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une ligne décorative arc-en-ciel

 

Plusieurs éléments interactifs ont été exclus de cette version du texte. Vous pouvez les consulter en ligne ici, mais notez que le contenu est en anglais : https://ecampusontario.pressbooks.pub/onhumanlearn/?p=269

Figure 1 : Bande-annonce de Soutenir le changement
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Histoire

Objectif : susciter et maintenir des changements et des adaptations équitables dans l’ensemble du système de l’enseignement supérieur.

Changer n’est jamais facile. Le milieu universitaire, en tant qu’établissement, a été conçu pour résister au changement et maintenir les pratiques établies. Les failles du système, la fausse rareté, l’exclusion, la hiérarchie rigide, même si elles ne sont pas nouvelles, ont été exacerbées pendant la pandémie et doivent désormais être abordées et réglées. De nombreuses expériences innovantes en matière d’apprentissage plus inclusif et tourné vers l’avenir se sont heurtées à des obstacles insurmontables et n’ont pas pu s’épanouir. Comment pouvons-nous maintenir le changement, la complexité et l’intérêt dans un système qui n’a pas été conçu pour répondre aux exigences actuelles de notre société?

Comment pouvons-nous mettre l’accent sur la prise en charge, conserver les acquis de l’apprentissage que nous avons peut-être obtenus pendant l’étrange période de la pandémie, et soutenir le changement? Dans ce module, nous reviendrons à la structure libératrice quoi/et alors/et maintenant pour :

  • Réfléchir aux changements que vous avez effectués ces vingt derniers mois, changements axés sur la prise en charge (tant pour les étudiants que pour vous-même).
  • Réfléchir aux changements que vous voulez effectuer ou que vous aimeriez voir se produire (tout particulièrement dans les systèmes utilisés dans l’enseignement supérieur).

Introduction au thème pour la séance : soutenir le changement, la prise en charge et la rétroaction constructive

Dans les modules précédents, nous avons examiné le thème utilisé pour rassembler les gens sous l’angle de deux éléments provocateurs ou idées clés. Dans ce module, nous aborderons la question du maintien du changement par la prise en charge et la rétroaction constructive. Dans Teaching to Transgress: Education as the Practice of Freedom, Bell Hooks examine les importants changements fondamentaux qui doivent être effectués pour repenser de fond en comble les pratiques utilisées en salle de classe pour développer la capacité des gens à être libres dans une société démocratique et à y apporter une contribution selon leurs acquis. La pédagogie de Hooks est axée sur la prise en charge et sur le développement de pratiques critiques, ce qui a orienté ce module.

Roches empilées les unes sur les autres
Figure 2 : Photo par Andrik Langfield sur Unsplash

Nous voulions voir ce projet non pas comme quelque chose qui commence, perdure puis s’arrête, mais plutôt comme quelque chose que les éducateurs qui ont participé à nos séances, et ceux qui ne suivront les séances que par l’entremise des modules, pourront utiliser pour bâtir et orienter leurs propres pratiques. C’est pourquoi ce dernier module s’appuiera sur ce que l’on appelle un forum ouvert pour l’animation . L’un des principes fondamentaux du forum ouvert est que les personnes qui sont là sont les bonnes personnes. Ainsi, nous terminerons le projet en passant du temps ensemble afin d’établir des liens et peut-être d’échanger des idées pour soutenir ensemble le changement par la conception participative, la collaboration, voire un autre projet subventionné.

La rétroaction constructive et la prise en charge font toutes deux partie du changement. La rétroaction constructive et l’examen critique de la façon dont les choses se passent permettent aux gens de voir les changements possibles alors que la prise en charge et les liens établis nous aident à prendre les mesures difficiles et risquées, souvent associées au fait d’essayer des choses différentes. Mais c’est surtout lorsque nous aurons fait ce premier pas que la prise en charge et la rétroaction constructive interviendront pour faire du changement quelque chose de systémique. Soutenir le changement est difficile et se déroule rarement de manière linéaire. Les changements façonnent les écosystèmes et entraînent d’autres changements. Le changement déstabilise, ce qui exige que l’on s’occupe des personnes touchées par les différents changements qui se produisent. Le travail associé à la prise en charge en éducation peut exiger un soutien actif, mais il peut aussi obliger à façonner les relations de pouvoir et à proposer de nouveaux principes pour voir le monde d’un œil différent et s’engager dans des relations interpersonnelles qui ne favorisent aucunement les hiérarchies toxiques. Il s’agit donc d’un travail à long terme, comme dans la métaphore qui dit de planter des arbres sans penser à s’asseoir sous leur canopée pour profiter de leur ombre. Il s’agit aussi d’une prise en charge qui exige du travail communautaire réciproque : prise en charge sous forme d’aide mutuelle plutôt que la nôtre, comme celle que promettent les courriels sur le bien-être qu’ont envoyé les universités pendant la pandémie.

