16 Étude de cas 15 : Ayesha et Kabir

Profil   Femme Homme
Nom Ayesha Kabir
Âge au moment du mariage  25 27
Âge*  31 33
Pays d’origine Bangladesh Bangladesh
Religion Musulman Musulman
Éducation Premier cycle universitaire Deuxième cycle universitaire
Connaissance de l’anglais Bon niveau Bon niveau
Emploi avant la migration Étudiant Étudiant
Emploi Sans emploi Informatique
Catégorie d’immigration  

Aucune information disponible

Catégorie du regroupement familial : Ayesha a parrainé Kabir dans le cadre du programme de parrainage des conjoints
Statut d’immigrant* Citoyen Résident permanent (2005)
Nombre d’années de mariage* :  6
Enfants* :
  • Fils : Salim (4 ans)

* Au moment de la demande auprès de la Cour de la famille

  

Parcours avant la migration

La famille biologique d’Ayesha est originaire du Bangladesh et a immigré au Canada. Sa famille pratiquait le soufisme, une forme spirituelle de l’islam. À l’époque de son mariage, Ayesha suivait des études universitaires. Elle était sur le point d’obtenir le baccalauréat et vivait depuis quatre ans avec sa famille à Toronto. Ayesha était une chanteuse bengali talentueuse et capable d’accompagner des chanteurs professionnels. Tous les membres de sa famille étaient citoyens canadiens. Kabir vivait au Royaume-Uni où il terminait ses études supérieures en technologie. Kabir venait d’une famille aisée, son père était un haut fonctionnaire du secteur du transport aérien. Le mariage avait été arrangé par les deux familles. La cérémonie du mariage a eu lieu au Bangladesh en 2004.

 

Installation au Canada

Ayesha a terminé ses études de baccalauréat en juin 2005, peu après le mariage. Elle a parrainé Kabir pour qu’il vienne au Canada. Il est arrivé un mois après l’obtention de son diplôme. Ayesha et Kabir ont commencé leur vie conjugale dans une grande ville canadienne. Kabir ne voulait pas que sa femme travaille après leur mariage. Kabir a trouvé un travail au service informatique d’une banque. Ayesha est tombée enceinte peu après leur mariage, et leur enfant est né en 2006.

 

Violence domestique

Les mauvais traitements ont commencé au tout début de leur vie commune. Kabir se plaignait de la cuisine d’Ayesha. Un jour, il a maintenu le visage d’Ayesha au-dessus d’une casserole d’huile bouillante en lui disant qu’il allait lui enseigner qu’elle était la bonne température de cuisson. Effrayée par ses accès de colère et sa violence, Ayesha s’est rapidement soumise à la volonté de son mari. Durant toute sa grossesse, Kabir lui donnait des coups de pied, la poussait et la frappait. Kabir ne voulait pas d’enfant et faisait pression sur Ayesha pour qu’elle avorte. Il a demandé l’aide de sa famille élargie pour tenter de la convaincre, mais celle-ci a toujours refusé de le faire.

Au quatrième mois de sa grossesse, Ayesh a révélé à son médecin de famille les problèmes de sa relation avec Kabir. Le médecin a aiguillé le couple vers un psychiatre qui a suggéré à Kabir de consulter un autre psychiatre pour régler ses problèmes de colère. Kabir a mal pris cette recommandation et a cessé d’aller voir le psychiatre. Il a interdit à Ayesha de se rendre à d’autres rendez-vous et il est devenu de plus en plus violent.

Leur fils est né par césarienne et les parents d’Ayesha sont venus aider la famille pendant une semaine. Cette visite a été écourtée quand Kabir a insulté la mère d’Ayesha. Ayesha a pu obtenir un certain soutien. L’infirmière de santé publique qui venait à domicile pour aider Ayesha après l’accouchement a remarqué que cette dernière présentait des troubles de santé mentale. Elle pensait qu’il s’agissait d’une dépression postnatale et apportait une aide émotionnelle à Ayesha. Ayesha devait accomplir toutes les tâches ménagères, élever l’enfant et servir la famille élargie de Kabir. Perturbé par les cris du nouveau-né, Kabir a demandé à Ayesha de dormir avec leur fils sur un canapé gigogne dans une autre pièce. Un an après la naissance du bébé, Ayesha a déménagé chez ses parents pendant plusieurs mois tandis que le beau-frère de Kabir emménageait au domicile conjugal.

Au fil des ans, Kabir imposait une discipline stricte toujours aussi stricte, exigeant de l’ordre et de l’obéissance de la part d’Ayesha et de leur fils. Si son fils ne se conformait pas immédiatement à ses ordres, Kabir le réprimandait, le secouait et le frappait. L’enfant avait peur de son père. Ayesha ne pouvait pas intervenir, car elle aurait été battue. Kabir a trouvé un nouvel emploi et la famille a déménagé dans une nouvelle maison à partir de juin 2010. Le titre de propriété de la maison était établi au seul nom de Kabir. Kabir gagnait beaucoup d’argent et a commencé à suivre des cours de troisième cycle universitaire dans une université locale. Kabir disait à Ayesha que son domaine était la maison qu’elle devait ranger et organiser, sous peine d’être battue.

