Point de départ en gestion des données de recherche

3 Souveraineté des données autochtones : en marche vers l’autodétermination et de bonnes données

Mikayla Redden et Dani Kwan-Lafond

Objectifs d’apprentissage

À la fin de ce chapitre, vous pourrez :

  1. Exprimer clairement l’importance de la souveraineté des données autochtones et son rôle dans l’autodétermination des peuples autochtones.
  2. Identifier les données qui se concentrent sur les déficits et expliquer en quoi ces données sont préjudiciables.
  3. Définir les différences entre les prémisses de la culture de recherche occidentale/dominante et celles de la culture de recherche autochtone et comprendre leur impact sur la prise de décision fondée sur les données lors du processus de la recherche.

Introduction

« Peuples autochtones » est probablement l’expression la plus galvaudée au sein de la population mondiale contemporaine pour décrire les peuples colonisés ou anciennement colonisés qui, de nos jours, sont unis sur le plan politique en raison d’un passé commun de dépossession et d’exploitation territoriale et culturelle à la suite de la colonisation. Ce chapitre se concentre sur l’histoire et les itérations contemporaines de vol et d’exploitation du savoir des communautés autochtones (dans ce contexte particulier, il s’agit de collecte de connaissances autochtones sans demander la permission des partenaires au sein de la communauté ou sans les consulter). Il y est également question de la souveraineté de ces communautés en ce qui a trait à leurs propres données. L’exploration en profondeur du savoir et la souveraineté des données se croisent, car les données numériques constituent la manière la plus courante de stocker et d’archiver les connaissances qu’utilisent les membres des communautés et les chercheuses et chercheurs.

Pour commencer, nous présenterons un bref historique de la communauté politique mondiale des peuples autochtones. Nous mettrons l’accent sur l’impact de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) au Canada. Dans le contexte canadien, « Autochtone » fait référence à trois groupes distincts sur le plan ethnique et culturel : Premières Nations, Métis et Inuit.

Les Nations Unies et l’autodétermination des peuples autochtones

La DNUDPA a été adoptée en 2007 par tous les États membres des Nations Unies, à l’exception de quatre États-nations coloniaux : le Canada, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et les États-Unis (Nations Unies, 2007). Ils ont signé la Déclaration en 2012, après que les peuples autochtones de ces États membres et leurs alliés aient déployé des efforts considérables. La DNUDPA est un prolongement du système des Droits de la personne, lequel est défini le plus clairement dans la Déclaration universelle des droits de la personne de 1960. La DNUDPA ne contient pas de droits de la personne, mais elle définit et affirme les droits dont sont souvent privés les peuples autochtones (Erueti, 2022).

L’accès aux droits des peuples autochtones, ou le fait de les en priver, varient beaucoup à l’échelle internationale. Si les États colonisateurs se définissent en partie par leur domination majoritaire sur les communautés autochtones à l’intérieur de leurs frontières, il y a encore des aspects locaux, historiques et culturels particuliers à ces contextes à prendre en considération.  Les contextes locaux auront une incidence sur la manière de négocier et de prendre des décisions sur l’accès et le contrôle des données, de l’information et du savoir; toutefois, ils sont trop nombreux pour que nous nous y attardions maintenant. Nous soulignons plutôt la nécessité de comprendre la politique et le rôle des cadres stratégiques lorsqu’il est question de favoriser la souveraineté des données, de l’assurer, tout en prévenant le vol et l’exploitation du savoir.

La DNUDPA constitue le cadre de référence des droits de la personne le plus connu et le plus récent qui tente de restituer et de maintenir les droits des peuples autochtones. Il est important de mentionner la Convention 169 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) (1989), que la plupart des États-nations d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud ont signée et adoptée avant que la DNUDPA soit élaborée. L’OIT est une agence de l’ONU. Elle met l’accent sur les travailleuses et travailleurs et les conditions de travail des États-nations membres. La Convention 169 est une révision de la Convention 107 relative aux populations aborigènes et tribales (1957), en plus d’un changement de titre. Elle a vu le jour dans le sillage de la Deuxième Guerre mondiale en raison de l’oppression et de la discrimination dont étaient victimes les peuples autochtones.

