’absence d’endroit confidentiel pour faire part de leurs préoccupations et le manque de confiance que tout serait fait pour les torts subis.

Figure 7.1 : Raisons de ne pas signaler

[Description de l’image]

4. Cas très médiatisés

Enfin, pour répondre aux conclusions de cas très médiatisés, selon lesquelles d’autres adultes occupant des postes de confiance et d’autorité étaient au courant de la survenance de mauvais traitements infligés à des athlètes et n’ont pas agi en conséquence, l’UCCMS a été rédigé pour promouvoir une responsabilité collective. Cela signifie que tous les adultes dans le contexte sportif ont le devoir de veiller au bien-être des athlètes, quel que soit leur âge, et le devoir de signaler lorsqu’ils remarquent une activité inappropriée. La violence commence souvent par un petit comportement inapproprié qui, s’il n’est pas traité immédiatement, aura tendance à dégénérer en situations plus abusives.[12]  Ainsi, il est essentiel d’intervenir tôt dans cette voie. En plus de l’obligation légale de signaler les mauvais traitements, les abus sexuels et physiques envers les enfants, l’UCCMS comprend l’obligation de signaler tout comportement inapproprié. Il est important de signaler une conduite inappropriée pour s’assurer que des mesures appropriées sont prises, que les attentes sont rétablies et qu’un comportement inapproprié ne dégénère pas en violations plus graves. Par exemple, si un adulte s’emporte avec un athlète et crie ou lance un objet une fois, cela peut être inapproprié, mais pas abusif. Mais, plutôt que d’excuser le comportement parce qu’il s’agit d’un comportement « ponctuel », il est important d’aborder la nature problématique du comportement et de renforcer la conduite attendue afin que ce comportement ne soit pas considéré comme acceptable et puisse donc être reproduit.

Vidéo 7.3 : Gretchen Kerr: Étudier la volonté des athlètes de signaler les incidents

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Dans les médias :
Les athlètes exigent un organisme indépendant

« Heil, les meilleurs athlètes canadiens demandent au gouvernement fédéral de combler les lacunes du système de sport sécuritaire » par Zack Smart, CBC, 2 juillet 2021.

 

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Photo de leezathomas009 sur PixaBay.

En juillet 2021, certains des meilleurs athlètes canadiens, dont Jennifer Heil, Tessa Virtue et Alex Bilodeau, ont écrit une lettre au ministre du Patrimoine Steven Guilbeault, exigeant que des mesures plus importantes soient prises pour établir un système unique au profit des victimes d’abus liés au sport au Canada. Ils ont appelé à un organisme indépendant pour examiner les allégations, plutôt que de laisser les décisions aux organisations sportives elles-mêmes. Cette lettre est l’une des nombreuses mesures appelant les autorités fédérales à mettre en pratique leurs récentes solutions en matière de sport sécuritaire.[13]

Incorporation des voix des athlètes

Un élément clé du développement de l’UCCMS a été l’intégration de la voix des athlètes tout au long du processus. L’étude de prévalence canadienne a été menée en partenariat avec AthlètesCAN (veuillez consulter le chapitre 2 pour en savoir plus sur le point de vue des athlètes sur le sport sécuritaire) et, par conséquent, les athlètes ont contribué à l’élaboration des questions du sondage, au recrutement des répondants au sondage et à la diffusion de découvertes. Ils ont tenu leur propre Sommet sur le sport sécuritaire pour partager et discuter des résultats de l’étude de prévalence avant le Sommet national sur le sport sécuritaire tenu à Ottawa en 2019. Les représentants d’AthlètesCAN ont fait une présentation percutante au Sommet national sur le sport sécuritaire au cours de laquelle ils ont identifié un certain nombre des déclarations consensuelles et des recommandations; ils ont reçu un standing ovation pour leur présentation.

