2 Les athlètes d’abord : La promotion du sport sécuritaire au Canada

Erin Willson
Georgina Truman

 Thèmes

  • Les mauvais traitements dans le sport
  • Une approche centrée sur l’athlète
  • La mise en œuvre de changements

Objectifs d’apprentissage

Lorsque vous aurez terminé ce chapitre, vous serez en mesure de :

OA1 Identifier quatre types de maltraitance;
OA2 Établir des liens entre la défense des intérêts des athlètes et les changements dans le sport;
OA3 Identifier 3 changements clés;
OA4 Expliquer comment la voix des athlètes a entraîné des changements clés; et
OA5 Identifier des éléments clés d’une approche centrée sur l’athlète. Formuler des suggestions pour mettre en œuvre un système sportif centré sur l’athlète.

Aperçu

La maltraitance est devenue une préoccupation de plus en plus documentée dans le sport. Par exemple, dans le cadre d’une étude menée en 2019 auprès des athlètes de l’équipe nationale canadienne, 75 % des répondants ont indiqué avoir été victimes d’au moins un comportement néfaste au cours de leur carrière, dont les plus fréquents relèvent de la violence psychologique et de la négligence, suivie de la violence sexuelle et physique.[1] Au Canada, la voix des athlètes a été un élément essentiel de l’avancement du mouvement pour un sport sécuritaire, qui a gagné en popularité en 2018.

Tout d’abord, athlètes de l’équipe nationale ont répondu à un sondage sur les mauvais traitements qu’ils ont vécus.[2] Ce sondage a été suivi d’un rassemblement d’athlètes tenu dans le cadre du Sommet d’AthlètesCAN sur le sport sûr en 2019. Lors de ce rassemblement, les résultats du sondage ont été examinés et des énoncés de consensus sur les principales constatations et les prochaines étapes ont été élaborés (p. ex., la nécessité d’un organisme indépendant pour la divulgation et la production de rapports).[3] Ces énoncés ont été présentés au Sommet national sur le sport sécuritaire auquel ont pris part des athlètes, des organismes nationaux de sport et des organismes multisports et qui a culminé par la formation d’un conseil consultatif sur le sport sécuritaire et un plan d’action.

Depuis lors, un Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance a été établi et mis en œuvre, et un mécanisme national indépendant est en cours d’élaboration par le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC). Ce chapitre présente un aperçu des actions posées par des athlètes leaders en matière de sport sécuritaire, y compris les principales leçons tirées de cette expérience et les raisons pour lesquelles nous croyons que la voix des athlètes est un élément essentiel du changement dans le sport.

Ce chapitre comprend du contenu multimédia (vidéo et audio) dans lequel des athlètes canadiens partagent leurs expériences de maltraitance et leurs préoccupations par rapport à la divulgation et au signalement, utilisant ainsi leur voix pour créer le changement. De plus, il fournit le point de vue des athlètes sur l’importance de poursuivre le mouvement pour un environnement sportif plus sécuritaire, ainsi que des exemples pratiques du sport sécuritaire aux yeux des athlètes.

Dates importantes

Les différentes formes de maltraitance dans le sport sont de plus en plus documentées dans le monde entier, y compris la violence physique, sexuelle et psychologique. Au cours de la dernière décennie, plusieurs cas très médiatisés ont été recensés, y compris celui de la fédération de gymnastique des États-Unis en 2016 et du médecin de l’équipe,  Larry Nassar , qui a été condamné à une peine d’emprisonnement de 175 ans après que deux cents athlètes eurent révélé les abus sexuels qu’il leur a fait subir.[4] L’enquête a également mis en lumière la culture de violence psychologique et de négligence qui sévit dans le sport de la gymnastique artistique. Des athlètes du monde entier ont révélé avoir subi de l’humiliation corporelle. Certains ont été soumis à des régimes très stricts où même l’eau devait être consommée en quantité limitée, et d’autres ont été forcés de s’entraîner alors qu’ils se remettaient d’une blessure ou d’une commotion cérébrale. Les athlètes ont également indiqué avoir fréquemment fait l’objet d’humiliations et de réprimandes publiques.[5] L’affaire de l’USA Gymnastics n’était pas un incident isolé, car de nombreux sports sont confrontés à des cas semblables et à des allégations publiques, y compris la natation, le ski alpin, le rugby et la natation artistique.[6] Par exemple, la British Athletes Commission a demandé une enquête complète sur British Gymnastics après que plusieurs allégations troublantes d’intimidation et de mauvais traitements eurent fait surface en 2020.[7]

Des études menées dans plusieurs pays ont également permis d’évaluer la prévalence des mauvais traitements au Canada, en Belgique, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Ces études ont révélé des taux élevés de maltraitance des athlètes, plus particulièrement dans certaines formes de maltraitance comme la violence psychologique, la négligence, la violence physique et la violence sexuelle dans l’ensemble du sport.[8] Par exemple, dans une étude menée auprès des athlètes de l’équipe nationale canadienne, soixante-quinze pour cent des athlètes de soixante-quatre sports ont révélé avoir vécu au moins une expérience de maltraitance dans leur carrière sportive.[9]

En réponse à la sensibilisation croissante à la maltraitance, plusieurs initiatives de prévention et d’intervention ont été mises en place. Parmi les exemples canadiens, mentionnons les programmes de formation « Respect et sport pour leaders d’activité » du Respect Group , la formation sur la sécurité dans le sport de l’Association canadienne des entraîneurs, ainsi que les exigences et les normes pour les organismes de sport financés par le gouvernement fédéral, y compris les agents de signalement externes.

Plus récemment, un Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS) a été créé et traite de toutes les formes de préjudices inacceptables dans le sport. De plus, un mécanisme national indépendant (MIN) a été mis au point pour prévenir et contrer les mauvais traitements et mettre à la disposition des athlètes un organisme indépendant pour signaler les cas de maltraitance. Ces dernières initiatives ont été fortement influencées par des athlètes qui ont dévoilé les mauvais traitements qu’ils ont subis, prouvant ainsi l’importance de la voix des athlètes dans le mouvement pour un environnement sportif plus sécuritaire. Dans ce chapitre, vous devrez :

  1. Être en mesure d’expliquer la question de la maltraitance dans le sport dans le contexte canadien;
  2. Déterminer de quelle façon les athlètes ont influencé le système sportif canadien;
  3. Déterminer les étapes à suivre pour adopter une approche centrée sur l’athlète;
  4. Expliquer l’importance d’une approche centrée sur l’athlète pour contrer la maltraitance dans le sport.