La Convention 107 et la Convention 169 révisée sont des lois dans les États-nations qui les ont adoptées (Hanson, s.d.-a; s.d.-b). La Convention 169 est composée de 44 articles qui définissent des normes minimales en matière de soins de santé, d’éducation et d’emploi. Elle reconnaît également le droit à l’autodétermination et en appelle aux États-nations de protéger les peuples autochtones afin qu’ils ne soient pas déplacés (Hanson, s.d.-a; s.d.-b). Alors que les cadres stratégiques précédents en matière de droits de la personne reposaient sur les droits individuels, la DNUDPA élargit ces droits aux groupes collectifs des peuples autochtones, y compris ceux qui vivent en tant que groupes minoritaires au sein d’États-nations plus grands (comme c’est le cas au Canada). Ce cadre stratégique mondial met l’accent non seulement sur les droits et les identités collectives, mais également sur l’autodétermination et le droit au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause (CLPCC). De plus, il fait référence aux préjudices historiques et actuels et présente également des mesures de réparation (Erueti, 2022). L’adoption de la DNUDPA était ambitieuse en ceci qu’elle dépend de l’adoption, par chaque État membre, d’une législation en vertu de la DNUDPA (contrairement à la Convention 169).

Une histoire de peuples autochtones et de mauvaises données

Les relations entre les peuples autochtones et le gouvernement dans leurs pays anglo-saxons tourne autour des politiques administratives et des programmes qui en découlent. C’est notamment le cas au Canada où le mandat de Services aux Autochtones Canada (SAC) se lit, en partie, comme suit : « Notre vision est d’appuyer et d’habiliter les Autochtones afin qu’ils puissent offrir de façon indépendante des services et aborder les différentes conditions socio-économiques au sein de leurs communautés. » (Services aux Autochtones Canada, 2022). SAC se concentre sur les désavantages et les disparités sociales des peuples autochtones et sur la manière dont l’État-nation colonial peut les aider. Le discours est semblable dans les mandats du United States Department of the Interior Bureau of Indian Affairs (2023) et du cadre de travail Closing the Gap de la National Indigenous Australian Agency (2022) (pour accéder à une analyse détaillée de ces politiques, consultez Walter et al., 2021). Chacune de ces organisations coloniales fonde les décisions relatives à leurs politiques sur des données.

Dans tous ces pays, les données dépeignent les peuples autochtones comme ayant une mauvaise santé, des niveaux d’éducation plus faibles et un statut socioéconomique inférieur, ce qui se traduit souvent par des taux d’incarcération, de victimisation et de suicide incroyablement élevés – des taux justifiés par les chiffres colligés. Toutes ces nations disposent de politiques actives pour assimiler les peuples autochtones au sein de la société anglo-saxonne en retirant de force les enfants de leurs familles et de leurs communautés. Les Autochtones ne contestent pas ces données, mais ils remettent en question les prémisses de nature sociale, raciale et culturelle faites par les personnes qui recueillent les données (Walter et Andersen, 2013). De telles prémisses ne nous donnent qu’un aperçu étroit, colonisé des réalités autochtones (Walter et Suina, 2019). Par conséquent, les politiques et programmes élaborés sur la base de ces données ne reflètent pas les besoins des peuples autochtones. Toutes les données recueillies auprès de ces derniers devraient être contrôlées, interprétées et gérées par eux, en leur y donnant accès.

Ce chapitre présente l’idée de la souveraineté des données autochtones, soit le droit des peuples autochtones de collecter, d’analyser, d’interpréter, de gérer, de distribuer et de réutiliser les données auxquelles ils ont accès et qui sont dérivées de leurs communautés ou en lien avec elles. Il y sera également question des cadres de travail et des stratégies qui affirment la souveraineté des données autochtones dans la culture de recherche dominante.

Données autochtones : de quoi s’agit-il? En quoi la situation serait-elle différente dans le cadre de l’autodétermination autochtone?

« Données autochtones » est une expression générique qui fait référence à l’information et au savoir au sujet des personnes, des groupes, des organisations, des manières de savoir et de vivre, des langues, des cultures, de la terre et des ressources naturelles. Elles existent sous divers formats, notamment le savoir traditionnel, soit l’information transmise de génération en génération. Il comprend les langues, les récits, les cérémonies, les danses, les chants, les arts, la chasse, le piégeage, la cueillette, la préparation ainsi que le stockage des aliments et des médicaments, la spiritualité, les croyances et les visions du monde. Les données autochtones comprennent également les données numériques et numérisées recueillies par des chercheuses et chercheurs, des gouvernements et des établissements non gouvernementaux (Walter, 2018; First Nations Information Governance Centre, 2016; Walter et al., 2021; Walter et Suina, 2019).