L’un des aspects les plus controversés de l’UCCMS était l’interdiction des relations sexuelles entre les athlètes de tout âge et leurs entraineurs. Tout en reconnaissant que les relations sexuelles entre un entraîneur et un athlète adulte ne constituaient pas une infraction pénale, les athlètes ont soutenu avec force et succès que le déséquilibre de pouvoir entre un entraîneur et un athlète, même s’ils sont tous deux adultes, est si influent qu’il annule essentiellement la capacité de l’athlète à donner librement son consentement éclairé à une relation sexuelle.

Les athlètes ont également joué un rôle déterminant en insistant sur le fait que le même code de conduite existe, quels que soient le sport, le type de sport ou les différences spécifiques au sport. Ces arguments ont été avancés en réponse aux tentatives de certains de maintenir la flexibilité et l’autonomie dans la prise de décisions sur ce qui constituait des comportements interdits sur la base de différences spécifiques au sport. Par exemple, des inquiétudes ont été exprimées par certains administrateurs sportifs et entraineurs selon lesquels, parce que le toucher était impliqué dans certains sports et pas dans d’autres, un ensemble de règles ne pouvait pas s’appliquer largement à tous les sports. De même, alors que le contact corporel est autorisé dans des sports tels que le hockey sur glace, il n’est pas autorisé dans d’autres contextes tels que sur une terrasse de piscine et, par conséquent, certains se demandaient si un code de conduite généralisable était réalisable.

En réponse, les athlètes ont insisté sur le fait qu’il était possible — et nécessaire — d’avoir un ensemble commun de comportements interdits quel que soit le type de sport, et que toute différence spécifique au sport serait prise en compte dans le processus de gestion des plaintes. Sans une telle approche harmonisée, les athlètes ont fait valoir que les athlètes continueraient d’être vulnérables aux expériences de préjudice, soulignant que c’est l’autonomie des organisations sportives qui permet l’acceptation de comportements nuisibles qui sont interdits dans d’autres domaines peuplés de jeunes. Les athlètes l’ont emporté sur cet argument important.

Enfin, les athlètes ont fortement plaidé en faveur d’un mécanisme de plainte qui existerait indépendamment de leur organisation sportive. Ils ont réclamé une organisation confidentielle et indépendante pour recevoir et traiter les plaintes concernant les mauvais traitements. Ils ont attribué leur manque de volonté à signaler les inquiétudes concernant les mauvais traitements aux conflits d’intérêts existants inhérents au fait que l’organisation sportive reçoive et traite les inquiétudes.

Prochaines étapes dans la réalisation de l’UCCMS

Figure 7.2 Étapes pour réaliser l’UCCMS

1. Rationaliser les processus indépendants de signalement et de plainte

En juillet 2021, Patrimoine canadien a annoncé la mise en place de processus indépendants de signalement et de plainte par l’intermédiaire du Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC), un organisme formé en 2000 pour offrir des outils de prévention et, au besoin, de résolution des conflits. Bien que les détails soient en attente au moment d’écrire ces lignes, il existe des opportunités prometteuses pour les participants sportifs d’avoir accès à des processus de plainte transparents, confidentiels et indépendants. Il incombera au CRDSC de superviser et de mettre en œuvre l’UCCMS et de s’appuyer sur l’UCCMS en ajoutant du contenu concernant les processus de signalement, de plainte et d’enquête, les sanctions et un éventuel registre public des personnes sanctionnées. Il sera essentiel que le CRDSC continue de faire entendre la voix des athlètes dans l’élaboration des processus de signalement et de plainte, et dans les discussions sur un registre public des contrevenants sanctionnés.

2. Assurer l’infusion de l’UCCMS dans tout le système sportif, à tous les niveaux

À l’heure actuelle, l’adoption du UCCMS n’est requise que par les organismes nationaux de sport (ONS). Bien que certains ONS aient l’intention d’exiger ou d’encourager l’adoption du UCCMS par l’intermédiaire de leurs homologues provinciaux/territoriaux, il n’y a actuellement aucune garantie que le UCCMS sera mis en œuvre aux niveaux provincial/territorial, régional ou local, laissant ainsi potentiellement les athlètes de niveau non national vulnérables. L’adoption de l’UCCMS devra être infusée dans le système sportif, du sport de base au sport de haut niveau, afin que tous les athlètes, quel que soit le type ou le niveau de sport, ou la situation géographique dans le pays, soient assurés du même accès aux mécanismes de plainte.

