13 Préparation et réponse aux situations d’urgence

Yvonne Harris

Le personnel infirmier voit plusieurs types de patient.e.s., de la personne simplement inquiète à la personne gravement malade, de la naissance à la mort, et pour des pathologies touchant toutes les parties de l’esprit, du corps et de l’âme, du traumatisme cérébral à l’ongle incarné. Les patient.e.s viennent nous voir en ayant confiance que nous respecterons leurs préoccupations et que nous leur fournirons des soins. En tant qu’infirmier.ère.s d’urgence, nous avons la responsabilité de respecter cette confiance et de leur fournir des soins avec toutes les compétences et connaissances nécessaires.

– Jean Proehl (2009, p. xi)

Introduction

Le personnel infirmier d’urgence en voit de toutes les couleurs. Au cours des dernières décennies, les catastrophes ont fait des millions de victimes partout dans le monde et coûté des milliards de dollars. Goodwin Veenema suggère que chaque semaine, en moyenne, une catastrophe requiert une aide internationale (2013). Des tragédies telles que l’attentat du 11 septembre au World Trade Centre, l’ouragan Katrina et le tremblement de terre de 2010 en Haïti ont conduit les prestataires de soins de santé à revoir d’un œil critique leurs processus afin de faire face à de tels événements.

Figure 13.1 Attente des secours après l’ouragan Katrina, Nouvelle-Orléans.

Ouragan Katrina, Nouvelle-Orléans, août 2005

« Photographie de Jocelyn Augustino prise le 30 août 2005 en Louisiane » par Jocelyn Augustino, FEMA/FEMA Photo Library, distribuée dans le domaine public par le biais de Wikimedia Commons. À propos de cette photo : Vue aérienne des dommages causés par l’ouragan Katrina au lendemain au passage de l’ouragan en Nouvelle-Orléans, en Louisianne.

Le personnel infirmier doit comprendre son rôle dans la préparation aux situations d’urgence et la planification en cas de catastrophes en raison des nombreuses responsabilités qui lui reviennent en matière de préparation et d’intervention tant sur le plan communautaire que dans les hôpitaux. Ce chapitre porte sur la définition d’une catastrophe, qu’elle soit naturelle ou anthropique (causée par l’humain), ainsi que sur la préparation, la planification et l’intervention en cas de catastrophe.

Objectifs d’apprentissage

  1. Explorer les quatre domaines d’intervention de la planification des urgences et des catastrophes, c’est-à-dire l’atténuation, la préparation, l’intervention et le rétablissement.
  2. Décrire les principales mesures de préparation.
  3. Reconnaître les situations qui peuvent exiger une planification générale supplémentaire.

13.1 Catastrophe

Les catastrophes peuvent être définies de plusieurs façons. L’Organisation mondiale de la santé (OMS, s.d.) définit une catastrophe comme une situation ou un événement qui dépasse les capacités locales et requiert une demande d’aide extérieure nationale ou internationale. Pour le Department of Homeland Security des États-Unis, une catastrophe est une urgence qui demande des mesures d’intervention pour protéger la vie ou les biens (USDHS, 2008, p. 138). Hammond, Arbon, Gebbie et Hutton (2012 ) résument ces définitions comme suit :

Une catastrophe est une perturbation grave du fonctionnement d’une communauté ou d’une société entraînant des pertes et des répercussions humaines, matérielles, économiques ou environnementales étendues, qui dépassent la capacité de la communauté ou de la société touchée à y faire face avec ses propres ressources (p. 236).

Tout simplement, une catastrophe est un événement désastreux qui surpasse les ressources disponibles. Les catastrophes peuvent être naturelles ou anthropiques (causées par l’humain). En mai 2016, un incendie à Fort McMurray, en Alberta, a détruit 2 400 structures dans la région, entraînant l’évacuation de 90 000 personnes.