Lors d’une visite en janvier 2010, l’oncle d’Ayesha a assisté aux mauvais traitements infligés par Kabir à Ayesha et à son fils. Kabir avait frappé Ayesha avec une chaussure et l’enfant était tellement indigné qu’il a essayé d’intervenir. Kabir est devenu furieux et a poussé l’enfant sur le canapé. Lorsque l’enfant est intervenu à nouveau, Kabir l’a enfermé dans les toilettes et a éteint la lumière. L’enfant était terrifié.

Les mauvais traitements ont continué et Ayesha a commencé à avoir des troubles psychologiques non traités. La violence s’est intensifiée à partir de 2007 pour atteindre un pic en 2010. Kabi disait à Ayesha qu’il l’aurait déjà tuée, si sa famille n’habitait pas au Canada. Il menaçait de la tuer et de se suicider ensuite. Il la menaçait avec un couteau et la traitait de femme « ignorante » et « stupide ». Son fils était témoin de la plupart de ces mauvais traitements et essayait de protéger sa mère.

En août 2010, Kabir a appelé les parents d’Ayesha pour leur demander de reprendre leur fille et de ne pas revenir tant qu’elle ne se serait pas « améliorée ». Ayesha a commencé à vivre chez ses parents avec son fils. Un jour, son père l’a emmenée chez le médecin de famille qui a aiguillé Ayesha vers une clinique de santé mentale. Elle a commencé un traitement en octobre 2010. La clinique a demandé au mari d’accompagner son épouse à une réunion d’admission avec un travailleur social. Kabir a répondu qu’il ne pouvait pas se rendre à l’hôpital et la clinique a contacté le père d’Ayesha pour lui demander de l’accompagner. Le lendemain, le père a pris rendez-vous et Ayesh a rencontré un psychiatre. Au cours de la discussion, Ayesha a révélé qu’elle était terrifiée par son mari. Elle a déclaré au médecin qu’elle pensait que son mari avait des pouvoirs spéciaux et qu’elle avait peur de lui. Le psychiatre lui a dit qu’il était obligé de signaler ces faits à la police et à la Société d’aide à l’enfance et qu’il était préférable qu’elle le fasse elle-même. Ayesha a alors dénoncé les mauvais traitements à la police, qui l’a emmenée dans un refuge avec son enfant. Elle est restée pendant une nuit dans le refuge avant d’emménager dans la maison de ses parents. Kabir a été arrêté et accusé de voies de fait, d’agression avec une arme et de menaces. Il a été libéré avec interdiction de tout contact avec elle et son fils. La Société d’aide à l’enfance a été appelée au moment de l’intervention de la police et un employé s’est rendu au domicile des parents d’Ayesha pour évaluer les risques. L’objectif était de vérifier que l’enfant était en sécurité et d’offrir un soutien à Ayesha en cas de besoin.

  

Résolution

Kabir a entamé une procédure judiciaire pour obtenir le droit de garde et de visite de l’enfant. Ayesha a demandé la garde exclusive de son fils avec un droit de visite pour Kabir. La cour a ordonné une évaluation en vertu de l’article 30 de la Loi portant réforme du droit de l’enfance (LRO) et un psychologue a recommandé d’accorder la garde exclusive au père. Cette évaluation permet de protéger l’enfant et de répondre à ses besoins quand il existe un doute quant à la capacité de l’un des parents, notamment en ce qui concerne la santé mentale. Ayesha maitrise désormais ses problèmes de santé mentale et élève son enfant avec succès avec l’aide de ses parents. Pendant toute la durée de la procédure, le père a obtenu un droit de visite surveillé de l’enfant.

Ayesha a contesté l’évaluation en vertu de l’article 30, car elle ne tenait pas compte du problème des accès de colère de Kabir et des violences domestiques. Un rapport critique été réalisé : il recommande qu’Ayesha conserve la garde de son fils et qu’un Cercle de soutien et de responsabilité (CSR) soit formé autour d’elle pour s’assurer que les besoins de l’enfant soient satisfaits. L’affaire a été finalement réglée par le biais d’une entente de garde parallèle où Ayesha déciderait des questions de religion et de santé de l’enfant et le père prendrait des décisions en matière d’éducation de l’enfant. L’enfant réside principalement chez sa mère avec un droit de visite de son père. Ayesha reçoit une prestation alimentaire pour le conjoint et pour l’enfant. Le domicile conjugal a été vendu et Ayesha a reçu sa part de la vente.

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Violence Domestique dans les Communautés d’Immigrants: Études de Cas Copyright © 2021 by Ferzana Chaze, Bethany Osborne, Purnima George and Archana Medhekar is licensed under a Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International, except where otherwise noted.

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