3. Contrer les formes de résistance

À chaque changement culturel, on peut s’attendre à une certaine résistance. Les prochaines étapes du parcours de sport sécuritaire impliqueront inévitablement une certaine résistance et un certain recul, y compris la conviction que le changement n’est pas nécessaire ou possible, ou que les modes de comportement antérieurs (« les anciennes méthodes ») sont meilleurs pour les performances sportives. Pour contrer ces formes de résistance, des modèles de changement culturel doivent être envisagés.[14] L’une des façons d’y parvenir est d’aller au-delà des comportements interdits en établissant des normes attendues et en aidant les gens à les atteindre. De plus, il est impératif de s’attaquer aux spectateurs et aux facilitateurs qui renforcent davantage cette résistance.

4. Déplacer l’accent de la prévention des préjudices vers l’optimisation des expériences

Enfin, la notion de sport sécuritaire devrait être élargie au-delà de la prévention et de la résolution des préjudices aux méthodes de promotion d’expériences sportives sécuritaires, épanouissantes, positives et accueillantes. Conformément à la Loi sur l’activité physique et le sport du gouvernement du Canada, l’optimisation des expériences sportives se caractérise par des aspects tels que le plaisir, le sentiment d’accomplissement, l’inclusion, les relations positives, une santé physique optimale, une forte estime de soi et le développement des compétences de vie.

Il est important de noter que la prévention des préjudices ne conduit pas nécessairement à des expériences sportives optimales, mais c’est l’inverse qui est vrai. Si nous concentrons nos efforts en tant que parents concernés, coéquipiers, spectateurs et dirigeants sportifs sur l’optimisation des expériences sportives, alors le sport sécuritaire devient un sous-produit naturel.

Vidéo 7.4 : Gretchen Kerr: Le devoir de signaler les problèmes dans le sport

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Conclusion

L’UCCMS constitue une pièce importante du puzzle dans la prévention et la lutte contre la maltraitance dans le sport. L’adoption d’une approche pancanadienne pour identifier les conduites interdites et généralisables à tous les sports représente un progrès important. Cependant, l’UCCMS n’est qu’une première étape. En plus d’identifier et de diffuser largement les processus de signalement et de gestion des plaintes, une attention particulière est nécessaire pour déterminer les sanctions appropriées pour les violations de l’UCCMS et un registre public des contrevenants. Les athlètes devront participer à la détermination de ces prochaines étapes.

Nous ne devons pas nous contenter d’identifier les conduites interdites ; nous devons plutôt définir à quoi ressemblent des expériences sportives sécuritaires, saines, positives et inclusives. Les orientations futures comprendront l’éducation et la formation pour développer des leadeurs possédant les compétences requises pour établir des environnements sportifs dans lesquels de telles expériences positives et inclusives sont possibles. Les orientations futures incluront également des chercheurs apportant la preuve que des performances sportives réussies sont possibles — et peut-être même plus probables — avec un sport sûr, sain et inclusif.

 

Autoréflexion

  1. Réfléchissez à un moment où vous faisiez du sport et où les comportements d’une autre personne vous ont fait vous sentir mal dans votre peau? Quelles étaient les circonstances ? Qu’est-ce qui a été dit ou fait? Sinon, comment l’autre personne aurait-elle pu se comporter qui n’aurait pas eu d’impact négatif sur votre estime de soi?
  2. Réfléchissez à un moment où vous et les membres de votre équipe avez perdu un match important ou avez mal performé? Comment l’entraîneur a-t-il réagi ? Qu’est-ce que la réponse de l’entraîneur vous a fait ressentir? Pouvez-vous penser à des moments où l’entraîneur a bien géré la situation et où l’entraîneur n’a pas bien géré la situation? Quelles étaient les différences dans ce qui a été dit ou fait? Comment vous êtes-vous senti dans chaque situation?
  3. Réfléchissez à un moment où vous meniez d’autres personnes dans une entreprise sportive. Y a-t-il des choses que vous avez dites ou faites qu’avec le recul, vous feriez différemment à l’avenir? Que feriez-vous différemment et pourquoi? Comment saurez-vous si votre comportement a eu les effets escomptés?