À l’échelle des nations colonisées, les données autochtones recueillies par les chercheuses ou chercheurs gouvernementaux et non gouvernementaux mettent l’accent sur les différences, les écarts, les désavantages, le dysfonctionnement et la privation des peuples autochtones, ou ce que Walter (2016, 2018) appelle les 5 D (differences, disparities, disadvantages, dysfunction, deprivation). Ces données manquent de contexte social et culturel, car la collecte est effectuée par des chercheuses ou chercheurs et des responsables issus de points de vue non autochtones qui comparent les données à leurs réalités coloniales. Peu importe les analyses réalisées, les statistiques qui orientent les politiques ne sont pas valides, car elles proviennent de données 5 D; par conséquent, l’accent est entièrement mis sur les déficits (Walter et Suina, 2019).

Les données doivent varier largement parmi les communautés autochtones; toutefois, tous s’entendent pour dire que les données autochtones doivent rendre compte des réalités sociale, politique, culturelle et historique des vies autochtones afin de soutenir les besoins autodéterminés des peuples autochtones (Walter, 2018; Walter et Suina, 2019). Ces données se trouvent au cœur du mouvement de souveraineté des données autochtones et sont affirmées en vertu de la DNUDPA.

Le mouvement de souveraineté des données autochtones préconise l’autonomie gouvernementale, c’est-à-dire que les peuples autochtones contrôleraient tous les aspects du processus de recherche, de la conception de l’idée à l’utilisation des données obtenues. Sans la souveraineté des données autochtones, il est impossible de vérifier qu’elles rendent compte de la riche diversité des visions du monde, des manières de savoir, des priorités, des cultures et des valeurs autochtones (Walter et Suina, 2019).

Organisations d’autonomie gouvernementale en matière de données autochtones dans les nations anglo-saxonnes:

Interagir avec le savoir autochtone

Avant d’aborder les pratiques exemplaires relatives à l’utilisation des données autochtones, vous devriez connaître les prémisses suivantes qui distinguent les pratiques de recherche autochtones des pratiques eurocentriques.

Tableau 1. Différences entre les pratiques de recherche eurocentriques et autochtones.
Prémisses eurocentriques Prémisses autochtones
Les chercheuses et chercheurs demeurent objectifs et impartiaux. La recherche N’EST PAS objective et impartiale. C’est impossible. Les chercheuses et chercheurs sont en relation avec tout ce qui vit, y compris les sujets humains et non humains de leur recherche. Les émotions sont reliées à la connaissance. Lorsque nous pensons, nous utilisons la raison, qui est liée à nos émotions, ce qui rend la recherche subjective.
La recherche est planifiée et dirigée par les chercheuses et chercheurs. La recherche repose sur la communauté. Les membres de la communauté façonnent toujours la question de la recherche. Quel que soit le sujet, la recherche nous permet de rassembler des connaissances qui concourent à un objectif commun : créer une action sociale. La connaissance combinée à l’action mène au changement social.
Le processus de recherche n’affecte pas la chercheuse ou le chercheur. La croissance personnelle de la chercheuse ou du chercheur constitue un résultat important (parce que la recherche est subjective).
Aucun élément de l’échantillon, matériel ou humain, n’est plus précieux que les autres (hormis une étude de cas). Les membres les plus âgés de la communauté sont probablement ceux qui détiennent les connaissances les plus précieuses. Omettre de les faire participer au processus de recherche signifie qu’il ne repose pas sur le savoir traditionnel. Une mise en garde : tous les membres âgés de la communauté ne sont pas nécessairement des « aînées et aînés ». Il y a des membres plus jeunes de la communauté qui détiennent un savoir ou un vocabulaire traditionnel. Par conséquent, les expressions « Enseignante traditionnelle et Enseignant traditionnel », « Gardienne et Gardien du savoir » ou « Gardienne et Gardien du vocabulaire » s’avèrent davantage descriptives.

En plus de ces prémisses, les peuples autochtones prennent en considération les quatre « R » suivants dans tout le cycle de recherche, y compris la publication : relationnalité, respect, réciprocité et responsabilité.