Le contenu ci-dessous traite des subtilités de la violence sexuelle. Nous reconnaissons qu’il s’agit d’un sujet sensible qui peut déclencher un sentiment de malaise chez certaines personnes. Si le contenu présenté dans cette section vous rend mal à l’aise, vous pouvez la sauter.

Aperçu de la maltraitance

La pratique du sport offre de nombreux avantages qui conduisent au bien-être physique, social et mental.[10] Cependant, il est important de reconnaître qu’il existe des athlètes dont les expériences sportives ont été néfastes en raison de diverses formes de maltraitance.[11] On entend par maltraitance : « toutes les formes de mauvais traitements physiques ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de la personne, sa survie, son développement ou sa dignité, dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir ».[12]

Tableau 2.1 : Types de maltraitance et exemples[13]
Type d’abus : Exemple :
Sévices sexuels Infractions avec ou sans attouchements (p. ex., contact, exposition)
Sévices physiques Coups de poing, coups de pied, morsures
Violence psychologique Cris, dénigrement, commentaires dévalorisants, humiliation
Négligence Refuser du temps de rétablissement après une blessure ou une maladie, surveillance inadéquate, manque d’attention aux besoins fondamentaux
Intimidation Exclusion d’un coéquipier, vol, taquinerie
Bizutage Activités particulières d’initiation – consommer de l’alcool à l’excès, utiliser une personne comme domestique personnel, s’adonner à des activités criminelles

Utilisation du pouvoir

Dans les nouvelles:
L’histoire du bizutage à McGill

 

« McGill basketball teams in spotlight for brutal hazing allegation » (Les équipes de basketball de McGill sous les projecteurs après une allégation de bizutage brutal), Jason Magder, Montreal Gazette, 14 mars 2017

 

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Photo par Michelle Myers sur Unsplash.

L’Université McGill de Montréal n’est pas étrangère aux incidents de bizutage traumatisants. En 2005 et en 2015, des allégations distinctes ont fait surface concernant des abus sexuels envers des étudiants athlètes. Dans les deux cas, l’université a enquêté sur la question. Une interdiction du bizutage a été promulguée après 2005, mais selon les étudiants, le bizutage est resté une tradition annuelle; c’est ce qui explique que de nombreuses personnes craignaient de le dénoncer.

Dans cette situation, quels types de relations de pouvoir ont pu rendre les athlètes vulnérables au bizutage ?

Le pouvoir est une composante fondamentale de la maltraitance, car la violence est souvent utilisée pour affirmer ou maintenir la domination sur une autre personne.[14] Comme exemple d’utilisation du pouvoir pour établir une domination, on peut citer des athlètes chevronnés qui se servent de leur statut comme un moyen de forcer les nouveaux athlètes à participer à des activités de bizutage nuisibles.[15]

Le bizutage a souvent été cité comme moyen pour les athlètes d’apprendre à « connaître leur place » dans une équipe, ce qui renforce la hiérarchie des joueurs, les athlètes chevronnés conservant leur position de pouvoir sur les athlètes juniors ou les nouveaux athlètes.[16] Ainsi, le bizutage est un exemple de maltraitance qui peut se produire entre pairs. Bien que le bizutage puisse se produire entre pairs lorsqu’il se produit un différentiel de pouvoir en raison de l’âge, du rang, de l’ancienneté ou du niveau de compétence, il est important de noter que les athlètes se voient en général attribuer un pouvoir équivalent dans le système sportif, ce qui rend le bizutage entre pairs moins susceptible d’être abordé au niveau institutionnel.[17]

Il existe plusieurs relations dans le sport qui sont prédisposées aux déséquilibres de pouvoir, ce qui peut souvent laisser les athlètes vulnérables. On peut penser par exemple aux relations entraîneur-athlète, capitaine d’équipe-athlète, formateur-athlète et administrateur sportif-athlète (p. ex., directeur général d’un ONS, direction de la haute performance). Dans chacune de ces relations, les athlètes sont considérés comme étant dans une position de pouvoir inférieure puisque les autres rôles sont des positions d’autorité. De plus, la vulnérabilité est accrue en raison de la culture de contrôle et d’obéissance inculquée dans le sport.

On apprend aux athlètes à respecter ces positions d’autorité, ce qui peut les amener à se conformer sans discussion aux exigences d’une personne qui occupe une position plus élevée (p. ex., l’entraîneur).[18] De plus, les personnes en position de pouvoir s’attendent souvent à ce que les gens en position inférieure se conforment à leurs exigences. Ce déséquilibre du pouvoir et cette conformité incontestée peuvent réduire considérablement le pouvoir d’un athlète, puisqu’il est conditionné à ne pas s’écarter de ce à quoi l’on s’attend de lui.

Par conséquent, la position d’AthlètesCAN est de donner du pouvoir aux athlètes en les incluant dans les conversations importantes sur leur entraînement afin de réduire les déséquilibres de pouvoir inhérents au sport. Nous espérons que les mesures prises pour favoriser l’autonomisation des athlètes remettront en question les méthodes traditionnelles d’entraînement et réduiront la vulnérabilité des athlètes.

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Photo par Marco Verch sur Flickr.

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’implication des athlètes dans le système sportif de haute performance, consultez ces ressources. Dans sa thèse et son article de recherche avec le Dr Ian Ritchie, Greg Jackson a examiné l’implication des athlètes dans le processus d’élaboration de la politique antidopage du Canada.

