Chapitre 1 : Comprendre le racisme et la lutte contre le racisme envers les Noirs

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Comprendre le passé peut nous aider à comprendre la situation actuelle. Commençons par une histoire.

Il y a longtemps, sur le continent africain, les gens vivaient dans de nombreuses collectivités avec un système commercial bien développé. Parfois, ils échangeaient des gens, mais dans ce système, les esclaves étaient considérés comme des serviteurs et ils pouvaient souvent gagner leur liberté (Sawula, 2013).

Au XIVe siècle, l’homme le plus riche qui ait jamais vécu venait d’Afrique. Il s’appelait Mansa Masu. Sa richesse est estimée à plus de 400 milliards de dollars en dollars d’aujourd’hui, mais il est généralement admis que sa valeur réelle ne peut être décrite. Pendant son règne, environ la moitié de l’or du monde se trouvait dans son royaume, le Mali, et il avait un accès presque illimité à toute sa richesse en tant que roi (Mohamud, 2019).

La plupart des Occidentaux ignoraient et continuent d’ignorer la nature complexe et avancée de la société africaine. Lorsque les voyageurs européens blancs sont venus en Afrique, ils ont commencé à commercer avec les peuples indigènes, qui les ont accueillis comme des amis. Mais les Africains ne savaient pas que leurs « amis » européens blancs les dépeignaient faussement dans leurs pays d’origine. Les voyageurs blancs ont décrit les Africains comme des sauvages non civilisés. Il en est résulté une perception selon laquelle les Africains sont moins qu’humains, ce qui a entraîné un intérêt croissant pour le commerce des Africains en tant que marchandises. C’est ce qu’on a appelé la conception de l’esclave-chose. Les esclaves africains ont surtout été enlevés de la côte ouest de l’Afrique (p. ex., du Ghana) et dispersés dans toute l’Amérique et les Caraïbes, où ils ont été traités de façon inhumaine et soumis à d’horribles violences. Pendant la traite des esclaves de l’Atlantique, on estime que de 10 à 12 millions d’Africains ont été échangés, capturés ou volés pour la richesse et le développement du monde occidental.

Le Canada est reconnu pour le rôle qu’il a joué dans l’aide à la liberté des Américains esclaves par le chemin de fer clandestin. Cependant, l’esclavage était aussi répandu au Canada, ce qui est mentionné moins souvent. Voici quelques faits :

  • L’esclavage était une pratique populaire qui a commencé dès 1759, lorsque les dossiers indiquent qu’environ 3 600 personnes réduites à l’esclavage vivaient au Canada (McRae, s.d., The story of slavery).
  • De 1797 à 1800, 14 des 17 députés de la deuxième législature de l’Assemblée législative du Haut-Canada possédaient des esclaves ou appartenaient à des familles qui possédaient des esclaves (Henry, 2022).
  • James McGill, membre de l’Assemblée du Bas-Canada et fondateur de l’Université McGill, était propriétaire de six esclaves (Henry, 2022).
  • La situation a commencé à changer en 1793, lorsque John Graves Simcoe, alors lieutenant-gouverneur, a pris connaissance de la pratique. Il était offensé par l’idée de l’esclavage et il respectait les sacrifices consentis par les Noirs pendant la Révolution américaine. Il a mené le mouvement d’abolition de l’esclavage au Canada (Cooper, 2007).

Cependant, lorsque l’esclavage a été aboli, ses effets avaient déjà été intégrés de façon systématique, créant un héritage de croyances, de perceptions, d’attitudes et d’actions négatives envers les Noirs d’ascendance africaine. Le processus de déshumanisation peut être vécu par d’autres communautés de différentes façons, notamment les Autochtones, les Asiatiques, d’autres personnes non racialisées et toute personne considérée comme différente, comme les Juifs et certains groupes d’immigrants.

Nous devons explorer les composantes du racisme envers les Noirs pour bien comprendre la nature omniprésente du racisme et la nécessité de l’identifier et de le démanteler sous toutes ses formes. Une des façons de le faire est de réécrire les faux récits qu’on nous a racontés et de dire les vérités de l’histoire. Nous pouvons commencer ce processus aujourd’hui, dans nos classes.

Le saviez-vous?

Dans les années 1800, le Canada accueillait une petite communauté noire florissante en Nouvelle-Écosse, appelée Africville. Les membres fondateurs d’Africville étaient principalement des esclaves venus d’Amérique et à qui on avait promis des terres et la liberté. Mais à leur arrivée, ils ont été confrontés au racisme et à la discrimination des colons blancs et ont été forcés de vivre dans des conditions déplorables. Malgré les obstacles qu’ils ont dû surmonter, ils ont créé une communauté prospère et unie avec leurs propres magasins, leur église et leurs entreprises. Cependant, la Ville d’Halifax leur a refusé des services de base, comme les égouts, l’eau potable et la collecte des ordures, même s’ils payaient leurs impôts à la Ville. La ville d’Halifax a rapidement commencé à construire des aménagements dangereux autour d’Africville, notamment un hôpital pour les maladies infectieuses, une prison et un dépotoir. Ces aménagements ont eu des effets néfastes sur les résidants d’Africville, mais la discrimination à leur égard ne s’est pas arrêtée là. La Ville d’Halifax a exercé des pressions sur la collectivité pour que les résidents déménagent, soutenant que le déménagement améliorerait les conditions de vie des résidents. Bien que les résidents aient tenté de plaider leur cause, ils n’ont eu gain de cause et ils ont été forcés de déménager. Cette situation a entraîné le démantèlement d’Africville, une communauté autrefois florissante. En 2010, des excuses officielles ont été présentées et, en 2012, une réplique de l’église originale d’Africville a été inaugurée comme musée et monument à l’histoire d’Africville et à la façon dont le racisme et la discrimination étaient au cœur du destin de cette communauté.

Références

Cooper, A. (2007). Acts of resistance: Black men and women engage slavery in Upper Canada, 1793-1803. Ontario History, 99(1), 5–17, 134. https://doi.org/10.7202/1065793ar

Henry, N. (9 février 2022). Esclavage des Noirs au Canada. L’Encyclopédie canadienne. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/black-enslavement

Lewis, T. (22 septembre 2021). Transatlantic slave trade. Encyclopedia Britannica. https://www.britannica.com/topic/transatlantic-slave-trade

McRae, M. (s. d.). L’histoire d’Africville. Musée canadien pour les droits de la personne. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/lhistoire-dafricville

McRae, M. (s. d.). L’esclavage noir dans l’histoire canadienne. Musée canadien pour les droits de la personne. https://droitsdelapersonne.ca/histoire/lesclavage-noir-dans-lhistoire-canadienne

Mohamud, N. (10 mars 2019). Is Mansa Musa the richest man who ever lived? BBC News. https://www.bbc.com/news/world-africa-47379458

Nelson, J. J. (2000). The space of Africville: Creating, regulating and remembering the urban ‘slum’. Canadian Journal of Law and Society/La Revue Canadienne Droit et Société, 15(2), 163–185. https://doi.org/10.1017/S0829320100006402

Sawula, C. (2013). African passages, Lowcountry adaptations. The Lowcountry Digital History Initiative. https://ldhi.library.cofc.edu/exhibits/show/africanpassageslowcountryadapt/introductionatlanticworld/slaverybeforetrade