10 Étude de cas 9 : Rabia et Ali

Profil   Femme Homme
Nom Rabia Ali
Âge au moment du mariage  21 25
Âge*  36 40
Pays d’origine Pakistan Pakistan
Religion Musulman Musulman
Éducation Obtention partielle d’un diplôme de premier cycle en microbiologie de l’Université de Karachi  

Premier cycle universitaire

Connaissance de l’anglais Limitée Limitée
Emploi avant la migration Sans emploi Propriétaire d’une concession automobile
Emploi Sans emploi Possède et gère une société concessionnaire automobile
Catégorie d’immigration  

Visa d’entrepreneur

 

Visa d’entrepreneur

Statut d’immigrant* Résident permanent (PR) Résident permanent (PR)
Nombre d’années de mariage* :  15
Enfants* :
  • Fils : Akbar (13 ans)
  • Fille : Rashida (8 ans)
  • Fille : Rukshana (5 ans)
  • Fille : Ala (4 ans)
  • Fille : Sultana (4 ans)
  • Fille : Afroz (3 mois)

*Au moment de la demande auprès de la Cour de la famille

 

Parcours avant la migration

Au début de leur mariage, le couple a déménagé au Moyen-Orient où Ali a créé une concessionnaire automobile. Il a fait déménager sa famille, bien que son fils souffre d’asthme et que le climat du Moyen-Orient ne lui convienne pas. Après quatre années de mariage, Rabia et Ali ont immigré au Canada avec leur jeune fils dans le cadre du programme Chefs d’entreprise. Ali apportait plus de 300 000 USD, une condition du programme de visa pour le démarrage d’entreprise. Initialement, Rabia avait décidé de ne pas résider au Canada, elle accompagnait simplement son mari pour garder la famille unie. Toutefois, après avoir constaté que le climat du Canada conviendrait beaucoup mieux à son jeune fils, Rabia a estimé que cette immigration pourrait être bénéfique à son fils : celui-ci n’aurait plus besoin de prendre sa dose quotidienne de stéroïdes pour rester en vie à Dubaï.

 

Installation au Canada

À leur arrivée au Canada en mai 1999, Rabia et Ali ont acheté au comptant un appartement en copropriété. Ali a ouvert un magasin de meuble tout en continuant à s’occuper de sa concession automobile au Moyen-Orient. Deux ans plus tard, le couple a fait une hypothèque pour acheter une deuxième propriété. Cette propriété a été vendue en 2003, mais Rabia n’a reçu aucune part du produit de la vente. Lorsque Rabia et Ali sont devenus résidents permanents (RP) en 2002, Ali a vendu son entreprise de meubles en réalisant un profit. Il a continué à investir à Dubaï. Rabia restait à la maison pour s’occuper de la famille grandissante. Elle était chargée de toutes les tâches domestiques et de l’éducation des enfants. La seule priorité d’Ali, c’était de gagner de l’argent. Cinq ans après son arrivée au Canada, Ali a créé une entreprise d’exportation de voitures, ce qui lui a permis d’acheter et de transférer des voitures au Moyen-Orient.

 

Violence domestique

Tout au long de leur mariage, Ali a maltraité verbalement et physiquement Rabia en présence des enfants. Il a exhibé ses relations avec d’autres femmes sous les yeux de sa femme et a exigé d’elle des rapports sexuels à sa seule convenance. Il contrôlait l’argent de Rabia, surveillait leurs comptes par voie électronique et ne lui fournissait que l’argent strictement nécessaire. Il refusait toutes les demandes d’argent supplémentaire visant à financer les activités extrascolaires de leurs enfants. Elle n’avait pas le droit de quitter la maison, sauf en cas de nécessité absolue et n’était pas autorisée à contacter sa famille vivant au Pakistan. Durant leur mariage, Ali a forcé Rabia et ses enfants à l’accompagner dans ses voyages d’affaires prolongés au Moyen-Orient (jusqu’à six mois) malgré l’état de santé fragile de leur fils. Rabia était obligé de retirer ses enfants de l’école pour pouvoir accompagner son mari. Au cours de ces voyages, Rabia et ses enfants restaient enfermés à la maison tandis qu’Ali traitait ses affaires et rentrait tard dans la soirée. De retour au Canada, Rabia réinscrivait les enfants à l’école, mais ils ne parvenaient pas à rattraper leur retard scolaire.

Ali criait et frappait souvent ses enfants qui avaient peur de leur père. Ali menaçait régulièrement Rabia de prendre les enfants au milieu de la nuit pour les mettre sur un vol pour le Pakistan et que celle-ci ne pourrait plus les revoir. En février 2009, Rabia a décidé de contacter la police pour dénoncer les sévices qu’elle avait subis toutes ces années. Deux de ses filles, âgées de six et neuf ans, ont révélé qu’elles avaient été agressées sexuellement par Ali. Son fils a déclaré qu’il avait été maltraité physiquement par Ali qui le filmait sous la douche. Dans un premier temps, l’Unité spéciale des victimes (SVU) était sceptique face à ces allégations, car elle estimait que les enfants étaient manipulés. Toutefois, la Société d’aide à l’enfance (SAE) a décidé en décembre d’inscrire Ali sur le Registre de l’enfance maltraitée. Ali a été accusé de deux chefs d’accusation d’agression et d’un chef d’accusation d’agression sexuelle sur Rabia. Il a été libéré sous caution et la Cour de la famille lui a ordonné de n’avoir aucun contact direct ou indirect avec la mère ou les enfants. Il n’a pas été autorisé à quitter le pays. En mai 2009, il s’est présenté devant la cour et a obtenu une modification de sa libération conditionnelle qui lui a permis de récupérer son passeport et de pouvoir voyager à des fins professionnelles. Quelques mois après l’ordonnance, le frère et la sœur d’Ali ont commencé à harceler Rabia en lui téléphonant ou en lui rendant visite pour lui demander de régler cette affaire sans passer par le tribunal. Son beau-frère lui laissait des messages vocaux pour la menacer de lui enlever ses enfants si elle refusait de lui parler. Il invoquait aussi la colère de Dieu qui la punirait. Un jour, son beau-frère est venu frapper agressivement à la porte de son appartement et a effrayé les enfants. Elle a alors décidé d’appeler le 911. La police est venue la voir pour l’informer que son beau-frère avait reçu un avertissement lui demandant de ne plus la contacter. Elle a demandé à la Cour de la famille une ordonnance d’éloignement pour empêcher son mari ou toute personne agissant en son nom de la contacter.

 

Résolution

Ali a plaidé coupable pour les charges d’agression contre Rabia. Par contre, les accusations d’agression sexuelle ont été abandonnées. Il a été condamné à une probation de douze mois avec interdiction de tout communication avec Rabia et les enfants. En outre, il a dû participer à des séances de gestion de la colère. En août 2011, il a reçu l’ordre de remettre son passeport à son avocat et de fournir une déclaration de sa situation financière complète. Il n’a exécuté aucun de ces ordres.

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Violence Domestique dans les Communautés d’Immigrants: Études de Cas Copyright © 2021 by Ferzana Chaze, Bethany Osborne, Purnima George and Archana Medhekar is licensed under a Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International, except where otherwise noted.

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