Différenciation entre les relations et les formes de maltraitance

Plusieurs termes sont fréquemment interchangés lorsqu’il est question de maltraitance dans le sport. Et donc, la présente section donne un aperçu des différents termes utilisés. La figure 2.1 décrit ces termes de manière plus concise et est divisée en fonction des positions de pouvoir. La figure indique que le mauvais usage du pouvoir est le mécanisme sous-jacent du préjudice. L’abus est un préjudice qui se produit entre deux acteurs, une personne ayant une influence significative sur le sentiment de sécurité, la confiance ou la satisfaction des besoins d’une autre personne.[19] C’est ce qu’on appelle souvent « relation critique » et, dans le sport, il peut s’agir de relations entre les athlètes et les figures d’autorité avec qui ils interagissent couramment (p. ex., les entraîneurs, les parents, etc.). La maltraitance entre pairs s’appelle intimidation, car les athlètes appartiennent généralement au même rang social prescrit et, dans la plupart des cas, il n’y a pas de différentiel de pouvoir comme dans une relation critique. Le harcèlement est une maltraitance qui se produit en dehors d’une relation critique. Il existe généralement un déséquilibre de pouvoir entre les deux acteurs, mais l’auteur n’a pas d’influence directe sur le sentiment de sécurité ou de confiance de l’autre. On peut donner comme exemple un administrateur sportif qui n’interagit qu’occasionnellement avec les athlètes. Au bas du diagramme figurent les types de préjudices qui peuvent se produire et qui seront abordés dans la section suivante.

Figure 2.1 Différenciation entre les relations et les termes intimidation, abus et harcèlement
[Description de l’image]

Quatre types de maltraitance

1. Préjudice psychologique

Le préjudice psychologique dans le sport se définit comme « un ensemble de comportements délibérés sans contact qui ont le potentiel d’être nuisibles » [traduction].[20] La violence psychologique est le type de préjudice le plus fréquemment subi par les athlètes.[21] La violence psychologique comprend de nombreux comportements préjudiciables, comme crier après une personne ou l’humilier en public. Compte tenu de la nature du sport, ces types de comportements nuisibles se produisent couramment, ce qui entraîne la normalisation des comportements abusifs et des taux plus élevés de dommages psychologiques. En d’autres termes, ces comportements sont si fréquents dans les environnements d’entraînement publics qu’on en est venu à les accepter comme « étant normaux » [traduction].[22]

Stirling et Kerr (2008) ont proposé des exemples de préjudices psychologiques, notamment :

  • Comportements physiques :
    • Lancer d’objets aux athlètes ou autour d’eux (p. ex., des planches de flottaison)
    • Démonstrations physiques de la colère
    • Intimidation physique
  • Comportements verbaux :
    • Commentaires dégradants, humiliants, dévalorisants
    • Proférer des insultes
    • Lancer des jurons
    • Injurier, critiquer une personne
    • Menacer
    • Dénigrer l’apparence et faire des commentaires négatifs sur le corps
  • Refus d’attention :
    • Ignorer les athlètes en raison de leurs mauvaises performances
    • Expulser les athlètes de l’entraînement

Les comportements les plus courants signalés par les athlètes canadiens en 2019 ont été les suivants : se faire crier après, faire l’objet de commérages ou de mensonges, et être rabaissé, embarrassé ou humilié.[23]

Vidéo 2.1 Erin Willson : L’image corporelle et le dénigrement des athlètes

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Pour accéder aux sous-titres vidéo en français, cliquez sur l’icône Paramètres, sélectionnez « Sous-titres » et choisissez l’option Français (Canada) ou Traduction automatique.

2. Préjudice physique

Par préjudice physique, on entend l’infliction d’une douleur ou d’une blessure physique, et ce, par un comportement avec ou sans contact.[24] Au nombre des comportements avec contact, on trouve les coups, les gifles et les coups de poing, tandis que du côté des comportements sans contact, on trouve le fait d’être forcé à tenir une position inconfortable pendant une période prolongée.

Parmi les préjudices physiques dans le sport, citons[25] :

  • L’exercice en guise de punition
  • Les étirements jusqu’à ce qu’il y ait blessure
  • Frapper un athlète avec de l’équipement sportif
  • Retourner prématurément au jeu après une blessure
  • Répétition excessive d’une compétence au point de se blesser

L’exercice en guise de punition (p. ex., faire des tours de piste en cas de retard; faire des sprints en raison d’une mauvaise performance) a été la forme de préjudice physique la plus fréquemment signalée par les athlètes canadiens en 2019.[26]

3. Préjudice sexuel

On entend par préjudice sexuel « toute interaction sexuelle avec une ou plusieurs personnes de tout âge, perpétrée contre la volonté de la victime, sans son consentement, ou de manière agressive, exploitante, coercitive, manipulatrice ou menaçante » [traduction].[27]

Les préjudices sexuels dans le sport peuvent être avec ou sans contact, et comprendre, mais sans s’y limiter :

  • les attouchements
  • les rapports sexuels
  • les récompenses pour une faveur sexuelle
  • une exposition indécente
  • des commentaires ou blagues à caractère sexuel
  • des remarques sexuelles intimidantes
  • le sextage
  • les regards sexuels indiscrets

Les formes les plus fréquentes de préjudice sexuel signalées chez les athlètes canadiens ont été les blagues et remarques sexistes ainsi que les regards sexuels indiscrets, les communications sexuellement explicites et les attouchements sexuellement inappropriés.[28]

4. Négligence

La négligence se caractérise par des actes d’omission ou d’inaction (Brittain, 2006). Il peut s’agir, par exemple, d’ignorer intentionnellement quelqu’un ou ses besoins, d’exclure délibérément quelqu’un ou de ne pas agir délibérément.

  • Dans le sport, la négligence peut se manifester, entre autres, de la manière suivante[29] :
  • Ne pas fournir une hydratation, une nutrition, une attention médicale ou un sommeil adéquats
  • Ignorer une blessure ou les signalements de douleur de l’athlète
  • Être au courant d’un abus mais ne pas le signaler
  • Refuser des expériences non sportives et utiles au développement (p. ex., éducation, possibilités d’emploi)

S’entraîner lorsque l’on est blessé ou épuisé, sacrifier ses études ou sa carrière, s’entraîner dans des conditions dangereuses et ne pas satisfaire à des besoins fondamentaux sont les comportements les plus fréquemment identifiés par les athlètes canadiens.[30]

Vidéo 2.2 Allison Forsyth : Qu’est-ce que la complicité ?

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Étude de cas :
Déterminer les types de préjudices

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Photo par Eduardo Cano Photo Co. sur Unsplash.

Au milieu de la saison, une gymnaste de haute performance s’est plaint d’une douleur au talon. Son médecin lui a conseillé d’y aller doucement à l’entraînement pendant un mois, car cela pouvait entraîner une déchirure du talon d’Achille. Son entraîneur lui a fait suivre un programme d’entraînement modifié axé sur le haut du corps, le tronc et la souplesse, qu’elle pouvait faire seule.