L’incendie a pris une telle ampleur qu’à un certain moment, il a créé ses propres conditions météorologiques et a exigé l’aide de pompiers venus des quatre coins du pays. Tous les magasins et services de Fort McMurray ont dû fermer leurs portes et la population était encouragée à faire bouillir son eau. (Morgan, 2016)

Figure 13.1.1 Autoroute 63 près de Fort McMurray, Alberta, 3 mai 2016

Fort McMurray, feu de forêt, catastrophe, autoroute 63

« Paysage du feu de forêt près de l’autoroute 63 à Fort McMurray Sud », par DarrenRD, est sous licence CC BY-SA 4.0 International, sur Wikimedia Commons.

Les catastrophes naturelles comme les tornades, les tremblements de terre, les inondations et les conditions hivernales extrêmes sont plus fréquentes que les catastrophes anthropiques comme les troubles civils, le terrorisme et les conflits armés. En 2015, 376 catastrophes naturelles ont été enregistrées (Guha-Sapir, Hoyois et Below, 2015). Les catastrophes sont généralement considérées comme des événements « à faible probabilité et à fort impact » (Saunderson Cohen, 2013, p. 21).

La planification en cas de tout type de catastrophe requiert la prise en compte d’étapes communes, notamment l’atténuation, la préparation, l’intervention et le rétablissement. La Loi sur la gestion des urgences au Canada reconnaît les rôles de toutes les parties prenantes dans le système de gestion des urgences au Canada, notamment « en coordonnant, au sein des institutions fédérales et en collaboration avec les gouvernements provinciaux et d’autres entités, les activités de gestion des urgences » (Loi sur la gestion des urgences, 2007).

13.2 Atténuation des catastrophes

Les mesures d’atténuation des catastrophes éliminent ou réduisent les impacts et les risques des dangers grâce à des mesures prises avant qu’une urgence ou une catastrophe ne se produise. Ce processus commence par l’identification des risques. Les responsables des soins de santé doivent évaluer les situations d’urgence ou les catastrophes potentielles pouvant avoir une incidence sur la demande de services et de fournitures et élaborer un plan pour répondre à ces besoins. Sécurité publique Canada décrit le canal de dérivation de la rivière Rouge comme un exemple d’atténuation des catastrophes.

La construction du canal de dérivation a été un projet conjoint provincial et fédéral visant à protéger la ville de Winnipeg et à réduire l’impact des inondations dans le bassin de la rivière Rouge. Sa construction a coûté 60 millions de dollars dans les années 1960. Depuis, le canal a été utilisé plus d’une vingtaine de fois. Son utilisation lors de l’inondation de la rivière Rouge en 1997 a permis d’économiser environ 6 milliards de dollars. Le canal de dérivation a été élargi en 2006 dans le cadre d’une collaboration provinciale et fédérale (2015).

Hendrickson & Horowitz (2016) expliquent que les planificateurs d’établissements de santé et les responsables de la santé devraient se pencher sur les catastrophes les plus susceptibles de se produire dans leur communauté et leur zone géographique et effectuer une analyse de risques et vulnérabilités afin de déterminer les vulnérabilités probables qui pourraient survenir dans leur établissement à la suite de ces catastrophes.

Une analyse de risques et vulnérabilités est définie comme une approche systématique qui :

  • relève tous les risques susceptibles d’affecter une communauté;
  • détermine la probabilité du risque;
  • détermine les conséquences du risque;
  • analyse les résultats pour déterminer les risques prioritaires (Saunderson Cohen, 2013; Hendrickson et Horowitz, 2016).

Par exemple, les sites industriels qui stockent de grandes quantités de produits chimiques potentiellement dangereux représentent une menace liée aux matières dangereuses qui pourrait nécessiter une décontamination massive. Les hôpitaux locaux devraient disposer d’unités de décontamination fonctionnelles ainsi que d’un bon approvisionnement de ventilateurs, d’oxygène et d’antidotes spécifiques qui ne sont généralement pas disponibles en grandes quantités. Les catastrophes naturelles entraînent souvent une augmentation du nombre de sans-abri ou de personnes déplacées dont les besoins médicaux quotidiens peuvent être exacerbés par un accès limité aux soins de santé courants. Les services d’urgence peuvent être confrontés à une augmentation du nombre de patient.e.s en quête de médicaments, de traitements et d’évaluations.

