3 Étude de cas 2 : Zakia et Wasim

Profil   Femme Homme
Nom Zakia Wasim
Âge au moment du mariage  18 19
Âge*  23 24
Pays d’origine Afghanistan Afghanistan Wasim avait le statut de réfugié en Inde avant de venir au Canada.
Religion Musulman Musulmane à la naissance. Converti au christianisme.
Éducation Onzième année d’études complète en Afghanistan. Cours supplémentaires en Inde Douzième année d’études en Inde
Connaissance de l’anglais Limitée Limitée
Emploi avant la migration Aucune information disponible Aucune information disponible
Emploi Vendeur Vendeur
Catégorie d’immigration Réfugié au sens de la convention. Programme de parrainage communautaire (2016) Réfugié au sens de la convention. Programme de parrainage communautaire (2016)
Statut d’immigrant* Résident permanent Résident permanent
Nombre d’années de mariage* :  5
Enfants* :
• Fille : Abida (1 an)

*Au moment de la demande auprès de la Cour de la famille

 

Parcours avant la migration

Zakia a épousé Wasim en Inde, en janvier 2012. Elle avait dix-huit (18) ans. Zakia et Wasim vivaient tous les deux chez les parents de Wasim, sous le statut de réfugié en Inde. Ils étaient titulaires d’une carte d’identité de réfugié du HCR. Bien qu’ils soient tous deux d’origines musulmanes, Wasi s’était converti au christianisme pendant son séjour comme réfugié en Inde. Pour pouvoir épouser Zakia, Wasim s’est reconverti à l’Islam au moment du mariage. C’était un premier mariage et Zakia croyait qu’il s’agissait d’un mariage d’amour. En Inde, Zakia et Wasim travaillaient dans des emplois mal rétribués qui leur permettaient juste de survivre. Le lendemain de leur mariage, la belle-mère de Zakia, une avocate, a persuadé sa belle-fille de signer un contrat stipulant qu’en cas de divorce, elle ne recevrait aucune compensation. Une semaine après leur mariage, Wasim a commencé à tromper Zakia. Ce comportement s’est répété tout au long de leur mariage.

Quatre ans après leur mariage, Wasim a annoncé à Zakia qu’il s’était converti de nouveau au christianisme. La famille de Wasim infligeait à Zakia des violences psychologiques permanentes et insultait sa famille et l’Islam. Le père de Wasim jetait les articles religieux de Zakia en les qualifiant de « conneries ». Un jour, Wasim a agressé physiquement Zakia : il l’a saisi par le cou et l’a frappé sur la bouche, provoquant un œdème qui a empêché Zakia de manger pendant une semaine. Zakia a été victime à nombreuses reprises des violences physiques exercées par Wasim. À une occasion, elle avait contacté les autorités, mais celles-ci lui avait dit que sa demande d’asile pourrait être compromise et elle avait renoncé à déposer une plainte officielle.

Zakia devait reverser tous ses revenus à la famille de Wasim en échange du loyer et de la nourriture. Après avoir accepté cette situation pendant un certain temps, elle a insisté pour conserver une partie de son salaire, ce qui a provoqué la colère de sa belle-famille et empiré la situation.

Zakia est tombée enceinte trois fois. À chaque fois, la famille de Wasim l’a obligée à avorter, en prétextant qu’il serait trop coûteux d’avoir des enfants. Sans autre choix, elle s’est résignée, a subi la perte des enfants et a éprouvé les douleurs physiques de l’avortement.

Avant le mariage, la famille de Wasim avait promis à Zakia qu’elle pourrait retourner à l’école pour terminer ses études. Après le mariage, elle l’a dissuadé de le faire en affirmant que cela couterait trop cher et qu’elle serait entourée d’un trop grand nombre d’hommes. Malgré cela, Zakia est retournée à l’école, mais a dû redoubler sa onzième année d’études, car sa onzième année en Afghanistan n’a pas été reconnue. Mais elle n’a pas pu terminer sa douzième année, car elle s’est installée au Canada avec son conjoint et sa belle-famille.

 

Installation au Canada

Zakia, Wasim et sa famille élargie sont arrivés au Canada le 26 octobre 2016, en tant que résidents permanents. Ils ont immigré en tant que réfugiés parrainés par un groupe privé au sens de la Convention outre-frontière. Au Canada, le couple a vécu avec les parents et les deux frères de Wasim. Le couple a trouvé un travail dans la même entreprise et Wasim a commencé à tromper sa femme avec plusieurs collègues de travail. Wasim et sa famille ont continué à prélever l’argent de Zakia et à contrôler ses activités quotidiennes, notamment sa tenue vestimentaire, son alimentation et ses amis. En novembre 2016, Zakia a découvert qu’elle était de nouveau enceinte. Sa belle-famille a fait pression sur Zakia pour qu’elle avorte, mais celle-ci a refusé. Elle a dû acheter elle-même les vêtements pour la maternité et engager d’autres dépenses.