L’entraîneur ignorait le plus souvent l’athlète et se concentrait sur les autres athlètes qui étaient « là pour s’entraîner ». Voici un exemple de son entraînement modifié : on lui demandait de tenir une position de grand écart pendant cinq minutes et si son entraîneur estimait que son grand écart n’était pas aussi plat qu’il pouvait l’être, il venait appuyer sur ses épaules pour que ses jambes touchent le sol.

Souvent, l’athlète avait les larmes aux yeux en raison de la douleur vive que cette pression supplémentaire provoquait. Elle était assidue et suivait bien son plan d’entraînement, mais si son entraîneur la voyait se « relâcher », même si c’était pour boire ou aller aux toilettes, il lui criait après depuis l’autre côté du gymnase et l’humiliait devant les autres gymnastes. Comme conséquence, on l’obligeait à faire cent pompes et cent redressements assis pour compenser le manque d’effort perçu.

Deux semaines avant les qualifications, l’entraîneur lui a dit que si elle ne commençait pas à participer à des entraînements complets, elle ne serait pas autorisée à prendre part aux qualifications, ce qui signifiait qu’elle ne serait pas admissible aux grandes compétitions de la saison. L’athlète a donc décidé de s’entraîner à temps plein contre l’avis de son médecin.

Lequel des quatre types de préjudice observe-t-on ici ?

AthlètesCAN, l’association des athlètes des équipes nationales canadiennes, est le seul regroupement d’athlètes au pays qui soit totalement indépendant et aussi le plus inclusif, en plus d’être le premier organisme en son genre dans le monde. En tant que porte-parole des athlètes des équipes nationales du Canada, AthlètesCAN s’assure que le système sportif est centré sur l’athlète en formant des athlètes leaders qui influencent les politiques du sport et qui, en tant que modèles de comportement, inspirent une solide culture sportive.

AthlètesCAN : Première organisation au Canada à faire entendre la voix des athlètes

En 2019, AthlètesCAN, en partenariat avec l’Université de Toronto et avec le soutien du gouvernement du Canada, a annoncé la réalisation d’une étude de prévalence afin de brosser un portrait des expériences des athlètes de l’équipe nationale canadienne en matière d’abus, de harcèlement et de discrimination dans le sport.

À propos d’AthlètesCAN

Mission : Unir et amplifier les voix de tous les athlètes des équipes nationales canadiennes.

Vision : Nous sommes la voix collective des athlètes dans la poursuite inébranlable d’un système sportif centré sur l’athlète.

Valeurs : Dans son travail et par ses actes, AthlètesCAN soutient et incarne les valeurs suivantes axées sur l’athlète :

  • Intégrité : Nous menons selon une approche honnête et morale dans tout ce que nous faisons.
  • Courage : Nous trouvons la force de défendre ce qui est juste.
  • Inclusion : Nous représentons une diversité de membres et appuyons les voix de tous les athlètes.
  • Transparence : Nous sommes ouverts et vulnérables dans nos efforts pour créer un meilleur système sportif.

Histoire d’AthlètesCAN

AthlètesCAN joue un rôle unique et important dans le sport. Sous la direction d’un groupe dévoué d’athlètes actuels et retraités des équipes nationales, AthlètesCAN s’est tracé une riche histoire.

Il y a plus de deux décennies, des pionniers passionnés – dont Ann Peel, triple médaillée de bronze aux Championnats du monde en salle et championne des Jeux panaméricains (marche), Dan Thompson, double champion des Jeux du Commonwealth et double médaillé d’argent aux Jeux panaméricains (natation), Steve Podborski, membre des « Crazy Canucks » et médaillé de bronze olympique (ski alpin), Heather Clarke, olympienne de 1988 (aviron), Kay Worthington, double championne olympique (aviron),  Sandra Levy, olympienne de 1984 (hockey sur gazon); Shelley Steiner, olympienne de 1984 et de 1988 (escrime), Denise Kelly, championne du Tour de France, médaillée de bronze des Jeux panaméricains et entraîneure olympique en 2012 et 2016 (cyclisme) et Bruce Robinson, l’actuel chef de la direction de Ski acrobatique Canada – se sont rassemblés pour mettre au défi le système sportif canadien. Constatant le besoin d’un organisme indépendant, ils ont fondé une organisation – alors connue sous le nom d’Association des athlètes canadiens – qui représenterait l’ENSEMBLE des athlètes des équipes nationales, en qualité de porte-parole collectif plus puissant, relativement aux enjeux et initiatives qui importaient en sport.

Ces premiers temps aidèrent à créer un système sportif de plus en plus centré sur l’athlète et ont donné à des centaines d’athlètes la possibilité d’apporter leur contribution de plusieurs façons décisives.

Depuis lors, AthlètesCAN a investi dans le développement du leadership des athlètes par un travail efficace de représentation et d’éducation. Notre organisation a conçu des ressources visant à créer et à officialiser des mécanismes de rétroaction des athlètes dans l’ensemble du système sportif. Grâce à des partenariats stratégiques de plus en plus solides à l’intérieur comme à l’extérieur du système, AthlètesCAN continue d’inventer des façons novatrices d’assurer le caractère inclusif des prises de décision par l’information, la formation et la promotion d’un système sportif centré sur l’athlète. Au cours des dernières années, nous avons veillé à faire entendre la voix des athlètes dans les discussions et l’élaboration de politiques sur le sport sécuritaire. C’est une de nos plus importantes contributions au système sportif canadien. Un des moyens mis en œuvre pour y parvenir a été la réalisation d’une étude de recherche de référence en partenariat avec l’Université de Toronto, dans lequel les athlètes ont été interrogés à propos des mauvais traitements qu’ils ont subis dans le sport.