  • La relationnalité se trouve au cœur de toutes les visions du monde et des systèmes de connaissances autochtones (Wilson, 2008). Les relations alimentent toutes nos expériences, pour citer Littletree et al. (2020); elles sont « centrales à la définition d’Autochtone[1] » [traduction]. Dans nos interactions avec le monde, nos relations font en sorte que nous sommes redevables dans chaque situation. Nos relations comprennent celles avec la terre, nos ancêtres et les générations à venir. Nous sommes nos relations et nous sommes composés de relations avec quatre mondes : les parties intellectuelle, spirituelle, émotionnelle et physique de nous-mêmes (Archibald, 2008). Il est essentiel que les chercheuses et chercheurs qui s’intéressent aux modes de savoir autochtones comprennent que toutes les données, les livres, les articles, les récits, l’art et les autres produits sont nés de relations (Meyer, 2008). Fruit du peuple, c’est ce qu’on appelle le savoir commun. Celui-ci peut prendre diverses formes : récits et langues partagés, cérémonies, célébrations et cycles de la vie (Holm et al., 2003). Dans les modes de savoir autochtones, ces relations se transforment en actions : poser des questions, observer des danses, écouter des proches, rêver, raconter des histoires, vivre des événements de la vie, fabriquer de l’art et participer à des activités intergénérationnelles comme planter des graines et en prendre soin pour qu’elles germent et poussent afin d’en faire la récolte à l’automne. L’expression de ces moyens de savoir prend une forme tangible : des documents, des chansons, des outils, des robes traditionnelles, des contes écrits ou oraux, des livres, de la nourriture, des peintures, des gravures et de la poterie. Souvent, des organisations du savoir les détiennent, comme des bibliothèques, des musées, des écoles, des organisations sacrées et des nations autochtones (Kidwell, 1993). Le caractère relationnel au centre de ces éléments échappe souvent aux chercheuses et chercheurs ainsi qu’aux organisations du savoir non autochtones. Pour comprendre davantage la relationnalité, consultez le modèle conceptuel de Littletree (2018) ainsi que les travaux de Holm et al. (2003); Archibald (2008); Wilson (2008); Meyer (2008); Kidwell (1993), qui l’ont orienté.
Un modèle circulaire, ressemblant à une cible, des systèmes de savoirs autochtones. À partir du cercle le plus au centre : notre savoir commence avec la relationnalité, car les relations orientent la manière dont nous interagissons avec le monde. La relationnalité fait partie du Peuple, nos modes de savoir au sein de nos communautés distinctes. Ce qui fait partie des Modes de savoirs autochtones, soit les modes de transmission de notre savoir et de nos cultures. Couche suivante : Expressions des systèmes de savoirs autochtones, soit des éléments d’expression tangibles de nos modes de savoir (p. ex., récits, gravures, danse). La couche la plus extérieure est Établissements, soit les endroits qui détiennent nos Expressions (p. ex., écoles, bibliothèques, musées, centres communautaires particuliers). Le modèle circulaire est fondé sur la Relationnalité, qui fait partie du Respect, de la Responsabilité et de la Réciprocité. Ces quatre « R » constituent le fondement de nos vies en tant que peuples autochtones.
Figure 1. Systèmes de savoirs autochtones selon Sandra D. Littletree. Tous droits réservés. Utilisé avec permission. Traduction: Systèmes de savoirs autochtones (SSA), Établissements, Expressions des SSA, Modes de savoirs autochtones, Peuple, Relationnalité/Holisme, Respect, Responsabilité, Réciprocité.

Le respect, la réciprocité et la responsabilité soutiennent la relationnalité.

  • Respect de la terre, des protocoles culturels, de l’histoire, de la langue et de la santé intellectuelle, spirituelle, émotionnelle et physique. Évitez les suppositions à propos du  savoir avec lequel vous travaillez. Adoptez une approche éclairée; gardez l’esprit ouvert. Le savoir que vous interrogez peut être associé à des événements historiques douloureux et susciter un traumatisme important.
  • Réciprocité à l’égard de l’information que vous recevez. Faites preuve d’ouverture à donner et à recevoir de l’information. Il y a une longue histoire d’exploitation du savoir par les colonisateurs à l’égard des communautés autochtones. La réciprocité ne fait pas seulement référence à la compensation pécuniaire, bien qu’il soit important de rémunérer les personnes et les communautés pour leur temps et les renseignements communiqués. Elle se rapporte également à l’appui des communautés qui récupèrent les traditions et les expressions culturelles importantes.
  • Responsabilité d’obtenir un consentement éclairé et de nourrir toute relation créée pour la vie, bien au-delà de la durée du projet de recherche. Les visions du monde autochtones nous disent que le temps n’est pas linéaire : il est circulaire. La communauté avec laquelle vous collaborez doit guider le processus et prendre des décisions au sujet de son savoir et de ses renseignements, et ce, à toutes les étapes du projet.