Le modèle ci-dessous est tiré d’un travail sur le changement de type stratégie numérique : il présente le changement comme un processus circulaire continu, qui amène toujours les gens à participer à de nouvelles conversations. Il s’agit d’un processus de réflexion dont la conception participative est l’une des principales étapes du travail sur le changement. Il reflète aussi la nature à long terme du travail sur le changement, ainsi que le caractère central de la prise en charge du processus et de la rétroaction constructive à propos de ce processus.

image renforcement des capacités > co-mise en œuvre > évaluation appréciative > conscience collective > retour à conception participative ” width=”1024″ height=” 957″>


Figure 3 : Forsythe, Giulia. « Model for Change. » 2022.

Il s’agit donc du Quoi, de ce qu’il faut faire pour tenir compte de la prise en charge et de la rétroaction constructive dans le contexte du changement.

Quant au Et alors, il reconnait que la plupart d’entre nous sont profondément fatigués à ce stade-ci de la crise de la pandémie. Plus fatigués, peut-être, que nous aurions pu l’imaginer. Sur le plan institutionnel, nous semblons maintenant avoir atteint le point où les décideurs disent qu’« il faut reprendre le travail, mesdames et messieurs, il faut aller de l’avant comme si tout était revenu à la normale. » Mais ce n’est pas le cas, dans bon nombre d’endroits. Même lorsque les choses semblent revenues à la normale, les éducateurs et les étudiants n’ont pas encore eu le temps d’assimiler tout ce qui s’est produit. Nous n’avons eu ni répit ni relance. Nous avons tous vécu une crise, même ceux d’entre nous qui ont le privilège d’être en bonne santé, en sécurité, d’avoir un logement approprié et un emploi. Nous avons tous vécu un niveau d’incertitude auquel aucun d’entre nous n’avait été habitué. Et il est difficile de trouver l’énergie pour changer.

C’est pourquoi nous voulons honorer cela, dans une optique de prise en charge, et ne pas suggérer que l’un d’entre nous prenne un tout nouveau projet sur ses épaules et continue, comme si de rien n’était. En fait, nous souhaitons provoquer en disant que nous devrions peut-être examiner la façon dont nous traitons nos établissements lorsque nous pensons à créer le changement et à le soutenir. Et nous aimerions suggérer que tant la prise en charge que la rétroaction constructive sont des mots-clés très importants dans ce processus.

Image d’une personne qui regarde dans un miroir où l’on voit les mots : « Pratiquer la conscience de soi. Nous concevons à partir de qui nous sommes. Nous avons donc besoin d’un “ miroir ” clair pour mieux voir comment qui nous sommes façonne ce que nous voyons, comment nous interagissons et comment nous concevons. En temps de crise, pour pouvoir effectuer une véritable prise en charge, vous devez absolument connaître précisément VOTRE pouvoir. Et celui que vous n’avez pas. »

Figure 4 : National Equity Project. « Liberatory Design Card Deck. » National Equity Project, https://www.nationalequityproject.org/tools/liberatory-design-card-deck

Cette image, comme les modèles Quoi? Et alors? Et maintenant? et TRIZ qui nous ont inspirés au moment de créer nos modules, fait partie de la collection d’animation des structures libératrices, illustrées sur ces petites cartes. Celle-ci nous rappelle que, chaque fois que nous participons à une forme quelconque de conception participative, nous avons la sagesse de le faire en fonction de notre propre positionnalité et de nos forces. Par exemple, je veux peut-être constater toutes sortes de changements dans mon établissement, mais je n’ai ni le pouvoir de les mettre en œuvre ni même de pouvoir penser avoir une quelconque influence sur ceux-ci. Ce n’est pas mon domaine. Ils ne sont pas sur mon chemin.

Ce module vise plutôt à nous mettre au défi de réfléchir aux changements que nous avons effectués pendant la pandémie ou dans le cadre de notre mobilisation à l’égard de ce projet. Il nous invite à penser aux choses que nous voulons, mais dans le respect de ce que nous pouvons faire, parce qu’une personne seule ne peut pas tout prendre sur ses épaules et changer le monde. Quand on parle de changement, on comprend qu’il y a certains niveaux sur lesquels nous pouvons avoir une influence et que nous pourrons ensuite maintenir plus facilement. Nous pensons donc à une portée sous l’angle d’un modèle avec changements imbriqués. Au centre, au niveau personnel, nous avons suffisamment de contrôle sur les choses que nous pouvons changer ou effectuer dans nos salles de classe ou dans nos rôles directs. Parfois, ces changements peuvent sembler très fragiles. Nous risquons toujours d’échouer. Le changement n’est pas facile, mais si nous l’effectuons au niveau personnel, il devient de notre ressort.