Dans les nouvelles

« Les membres de l’équipe féminine de rugby à 7 affirment qu’elles ont été abandonnées par la politique sur l’intimidation et le harcèlement de Rugby Canada » [traduction], par Neil Davidson, CBC Sports, 28 avril 2021

« Le scandale des abus au sein de la NWSL témoigne de la normalisation d’une culture toxique dans le sport » [traduction] , par Myles Dichter, CBC Sports, 8 octobre 2021

« Aly Raisman : Les conditions au ranch Karolyi ont placé les athlètes en position de vulnérabilité face à Nassar » [traduction], par Sally Jenkins, The Washington Post, 14 mars 2018

« À 17 ans, j’ai été violée par mon entraîneur de natation, mais USA Swimming a effacé toutes les traces » [traduction], par Sarah Ehekircher, The Guardian, 25 août 2020

Au cours des dernières années, les athlètes ont commencé à dénoncer les abus qu’ils subissaient. Ces récits, qui ont fait les manchettes, font état de violence psychologiques, de négligence, de violence physique et de violence sexuelle. Ils révèlent les défis auxquels les athlètes peuvent être confrontés à l’entraînement et en compétition. Dans le contexte canadien, il a été difficile pour les athlètes d’essayer de déposer des plaintes et de mettre en branle des processus d’examen officiels. Ces récits démontrent une situation similaire aux États-Unis. Lisez ces articles pour avoir quelques exemples de maltraitance dans le sport, en particulier envers les jeunes filles et les femmes, qui ont été révélés depuis 2018.

AthlètesCAN et la prévalence

La dernière étude de prévalence sur les expériences des athlètes canadiens a été menée il y a plus de 20 ans.[31] Depuis lors, on a assisté à un changement draconien de la culture propre au signalement des cas de violence sexuelle et à la protection des enfants et des jeunes. Non seulement cette étude de prévalence trace-t-elle un tableau des expériences des athlètes, elle sert aussi de source de données de référence en fonction desquelles on peut évaluer l’impact des initiatives futures de prévention et d’intervention. Elle souligne également l’importance de préserver les droits de la personne et le mieux-être des athlètes au Canada.

Le sondage en ligne anonyme a été élaboré par Gretchen Kerr, PhD, Erin Willson, candidate au doctorat et Ashley Stirling, PhD en collaboration avec AthlètesCAN et le groupe de travail sur le sport sûr d’AthlètesCAN. Le sondage a été distribué aux membres actuels de l’équipe nationale ainsi qu’aux membres à la retraite de l’équipe nationale et qui ont quitté le sport au cours des dix dernières années.

Au total, 1,001 athlètes ont participé à l’étude en remplissant le sondage en ligne. Sur ce total, 764 répondants sont des athlètes actuels, tandis que 237 répondants sont des athlètes à la retraite qui ont quitté leur sport à un moment donné au cours des dix dernières années.

Le chapitre 7 présente une analyse des résultats de l’étude.

Énoncés de consensus des athlètes

En 2019, AthlètesCAN a organisé un Sommet national sur le sport sûr en collaboration avec ses partenaires à Toronto. L’événement rassemblait cinquante athlètes, partenaires sportifs, experts, survivants et militants qui ont, avec un grand courage, partagé leurs expériences, leurs connaissances et leur vision pour un environnement sportif sécuritaire tant en sport récréatif qu’en sport de haut niveau. Les athlètes ont été mis au courant des résultats de l’étude de prévalence de Kerr et coll. (2019) (pour en savoir plus, consultez le chapitre 7).

À l’issue de discussions constructives, les participants sont parvenus à un certain nombre de déclarations consensuelles, dont :

  1. Que toute forme de mauvais traitement soit interdite.
  2. Pour les athlètes de plus de 18 ans :
    1. Que toute relation sexuelle entre une personne en position d’autorité et un athlète soit fortement déconseillée puisqu’elle crée la perception d’un parti pris, la perception d’un conflit d’intérêts, des répercussions négatives pour les autres coéquipiers et un déséquilibre des pouvoirs qui remet en question la capacité d’un athlète à donner son consentement.
    2. À la mise en œuvre de ce code, toute relation sexuelle qui a été entamée entre une personne en position d’autorité et un athlète doit être divulguée et la personne en position d’autorité doit quitter l’organisme. La non-divulgation pourrait entraîner des sanctions.
    3. Tout geste de représailles contre un athlète qui n’a pas consenti à des avances sexuelles ou à de la sollicitation ou des relations de nature sexuelle est strictement interdit et doit être sanctionné en conséquence.
  3. Qu’un organisme canadien défenseur du sport sûr (Sport sûr Canada) soit mis en place et responsable de tous les aspects du sport sûr, y compris, mais sans s’y limiter : les politiques, l’éducation et la formation, les enquêtes et les décisions ainsi que le soutien et la compensation.
  4. Que Sport sûr Canada soit un organisme indépendant de tous les autres organismes de régie du sport.
  5. Que l’on dispose d’un code universel de conduite valide pour tous les intervenants et qui se penche sur toutes les formes de mauvais traitement et les sanctions pertinentes.
  6. Que tous les intervenants suivent un module éducatif sur le sport sûr, motivé par des normes minimales harmonisées pour faire en sorte que les intervenants soient toujours en règle.

Lire les sections suivantes pour savoir dans quelle mesure chacun de ses six énoncés a été respecté.

Apprentissages clés

Depuis quelques années, le sport canadien a pris des mesures pour rendre son environnement plus sécuritaire. AthlètesCAN soutient que les athlètes et leur voix sont le moteur de ce changement. Les athlètes ont uni leurs forces pour faire de la sécurité dans le sport une priorité pour les administrateurs sportifs. Pour ce faire, ils ont mené des sondages et établi des énoncés de consensus pour faire entendre leurs revendications et proposer des solutions structurantes. Par l’intermédiaire d’AthlètesCAN, des athlètes actifs et à la retraite ont formé un groupe de travail sur le sport sûr dans le but de représenter la voix collective des athlètes dans les congrès nationaux et dans les comités responsables de la création du Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport (CCUMS) et du mécanisme national indépendant (MNI). Comme le démontre la chronologie au début du chapitre, plusieurs mesures structurantes sont le résultat direct des énoncés de consensus auxquels sont parvenus les athlètes en 2019.