Les résultats de cette analyse peuvent être utilisés pour développer et uniformiser les plans d’urgence. Ces plans doivent être conçus selon une approche interdisciplinaire, avec des partenaires des services de polices, d’urgences et d’incendie locaux. Les évaluations de risques et vulnérabilités doivent être réalisées chaque année ou chaque fois que des changements démographiques ou d’infrastructure sont susceptibles d’avoir une incidence sur le risque de catastrophe.

13.3. Préparation aux catastrophes

Figure 13.3.1 L’équipe médicale effectue une simulation d’accident avec plusieurs victimes

exercice, exercice avec grand nombre de blessé.e.s

« Le navire Mercy réalise un exercice avec un grand nombre de blessé.e.s dans le cadre du partenariat du Pacifique 2015 [image 12 de 12] », par Mayra Conde, nommé par DVIDS, distribué dans le domaine public par le biais de Wikimedia Commons. À propos de cette photo : MER DES PHILIPPINES (16 juillet 2015) Les membres de l’équipage à bord du navire-hôpital USNS Mercy (T-AH 19) effectuent un exercice d’accident impliquant un grand nombre de blessé.e.s dans le cadre du partenariat du Pacifique 2015.

L’objectif de la préparation aux catastrophes est de planifier une intervention qui réduira les dommages et favorisera le rétablissement après une catastrophe (Stopford, 2007). Le personnel infirmier, grâce à son expertise en soins de santé primaires, à sa grande expérience du travail en équipe interdisciplinaire et à ses solides compétences en collaboration, est un leader idéal dans la préparation aux catastrophes. La première étape de la préparation en cas de catastrophe est de mettre en place un plan stratégique de gestion des urgences (PSGU) (Sécurité publique Canada, 2016) en prévision non seulement des catastrophes les plus susceptibles de survenir, mais aussi de celles qui sont inattendues (Saunderson Cohen, 2013).

Le PSGU a une large portée et guide et renseigne les partenaires internes et externes sur la manière de répondre aux catastrophes. Il comprend des processus spécifiques pour :

  • établir les principaux objectifs du plan et les façons d’atteindre ces objectifs;
  • obtenir des renseignements sur les menaces;
  • planifier des interventions de bases en réponse aux menaces.

Activité d’apprentissage essentielle 13.3.1

Pour obtenir plus d’information sur le PSGU, consulter l’annexe A du Guide pour la planification de la gestion des urgences de Sécurité publique Canada.

Stopford (2007) fournit une liste détaillée de processus supplémentaires, par exemple :

1. Déterminer un plan de commandement et de contrôle. Quand vient le temps de déterminer la voie hiérarchique, il est essentiel de s’assurer d’avoir un commandant et un commandant en second, au cas où le commandant ne pourrait pas s’acquitter de ses fonctions. Le plan de contrôle doit également prévoir la désignation d’un emplacement spécifique pour le centre de commandement.

2. Déterminer les rôles et responsabilités fonctionnels des agences internes et externes. Les services internes et externes doivent bien comprendre leurs rôles et responsabilités et ceux des autres parties en cas de catastrophe. Les coordonnées des personnes à contacter en cas d’urgence, ainsi que leur rôle, doivent être facilement accessibles. Il est nécessaire de définir le personnel des services essentiels pour garantir une couverture cohérente du personnel d’urgence pendant la catastrophe.

3. Mettre en place un système de communication. Un processus de communication doit être mis en place pour faire face à l’éventualité d’une défaillance du système. Le processus d’urgence doit comprendre l’utilisation de lignes terrestres, de téléphones cellulaires et de radios comme équipes de communication standard.