Pour accéder à un examen approfondi de ces prémisses et considérations, consultez Research Is Ceremony: Indigenous Research Methods (2008) de Shawn Wilson et Centering Relationality: A Conceptual Model to Advance Indigenous Knowledge Organization Practices (2020) de Sandra Littletree, Miranda Belarde-Lewis et Marisa Elena Duarte.

Autogouvernance des données des Premières Nations au Canada

En 1994, le gouvernement fédéral a exclu les peuples des Premières Nations qui vivent au sein des communautés autochtones des enquêtes nationales sur la population (Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, 2022a; 2022b). Préoccupés par le manque de données qui en a résulté, les personnes qui défendent les Premières Nations et les universitaires se sont réunis et c’est ainsi que le Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations a vu le jour. Deux ans plus tard, l’Assemblée des Premières Nations a mis sur pied le comité directeur national (CDN) dans le but d’élaborer la première enquête longitudinale régionale sur la santé des Premières Nations et des Inuits, une première itération de l’enquête régionale sur la santé des Premières Nations (ERS). Le premier rapport a été publié en 1997 et constitue la seule enquête nationale sur la santé gérée par les Premières Nations et fondée sur les conceptions occidentales et traditionnelles de la santé et du bien-être (First Nations Centre, 1997). Plus tard, un groupe de l’Université de Harvard a passé en revue le rapport en soulignant que

[le sondage] était unique puisque les Premières Nations s’en approprient le processus de recherche, qu’il intègre explicitement les valeurs des Premières Nations dans la conception de la recherche et qu’il comprend un engagement collaboratif intensif des peuples des Premières Nations et de leurs représentants à chaque étape du processus de recherche[2] [traduction] (Harvard Project on American Indian Economic Development, 2006).

En 1998, le CDN a défini un ensemble de principes intitulé Principes de PCAP® pour faire en sorte que les peuples des Premières Nations possèdent leurs propres données, tout comme ils possèdent leurs propres terres. Plus tard, le CDN est devenu le Comité de gouvernance de l’information des Premières Nations, puis le Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations (CGIPN), un organisme autonome à but non lucratif.

PCAP® est un acronyme qui signifie propriété, contrôle, accès et possession. Ces quatre principes gouvernent la manière dont les données et l’information relatives aux Premières Nations devraient être collectées, protégées, utilisées et partagées. Les PCAP® ont été créés pour combler une lacune dans les lois occidentales qui ne reconnaissent pas les droits des communautés et des peuples autochtones à contrôler leur information. Les principes traduisent les visions du monde autochtone en matière de gouvernance et de droits collectifs. D’un point de vue historique, les peuples autochtones n’ont pas été consultés quant aux renseignements recueillis à leur sujet, aux personnes qui les ont recueillis, à la manière de les stocker ou qui y aura accès. Ce manque de gouvernance a mené à une cueillette de données qui manque de pertinence à l’égard des priorités et des préoccupations des peuples autochtones.

Ces principes affirment les droits et l’autodétermination des communautés autochtones à détenir, à contrôler, à accéder et à posséder l’information relative à leurs peuples, et exigent que les chercheuses et chercheurs qui souhaitent mener des recherches avec une communauté autochtone prennent connaissance de ces principes avant d’entamer leurs travaux. Les principes peuvent aider toute personne qui travaille (ou qui veut travailler) avec une recherche, des données, de l’information ou des connaissances culturelles autochtones et ils soutiennent le chemin vers la souveraineté des données des peuples autochtones (Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, 2022b). Le CGIPN et le Collège Algonquin ont élaboré un cours en ligne afin de former les chercheuses et chercheurs au sujet des principes de PCAP® et de leur histoire.