 

Violence domestique

Outre le fait de ne plus pouvoir pratiquer sa foi, Zakia a subi des violences physiques, psychologiques et financières et elle a été victime d’un abandon matériel et moral. Les différences de religion entre les familles de Zakia et Wasim étaient une source de discorde importante. Elle devait rembourser ses beaux-parents lors des sorties et des excursions. Elle n’était pas autorisée à envoyer de l’argent à sa famille en Inde. Elle ne pouvait pas choisir ses amis sans le consentement de sa belle-famille. La famille de Wasim surveillait de près la nourriture qu’elle mangeait, les endroits qu’elle fréquentait et les vêtements qu’elle portait. Elle n’était pas autorisée à poursuivre ses études. Un soir d’hiver, alors qu’elle était enceinte de quatre (4) mois, Zakia a demandé à Wasim de l’emmener faire des courses. Il l’a accompagné à l’épicerie, mais l’a abandonnée sur place, la forçant à rentrer chez elle à pied par -27 °C. Lorsqu’elle est finalement arrivée à la maison à 22h30, elle a découvert que Wasim et sa famille avaient fini le repas, sans lui laisser la moindre nourriture. Après avoir salué sa belle-famille, elle est entrée dans la cuisine pour préparer quelque chose à manger. Sa belle-famille a alors commencé à la réprimander en lui reprochant de ne pas les avoir salués. Elle leur a expliquait qu’elle les avait salués, qu’elle avait faim, qu’elle était fatiguée et qu’elle voulait manger quelque chose. Son beau-père l’a traité de « sale musulmane », a insulté sa famille et sa religion. Son beau-père lui a dit qu’elle vivait dans leur maison et non dans la sienne et a exigé qu’elle parte.

Zakia a pris les paroles de son beau-père au sérieux, compte tenu de la nature violente de la famille, qu’elle avait pu observer au fil des ans. Quelques semaines auparavant, elle avait vu le cousin de Wasim agresser sa sœur, ce qui avait nécessité une intervention médicale. Zakia a alors décidé de partir pour se protéger et protéger le bébé qui allait naître. Elle est partie immédiatement au milieu de la nuit. On était en plein hiver, mais Zakia, effrayée, était déterminée à ne pas revenir. Elle n’avait que 20 $ en poche et une carte de crédit. Un Uber l’a emmené à un Holiday Inn où elle est restée une nuit. Le lendemain, en arrivant au travail, elle a reçu un texto de son conjoint l’informant qu’il ne la considérait plus comme sa femme. Il invoquait le divorce en citant à trois reprises le mot « talak », ce qui constitue un divorce selon la loi islamique. Le couple s’est séparé ce jour-là et Wasim a dit qu’il allait envoyer les papiers du divorce. Les collègues de Zakia lui ont conseillé d’appeler le 911, ce qu’elle a fait. La police a recueilli des renseignements préalables et l’a emmené dans un refuge. Peu de temps après, Zakia a signalé les mauvais traitements qu’elle avait subis à une infirmière de santé publique qui l’a orienté vers la Société de l’aide à l’enfance, car elle était préoccupée par le bien-être de l’enfant à naître.

Zakia et Wasim ont continué à se voir au travail, mais sans interagir. Sur recommandation de sa sage-femme, Zakia a dû interrompre son travail à cause de sa santé. Wasim refusait toujours de lui parler ou de s’informer sur sa santé ou celle du bébé. Zakia a accouché en urgence de sa fille par césarienne Wasim lui a rendu visite une seule fois après l’accouchement, en compagnie de ses collègues de travail.

 

Résolution

Zakia s’est vu confier la garde exclusive de sa fille, qui réside actuellement dans un logement de l’État. Wasim est autorisé à rendre visite à sa fille, mais les déplacements sont organisés par une tierce partie. Wasim paie une pension alimentaire mensuelle, mais il ne voit plus ni ne contacte sa fille depuis février 2019. Zakia s’est inscrite à l’école pour terminer ses études secondaires.

Licence

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Violence Domestique dans les Communautés d’Immigrants: Études de Cas Copyright © 2021 by Ferzana Chaze, Bethany Osborne, Purnima George and Archana Medhekar is licensed under a Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International, except where otherwise noted.

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