4. Confirmer les questions juridiques pour une intervention comprenant des stratégies d’isolement pour le contrôle de l’infection. La préparation aux catastrophes doit comprendre des détails sur les processus d’isolement, le contrôle des infections et l’allocation de médicaments tels que les vaccins, les antibiotiques et les agents antiviraux en cas de pénurie. De plus, s’il est nécessaire de fermer l’établissement et d’en contrôler l’accès, les questions juridiques et éthiques doivent être prises en compte lors de l’élaboration de cette partie du plan.

5. Élaborer un plan en cas de maladies infectieuses. Le processus standard doit tenir compte de la possibilité d’une épidémie ou d’une pandémie de maladies infectieuses. Différentes maladies nécessitent des niveaux d’isolement et des équipements de protection individuelle (EPI) différents. La préparation aux catastrophes tient compte de la possibilité de besoins en équipements d’isolement de haut niveau et assure la disponibilité de fournitures et d’équipements adéquats. Les prestataires de soins d’urgence doivent connaître les signes cliniques des différentes maladies et un plan méthodologique de surveillance doit être mis en place pour faire face à une éventuelle progression de la maladie.

6. Obtenir et entretenir les équipements, installations et fournitures d’urgence. La préparation aux situations d’urgence requiert une procédure standard pour l’acquisition et l’entretien des équipements et fournitures d’urgence, notamment un calendrier d’entretien standard, un calendrier de suivi de l’emplacement des équipements et des renseignements sur les endroits où l’on peut se procurer des équipements et des fournitures supplémentaires.

7. Offrir de la formation sur la préparation aux catastrophes en cas d’urgence. La formation peut comprendre les aspects suivants :

  • le rôle du personnel en situation d’urgence;
  • la façon de mettre et enlever l’EPI;
  • les procédures de décontamination;
  • le triage.

La formation doit avoir lieu régulièrement et doit être incluse dans l’orientation régionale de l’ensemble du personnel. Les installations individuelles nécessitent une planification supplémentaire en matière de mesures à prendre si une catastrophe perturbe le fonctionnement quotidien. Cette planification s’adresse à la direction et au personnel de l’établissement et fournit un processus standard pour s’assurer que les établissements peuvent continuer à fournir les services essentiels habituels (Saunderson Cohen, 2013). Stopford (2007) propose d’autres éléments à prendre en compte, comme la planification de la mise en quarantaine de l’établissement. Le personnel peut être tenu de rester dans l’établissement et, dans ce cas, il doit être formé à l’élaboration d’un plan d’urgence familial.

13.4 Intervention

La première étape d’intervention lors d’un incident consiste à reconnaître que l’événement se produit et à mettre en œuvre les plans élaborés lors de la phase de préparation. Les interventions externes peuvent être entre autres les opérations de recherche et de sauvetage, la lutte contre les incendies et la construction d’abris pour les personnes déplacées. Le personnel infirmier doit avoir une bonne compréhension du plan en cas de catastrophe ainsi qu’une connaissance concrète des événements liés à l’incident afin de fournir les meilleurs soins à la patientèle. Par exemple, lors des feux de forêt à Fort McMurray en 2016, les hôpitaux environnants ont dû se préparer à prendre en charge un grand nombre de patient.e.s souffrant de brûlures et des problèmes respiratoires. Ce bassin de patients comprenait non seulement la population, mais aussi les pompiers et les premier.ère.s répondant.e.s.

Les réponses efficaces internes des établissements aux catastrophes comprennent le triage en cas de catastrophe et la répartition des victimes (Saunderson Cohen, 2013). Lors des catastrophes, les soins infirmiers sont souvent axés sur la prestation de soins aux patients qui entrent dans l’établissement et qui ont des degrés variés de blessures et de maladies en plus du stress émotionnel lié à l’événement. Le triage en cas de catastrophe consiste à en faire le plus possible pour le plus grand nombre possible de victimes et il a été caractérisé comme la pierre angulaire de la gestion de masse des victimes (Saunderson Cohen, 2013, p. 26).