 

Termes clés

 

 

De plus amples recherches

Avec la récente mise en œuvre de l’UCCMS au niveau national du sport, il sera important de rechercher les effets de l’UCCMS : comment les organisations sportives ont-elles mis en œuvre et communiqué l’UCCMS à leurs parties prenantes ? comment l’UCCMS a-t-il affecté les taux de divulgation et de signalement des mauvais traitements ? comment les organisations sportives nationales influenceront-elles l’adoption de l’UCCMS aux niveaux inférieurs du sport; L’adoption de l’UCCMS influencera-t-elle la sensibilisation des parties prenantes aux mauvais traitements et aux conduites interdites ?

Comment l’éducation et la formation sur l’UCCMS seront-elles développées et diffusées et seront-elles efficaces ? Pour un changement de comportement ?

 Suggestion de travaux

  1. Créer un environnement sportif sécuritaire, positif et inclusif : que pourriez-vous faire en tant que dirigeant sportif pour influencer la culture sportive afin qu’elle soit sécuritaire, plus positive et inclusive ? Comment pourriez-vous amener les autres dans ce changement de culture ?
  2. Intégrer la voix des athlètes dans la promotion d’un sport en toute sécurité : comment pourriez-vous impliquer les athlètes, leurs contributions et leurs recommandations, dans la conception, la prestation et l’évaluation des programmes sportifs ?
  3. Comparer et contraster : décrivez une approche de la conception et de la prestation du sport qui illustre une approche de prévention des préjudices. Décrivez une approche qui illustre une approche caractérisée par la sécurité, l’inclusion et le bien-être. Quelles sont les différences et les similitudes entre ces approches ?

Descriptions de l’image

Figure 7.1 Cette fonctionnalité interactive présente six raisons différentes de ne pas signaler les expériences de préjudice. Ils comprennent la peur des répercussions négatives sur leur carrière sportive, les tentatives délibérées de garder le silence, la normalisation, le manque de confiance que quoi que ce soit serait fait au sujet des préjudices qu’ils ont subis, l’absence d’endroit confidentiel pour faire part de leurs préoccupations et le manque de conscience de l’endroit où pour aller avec leurs préoccupations. [retour au texte][retour au texte]

Figure 7.2 Cette figure illustre les quatre étapes suivantes dans la réalisation de l’UCCMS. L’étape 1 consiste à rationaliser le processus indépendant de signalement et de plainte. Le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC) devra superviser et mettre en œuvre le UCCMS en ajoutant du contenu concernant les processus de signalement, de plainte et d’enquête, les sanctions et un éventuel registre public des personnes sanctionnées. L’étape 2 consiste à assurer l’infusion de l’UCCMS dans tout le système sportif, à tous les niveaux. L’UCCMS devra être adopté à tous les niveaux du système sportif, du sport de base au sport de haut niveau. L’étape 3 consiste à contrer les formes de résistance. La résistance devra être contrée en encourageant le changement culturel en établissant des normes attendues plutôt qu’en établissant des comportements interdits, ainsi qu’en s’adressant aux spectateurs et aux facilitateurs qui enracinent la résistance. L’étape 4 consiste à déplacer l’accent de la prévention des préjudices vers l’optimisation des expériences. Enfin, il faut mettre l’accent sur l’optimisation des expériences sportives, qui se caractérisent par des aspects tels que le plaisir, le sentiment d’accomplissement, l’inclusion, les relations positives, la santé physique optimale, un fort sentiment de soi et le développement des compétences de vie. [retour au texte]

  Sources

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  12. Canadian Centre for Child Protection, n.d.
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  14. Scott & Jaffe, 1988.

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