1 Introduction

Bienvenue!

C’est un plaisir de vous accueillir ici et de savoir que vous vous souciez de rendre l’éducation plus inclusive. Dans cette introduction, vous trouverez des informations générales sur les enjeux de l’inclusion en éducation, certains groupes et aspects à considérer lorsque vous envisagez d’apporter des changements au cours et le rôle important que joue la réflexion sur nous-mêmes.

Le livre est organisé comme beaucoup de nos préparations de cours : il commence par le plan de cours, les résultats d’apprentissage attendus et la structure du cours, puis le contenu du cours (p. ex. les séances d’enseignement, les notes, les activités), l’environnement, les évaluations et d’autres aspects de l’enseignement et de la conception.

Introduction

Le principe de l’inclusion devrait être incontestable. Le travail de tous les professeur.e.s, instructeur.trice.s et éducateur.trice.s est d’offrir à chaque étudiant.e de leur classe les mêmes possibilités d’apprendre et d’élargir leurs horizons. Ce volet fait partie de la définition de base de ce que signifie faire ce travail. Le fait que les éducateur.trice.s souhaitent que l’ensemble de leurs étudiant.e.s réussissent est une évidence, en particulier ceux et celles qui s’intéressent à la lecture de ce type de livre.

Néanmoins, les défis d’apprentissage peuvent varier énormément selon l’identité, le milieu culturel, les privilèges et les capacités de chaque personne. Aucune de ces caractéristiques ne permet de prédire le talent dans quelque discipline que ce soit. Pourtant, la réussite des étudiant.e.s est corrélée avec des caractéristiques individuelles [Caballero et coll. 2007, Wei et coll. 2018]. Autrement dit, les caractéristiques ne prédisent pas le talent, mais elles sont liées à la réussite. Le fossé de l’inclusion est l’écart entre le talent et la réussite, et il est créé, en partie, par des obstacles à l’inclusion que nous espérons réduire grâce à cette ressource.

Même si l’inclusion devrait aller de soi, la mise en place d’un environnement d’apprentissage inclusif peut s’avérer difficile. C’est ce que nous appelons « l’inclusion par défaut ». Le manque de considération de la diversité dans les environnements d’apprentissage peut conduire à l’exclusion systémique des étudiant.e.s pour des raisons qui n’ont rien à voir avec leurs capacités, leurs efforts ou leurs ambitions. Ce résultat est aux antipodes de l’objectif des éducateur.trice.s.

Le défi est d’autant plus grand que les espaces d’apprentissage sont, par défaut, inéquitables plutôt qu’inclusifs. L’éducateur.trice a des responsabilités et une autorité particulières, et il est tout simplement difficile d’exercer cette autorité avec prudence et dans l’intérêt de l’ensemble des étudiant.e.s. Après tout, la responsabilité de la sélection d’un programme, de la conception du contenu des cours, du choix des exemples pour rendre les concepts plus concrets et plus faciles à comprendre, et de l’évaluation des étudiant.e.s incombe traditionnellement en grande partie ou entièrement à l’éducateur.trice.

Enfin, les éducateur.trice.s sont des modèles de réussite universitaire. Ce type de réussite peut décourager les étudiant.e.s. Un.e éducateur.trice professionnel.le a probablement bénéficié d’une combinaison de talents, de chance et de privilèges qui lui ont permis de continuer d’exceller dans le travail universitaire à ses niveaux les plus avancés. Si les cours universitaires ont fonctionné pour l’éducateur.trice, pourquoi ne serait-ce pas le cas pour chaque étudiant.e suivant? Il peut arriver que ce soit vrai en apparence. Par exemple, travailler dur est essentiel pour réussir, et devenir un éducateur.trice professionnel.le demande certainement beaucoup de travail. Et si les étudiant.e.s n’avaient qu’à fournir ce type d’efforts intenses et que leur réussite n’était limitée que par leurs talents intrinsèques? Même ce simple point de vue, communément admis, est un sophisme de privilège. Abstraction faite de défis aussi importants que la discrimination historique et actuelle, beaucoup d’étudiant.e.s ne peuvent pas consacrer leur temps uniquement à l’apprentissage parce que leur situation économique les oblige à occuper un emploi à temps partiel ou à temps plein pour payer leurs études ou subvenir aux besoins de leur famille. Une voie qui a fonctionné pour un éducateur.trice peut ne pas être accessible à ses étudiant.e.s. Les éducateur.trice.s doivent comprendre que la voie qu’ils ou elles ont empruntée pour atteindre l’excellence universitaire peut être tout simplement inaccessible ou impraticable pour nombre de leurs étudiant.e.s.

