Quels paramètres modifier pour résoudre un problème relevé dans la gazométrie artérielle?

La prochaine étape est de se pencher sur les ajustements de paramètres qui amélioreront les valeurs de la gazométrie. Après avoir décelé le problème, il faut se demander quelles modifications pourraient être apportées à chaque paramètre.

Nous savons que la ventilation et l’oxygénation ont chacune deux paramètres distincts pouvant avoir une incidence sur les taux de CO2 et d’O2 respectivement. Récapitulons :

Paramètres qui influencent l’oxygénation : Paramètres qui influencent la ventilation :
FiO2
PEP
FR
Vc

D’après les problèmes décelés grâce à la gazométrie artérielle, comment souhaitez-vous modifier ces paramètres?

Examinons d’abord les paramètres qui influencent la ventilation. Le taux de CO2 est la seule valeur modifiable sur un respirateur pour influencer le pH global. Par ailleurs, la FR et le Vc représentent des options permettant de modifier la pCO2 et, par le fait même, le pH.

Exemple pratique

Un homme écope une barque en train de couler.

tiré de Giphy

Pour bien comprendre les changements à apporter à la FR ou au Vc afin d’ajuster le taux de CO2, pensez à une personne se trouvant dans un bateau dont le fond est troué, au beau milieu d’un lac. L’eau s’engouffre rapidement dans le bateau. Vous devez évacuer l’eau du bateau pour l’empêcher de couler. Dans l’analogie, le bateau représente les poumons et le niveau d’eau, le taux de CO2 dans le corps. La rapidité et l’importance de l’évacuation correspondent à l’élimination du CO2 à chaque expiration.

Si l’eau montait dans le bateau, vous auriez deux options pour en réduire le niveau :

  • écoper plus rapidement
  • écoper aussi vite que l’eau monte, mais avec un plus grand seau

Revenons aux poumons. Écoper plus rapidement équivaut à respirer plus vite. De ce fait, vous expirez davantage de CO2 (en éliminant plus d’eau). Inversement, si le même rythme respiratoire (vitesse d’écopage) est maintenu, vous pouvez éliminer plus de CO2 en évacuant plus d’air par respiration (un plus grand seau). Il faudrait simplement augmenter le volume courant à chaque respiration.

Gardez cette analogie à l’esprit lorsque nous analyserons les exemples.

Comme vous venez de le constater, il est possible de réduire le taux de CO2 en augmentant la FR ou le Vc. Et réciproquement, si le taux de CO2 est trop faible, l’inverse est vrai : il est possible de réduire la FR ou de fixer un Vc plus faible.

Penchons-nous maintenant sur l’oxygénation avec un exemple assez intuitif. Un taux d’oxygène trop faible s’améliorera si la FiO2 ou la PEP sont augmentées afin de pousser l’oxygène à travers la membrane alvéolocapillaire. Inversement, un taux d’oxygène dans le sang trop élevé baissera à la suite d’une diminution du taux d’oxygène fourni (jamais en dessous de 0,21) et de la PEP.

Poursuivons notre analyse.

Patient | 7,31/57/68/24

Voici les constats tirés de la gazométrie artérielle :

  • Le pH est acide (principale valeur à corriger).
  • La pCO2 est trop élevée, et il faut la modifier pour équilibrer le pH.
  • La pO2 est trop faible.

Dans le présent cas de figure, il y a un problème de ventilation (taux élevé de CO2 causant un pH acide) ainsi qu’un problème d’oxygénation (faible pO2). Quels changements peuvent donc être apportés pour les résoudre?

L’organisme n’évacue pas suffisamment de CO2 avec la respiration actuelle du patient. Repensez à l’analogie de l’écopage d’un bateau en train de couler. Dans cette situation, le niveau d’eau dans le bateau est trop élevé. Quelles sont vos options? Augmenter la vitesse d’écopage ou utiliser un plus grand seau. Par conséquent, les possibles modifications à la ventilation sont les suivantes :

  • augmenter la FR
  • augmenter le volume courant pour évacuer plus de CO2

Examinons maintenant le problème de la pO2 d’après les résultats de la gazométrie artérielle de ce patient. Le taux d’oxygène est trop faible, et le patient souffre d’une légère hypoxie. Il faut augmenter l’apport d’oxygène dans le sang, soit en acheminant une plus grande quantité, soit en le poussant plus fort à travers la membrane alvéolocapillaire pour en faire passer plus dans le sang par respiration. Par conséquent, les changements d’oxygénation possibles sont les suivants :

  • augmenter la FiO2 acheminée
  • augmenter la PEP pour aider à pousser l’oxygène à travers la membrane et solliciter d’autres alvéoles

Maintenant que toutes les options sont connues, vous pouvez vous concentrer sur celles qui conviennent le mieux à votre patient. Abordons maintenant la dernière question.

Licence

L’ABC de la ventilation mécanique© par Melody Bishop, B.Sc., thérapeute respiratoire, assistante en anesthésie clinique certifiée (AACC). Tous droits réservés.

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