Collecte et propriété des données

Au cours de la phase de collecte de données, les chercheuses et chercheurs des humanités numériques procèdent souvent à une évaluation réflexive des déséquilibres de pouvoir imposés par la culture dans les systèmes numériques. Cette position critique présente des défis uniques en matière de GDR en tant qu’ensemble de pratiques couramment adoptées. Parallèlement, le préjugé à l’égard des principes de l’éducation ouverte fait en sorte que les humanités numériques sont un excellent lieu d’élaboration de pratiques exemplaires en matière de collecte et de partage de données culturellement sensibles, interdisciplinaires et axées sur le monde. 

Il existe de nombreux exemples de communautés autodéfinies dotées de leurs propres protocoles tacites ou explicites de propriété communautaire ou collective qui ont une incidence sur votre processus de collecte de données. Toutes ces approches nécessitent la création à long terme de relations communautaires et peuvent prendre plus de temps que vos échéances de financement. Dans de tels cas, les exigences des comités d’éthique de la recherche (EPTC2), ou les paramètres du droit de la propriété intellectuelle ne vont pas assez loin pour établir des approches éthiques en matière de collecte de données et de partage subséquent. 

L’affirmation de la souveraineté des données par les Premières Nations, les Métis et les Inuits en solidarité avec les mouvements mondiaux de souveraineté des données autochtones est un exemple frappant de cette nécessité de travailler avec les protocoles communautaires. Ce mouvement demande aux chercheuses et chercheurs qui travaillent avec les communautés autochtones ou avec des données appartenant à des Autochtones de reconnaître que les protections existantes en matière de consentement personnel et individuel et de protection de la confidentialité des données ne respectent pas la vie privée des communautés ni les protections collectives en matière de consentement et de confidentialité des données appuyées par une infrastructure de données contrôlée par la communauté, qui sont essentielles aux pratiques d’éthique relatives aux données autochtones. De plus, ce mouvement reconnaît que les lois sur la propriété intellectuelle des nations coloniales sont en concurrence avec les protocoles du droit, du savoir traditionnel et de l’expression culturelle autochtones. Ainsi, les principes CARE peuvent donner une orientation dans ce domaine et, en ce qui concerne des travaux avec les communautés des Premières Nations, les principes PCAP® s’appliquent. 

Toute cette attention portée aux protocoles se retrouve à l’étape de la collecte des données, car vous devez travailler avec les membres de la collectivité avant de recueillir des données pour vous assurer que leurs droits, leur patrimoine et leurs pratiques sont respectés. Comme le décrit le Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations [traduction] « les Premières Nations s’intéressent à l’information qui les décrit. Il importe peu qu’elle soit recueillie ou détenue par les Premières Nations ou par une autre entité comme un gouvernement ou une université. Les Premières Nations affirment le droit de régir la façon dont l’information sera utilisée et divulguée, ainsi que les limites ou conditions qui doivent être imposées à son utilisation. Le droit des communautés des Premières Nations de posséder, de contrôler, d’accéder à et de détenir de l’information sur leurs peuples est fondamentalement lié à l’autodétermination ainsi qu’à la préservation et à l’épanouissement de leur culture. » (PCAP®) 

Or, les principes FAIR et les humanités numériques préconisent un accès ouvert aux données, un plus grand partage et des licences ouvertes, ce qui va à l’encontre des droits de contrôle et de propriété des Autochtones sur la collecte et l’utilisation du savoir autochtone. La Global Indigenous Data Alliance (GIDA) et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) mettent les expressions de souveraineté qui ont lieu dans ce contexte mondial et local au service des meilleures pratiques de gestion des données. Bien que ces outils puissent être un bon moyen d’en apprendre davantage sur la collaboration avec les communautés des Premières Nations, des Métis ou des Inuits, chaque communauté aura ses propres protocoles de collaboration. 

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Manuel d'introduction aux données : rendre publiques les données de recherche en sciences humaines numériques Droit d'auteur © 2022 par Felicity Tayler; Marjorie Mitchell; Chantal Ripp; et Pascale Dangoisse est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.