À mesure que nous reconnaissons les limites de nos capacités individuelles à effectuer des changements, il peut être utile de les prioriser. L’article de Mme Rawle mentionne le fait de « dire non au théâtre » dans sa liste de pratiques pour la prise en charge. Il ne s’agit pas du théâtre comme endroit où l’on se rend pour voir des drames ou des comédies, mais plutôt du théâtre que nous avons pu voir à plusieurs reprises pendant la pandémie, celui qui consistait, par exemple, à envoyer des courriels de bien-être tout en adoptant des pratiques, comme établissement, qui font que le personnel et les étudiants se sentent, au mieux, totalement ignorés.

Tout cela commence par nous, avec nos propres pratiques pédagogiques. Apprendre à accepter la rétroaction constructive au niveau individuel nous permet de nous orienter vers le changement tant dans la société que dans les établissements.

La plupart du temps, personne ne nous a appris officiellement comment émettre une rétroaction constructive. La plupart du temps, les étudiants l’associent à des reproches. D’une certaine manière, donner une rétroaction constructive est une forme d’art. Elle peut nous aider à établir des relations et à aller de l’avant ensemble, d’une façon vraiment merveilleuse. Donc, quand nous parlons de la façon d’émettre une rétroaction constructive, sans détruire, nous parlons de la différence qui existe entre parler d’un objet et d’une personne. Nous parlons de présenter des excuses, un élément qui fait partie de la rétroaction constructive, d’une certaine manière. Comment bien présenter ses excuses : « Je suis désolé que tu aies ressenti cela » n’est pas un bon exemple, alors que « Je suis désolé, je » l’est. Nous avons abordé ces exemples. Et les étudiants ont eu des réflexions très intéressantes à ce sujet. Ils ont dit comment leurs relations avec leurs colocataires avaient changé parce qu’ils ont compris la différence entre la rétroaction constructive, les reproches et les excuses. Il s’agit donc d’aptitudes à la vie quotidienne. J’ai aussi l’impression qu’il s’agit d’un art, pour eux. C’est quelque chose que nous pouvons nous exercer à faire. Je pense que la pandémie de coronavirus nous a montré que, surtout dans le domaine numérique, il y a des choses que nous pouvons faire ici, maintenant, pour rendre les choses plus équitables et plus inclusives. Donc, j’espère que nous ne perdrons pas ces nouveaux acquis. Je pense que la capacité d’aborder cette question, et surtout de ne pas oublier qu’il y a des êtres humains qui entendent cette rétroaction constructive, est vraiment précieuse à une époque où tout semble tellement polarisé.

Un chemin de terre entre des arbres penchés
Figure 5 : Photo de Tomas Sobek sur Unsplash

La manière dont nous pouvons humaniser l’apprentissage est une étape vraiment importante pour commencer à établir des liens, entre vous ou en discutant de nouvelles voies possibles.

Voici aussi l’une des choses dont nous avons parlé dans ce module :

  • Quelles sont les prochaines étapes? Tout d’abord, pensez aux changements que vous avez effectués ces vingt derniers mois (ou au cours des sept dernières semaines), des changements qui touchaient la prise en charge, tant pour les étudiants que pour vous-même : que devez-vous mettre en place pour les soutenir? De quoi avez-vous besoin?
  • Réfléchissez ensuite aux changements auxquels vous travaillez ou que vous souhaitez voir s’opérer en ce qui concerne la rétroaction constructive, tout particulièrement dans nos systèmes d’enseignement supérieur : quels changements souhaitez-vous voir ou perdurer après la pandémie?
  • Selon les réponses que vous avez données à propos de la prise en charge et de la rétroaction constructive, dressez une liste de sujets en matière de conception participative, à l’égard desquels vous aimeriez que nous renforcions nos capacités à l’avenir.

Résultats de la semaine 1 : « Quoi? »

Réfléchir aux changements que vous avez effectués ces vingt derniers mois, changements axés sur la prise en charge (tant pour les étudiants que pour vous-même).

  • Prendre des pauses des écrans.
  • Accepter que tant votre cours que vous ne pouvez pas tout faire pour tous les étudiants.
  • Revoir les travaux et en examiner le niveau de souplesse.
  • Écouter sans porter de jugement lorsque les étudiants vous disent que la charge de travail est lourde.
  • Réfléchir au point de vue des étudiants.
  • Réagir à l’anxiété nommée par les étudiants.
  • Faire le point avec les étudiants au début du cours (à propos de choses qui ne font pas partie du cours).