Les priorités de traitement peuvent varier en fonction des fournitures et des ressources accessibles et du type de catastrophe (Stopford, 2007).

Différents systèmes de triage en cas de catastrophe ont été conçus pour les incidents où le nombre de blessé.e.s est élevé. Par conséquent, il est important pour les établissements de déterminer d’avance le système à utiliser. La méthode de triage simple et de transport rapide (START, simple triage and rapid transport) est possible en cas de catastrophe. Elle a été élaborée dans les années 1980 dans l’Orange County, en Californie, et depuis plusieurs pays l’ont adoptée (Saunderson Cohen, 2013, p. 27).

Quand le personnel infirmier utilise la méthode START lors du triage, les patients sont rapidement évalués (moins d’une minute) et classés selon les catégories rouge, jaune, vert ou noir.

Figure 13.4.1 Évaluation des patient.e.s à l’aide de la méthode START (Source des données : Tableau basé sur les données de Saunderson Cohen, 2013.)
ROUGE

Des soins immédiats sont nécessaires. Ces patient.e.s font partie d’une catégorie de traitement prioritaire et souffrent de maladies ou de blessures pouvant entraîner la perte d’un membre ou causer la mort.

JAUNE

Des soins urgents sont requis. Ces patient.e.s nécessitent un traitement urgent, mais peuvent attendre que les patients « rouges » soient stabilisés.

VERT

Des soins minimaux sont requis. Ces patient.e.s ont besoin de soins, mais sont jugés suffisamment stables pour attendre plusieurs heures avant d’être traités.

NOIR

Des soins de fin de vie sont nécessaires. Les patients de la catégorie « noir » sont considérés comme des personnes que l’équipe de soins ne peut pas sauver. Ils sont mourants ou déjà décédés.

Activité d’apprentissage essentielle 13.4.1

Le système JumpSTART est utilisé lors d’incidents impliquant un grand nombre de patients pédiatriques. Découvrez le processus de triage des jeunes enfants à l’aide de l’algorithme de triage pédiatrique JumpSTART du US Department of Health and Human Services.

13.5 Rétablissement à la suite d’une catastrophe

Figure 13.5.1 Reconnaissance envers le personnel infirmier

Après la réponse à la catastrophe vient le rétablissement qui se définit par les actions à court et à long terme nécessaires pour ramener la collectivité à la normale. Le rétablissement à court terme comprend la réparation des appareils essentiels au maintien des fonctions vitales pour qu’ils soient opérationnels et le rapatriement des patient.e.s. La mise en place d’un protocole de transport sécuritaire des patient.e.s vers leur établissement désigné dès que possible diminue le traumatisme psychologique lié au fait d’être séparé de sa famille. De plus, le retour diminue le fardeau des établissements de santé secondaires et du personnel qui ont répondu à la catastrophe (Assid, 2014).

Le rétablissement à long terme comprend la réparation des infrastructures et propriétés endommagées ainsi que le soutien physique et psychologique des victimes, des familles et des répondants (Upton, 2013). Les dommages physiques, bien qu’il n’y en ait pas toujours, sont un indice visuel facile à reconnaître lors d’une catastrophe (Saunderson Cohen, 2013). Les pandémies, le bioterrorisme ou le cyberterrorisme sont des exemples de catastrophes dont l’empreinte visuelle est minime ou inexistante. Par contre, les conséquences psychologiques peuvent durer des années, tant pour la patientèle que pour le personnel. Les personnes qui vivent une expérience traumatisante courent le risque de souffrir d’effets à long terme, qu’ils soient physiques, émotionnels, spirituels ou mentaux. Les caractéristiques des réponses comprennent les points suivants :

  • réactions émotionnelles aux événements;
  • perte de la capacité de fonctionner;
  • sentiment d’être dépassé par les événements;
  • utilisation accrue des ressources.

Activité d’apprentissage essentielle 13.5.1

Au cours des quelques dernières années, le Canada a connu un certain nombre de grandes catastrophes.