Explications sur les énoncés de consensus du Sommet sur le sport sûr d’AthlètesCAN de 2019

Le premier énoncé stipule que toutes les formes de mauvais traitement doivent être prises en compte. Dans le passé, les initiatives de prévention et d’intervention portaient essentiellement sur les agressions sexuelles avec des politiques comme la « règle de deux » mise en place pour empêcher les jeunes athlètes de se retrouver seuls avec des délinquants sexuels potentiels (Association canadienne des entraîneurs, s. d.) (pour en savoir plus l’entraînement et la « règle de deux », référez-vous au chapitre 6). Le CCUMS décrit toutes les formes de maltraitance inacceptable, dont les comportements sexuels, physiques, physiologiques et de négligence.[32]

Le deuxième énoncé, qui stipule que les athlètes de tout âge sont concernés, a également été intégré au CCUMS. Le CCUMS ne précise pas l’âge parce qu’il est évident que les comportements mentionnés sont dommageables à tout âge.[33]

Le deuxième énoncé, qui stipule que les athlètes de tout âge sont concernés, a également été intégré au CCUMS. Le CCUMS ne précise pas l’âge parce qu’il est évident que les comportements mentionnés sont dommageables à tout âge.[34]

La mise sur pied du mécanisme national indépendant (MNI) en 2021 répond aux énoncés 3 et 4. Bien qu’il ne soit pas complètement indépendant parce qu’il est administré par un autre organisme, il s’agit d’une ressource externe qui défend de la même façon les intérêts de toutes les parties (athlètes, entraîneurs et administrateurs sportifs). Le mécanisme indépendant est également responsable de la recherche, du volet éducatif et de la formation (énoncé 3).

La création et la mise en œuvre du Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport dans le sport répondent à l’énoncé 5.

La formation obligatoire de l’Association canadienne des entraîneurs créée en 2020 répond à l’énoncé 6. Aujourd’hui, la formation sur le sport sécuritaire est obligatoire pour tous les intervenants, mais les données sont insuffisantes pour confirmer que c’est bien le cas.

Parce que les changements sont une réponse à leurs demandes, AthlètesCAN maintient que les athlètes ont joué un rôle essentiel dans ce mouvement. Par contre, il est intéressant de constater que plusieurs décisions qui les concernent ont été prises sans leur participation.   Par exemple, beaucoup d’athlètes ne sont pas représentés ou n’ont pas le droit de vote au sein du conseil d’administration de leur ONS et c’est là que se prennent bon nombre de décisions. Nous implorons les organismes de sport de continuer à demander l’avis de leurs athlètes et de les inclure à la prise de décision. Il est possible de le faire en systématisant la représentation des athlètes dans les structures et les pratiques de gouvernance.

Vidéo 2.3 Danielle Lappage : Participation au Sommet sur le sport sûr d’AthlètesCAN

Vidéo fournie par AthlètesCAN. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

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« Les athlètes canadiens représentent fièrement notre pays avec honneur, de la classe et un succès généralisé depuis de nombreuses années. Les ONS du Canada travaillent avec acharnement pour fournir des structures qui soutiennent les exploits de nos athlètes. Afin de mieux utiliser ces structures, il est primordial que les athlètes aient une place à la table, au sens propre comme au sens figuré. En outre, en tenant compte de l’opinion des athlètes dans les processus de prise de décisions et de gouvernance des ONS, les institutions sportives du Canada amélioreront leur efficacité et leur transparence tout en faisant la promotion des idéaux démocratiques. Les actes de bonne foi, l’inclusion et la volonté de réussir sont tous des vertus nécessaires pour promouvoir la voix des athlètes au sein des structures de gouvernance sportive du Canada. » – AthlètesCAN, 2020

Vous pouvez lire le rapport complet « L’avenir de la représentation des athlètes au sein des structures de gouvernance des organismes nationaux de sport » en ligne.

Une approche centrée sur l’athlète

Une approche centrée sur l’athlète lui permet de jouer un rôle plus actif dans sa carrière sportive, en particulier à ce qui a trait à la prise de décision. Jowett et Cockerill (2003) postulent qu’une telle approche réduit la dépendance de l’athlète envers son entraîneur en lui permettant de contribuer à parts égales au processus. Dans leur document de réflexion « Athlete-Centred Sport » daté de 1994, Clarke, Smith et Thibault traitent des propriétés d’un système sportif centré sur l’athlète :

  • Dans un système sportif centré sur l’athlète, ses besoins et ses objectifs sont aux fondements des valeurs, des programmes, des politiques, des priorités ainsi que de l’allocation des ressources.
  • « L’élément central du sport devrait être de contribuer au développement général de l’athlète pour en faire une personne équilibrée et en santé. »
  • Les athlètes sont la raison d’être du système sportif. Par conséquent, dans le but de maintenir l’intégrité et la valeur du sport, il est essentiel que les athlètes vivent une expérience positive.
  • Les athlètes sont les SUJETS ACTIFS du sport, et non pas ses objets.
Figure 2.2 Caractéristiques d’un système sportif centré sur l’athlète
[Description de l’image]

L’engagement formel du Canada envers une « approche centrée sur l’athlète »

Mise en contexte

À la suite de l’affaire Ben Johnson en 1988, l’environnement sportif a fait l’objet d’une commission d’enquête.[35] Le juge en chef de la cour d’appel de l’Ontario, Charles Dubin, est chargé de l’enquête connue sous le nom de « Commission Dubin ». Ses conclusions révèlent une culture de la victoire à tout prix dans le sport canadien au détriment de la santé et du bien-être des athlètes.[36] Dans la foulée de cette enquête, le Canada commence à mettre en œuvre des changements pour adopter une approche davantage centrée sur l’athlète en fondant notamment AthlètesCAN en 1992 et le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), alors l’Organisme antidopage canadien (OAC).

Le Canada s’est officiellement engagé envers une approche centrée sur l’athlète dans ses politiques dont :

  • la politique sportive canadienne de 2003.
    • Y sont définis les quatre grands objectifs du sport canadien : une participation accrue, une excellence accrue, des ressources accrues et une interaction accrue. L’élargissement de ces objectifs indique que la participation sportive n’est pas seulement une affaire de haute performance, mais reconnaît qu’une pratique sportive est bénéfique pour l’ensemble de la population canadienne.[37]
  • la stratégie canadienne du sport de haut niveau 2019 « Bonne gouvernance »
    • Le but est énoncé comme suit : « Les athlètes canadiens obtiennent systématiquement d’excellents résultats dans le cadre de compétitions internationales de haut niveau, et ce, de manière juste et éthique. »[38]

Étude de cas :
Scandale de dopage Ben Johnson

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Photo par Chau Cédric sur Unsplash.

