L’histoire de Phillip

Profil de Phillip

 

Phillip naît dans une petite ville du Nord de l’Ontario en 1979, d’un père ojibwé (voir l’histoire de Jacques) et d’une mère blanche élevée dans la tradition anglicane (voir l’histoire de Marie). Phillip a 6 ans lorsque naît sa sœur Nancy. Au cours de son enfance, Phillip est souvent qualifié de sensible ou délicat. Il n’a aucun intérêt pour le sport, à la grande déception de son père. Phillip aime passer du temps avec sa mère, se blottir sur ses genoux, l’aider dans la cuisine et la regarder préparer les rencontres sociales.

À l’école, Phillip se fait malmener par les autres élèves, qui l’insultent, le bousculent et refusent de travailler avec lui en équipe.

Nancy, la sœur de Phillip, est une athlète naturelle. Leur père, Jacques, encourage Nancy à se surpasser, mais ne manque pas de mentionner à Phillip qu’il pratiquerait les sports lui aussi s’il était un « vrai garçon ». L’estime de soi de Phillip s’effondre sous le poids de ce stress à l’école et à la maison. Il se demande souvent ce qui cloche chez lui.

À l’école secondaire, les choses ne font que s’envenimer. Phillip se sent encore plus seul et désorienté. Il ne s’intéresse ni aux sports ni aux filles, contrairement aux autres adolescents. Il a secrètement un coup de cœur pour un autre garçon de son groupe, mais n’ose rien dire. En 11e année, Phillip n’arrive plus à supporter l’intimidation, les chuchotements et les commentaires des membres de sa petite communauté, ni la déception qu’il voit chaque jour sur le visage de son père.


Deux hommes s'embrassant sur la plage
CC-BY-SA-2.0 Deux hommes s’embrassant sur la plage.

 

Phillip aime jardiner avec sa mère et l’accompagne lorsqu’elle fait des promenades en groupe avec ses amis de l’église dans le quartier ou, de temps à autre, des randonnées dans les environs. Phillip se réfugie aux côtés de sa mère, surtout après des disputes avec Jacques. Dans l’ensemble, Phillip est nettement moins actif que sa sœur Nancy, une sportive née.

À 16 ans, sans prévenir qui que ce soit, Phillip quitte la petite ville dans laquelle il a grandi pour se rendre à Toronto. Il y trouve une communauté de personnes qui l’acceptent tel qu’il est. C’est une période stimulante de découverte, sous le signe de l’alcool et de la drogue. Il a de multiples partenaires de sexe masculin. Phillip maintient ce style de vie insouciant pendant plusieurs
années. Il consomme beaucoup d’alcool, s’injecte de la drogue et passe d’une relation à l’autre, ayant souvent plusieurs partenaires en même temps. Il n’a aucun contact avec sa famille et se demande souvent si sa sœur et ses parents pensent à lui. Phillip appelle ses parents à quelques reprises, mais raccroche dès que quelqu’un répond au téléphone. Les mots lui manquent.

À Toronto, Phillip mène un mode de vie sédentaire, conjugué à des comportements à risque.

À l’automne 2008, à 29 ans, Phillip attrape ce qui semble être une vilaine grippe :

  • Fièvre
  • Frissons
  • Éruptions cutanées
  • Sueurs nocturnes
  • Courbatures
  • Mal de gorge
  • Fatigue
  • Enflure des ganglions lymphatiques
  • Ulcères buccaux

Après quelques semaines, Phillip se sent mieux. Toutefois, ses amis proches se préoccupent de sa perte de poids et lui suggèrent de faire un test de dépistage du VIH. Phillip ne s’inquiète pas outre mesure. Il ne croit pas être à risque, puisqu’il utilise un préservatif lors de la plupart de ses relations sexuelles. Phillip oublie rapidement cet épisode. Il reprend le mode de vie auquel il est
habitué et le poursuit pendant une dizaine d’années.


En 2018, Phillip commence à ressentir des malaises. Il perd du poids, se sent épuisé et remarque des taches sur son visage et à l’intérieur de sa bouche. (Voir la liste complète de ses symptômes dans la présentation PowerPoint)

Après trois mois sans amélioration de son état, Phillip se rend à une clinique pour en avoir le cœur net. Le médecin lui fait passer des tests pour confirmer ses soupçons d’infection au VIH/sida.

Le résultat est positif. Phillip consulte une médecin spécialiste en traitement du VIH.

La médecin spécialiste commande des tests pour déterminer le stade de la maladie et les meilleures options de traitement. Les tests en laboratoire serviront à vérifier la présence d’infections ou de complications fréquemment liées au VIH. Phillip mentionne également ses préoccupations concernant des taches violettes sur sa peau et à l’intérieur de sa bouche.

Au diagnostic initial de VIH s’ajoute un diagnostic de sarcome de Kaposi. Phillip est désemparé face au diagnostic et au traitement qui l’attend. Il a l’impression d’être condamné. Après mûre réflexion, il décide d’aller chercher du soutien auprès de sa sœur.

Nancy est compatissante, mais soutient qu’elle ne peut pas faire grand-chose puisqu’elle est débordée par ses propres difficultés. Nancy propose à Phillip de venir la visiter une fois par mois. Toutefois, lorsque Phillip apprend que Jacques et Marie ont emménagé chez Nancy temporairement, il refuse l’invitation.

Phillip envisage de communiquer avec la famille élargie de son père. Toute sa vie, Phillip ne s’est jamais senti à sa place. Les membres de la communauté autochtone seraient-ils prêts à l’accepter? Il se pose des questions, mais sans faire plus de démarches.

Phillip éprouve de plus en plus d’anxiété sociale et de dépression en raison de son diagnostic. Il ne trouve pas de soutien auprès de sa famille, mais est déterminé à suivre le traitement prescrit par les médecins. Entre-temps, Phillip reprend contact avec un ancien partenaire, mais ce dernier traverse également une période difficile, étant atteint d’un cancer du poumon. Les traitements ont affaibli son système immunitaire. Phillip craint de transmettre le VIH à son partenaire.

Phillip se définit comme personne bispirituelle, animée à la fois d’un esprit masculin et d’un esprit féminin. Traditionnellement, les personnes bispirituelles étaient tenues en haute estime chez les peuples autochtones, pour qui la différence était vue comme un atout. Ces croyances ont été profondément ébranlées par les enseignements des pensionnats autochtones et de l’Église, pour qui ce mode de vie était inacceptable. Phillip ne trouve pas le soutien et l’acceptation dont il a besoin auprès des Autochtones, mais constate que les mentalités commencent à changer. La communauté ojibwée d’origine de Jacques est très traditionnelle. Phillip est conscient que sa consommation de drogue y serait mal vue.

Mots-clés

Mots-clés : toxicomanie, sida, personne biraciale (métisse), VIH, homosexualité, autochtone, consommation de drogues par injection, LGBTQ+, comportements à risque, identité personnelle, infections opportunistes, sarcome de Kaposi, immunodépression, anxiété sociale, dépression

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Études De Cas Polyvalentes En Sciences De La Santé Copyright © 2024 by Laura Banks; Elita Partosoedarso; Manon Lemonde; Robert Balogh; Adam Cole; Mika Nonoyama; Otto Sanchez; Sarah West; Sarah Stokes; Syed Qadri; Robin Kay; Mary Chiu; and Lynn Zhu is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License, except where otherwise noted.

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