  1. Le personnel infirmier a joué un important rôle de leadership pendant les incendies de Fort McMurray (susmentionné) et dans le rétablissement après la crise. Consultez les liens ci-dessous, puis répondez aux questions.

« ‘We got the job done’: Nurse describes Fort McMurray hospital evacuation » par Rob Drinkwater (CanadianPress, 5 mai 2016).

« A year after the fire, Fort McMurray residents report an uneven recovery » par Keith Gerein (Edmonton Sun, 25 avril 2017).

(a) Quels ont été les principaux problèmes des infirmier.ère.s qui ont évacué les hôpitaux de Fort McMurray?

(b) À quels principaux problèmes de santé la population de Fort McMurray a-t-elle été confrontée alors qu’elle se rétablissait des feux?

2. Lisez les articles suivants sur le déraillement du train de Lac-Mégantic, intitulés « The public health response during and after the Lac-Mégantic train derailment tragedy: a case study », puis répondez aux questions.

Généreux, M., Petit, G., Maltais, D., Roy, M., Simard, R., Boivin, S., Shultz, J. M. et Pinsonneault, L. (2014). The public health response during and after the Lac-Mégantic train derailment tragedy: A case study. Disaster Health, 2(3-4), 113-120. https://doi.org/10.1080/21665044.2014.11031

(a) Décrivez les sept leçons tirées par les professionnel.le.s de la santé publique.

(b) Pourquoi les mesures de santé publique se poursuivent-elles longtemps après la fin des opérations d’intervention d’urgence?

3. Consultez les sources suivantes pour obtenir des renseignements sur le rôle joué par les infirmier.ère.s lors de la pandémie de SRAS à Toronto en 2003 et sur le rôle joué par les leaders infirmiers dans la prévention de la propagation de la maladie, puis répondez aux questions.

« Lessons learned from SARS » par Melissa Di Costanzo (Registered Nurse Journal, mai-juin 2013).

« SARS, 10 years later: One family’s remarkable story », d’Amy Dempsey (Toronto Star, 2 mars 2013).

(a) Quels sont les effets à long terme signalés par les infirmier.ère.s à la suite de l’événement traumatique?

(b) Quels ont été les principaux apprentissages tirés de la situation?

Note de recherche

Goodwin Veenema, T., Andrews, D, Losinski, S., Newton, S. M. et Seal, S. (2016). Exploration and development of standardized nursing leadership competencies during disasters. Health Emergency and Disaster Nursing, 4, p. 26-38.

Nash, T. J. (2016). A guide to emergency preparedness and disaster nursing education resources. Health Emergency and Disaster Nursing, 4, p. 12-25.

Association des infirmières et infirmiers du Canada. (2010). Prise de décision et pratique infirmière éclairées par des preuves [Énoncé de position] https://hl-prod-ca-oc-download.s3-ca-central-1.amazonaws.com/CNA/66561cd1-45c8-41be-92f6-e34b74e5ef99/UploadedImages/documents/PS113_Evidence_informed_2010_f.pdf

Imaginez que vous finissez votre journée de travail au service des urgences lorsque la radio vous informe qu’une tornade s’est abattue sur une collectivité à 50 kilomètres de la ville. De nombreuses maisons et entreprises ont été complètement détruites. Les services médicaux d’urgence, les pompiers et la police sont sur les lieux et ils ont commencé à transporter les personnes vers votre service des urgences. Êtes-vous prêt? Avez-vous les connaissances nécessaires pour prodiguer les meilleurs soins aux victimes?