« Faire face au dopage : Ce que le monde sportif peut tirer du Canada et de l’héritage de Ben Johnson  » [traduction], par Sarah Bridge, CBC, 12 février 2018.

Lors des Jeux olympiques d’été de 1988 à Séoul en Corée du Sud, le sprinteur canadien Ben Johnson a remporté la médaille d’or du 100 mètres en 9,79 secondes. Plus tard, on a découvert que l’athlète et cinq autres finalistes avaient consommé des produits dopants. La commission d’enquête Dubin a par la suite levé le voile sur l’inefficacité des politiques et des procédures de tests antidopage du gouvernement canadien. Créée à la suite des révélations sur Johnson, la commission a entraîné la fondation de l’Organisme antidopage canadien (OAC), un organisme indépendant de supervision des tests antidopage à l’échelle canadienne. Depuis, l’OAC est devenue le Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES), nom qu’il porte encore aujourd’hui. 8— La Commission Dubin s’est penchée uniquement sur les athlètes de haut niveau pour déterminer les raisons qui sous-tendent l’usage répandu de substances dopantes dans le sport haute performance canadien, et non sur le système dans son ensemble.

Quelles leçons les leaders sportifs ont-ils tirées du scandale en ce qui a trait à la mise en œuvre d’une approche centrée sur l’athlète ? Qu’est-ce qui reste encore à faire ?

Vidéo 2.4 Camille Bérubé : Le point de vue des athlètes sur sport sécuritaire

Vidéo fournie par AthlètesCAN. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Barrières perçues pour les athlètes

Une des principales lacunes relevées par les athlètes est l’absence d’un espace sécuritaire où signaler les mauvais traitements. La plupart du temps, ils et elles doivent porter plainte à leurs supérieurs qui ont également le pouvoir de prendre des décisions à leurs détriments. Par exemple une athlète de l’équipe nationale qui a des difficultés avec un entraîneur devrait porter plainte à l’organisme national de sport, un geste qui pourrait avoir des conséquences sur sa carrière parce c’est là que se prennent les décisions sur la sélection dans l’équipe. Beaucoup d’athlètes ont le sentiment de ne pas avoir d’espace sécuritaire pour signaler leurs expériences.

Vidéo 2.5 Neville Wright : Le point de vue d’athlète sur discrimination raciale dans le sport

Vidéo fournie par AthlètesCAN. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Lors de sa présentation à l’occasion du Forum sur le sport sécuritaire organisé par le Centre for Sport Capacity de l’université Brock, Allison Forsyth, olympienne et membre du conseil d’administration d’AthlètesCAN a commenté l’étude sur les mauvais traitements dans le sport (indiquée plus haut dans le chapitre) en soulignant des difficultés rencontrées par les athlètes qui voudraient signaler de mauvais traitements.[39] Lisez les citations ci-dessous qui portent sur l’un des six thèmes relatifs aux barrières perçues par les répondants.

Thème 1 : L’absence de signalements sécuritaires

« Certains auront une opinion négative des résultats de l’étude, mais mettre en lumière la nature extrême des problèmes et se doter d’un point de comparaison nous permettra ensuite d’apporter des changements concrets. »

« Les athlètes font rarement des signalements. C’est aussi simple que ça. Ils ne sont pas à l’aise de le faire ou ils ont peur d’en parler à une personne qui a un intérêt direct dans le dénouement de l’affaire. J’ai fait un signalement sans avoir de résultat positif. Dénoncer, ce n’est pas facile. On doit être en mesure de soutenir les athlètes qui le font. Il doit y avoir un espace sécuritaire de dénonciation exempt de conflits d’intérêts.

« Le système actuel est brisé et inutile. Les autres entraîneurs étaient au courant et ils n’ont rien fait. Tout le monde ferme les yeux. On a peur des conséquences. »

« Quand une athlète ou une équipe dit que l’entraîneure n’est pas apte et que son comportement est reçu comme du harcèlement, écoutez-les ! Ce n’est pas correct de voir ce qui va se passer et d’attendre que les problèmes se règlent d’eux-mêmes. Quand douze personnes donnent des exemples de comportement inacceptable, ça veut dire qu’il y a un problème. On ne dit pas à ses athlètes « qu’ils se plaignent pour rien et qu’ils doivent faire avec ».

« Je n’ai pas présenté de plainte officielle parce que le processus était fastidieux et que j’avais peur des répercussions. Mentalement, ça aurait été difficile de composer avec ça en continuant à m’entraîner. »

« Quand les athlètes se plaignent ou remettent les décisions en question, on leur dit de se taire. »

Dans la pratique : Environnement sportif centré sur l’athlète

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Imaginez que vous avez été embauché pour faire une évaluation d’un environnement sportif (peut-être celui dont vous êtes ou avez fait partie). Pouvez-vous identifier les aspects de l’environnement sportif qui seraient considérés comme centrés sur l’athlète ? Y a-t-il des suggestions auxquelles vous pouvez penser pour rendre l’environnement sportif plus centré sur l’athlète?

Thème 2 : Absence de protection des dénonciateurs

« Mon ONS ne m’a pas très bien soutenu pendant une enquête pour harcèlement. Les accusés ont été reconnus coupables, mais les conséquences ont été très mineures. Le harcèlement a jeté une ombre sur toute ma carrière. »

Thème 3 : Le manque de conséquences sérieuses

« Au moins cinq athlètes ont quitté l’équipe en raison de problèmes de santé mentale en corrélation directe avec l’entraîneur en chef. Notre équipe s’est classée troisième et il est resté en poste même s’il y avait de l’abus. »

Thème 4 : L’absence d’inclusion dans la conversation et le manque de représentation officielle

Souvent, on ne tient pas compte des athlètes dans la conversation sur les mauvais traitements. Des athlètes se sont vus donner les raisons suivantes :

  • Les athlètes actuels ont un conflit d’intérêts.
  • Les athlètes actuels n’ont pas l’expertise nécessaire.
  • Les athlètes n’ont pas de rôle qui leur permet de donner officiellement leur avis.

