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Il s’agit d’un projet généreusement financé par le ministère des Collèges et Universités de l’Ontario et réalisé dans le cadre du programme de subventions Stratégies d’apprentissage virtuel d’eCampusOntario.

Dans la subvention, nous avons déclaré :

L’équipe multiétablissements concevra quatre « modules vivants » qui prendront en compte les nombreuses fonctions imbriquées et interconnectées de l’écosystème universitaire. Chaque module fournira des expériences d’apprentissage et des supports destinés aux rôles et fonctions pertinents dans la structure scolaire : des étudiants aux éducateurs, en passant par les services, l’administration, les bailleurs de fonds, les décideurs politiques et la communauté élargie.

Vous trouverez ci-dessous les quatre « modules vivants » ainsi que de nombreuses références, des lectures complémentaires, des artéfacts créés au cours de l’année dernière dans le cadre du projet, des réflexions sur le processus de création de la communauté qui a accompli collectivement cette œuvre. À bien des égards, l’équipe travaillant sur ce projet estime que le processus était le livrable. À maintes reprises, nous nous sommes émerveillés de l’impact profond de ce processus sur chacun d’entre nous. Nous voulons en capturer une partie ici, mais sachez qu’il ne s’agit pas d’une recette que vous pourriez reproduire dans son intégralité. Il ne peut pas être appliqué à plus grande échelle, et ne devrait pas l’être. Ce que nous pouvons partager, ce sont des suggestions, des histoires et des expériences sur la manière de réaliser ce document. Nous assaisonnerons également les modules de ce que nous avons appris en cours de route et des domaines dans lesquels nous savons que nous devons tous travailler davantage. Il s’agit d’un parcours qui remet en question le concept « d’achèvement ».

Un membre de l’équipe a demandé : « Pensons-nous vraiment que l’humanisation de l’éducation se fera en quatre modules? » Non, l’humanisation de l’éducation ne se fera pas en quatre modules; les modalités de l’humanisation de l’éducation dépendent de chacun d’entre nous et de chacune de nos interactions. L’humanisation est fondamentalement une question de relations, d’interactions et d’expériences avec les autres. L’humanisation de l’éducation est fondamentalement relationnelle.

Avertissement : nous avons créé un réseau d’échange de pratiques qui offre un soutien mutuel entre ses membres dans l’accomplissement de ce travail. Nous sommes profondément liés et nous anticipons le rester au-delà de ce projet. Le travail humanisant a cette tendance : il rassemble les gens pour qu’ils se soutiennent, s’encouragent et se stimulent mutuellement.

Un derier avertissement : ce groupe a tout un sens de l’humour. C’est peut-être un autre ingrédient essentiel de cette œuvre. Entourez-vous de vraies personnes qui savent rire d’elles-mêmes, puis invitez les autres à en faire de même.

Quatre modules (qui n’humaniseront pas l’apprentissage en eux-mêmes)

Module 1. Désapprentissage et déstabilisation

Questionnement et réflexion

Figure 1 : Photo de Lukas Juhas sur Unsplash

Parmi les domaines à examiner figurent la recherche, les preuves, les mesures, l’innovation, les voies du savoir et de son expression, les systèmes de valeurs, le travail, l’intelligence, l’économie, la prise de décision, les notions de qualité, de rigueur, d’intégrité, d’efficacité, de gain et de confiance dans la mesure où elles sont liées à l’apprentissage. Pour aller de l’avant, nous devons nous interroger sur notre manière de faire actuelle et sur les raisons qui la motivent. Il s’agit en partie du travail inconfortable de désapprentissage et de déstabilisation. Nous accomplissons ce travail en posant des questions et en réfléchissant à la manière dont l’éducation est conçue (l’environnement physique, l’environnement virtuel, l’environnement interactionnel, entre autres). Parmi les leçons que nous tirons du désapprentissage et de la déstabilisation, mentionnons les suivantes.