La pratique fondée sur des données probantes a toujours fait partie du lexique infirmier; au cours des dernières décennies, elle a pris une place plus importante dans la formation des infirmier.ère.s (AIIC, 2010). Pour être membre du personnel infirmier au service des urgences, il faut avoir de vastes connaissances, ce qui signifie qu’il faut se tenir au courant des dernières recherches sur les soins infirmiers et les soins de santé. Cependant, la recherche montre que bon nombre des membres du personnel infirmier n’ont pas les connaissances de base nécessaires pour se préparer à une catastrophe. Nash (2016) a fait une analyse documentaire et il suggère que les membres du personnel infirmier ne se sentent pas à l’aise de répondre aux catastrophes en raison de la rareté des ressources liées à la préparation aux situations d’urgence (p. 12). La difficulté réside dans le manque de documentation actuelle sur les soins infirmiers dans les services des urgences et la préparation aux catastrophes. D’autres analyses documentaires renforcent ce point et soutiennent que les recherches sur le leadership fondé sur des données probantes sont peu nombreuses (Goodwin Veenema, Andrews, Losinski, Newton et Seal, 2016, p. 36). La recherche clinique sur les soins infirmiers dans les services d’urgence sous-tend l’élaboration de directives cliniques. Pensons au laps de temps entre l’arrivée et l’injection et entre l’arrivée et l’installation d’un ballonnet dans le traitement des syndromes coronariens aigus et la présence de la famille au moment du réveil. La recherche sur la préparation aux situations d’urgence ne fait pas exception.

Le caractère inévitable des catastrophes à venir, tant naturelles qu’anthropiques, combiné aux ressources actuellement limitées en formation, signifie qu’il faut mettre davantage l’accent sur la préparation aux catastrophes dans les programmes de formation en soins infirmiers. Il est possible pour la formation en soins infirmiers de tracer la voie en faisant des recherches en continu et de s’attaquer à cette difficulté sans fin.

Résumé

Les catastrophes sont imprévisibles et peuvent survenir partout et en tout temps. Dans les cas de catastrophes, les soins infirmiers doivent être coordonnés entre tous les professionnels de la santé des secteurs des soins de santé, privés et publics.

Le personnel infirmier d’aujourd’hui doit répondre aux catastrophes naturelles, anthropiques et technologiques. Il faut avoir un fort leadership pour régler ces problèmes uniques et avoir la préparation nécessaire à de tels événements. Lorsqu’une catastrophe frappe une communauté, qu’il s’agisse d’un accident d’autobus, d’une tornade, d’un ouragan ou d’une attaque terroriste, le personnel infirmier est la première ligne qui aide les personnes dans le besoin (Knebel, tel que mentionné dans Goodwin Veenema, 2013, p. xxvi). La fréquence, l’ampleur et la variété des catastrophes, tant anthropiques que naturelles, continuent de s’intensifier. Par conséquent, les leaders infirmiers devront répondre à ces situations en faisant preuve de connaissance, de préparation, de prouesse politique et surtout de travail d’équipe à tous les niveaux (Ford, tel que mentionné dans Goodwin Veenema, 2013, p. xxix).

À la fin du chapitre, vous devriez être en mesure de faire ce qui suit :

  1. Explorer les quatre domaines d’intervention de la planification des urgences et des catastrophes, c’est-à-dire l’atténuation, la préparation, l’intervention et le rétablissement.
  2. Décrire les principales mesures de préparation.
  3. Reconnaître les situations qui peuvent nécessiter une planification générale supplémentaire.

Exercices

1. Regardez la vidéo « START Simple Triage and Rapid Treatment » (18 min 19 s) pour comprendre les bases de la méthode START, puis lisez la mise en situation suivante :

Vous accompagnez les services d’urgence et vous êtes les premiers sur les lieux d’une collision entre plusieurs véhicules sur l’autoroute 1, impliquant cinq véhicules de tourisme et un semi-remorque transportant des matières non dangereuses. Il y a 10 victimes, lesquelles présentent différents degrés de blessures.

Procédez au triage des victimes suivantes en utilisant les catégories de la méthode START pour les adultes : vert, jaune, rouge et noir.

(a) Femme, 77 ans, avulsion du cuir chevelu, pas de respiration spontanée.

(b) Homme, 45 ans, ambulatoire, fréquence respiratoire de 20, saignement du cuir chevelu, offre son aide.

(c) Homme, 30 ans, pas de respiration spontanée, tuyau empalé dans la poitrine.