Regardez la bande-annonce du cours ici : https://youtu.be/qwwJCo5_eKI

 

Les principes de PCAP® des Premières Nations

  1. Propriété : les communautés ou groupes détiennent leurs propres connaissances, données et renseignements au même titre que tout individu à l’égard de ses renseignements personnels.
  2. Contrôle : les collectivités ont le contrôle de toutes les étapes du projet de recherche – de la collecte de données au stockage, et tout ce qui se situe entre les deux. Les collectivités détiennent le contrôle et le pouvoir décisionnel de tous les aspects de la recherche et de l’information qui les touchent.
  3. Accès : les collectivités devraient pouvoir accéder à leur information et à leurs données collectives, peu importe où elles se trouvent. Les collectivités devraient pouvoir gérer l’accès et le contrôle de leur information et prendre des décisions à cet égard.
  4. Possession : principe plus concret que celui de la propriété. Il s’agit du contrôle physique des données, du mécanisme qui permet de faire valoir et de protéger la propriété.

Une liste non exhaustive de stratégies pour mener des recherches en respectant les principes de PCAP®

(Adaptée de l’œuvre de Schnarch (2005), National Aboriginal Health Organization (2005), et du First Nations Information Governance Centre (2016))

  • Prévoyez qu’il vous faudra plus de temps. Vous devrez obtenir des permissions auprès des entités décisionnelles communautaires comme la ou le Chef ainsi que le Conseil, les comités consultatifs et les Gardiennes et Gardiens du savoir, en plus de votre propre conseil d’éthique, des personnes participantes, des organismes de financement, entre autres. Le consentement communautaire est tout aussi important que le consentement éclairé des personnes participantes. Il faut cesser la recherche si la communauté n’y consent pas.
  • Négociez la relation de recherche et rédigez un accord qui affirme vos droits et responsabilités ainsi que ceux de la communauté et de tous les autres partenaires du processus de recherche. Faites en sorte que toutes les parties comprennent le document, l’acceptent et en reçoivent une copie.
  • Cherchez des sources de financement dont les politiques affirment l’autodétermination et la souveraineté autochtones.
  • Offrez des explications et donnez de la rétroaction sur tous les aspects du projet, notamment votre but, les avantages prévus et les risques du projet; les méthodes que vous prévoyez d’utiliser; la manière dont vous souhaitez recruter des personnes participantes; la manière de rapporter vos résultats et ce que vous comptez faire des données obtenues.
  • Respectez les protocoles de confidentialité en ce qui a trait à la culture et à la communauté, le bien-être, les droits individuels et collectifs des peuples autochtones. Suivez des lignes directrices rigoureuses en matière d’éthique. Veillez à prendre en compte le fait que chaque communauté peut avoir des interprétations et des niveaux de confort différents en ce qui concerne les principes de PCAP® et d’autres cadres d’autodétermination.
  • Soutenez les intérêts de la communauté et maximisez les avantages des travaux. Il s’agit notamment de vous appuyer sur les initiatives autochtones qui ont connu du succès et d’offrir des possibilités de renforcement des capacités.
  • Présentez toutes vos communications, tous vos résumés et rapports de recherche à la communauté dans la langue appropriée avant de les publier.
  • Veillez à ce que les collectivités autochtones aient accès à leurs données, et non seulement aux rapports ou aux publications qui en résultent.

Analyse critique des principes de PCAP®

Des critiques pourraient affirmer que le développement des capacités est un préalable nécessaire aux données et aux recherches contrôlées par les peuples autochtones. Ils pourraient argumenter que la communauté ne dispose pas de l’expertise requise, ce qui pourrait entraîner des risques et des conséquences. Certains pourraient encourager les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis qui détiennent des diplômes d’enseignement supérieur à participer aux recherches et celles et ceux qui n’en ont pas à en obtenir en lien avec la recherche.

Ces deux solutions favorisent les individus, mais qu’en est-il du renforcement d’une nation et d’une communauté en plus du développement professionnel? Pour obtenir des diplômes d’études supérieures, il faut souvent quitter sa communauté, ce qui peut entraîner une aliénation. Encore récemment, les peuples des Premières Nations, les Inuits et les Métis devaient renoncer à leur statut d’Autochtone et s’assimiler à la société coloniale blanche. Les vrais bénéficiaires de cette situation sont les établissements où ces personnes étudient ou pour lesquels elles travaillent.

Les occasions de travailler en tant que chercheuse ou chercheur à temps plein au sein des communautés sont très rares. La capacité de fonctionner dans deux mondes (c’est-à-dire, trouver un équilibre entre les valeurs autochtones et gérer les responsabilités communautaires tout en faisant progresser sa carrière universitaire) constitue un défi – un défi qui force parfois les gens à prendre des décisions déchirantes. En outre, suggérer que les communautés ne peuvent pas mener elles-mêmes des recherches éthiques et bénéfiques est, au mieux, préjudiciable. Pour être utiles, il n’est pas nécessaire que les recherches soient spécialisées, qu’elles emploient des méthodologies complexes ou qu’elles regorgent de jargon scientifique.