« Cela comprend l’utilisation de CI pour exclure les postes de RA des conseils d’administration des ONS, les enjeux liés au recrutement des RA qui n’ont pas les compétences et les qualifications souhaitées pour devenir membres du conseil d’administration ainsi que les obstacles géographiques qui peuvent empêcher les athlètes d’assister aux réunions du conseil d’administration et de jouer. »[40]

Thème 5 : Le manque de conscientisation sur ce qui est acceptable ou non

Il y a un manque de conscientisation en raison de la normalisation de certains mauvais comportements.

« Tous les athlètes, entraîneurs et officiels devraient suivre un cours obligatoire sur le sport sécuritaire. »

« On devrait obliger les entraîneurs à suivre une formation pour apprendre comment traiter les situations de harcèlement et de mauvais traitements entre les membres d’une équipe. Mon entraîneur faisait l’autruche et me disait que ce n’était pas son travail. Je sais qu’on se concentre sur le harcèlement et les mauvais traitements perpétrés par les entraîneurs, mais je crois qu’on devrait s’attaquer également aux problèmes entre pairs. »

Thème 6 : La nécessité d’une meilleure conscientisation

« Il va falloir en faire plus pour faire comprendre « qu’on ne peut plus faire pareille chose. »

« On doit enseigner aux entraîneurs de sexe masculin qu’il est toujours déplacé de parler de sexualité, que cela ait un lien avec l’athlète ou non. Il faut enseigner aux entraîneurs qu’ils ne doivent jamais discuter de leurs problèmes personnels avec les athlètes. Jamais. » Comme l’écrit un athlète : « les entraîneurs sont des éducateurs. La plupart des profs de math seraient congédiés pour avoir crié après un élève qui donne la mauvaise réponse. L’ancienne façon de faire, ça suffit. »

Conclusion et la voie à suivre

Vidéo 2.6 : Erin Willson : Le sport sécuritaire, c’est quoi ?

Vidéo fournie par le Brock University Centre for Sport Capacity. Utilisé avec autorisation. [Transcription]

Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, on constate des améliorations et des actions en faveur d’un environnement sportif sécuritaire. Nous croyons que les athlètes sont aux fondements de ce mouvement et nous nous devons donc de les protéger et de les écouter. Nous croyons que la meilleure solution pour l’avenir repose sur la coopération entre tous les acteurs : administrateurs, organismes de sport, entraîneurs et athlètes. Les athlètes n’accaparent pas le pouvoir pour autant. Nous proposons seulement qu’ils fassent partie de la réflexion.

En outre, nous devons nous débarrasser de la mentalité « eux contre nous » qui persiste entre les différents acteurs du monde sportif et plus particulièrement entre les athlètes et les autres instances. Certains craignent qu’un plus grand pouvoir aux athlètes plonge le sport dans le chaos et dans une situation ingérable. Aujourd’hui, les athlètes demandent à être protégés, et nous croyons qu’un système qui donne une voix à tous et place les athlètes au centre de ses décisions sera plus sécuritaire, plus accueillant et plus inclusif.

 

 Termes clés  

 

 

Suggestion de travaux

  1. Le rapport Dubin, nommé « Commission d’enquête sur le recours aux drogues et aux pratiques interdites pour améliorer la performance athlétique » résume les faits et circonstances entourant l’usage de drogues et de substances illicites à des fins d’amélioration de la performance athlétique. Relisez les recommandations du chapitre 26 du rapport. Est-ce que le système sportif canadien a intégré les recommandations de Dubin ? Pourquoi ?
  2. Une étude réalisée en 2017 par Laurie de Grace à l’université de l’Alberta a conclu que la culture sportive peut mener les athlètes à l’alcoolisme et à la toxicomanie pour les aider à gérer la pression. Lisez le rapport  « Part of the Culture » : l’étude suggère un lien entre les sports et les problèmes de dépendances. » Comment une approche centrée sur l’athlète permettrait-elle de réduire le risque d’alcoolisme et de toxicomanie chez les athlètes ?
  3. Lisez « Prochaines étapes du parcours vers le sport sécuritaire : De la prévention des dommages à l’optimisation des expériences » par Gretchen Kerr et répondez aux questions suivantes :
    1. Selon votre point de vue, quels sont les éléments qui permettraient de créer un environnement sportif sécuritaire, accueillant et inclusif ?
    2. Quelles influences de la société ont accéléré une prise de conscience dans le sport ?
    3. Certains entraîneurs ou administrateurs sportifs sont réfractaires aux mesures entourant le sport sécuritaire. Pourquoi ? Nommez un exemple pour chacune des étapes du changement.
  4. Relisez « L’avenir de la représentation des athlètes au sein des structures de gouvernance des organismes nationaux de sport » d’AthlètesCAN et répondez aux questions suivantes :
    1. Quel impact a eu la Loi sur les organisations à but non lucratif de 2011 sur la représentation des athlètes au sein des conseils d’administration des ONS ?
    2. Quels sont les domaines de consensus et préoccupations concernant l’approche centrée sur l’athlète de la gouvernance au sein du système sportif ?
    3. À votre avis, où placeriez-vous les ONS canadiennes sur le continuum de représentation des athlètes et quelles sont les répercussions sur l’approche centrée sur l’athlète du Canada ? Quelles sont les répercussions de l’approche centrée sur l’athlète sur le sport sécuritaire ? Qu’est-ce qui serait nécessaire pour atteindre le pôle démocratique du continuum ?

 Descriptions de l’image

Figure 2.1 Cette figure montre la différenciation entre les relations et les termes, y compris l’intimidation, l’abus et le harcèlement. La maltraitance est commise par mauvais usage du pouvoir. Dans le cadre d’une relation de dépendance, cela s’appelle d’abus. Entre pairs, cela s’appelle d’intimidation. Dans le cadre d’une relation d’autorité et non dépendante, cela s’appelle du harcèlement. Ces trois types de préjudices se manifestent par des préjudices physiques, psychologiques et sexuels, ainsi que par de la négligence. [retour au texte]

Figure 2.2 Cette figure illustre les neuf caractéristiques d’une approche centrée sur l’athlète qui comprennent responsabilisation, respect mutuel, autonomisation, équité et impartialité, excellence, responsabilité élargie, santé, participation éclairée, soutien mutuel, et droits. [retour au texte]

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  40. AthlètesCAN. (2021). L’avenir de la représentation des athlètes au sein des structures de gouvernance des organismes nationaux de sport, p. 19.

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