(d) Homme, 55 ans, respiration haletante, fréquence respiratoire de 32, saignements aux deux bras.

(e) Femme, 27 ans, non ambulatoire, fréquence respiratoire de 18, obéit aux commandes.

(f) Homme, 23 ans, fréquence respiratoire de 28 par minute, large lacération à la tête, perte de conscience, ne réponds pas aux commandes.

(g) Femme, 44 ans, boitant, se plaignant de douleurs au genou gauche, bras gauche douloureux. Déformation évidente du bras gauche, temps de remplissage capillaire < 2 secondes, fréquence respiratoire de 24 par minute.

(h) Homme, 79 ans, se promenant entre les véhicules et en cherchant sa femme, pas de blessures apparentes.

(i) Femme, 19 ans, ambulatoire, en proie à des vertiges, fréquence respiratoire de 16, pas de blessures apparentes.

(j) Femme, 18 ans, ambulatoire, en pleurs, fréquence respiratoire de 22, saignements de nez

2. Plusieurs hôpitaux municipaux créent un réseau de politiques et d’ententes régissant la réorientation des patient.e.s au cas où un service d’urgence serait débordé au-delà de sa capacité. À quelle phase de la planification de la gestion des urgences cette mesure correspond-elle?

(a) atténuation

(b) préparation

(c) intervention

(d) rétablissement

3. Choisissez l’énoncé qui décrit le mieux la phase d’atténuation d’une catastrophe.

(a) La mise en place d’un protocole pour le transport en toute sécurité des patient.e.s vers leur établissement désigné dès que possible se déroule au cours de la phase d’atténuation.

(b) La phase d’atténuation de la catastrophe comprend l’évaluation des dommages physiques et structurels.

(c) L’atténuation commence par l’identification des risques.

(d) La phase d’atténuation d’une catastrophe est la phase finale de l’expérience d’une catastrophe.

RÉPONSES

1. (a) Femme, 77 ans, avulsion du cuir chevelu, pas de respiration spontanée (noir).

(b) Homme, 45 ans, ambulatoire, fréquence respiratoire de 20, saignement du cuir chevelu, offre son aide (vert).

(c) Homme, 30 ans, pas de respiration spontanée, tuyau empalé dans la poitrine (noir).

(d) Homme, 55 ans, respiration haletante, fréquence respiratoire de 32, saignements aux deux bras (rouge).

(e) Femme, 27 ans, non ambulatoire, fréquence respiratoire de 18, obéit aux commandes (jaune).

(f) Homme, 23 ans, fréquence respiratoire de 28 par minute, large lacération à la tête, perte de conscience, ne réponds pas aux commandes (rouge).

(g) Femme, 44 ans, boitant, se plaignant de douleurs au genou gauche, bras gauche douloureux. Déformation évidente du bras gauche, temps de remplissage capillaire < 2 secondes, fréquence respiratoire de 24 par minute (jaune).

(h) Homme, 79 ans, se promenant entre les véhicules et en cherchant sa femme, pas de blessures apparentes (vert).

(i) Femme, 19 ans, ambulatoire, en proie à des vertiges, fréquence respiratoire de 16, pas de blessures apparentes (vert).

(j) Femme, 18 ans, ambulatoire, en pleurs, fréquence respiratoire de 22, saignements de nez (vert).

2. (b) Préparation. Raisonnement : La mise en place d’ententes entre hôpitaux et d’ententes de coordination avant une catastrophe fait partie de la phase de préparation.

3. (c) L’atténuation commence par l’identification des risques. Raisonnement : Les mesures d’atténuation des catastrophes éliminent ou réduisent les impacts et les risques des dangers grâce à des mesures prises avant qu’une urgence ou une catastrophe ne se produise, ce qui commence par l’identification des risques.

Références

Assid, P. A. (2014). Disaster management. Dans D. Gurney (dir.), Trauma Nursing Core Course (7e éd.), p. 311-324. Des Plaines, IL: Emergency Nurses.

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