La triple question de la pratique de philosophies d’enseignement inclusives par défaut, de la gestion de l’inégalité intrinsèque de presque tous les environnements d’apprentissage conventionnels et de la prise en compte des privilèges personnels dans l’aide à l’apprentissage des étudiant.e.s est la principale motivation de la préparation de ce livre. Nombre d’éducateur.trice.s peuvent également faire l’objet de discrimination ou être pris pour cible par des collègues et même des étudiant.e.s en raison de leur identité. Les femmes professeures, par exemple, sont souvent perçues comme moins compétentes que leurs collègues masculins ayant des qualifications identiques (ou moindres), et cette inégalité se reflète dans l’évaluation des professeur.e.s par les étudiant.e.s (Langbein 1994, Mitchell et Martin 2018). La discrimination et les préjugés ne devraient pas avoir leur place dans l’éducation ou ailleurs. Pourtant, les éducateur.trice.s peuvent être soumis.e.s aux mêmes forces caustiques que les étudiant.e.s.

Trop souvent, nous avons vu les défenseur.euse.s de l’inclusion formuler des critiques ou des attaques non constructives à l’encontre des mesures d’amélioration de l’équité dans les environnements universitaires. Il est évident que l’intolérance dans ce contexte est extrêmement hypocrite et conduit à l’exclusion et au cloisonnement, qui sont les antithèses de l’inclusion. En tant qu’auteur.e.s de cette ressource, nous reconnaissons que nous portons nos propres préjugés, acquis au cours de notre vie en société. Notre aspiration commune à éliminer les préjugés ne peut pas guérir les expériences parfois bouleversantes de nos étudiant.e.s et nos collègues lorsqu’ils sont mis à l’écart, dénoncés ou étiquetés en raison de leur identité. Un cours universitaire ne peut pas non plus effacer de telles blessures. Il est cependant impératif que les cours universitaires ne soient jamais des lieux où se perpétue une telle exclusion.

L’objectif fondamental de ce livre est donc de suggérer des améliorations au moyen d’un cadre aligné sur des approches assez courantes de la conception, de l’élaboration et de l’enseignement d’un cours universitaire. La perfection, qui est de toute façon subjective dans ce contexte, ne doit pas être l’ennemie du progrès. En tant qu’instructeur.trice.s, nous sommes particulièrement bien placé.e.s pour avoir un effet positif dans la vie et la carrière des étudiant.e.s. L’effort vaut le coup.

En tant qu’éducateur.trice.s, que pouvons-nous faire?

Nous n’avons pas besoin d’être des spécialistes dans ce domaine pour rendre nos cours plus inclusifs. Dans cette ressource, nous proposons des moyens simples pour commencer à rendre nos cours plus inclusifs ainsi que d’autres lectures et ressources. Il n’existe pas d’approche unique, correcte, et il n’est pas nécessaire de tout faire en même temps. Nous suggérons plutôt d’essayer plusieurs avenues, d’entrer en contact avec les étudiant.e.s et de les écouter, puis de poursuivre les étapes précédentes.