Se tourner vers l’avenir grâce aux principes de PCAP®

À ce jour, les principes de PCAP® constituent l’outil le plus puissant des peuples des Premières Nations au Canada et de leurs alliés en ce qui a trait à l’affirmation de la souveraineté sur leurs données. Les principes peuvent remettre en question les mauvaises données ainsi que les pratiques de recherche erronées et en favoriser de meilleures. Néanmoins, il faut encore relever des défis pour aller de l’avant de manière significative.

  • Pour les comités d’éthique en recherche : évaluez toutes les demandes de recherche futures à la lumière des principes de PCAP®, ou d’un autre cadre adéquat, afin que la recherche s’y conforme. Qu’en est-il de l’évaluation des recherches en cours ou historiques? N’oublions pas que les communautés autochtones ont subi un préjudice important du fait de pratiques de recherche abusives. La vérité et la réconciliation ne demeurent-elles pas un engagement déclaré de plusieurs établissements d’enseignement et organismes gouvernementaux?
  • Pour les groupes qui rédigent des politiques : abordez les principes de propriété, de contrôle, d’accès et de possession des données et de la recherche pour toutes les politiques et révisez les politiques antérieures. Les politiques institutionnelles en matière d’incendie et de tabagisme, celles relatives au stockage et à la diffusion des données et celles portant sur la propriété intellectuelle constituent autant d’exemples de politiques existantes ayant une incidence sur la recherche communautaire.
  • Pour les chercheuses et chercheurs : faites preuve de souplesse, acceptez le compromis, remettez en question vos propres idées préconçues en ce qui a trait à la propriété, au contrôle, à l’accès et à la possession des travaux que vous pourriez envisager comme « vôtres ». Souvenez-vous qu’une véritable recherche communautaire a pour but de créer une action sociale positive et déterminée par la communauté autochtone.
  • Pour les professionnelles et professionnels en gestion des données : pensez à la communauté qui fait l’objet du projet de recherche avant d’élaborer un plan de gestion des données. Remettez-vous-en à la communauté pour évaluer sa compréhension et ses niveaux de confort avec l’autodétermination des données, et ce, peu importe l’ensemble de principes à partir duquel vous travaillez. Abordez toujours les projets en ayant à l’esprit la relationnalité, le respect, la réciprocité et la responsabilité.

Autres cadres de travail pour l’autodétermination autochtone et de bonnes pratiques de recherche

Conclusion

Ce chapitre met l’accent sur l’histoire et les itérations contemporaines de la dépossession et de l’appropriation des connaissances et de savoir-faire des autochtones, y compris un historique de la communauté politique mondiale des peuples autochtones, particulièrement l’impact de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) au Canada. Nous avons mis en contexte l’importance de la souveraineté des données autochtones d’un point de vue historique. Nous avons partagé des pratiques exemplaires sur la manière de travailler avec des données autochtones afin de remettre en question des pratiques historiquement préjudiciables. Parmi ces pratiques exemplaires, il a été question des principes de PCAP®, l’outil le plus puissant dont disposent les peuples des Premières Nations au Canada et leurs alliés dans l’affirmation de la souveraineté sur leurs données.

Questions de réflexion

  1. Quelle prémisse ou quelle considération en lien avec la redéfinition de vos pratiques de recherche afin d’intégrer les modes de connaissance autochtones vous a semblé la plus difficile? Pourquoi?
  2. Pouvez-vous déterminer une stratégie que vous pourriez mettre en place dans votre propre recherche afin de respecter les principes de PCAP® ou d’autres principes d’autodétermination?
  3. Pensez à demander à votre établissement de fournir l’occasion aux chercheuses et chercheurs de suivre le cours de formation en ligne Les Fondamentaux des principes de PCAP® ou d’organiser un atelier offert par le CGIPN avant de présenter votre prochaine demande à votre comité d’éthique en recherche. Si le financement nécessaire n’est pas disponible, consultez les ressources suivantes:

Éléments clés à retenir

  • Les données collectées par les États-nations coloniaux mènent à « l’altérisation » des peuples autochtones en les comparant à une réalité de colonisation anglo-saxonne dépourvue de contexte social et culturel et axée sur les désavantages et disparités sociales. Cette approche invalide toute politique qui en découle. La souveraineté des données autochtones est essentielle si l’objectif est d’établir des politiques et des programmes valides et utiles.
  • Les chercheuses et chercheurs informés des systèmes de connaissances autochtones émettent des hypothèses différentes que celles et ceux qui s’en tiennent aux modes occidentaux. Les chercheuses et chercheurs autochtones font également en sorte que leurs travaux reposent sur la communauté en mettant l’accent sur la relationnalité, le respect, la réciprocité et la responsabilité.
  • Des données autochtones adéquates sont autodéterminées; c’est-à-dire que les peuples autochtones en sont propriétaires, les contrôlent, déterminent qui peut y accéder et en supervisent le stockage.

Lectures et ressources supplémentaires

Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations. (2014, 12 septembre). Comprendre les principes de PACP® des Premières Nations [Vidéo]. Youtube. https://youtu.be/qwwJCo5_eKI

Lovett, R. Lee, V., Kukutai, T., Cormack, D., Rainie, S. C. et Walker, J. (2019).  Good data practices for Indigenous data sovereignty and governance. Dans A. Daly, S. K. Devitt, et M. Mann (dir.), Good data (pp. 26-36). Institute of Network Cultures.

Toombs, E., Drawson, A. S., Chambers, L., Bobinski, T. L. R., Dixon, J. et Mushquash, C. J. (2019). Moving towards an Indigenous research process: A reflexive approach to empirical work with First Nations communities in Canada. The International Indigenous Policy Journal, 10(1). https://doi.org/10.18584/iipj.2019.10.1.6

Tuhiwai Smith, L. (2012). Decolonizing methodologies: Research and Indigenous peoples. University of Otago Press.

Bibliographie

Archibald, J.-A. (2008). Indigenous storywork: Educating the heart, mind, body, and spirit. UBC Press.

Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations. (2022a). Notre histoire. https://fnigc.ca/fr/a-propos-de-nous/notre-histoire/#slide-1

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  1. "at the heart of what it means to be Indigenous"
  2. [the Survey] was unique in First Nations ownership of the research process, its explicit incorporation of First Nations values into the research design and in the intensive collaborative engagement of First Nations people and their representatives at each stage of the research process
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À propos des auteurs

Je suis une femme multiraciale, Anishinaabe et d’origine anglocoloniale. Je suis petite-fille, fille, sœur, tante, aidante et apprenante. Je vis et travaille dans la région de Tkaronto Purchase, mais je suis née et j’ai grandi dans la région du Traité 20. Bien que je sois membre de la Première Nation de Curve Lake, je n’ai pas été élevée dans la communauté. Mon arrière-grand-père est John « Jack » Jacobs. Jack était marié à mon arrière-grand-mère, Edith Marsden, de la Première nation de Scugog. Jack s’est émancipé et a émancipé ses enfants en vertu de l’article 214 de la Loi sur les Indiens en mars 1935. Cela signifie qu’ils ont renoncé à leur identité indienne et se sont assimilés à la société des colons blancs. Notre famille s’est installée dans la ville voisine de Burleigh Falls, en Ontario, où elle a trouvé une communauté avec une population Métis locale. La branche de la famille dont je suis issue s’est ensuite installée à Keene, en Ontario. J’ai le privilège de marcher dans deux mondes : j’apprends de mes relations dans les réserves et hors des réserves, à la fois urbaines et rurales, traditionnelles et contemporaines, et je suis en mesure d’appliquer des éléments de cette connaissance à ma vie professionnelle en tant que bibliothécaire universitaire.

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Je suis une femme multiraciale, née sur le territoire du Traité 4, et je suis membre de nombreuses communautés par le biais de ma famille et de mes proches, notamment les communautés asiatique, française, juive et anishnaabe. Je donne des cours axés sur l’inégalité sociale, la race et les relations entre autochtones et colons. Je ne m’identifie pas comme autochtone et mon travail se concentre sur les politiques coloniales et les idéologies qui maintiennent l’inégalité, ainsi que sur l’apprentissage basé sur la terre, l’autochtonisation et l’apprentissage expérientiel. Je vis, je travaille et je forme une communauté sur les terres historiques et actuelles de la nation Anishnabek, qui abrite également la Confédération Haudenosaunee et d’autres peuples autochtones, ainsi que de nombreuses populations nouvellement arrivées au Canada.

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https://doi.org/10.5206/BCHP6006

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