• Impossible à standardiser : nous ne pouvons pas emballer ce travail et en faire l’aune. Ce concept renvoie à l’aspect économique de l’organisme, et non aux résultats d’apprentissage ou à l’impact culturel. Nous ne pouvons pas copier et coller des modules dans des contextes différents et nous attendre à obtenir les mêmes résultats. En fait, nous devrions faire une pause et réfléchir à l’impact du fait de nous attendre à des résultats. Souvent, le processus est plus important que le résultat ou qu’un seul résultat.
• Prendre le temps de penser, de réfléchir, d’apprendre plus lentement, de reconnaître l’importance des pauses : quand prenez-vous le temps d’explorer, de vous interroger, de critiquer, de vous remettre en question? De remettre en question vos pratiques et celles des autres et des établissements? Le temps et l’attention sont peut-être nos biens les plus précieux, et ils sont rares. Que perdons-nous lorsque nous planifions les réunions en série et que nous n’avons jamais le temps de réfléchir, de digérer, de laisser notre esprit vagabonder pour établir des liens? Cela représente la « sciure » de notre travail. En coupant des lignes nettes et précises, nous créons des « déchets » dans la poussière. Et si la poussière était le produit désiré? Que se passe-t-il si nous oublions accidentellement quelque chose dans la poussière? Et si les voix et les personnes que nous espérons toucher le plus avec ce travail tombent dans la poussière? Nous devons être conscients et prudents de chacune de nos coupes.
• Une absence de structure structurée : en créant ce document, nous reconnaissons le besoin de structure tout en avertissant que trop de structure peut freiner la curiosité et l’exploration. C’est pourquoi nous préconisons de structurer le strict nécessaire pour que les personnes aient un objectif clair, sans plus. Dans l’espace ainsi créé, nous pouvons tous envisager les possibilités. Nous confinons l’éducation dans une camisole de force, puis nous nous étonnons qu’elle ne soit pas fantaisiste, innovante, créative et libre. Comment interroger l’utilité et l’inutilité de la structure des grilles d’évaluation, des listes de contrôle, du contrôle d’accès, de la rigueur et des conditions préalables?

Module 2. Les étudiants, agents de leurs propres destins diversifiés

Vulnérabilité et échec

La diversité est l’atout le plus précieux de notre société. Pour répondre aux exigences tant actuelles qu’à venir, les étudiants doivent se démarquer et continuer à apprendre tout au long de leur vie. Cela exigera de repenser les notions de conformité des étudiants aux normes particulières, au recrutement d’exclusion biaisé, aux systèmes de classement et de promotion préférentiels des étudiants, aux techniques d’évaluation réductionnistes, à la surveillance des étudiants et au maintien de l’ordre et aux concours du genre « le gagnant remporte tout », entre autres conventions scolaires. Comment outiller les étudiants pour qu’ils puissent valoriser, développer et utiliser leurs propres contributions pendant toute leur vie?

• Idolâtrie – moyens d’éviter le culte du professeur : l’un des obstacles à l’action des étudiants est le modèle traditionnel de la salle de classe, qui met en scène le « sage sur le podium » dispensant son savoir à des étudiants souvent considérés comme des « fainéants ». Cette compréhension commune supprime l’action et le savoir de l’étudiant et gonfle le statut du professeur. Compte tenu des structures hiérarchiques rigides de l’enseignement supérieur dans lesquelles nous nous trouvons, comment résister à l’idolâtrie de ceux qui occupent les sièges de pouvoir? Afin de démocratiser l’apprentissage et de faire en sorte que les apprenants (qui, ensemble, ont plus d’expériences vécues que le corps professoral) aient une influence, nous devons faire un effort conscient pour éviter l’idolâtrie ou de contribuer au culte de la personnalité qui entoure souvent les professeurs.
• Le pouvoir est partout : ne vous y trompez pas. Là où il y a des gens, il y a du pouvoir. Et que les détenteurs du pouvoir reconnaissent ou non leur pouvoir, celui-ci existe. Les interactions humaines dans le domaine de l’éducation ne font pas exception. Les politiques, les pratiques, les conversations, les évaluations, la façon dont la salle de classe est organisée … Tout peut subtilement ou explicitement indiquer le pouvoir et exprimer si une personne a sa place dans l’espace ou non.

Module 3. Cocréer des communautés inclusives

Confiance et contexte

Si la diversité est notre plus grand atout, l’inclusion est notre plus grand défi. La mission scolaire qui consiste à faire progresser l’apprentissage et la découverte, sans causer de tort, est mieux servie par une orchestration de perspectives diverses. Les processus scolaires actuels dressent les étudiants les uns contre les autres, les membres du corps enseignant les uns contre les autres et les membres du corps enseignant contre les étudiants, ce qui crée des monocultures et des hiérarchies d’exclusion pleines de préjugés. Le parcours scolaire est souvent solitaire; cela a été particulièrement le cas pendant la pandémie. Comment créer une communauté d’apprentissage cohésive à partir de perspectives dissonantes et divergentes, gérer les conflits, écouter les voix plus discrètes des minorités, donner et recevoir des critiques constructives et partager généreusement les connaissances dans l’intérêt collectif?