Nous pouvons également nous efforcer de reconnaître nos privilèges et préjugés. Le projet Implicit est une initiative qui vise à reconnaître les préjugés implicites; le module de formation portant sur les préjugés inconscients du Programme des chaires de recherche du Canada en est une autre. La formation pour nous-mêmes peut également porter sur la santé mentale (p. ex. Plus forts ensemble) et le soutien aux victimes d’agressions sexuelles (p. ex. formation portant sur le soutien en cas de violence sexuelle).

Vous concevez un nouveau cours, vous en donnez un pour la première fois ou vous voulez aller au-delà de ce guide? Envisagez de faire appel aux spécialistes en éducation d’un centre d’enseignement et d’apprentissage (p. ex. le Service d’appui à l’enseignement et à l’apprentissage de l’Université d’Ottawa) ou d’une bibliothèque. Ils possèdent une expertise dans la conception de l’accessibilité et de l’inclusion éducatives au moyen de cadres tels que la conception universelle de l’apprentissage. Le chapitre « Conception d’un cours à partir de zéro » contient de plus amples informations.

Comment les inégalités et les obstacles peuvent-ils survenir?

Les inégalités se manifestent de multiples façons; certaines sont prévisibles et visibles, d’autres non. L’amélioration de l’équité, de la diversité et de l’inclusion en éducation implique de nombreuses composantes, notamment physiques (diversité, handicaps), cognitives (neurodivergence, trouble déficitaire de l’attention), émotionnelles, raciales, d’origine, de diversité de genre, de langue, d’intérêts, de santé mentale, de bien-être et d’intérêts concurrents (famille, école, sport, travail).  Nous espérons que vous trouverez des suggestions utiles pour y parvenir dans ce guide.

Nos actions dans nos cours peuvent avoir un impact direct sur les étudiant.e.s, leur éducation et leur carrière.

[Les exemples suivants proviennent d’étudiant.e.s actuel.le.s et récemment diplômé.e.s de l’Université d’Ottawa. Ajoutez des expériences et des approches ou solutions utiles.]

Un principe clé pour rendre l’éducation plus équitable est que les apprenant.e.s peuvent emprunter des chemins différents pour atteindre le même résultat d’apprentissage. Un.e étudiant.e qui souffre de troubles de l’attention peut avoir besoin d’un environnement de travail calme pour résoudre des problèmes complexes; un.e autre aux prises avec des lésions dorsales peut avoir besoin d’un bureau debout. Dans chaque cas, l’apprenant.e a la possibilité de démontrer qu’il ou elle peut atteindre le même résultat d’apprentissage par un chemin différent. Nous nous penchons sur les accommodements spécifiques et les approches générales pour rendre un cours plus inclusif grâce au livre numérique. [Ajouter un graphique représentant l’arrivée au sommet d’une montagne ou le franchissement d’une ligne d’arrivée par différents chemins]

Un autre principe clé est de rendre l’éducation plus inclusive, par exemple en souhaitant la bienvenue et en présentant des modèles diversifiés. De cette façon, non seulement les apprenant.e.s traditionnellement exclu.e.s se sentiront bien accueillis dans l’espace de cours, mais ils pourront également s’imaginer poursuivre une carrière dans ce domaine avec succès.

Résultats attendus de vos efforts

Lorsque vous envisagez de modifier votre cours, quels résultats espérez-vous? Voici des exemples :

  • Toute personne appartenant à un groupe traditionnellement exclu serait en mesure d’obtenir un résultat comparable.
  • Les sentiments des personnes quant à la qualité de leur apprentissage (capacité d’apprentissage, préparation à la carrière) seraient comparables.
  • Les sentiments des personnes à l’égard de leur expérience en classe (sentiment d’inclusion, sentiment d’appartenance) seraient comparables.

Prenez le temps de rédiger vos propres intentions ou résultats escomptés.

Après avoir modifié votre cours, quelle différence verrez-vous ou entendrez-vous?

Comment saurez-vous que vous avez atteint ces résultats?

Quelques définitions

Équité

Diversité

Inclusion

Commençons!

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