Étude de cas : Del Bigtree

Del Bigtree est un militant notoire contre les vaccins et un exemple clair de la façon dont le mouvement utilise la désinformation pour répandre la peur et créer de la méfiance à l’égard des professionnels de la santé. Bigtree s’est fait remarquer en tant que collègue d’Andrew Wakefield qui l’a aidé à créer un film sur les vaccins. Il prend régulièrement la parole lors de rassemblements contre la vaccination aux États-Unis et, parfois, au Canada. Sa page Facebook compte plus de 140 000 « J’aime » et son balado hebdomadaire attire des milliers d’auditeurs.

Bigtree se décrit comme un journaliste médical, ce qui lui donne un « degré d’autorité » pour discuter des questions relatives aux vaccins. Il parle avec force et utilise des histoires choquantes pour persuader son auditoire. Par exemple, lors d’un récent rassemblement, il a épinglé une étoile jaune à ses vêtements et a comparé la victimisation des militants anti-vaccination à celle des victimes de l’Holocauste.

Comme bien d’autres, Bigtree ne se contente pas de dire que « les vaccins sont mauvais ». Il présente ses messages comme s’il était un protecteur de la santé publique qui devait informer les gens des dangers que les gouvernements et les compagnies pharmaceutiques complotent pour camoufler. Il est à la tête d’un organisme appelé le réseau d’action sur le consentement éclairé (Informed Consent Action Network), dont le mandat déclaré comprend « la lutte pour les droits des parents », « la protection des enfants » et « l’enquête scientifique ».

Ces objectifs semblent louables. Cependant, les messages qu’il livre sont truffés de désinformation, de fabulations et de mensonges éhontés. Par exemple, Bigtree affirme qu’aucun essai contrôlé par rapport à un placebo de vaccins n’a jamais été effectué, ce qui, selon lui, prouve que les vaccins ne sont pas sûrs. Cependant, c’est faux. La raison pour laquelle les vaccins ne sont généralement pas testés contre un placebo est qu’il est contraire à l’éthique d’exposer sciemment un groupe témoin aux risques d’une maladie évitable par la vaccination. Aucun essai de ce genre ne serait approuvé sur le plan éthique. Ce n’est qu’un exemple d’une controverse artificielle et fabriquée qui est employée par des défenseurs anti-vaccination pour manipuler, influencer et persuader. Les militants anti-vaccination se consacrent à accroître le public sur les médias sociaux et à déterminer comment maximiser le nombre total de clics, de mentions « J’aime » et de partages. Les taux croissants d’éclosions de rougeole dans les populations non vaccinées des pays en développement montrent que ces messages ont un impact.

L’image 6.2 fournit un exemple de site Web fictif d’anti-vaccin. Cette image se distingue par la subtilité des messages comme « sensibilisation aux vaccins » et « consentement éclairé », qui sont intentionnellement énigmatiques pour séduire le lecteur tout en dissimulant l’objectif ultime de la lutte contre les vaccins.

Une page fictive d’un site Web anti-vaccination

Image 6.2 : Page fictive d’un site Web anti-vaccination

Points à prendre en considération

Les tactiques de Bigtree visant à semer la confusion dans le public et à susciter la méfiance à l’égard de la science par des allégations inexactes au sujet des médicaments placebo ne sont pas nouvelles. En effet, dans les années 1960, les compagnies de tabac ont popularisé des faussetés semblables en obscurcissant le lien entre le tabagisme et le cancer du poumon.