• Lignes directrices de la communauté et normes de participation : certains groupes publient des lignes directrices de participation ou des codes de conduite. Ces documents peuvent constituer un point de départ utile pour qu’un groupe de personnes se mette d’accord sur certaines normes, mais ils ne seront solides que s’ils sont visités, revisités, critiqués et modifiés régulièrement. Vous pouvez faire preuve de courage en veillant à ce qu’il ne s’agisse jamais d’une activité ponctuelle, mais plutôt d’une valeur qui s’inscrit dans tout ce que vous faites et dans la manière dont chaque membre de la communauté traite les autres.
• Éthique et justice sociale : même un intérêt superficiel de l’apprentissage humanisant entrainera presque immédiatement une confrontation à des questions de justice sociale et d’éthique. Nous soutenons que cela est en fait souhaitable et que le changement (culturel et donc éducatif) proviendra des réseaux d’échange de pratiques qui collaborent dans ce travail et s’efforcent de toujours s’améliorer.
• Conception participative et cocréation : tout d’abord, nous devons reconnaître que le pouvoir est partout. La conception et la création participatives entrainent une remise en question et une perturbation fondamentales du pouvoir. Ce sujet nécessite beaucoup plus d’interrogations et de discussions pour parvenir à des œuvres aplanies et cocréées. Pour en savoir plus, cliquez ici : Vidéo Creating Brave Spaces et « Qu’est-ce que la conception participative? »
• Animation inclusive

Figure 2 : Gazouillis d’Ashley Yates concernant l’animation, 18 mai 2021, https://twitter.com/brownblaze/status/1394748079090200577

Figure 3 : Gazouillis de Viji Sathy concernant l’animation, 1er octobre 2021, https://twitter.com/vijisathy/status/1443958751883636736

Module 4. Soutenir le changement

Critique et prise en charge

Figure 4 : Photo par Noah Buscher sur Unsplash

Objectif : susciter et maintenir des changements et des adaptations équitables dans l’ensemble du système de l’enseignement supérieur.

Changer n’est jamais facile. Le milieu universitaire, en tant qu’établissement, a été conçu pour résister au changement et maintenir les pratiques établies. Les failles du système, la fausse rareté, l’exclusion, la hiérarchie rigide, même si elles ne sont pas nouvelles, ont été exacerbées pendant la pandémie et doivent désormais être abordées et réglées. De nombreuses expériences innovantes en matière d’apprentissage plus inclusif et tourné vers l’avenir se sont heurtées à des obstacles insurmontables et n’ont pas pu s’épanouir. Comment pouvons-nous maintenir le changement, la complexité et l’intérêt dans un système qui n’a pas été conçu pour répondre aux exigences actuelles de notre société?

Comment pouvons-nous mettre l’accent sur la prise en charge, conserver les acquis de l’apprentissage que nous avons peut-être obtenus pendant l’étrange période de la pandémie, et soutenir le changement? Comment pouvons-nous apprendre les arts de la prise en charge, de la critique et de la présentation d’excuses de manière à contribuer au changement systémique dans son ensemble sans nous laisser distraire par notre ego? Dans ce module, nous reviendrons à la structure libératrice quoi/et alors/et maintenant pour explorer des pratiques de réflexion critique et de cycles créateurs de changement, même en situation de lassitude. Nous allons également redéfinir la prise en charge à titre de processus plus réciproque que les versions fragmentées de l’autoprise en charge présentées par les courriels et théâtres du bien-être institutionnels de notre ère pandémique.

• Trouver et traiter les points de friction dans des systèmes complexes.
• Dépasser l’optimisation du passé, examiner ce qui constitue une preuve, notre interprétation de la rigueur et de la qualité et soutenir le changement de culture.

Figure 5 : Visualisation du calendrier de conception participative du programme Humaniser l’apprentissage à l’automne 2021. Dessin de Giulia Forsythe. CC0