Réfléchissez aux changements que vous voulez apporter ou que vous souhaitez voir (en particulier dans les systèmes d’enseignement supérieur.

  • Comprendre que les élèves ont aussi des exigences auxquelles satisfaire en dehors de la salle de classe.
  • Offrir une rétroaction significative.
  • Reconnaitre le travail effectué pendant la session et le niveau de risque associé au secteur ou au système.
  • Tracer une démarcation claire entre les espaces réservés au travail et à la vie personnelle.
  • Temps de traitement — accorder du temps entre les réunions pour que chaque personne puisse traiter l’information et réfléchir.
  • Trouver des moyens pour que le changement vienne des étudiants.

Résultats de la semaine 2 : « Et maintenant? »

Thèmes relatifs à la conception participative :

  • Apprentissage par l’expérience virtuelle
  • Compréhension des structures de données qui se cachent derrière les outils en salle de classe
  • Plaidoyer en faveur de stages rémunérés pour les étudiants au baccalauréat en éducation
  • Actions concrètes en ce qui concerne l’équité, la diversité et l’inclusion
  • Instauration de la confiance pour libérer l’esprit critique des étudiants
  • Critères en ce qui concerne la courbe d’apprentissage et la confiance
  • Façon de mettre en œuvre ces conversations ou concepts dans des classes plus grandes
  • Manière de travailler avec les administrateurs plutôt que contre eux
  • Façon de travailler avec les étudiants pour réussir à cocréer des éléments durables

Lien vers le matériel de la séance

Présentation sur l’humanisation

 

Un élément interactif H5P a été exclu de cette version du texte. Vous pouvez le consulter en ligne ici, mais notez que le contenu est en anglais :
https://ecampusontario.pressbooks.pub/onhumanlearn/?p=269#h5p-4

Diapositive 4 : Prise en charge
Lorsque nous concevons nos cours, nous devons réfléchir à notre pierre angulaire. Quel thème devrait s’appliquer à chacun des aspects du cours? Quel principe fondamental devrait guider nos décisions en ce qui concerne la conception de cours? Si nous avons pour objectif d’améliorer l’apprentissage et le bien-être, nous devons faire preuve de bienveillance, à la base.

Diapositive 6 : Rétroaction constructive
La reconnaissance du fait que notre pratique s’inscrit dans le contexte des systèmes. Il est crucial de critiquer les niveaux individuel et organisationnel, mais il ne faut pas oublier d’axer la prise en charge au niveau individuel.

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Figure 6 : Un ménimètre, ou un exercice de génération de mots, qui résume les réflexions des participants sur la série d’ateliers OnHumanLearn. Parmi les mots générés, citons : mobilisateur, inspirant, communauté, transformateur et rafraîchissant.

Questions pour les conversations futures

  • Bon nombre de ressources en ligne peuvent ressembler à des listes de vérification. Certaines personnes se sont habituées à voir des conseils donnés de cette manière. Comment pouvons-nous adopter une approche de base (anti-liste de contrôle et anti-superficielle) tout en accueillant aussi ceux qui cherchent de telles listes de vérification? Nous devons souligner l’importance et la raison d’être d’une approche fondamentale.
  • Comment pouvons-nous faire pour mettre des soutiens structurels en place dans l’établissement pour que ce travail fasse partie du mandat de base, plutôt que d’être simplement refilé à des enseignants et à du personnel déjà débordés?

Matériel supplémentaire

Lien vers des conversations sur Twitter

L’équipe a créé un mot-clic pour poursuivre les conversations sur Twitter : #OnHumanLearn

https://twitter.com/search?q=%23OnHumanLearn&src=typed_query

Œuvres citées

Ressources particulièrement pertinentes pour le sujet.

Hooks, Bell. Teaching to Transgress: Education as the Practice of Freedom. Routledge, 1994.

Humanizing Learning. https://www.zotero.org/groups/3361442/humanizing_learning.

Popova, Maria. « How to Criticize with Kindness: Philosopher Daniel Dennett on the Four Steps to Arguing Intelligently. » The Marginalian, 28 mars 2014, https://www.brainpickings.org/2014/03/28/daniel-dennett-rapoport-rules-criticism/.

Rawle, Fiona. « A Pedagogy of Kindness: The Cornerstone for Student Learning and Wellness. » The Campus, 20 août 2021, https://www.timeshighereducation.com/campus/pedagogy-kindness-cornerstone-student-learning-and-wellness.

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Apprendre à être humain ensemble Copyright © 2022 by Co-designed by Students, Faculty and Staff at OCAD University, Mohawk College, Brock University, Trent University, Nipissing University, University of Windsor, University of Toronto-Mississauga is licensed under a Creative Commons Attribution 4.0 International License, except where otherwise noted.

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