14 Étude de cas 13 : Elham et Dawood

Profil   Femme Homme
Nom Elham Dawood
Âge au moment du mariage  20 41
Âge*  35 55
Pays d’origine Aucune information disponible Aucune information disponible
Religion Musulman Musulman
Éducation Enseignement secondaire (Allemagne) Baccalauréat en génie mécanique
Connaissance de l’anglais Bon niveau Bon niveau
Emploi avant la migration Sans emploi Pays du moyen
Emploi Sans emploi Employé
Catégorie d’immigration Regroupement familial : Dawood a parrainé Elham dans le cadre du programme de parrainage des conjoints (1995) Immigration avec un visa étudiant (en 1980).
Statut d’immigrant* Citoyen Citoyen
Nombre d’années de mariage* :  13
Enfants* :
  • Fils : Farooq (11 ans)
  • Fille : Gulshan (8 ans)

* Au moment de la demande auprès de la Cour de la famille

 

Parcours avant la migration

Avant son mariage, Dawood vivait au Canada depuis quinze ans, où il travaillait comme ingénieur. Il vient d’une famille puissante et influente entretenant des liens avec les services secrets de son pays d’origine. Dawood a parrainé Elham pour que celle-ci puisse immigrer au Canada en 1995, un an après son mariage. Il existe un écart d’âge important entre Elham et son conjoint ; elle est de vingt ans plus jeune que lui. Elham a affirmé que Dawood souhaitait se marier avec une femme plus jeune que lui pour pouvoir la contrôler et l’entrainer.

 

Installation au Canada

À son arrivée au Canada, Elham a souhaité reprendre ses études pour terminer sa formation de dentiste. Dawood ne l’a pas encouragée à poursuivre dans cette voie. Il lui a dit qu’il voulait qu’elle s’occupe de la maison et fonde une famille. Elham était responsable de tous les aspects de l’éducation des enfants, notamment les devoirs scolaires, les activités parascolaires et les rendez-vous médicaux. Elham avait une sœur qui vivait au Canada, mais le reste de sa famille était resté dans son pays d’origine.

 

Violence domestique

Peu de temps après son mariage, Elham a découvert que Dawood entretenait une relation amoureuse durable avec une Canadienne. En fait, Dawood avait invité cette femme à la lune de miel d’Elham et de Dawood, apparemment comme photographe et vidéographe. Cette relation s’est poursuivie tout au long de son mariage avec Elham. Cette femme possédait la clé des trois domiciles conjugaux du couple. Elle était également copropriétaire du premier domicile conjugal d’Elham et de Dawood. Elham était censé se satisfaire de cet arrangement. Elle était isolée à la maison et son époux contrôlait ses fréquentations. Elle ne disposait pas de la clé de la maison et ne pouvait pas aller et venir comme bon lui semblait.

Dès le début de leur mariage, Elham a été victime des mauvais traitements de Dawood. Dawood buvait beaucoup. Il criait, l’insultait, la frappait et la poussait violemment. Il menaçait de la tuer et déclarait que « chaque minute passée en prison en vaudrait la peine si elle était morte ». Il demandait à ses enfants de dire à leur mère qu’ils la détestaient. Les enfants étaient témoins de ses violences et suppliaient leur père de cesser ses mauvais traitements. Elham avait envisagé de contacter la police, mais elle avait renoncé, car son mari lui avait dit qu’il enverrait les enfants hors du Canada et qu’elle ne les reverrait jamais. Dawood était en possession des passeports des enfants, sa famille occupait des postes importants et il travaillait dans le secteur du transport aérien : la menace était donc bien réelle.

Dawood interrogeait sans cesse ses enfants pour savoir ce que faisait Elham pendant la journée et avec qui elle parlait. Les enfants étaient réticents à fournir ces informations sur leur mère. Dawood leur retirait alors leurs jouets et leurs jeux en guise de punition. Il se mettait en colère et réprimandait les enfants. Il se montrait excessivement agressif avec eux, leur reprochant de ne pas être à la hauteur de ses attentes, à la fois dans le sport et à l’école. Il se comportait de manière incohérente : il leur apportait des cadeaux à d’autres occasions. Cette imprévisibilité inspirait aux enfants de la crainte à son égard.

Un jour, Elham a parlé de ces mauvais traitements à son médecin de famille. Celui-ci a commencé à la soigner pour les symptômes qu’elle présentait. Depuis des années, elle prenait des médicaments pour supporter le stress psychologique. Selon les propres dires d’Elham, celle-ci était devenue plus avisée, plus forte et moins tolérante à l’égard de ces mauvais traitements. Malheureusement, Dawood réagissait négativement à la résilience grandissante de son épouse et la violence ne faisait qu’augmenter.

Il ordonnait à ses enfants de ne plus l’appeler « maman ». Il la traitait comme une servante. Elham n’avait pas d’argent et Dawood ne lui fournissait aucun soutien financier. Elham a alors commencé à travailler à temps partiel comme assistante dans une agence immobilière lorsque ses enfants étaient à l’école. Elham avait obtenu une licence d’agent immobilier, mais Dawood ne lui avait pas permis de le renouveler. Il ne voulait pas qu’elle travaille. Il lui alors demandé de lui remettre directement son salaire. Dawood avait accumulé une dette importante de 600 000 dollars à la suite de décisions financières risquées et de fraudes, notamment en demandant trente-six cartes de crédit au nom d’Elham. Dès le début de leur mariage, Dawood avait demandé à Elham de signer un accord postnuptial qui stipulait qu’il aurait la garde des enfants et qu’elle devrait lui verser une certaine somme d’argent en cas de séparation. Elham avait toujours refusé de signer cet accord. Malgré cette situation financière délicate, Dawood conduisait des voitures de luxe et laissait à Elham une vieille voiture qui devait être réparée.

En mars 2008, la famille d’Elham a embarqué pour une croisière d’une semaine en compagnie d’une autre famille. Dawood a bu beaucoup d’alcool à bord et le personnel du navire lui reprochait son comportement agressif. Un soir, une violente dispute a éclaté. Effrayée, Elham s’est cachée dans la cabine de leurs amis. Dawood l’a retrouvée et a commencé à la frapper sous les yeux de leurs amis. Il lui a dit qu’il allait la tuer et la jeter par dessus bord. La dispute a continué dans la cabine d’Elham où Dawood a continué à la frapper et à déchirer ses vêtements. Elham a réussi à contacter la sécurité du navire qui lui a donné une autre cabine jusqu’à la fin de la croisière. Dawood est resté avec les enfants pendant les trois derniers jours et a tenté de les dresser contre leur mère.

Au retour de la croisière, Elham est allée vivre chez sa sœur dans la même ville. Elle retournait au domicile conjugal pour cuisiner, nettoyer et s’occuper des enfants pendant que Dawood était au travail. Avec l’aide de sa sœur, elle a contacté la police, mais a refusé de faire une déclaration. Deux mois plus tard, elle est retournée au domicile conjugal, mais elle a été reléguée au sous-sol.

Quelques semaines seulement après son retour, Dawood a menacé Elham avec le col d’une bouteille de bière cassée en exigeant qu’elle arrête de travailler. Elham a obtempéré. Une semaine plus tard, Elham a reproché à Dawood d’interroger les enfants et de fouiller dans ses affaires. Dawood a commencé à se moquer d’elle en la filmant avec un caméscope (ce qu’il avait déjà fait). Elham a essayé d’attraper le caméscope, mais Dawood l’a poussée au sol où elle est tombée sur les coudes en se cognant la tête et en se blessant au cou. Elle a dit à Dawood qu’elle ne voulait plus subir ces mauvais traitements. Elle a appelé la police, qui lui a demandé de déménager dans un endroit sûr. Les officiers ont occupé Dawood pendant qu’Elham faisait ses bagages. Elle est allée dans un refuge avec ses enfants. Aucune charge n’a été retenue contre Dawood qui a essayé de convaincre la police que sa femme l’avait attaqué. La police a contacté la Société d’aide à l’enfance et les enfants ont suivi des séances de counseling sur la maltraitance organisées dans le refuge. Elham a demandé une ordonnance d’éloignement contre son conjoint qui a été accordée pour une durée de seize mois. Se sentant en sécurité avec ses enfants, elle a décidé d’annuler la mesure d’interdiction pour minimiser les conflits au sein de la famille.

 

Résolution

À la fin de l’ordonnance d’éloignement, Elham et son mari ont convenu d’un calendrier de visites après intervention du tribunal. Un an plus tard, un nouvel incident a éclaté entre Dawood et ses enfants. Celui-ci a été interdit de communication pendant six (6) mois. La Société d’aide à l’enfance a été saisie. Elham souhaitait commencer une nouvelle vie et fournir de l’amour, de la stabilité et des soins à ses enfants. Dawood a continué à essayer tromper les tribunaux en donnant une version différente des événements ayant conduit à la séparation. Le Bureau de l’avocat des enfants (Office of the Children’s Lawyer, OCL) a été saisi pour représenter l’intérêt supérieur des enfants. Elham a demandé une garde conjointe et serait favorable à un droit de visite de son mari, si celui-ci demandait de l’aide pour régler ses problèmes de colère et d’alcool. Elle demande une pension alimentaire pour les enfants et l’épouse.

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Violence Domestique dans les Communautés d’Immigrants: Études de Cas Copyright © 2021 by Ferzana Chaze, Bethany Osborne, Purnima George and Archana Medhekar is licensed under a Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International, except where otherwise noted.

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