Lien entre la PEP et la FiO2

Au présent stade, vous comprenez sans doute comment l’augmentation de la FiO2 a une incidence directe sur la quantité d’oxygène disponible pour l’organisme (en utilisant l’équation de la concentration d’oxygène), notamment sur les taux d’hémoglobine et sur la SpO2.

Un autre facteur peut affecter l’oxygénation et doit être pris en compte pour la ventilation, surtout en cas de maladies pulmonaires.

La pression expiatoire positive (PEP) décrit la petite quantité d’air qui reste dans les alvéoles après l’expiration (chapitre 1). En ventilation mécanique, la PEP est également configurée sur le respirateur. La configuration de la PEP sur le respirateur vise à imiter les caractéristiques physiologiques d’une respiration spontanée. Lors de l’utilisation de la ventilation mécanique et de la pression positive, les poumons ne doivent pas se vider complètement à la fin de l’expiration. Si l’on se souvient des pressions observées lors de la respiration spontanée, la pression négative dans l’espace pleural assure le maintien d’une certaine quantité d’air dans les poumons pour les garder gonflés. Utiliser la pression positive d’un respirateur élimine cette capacité qui doit être artificiellement ajoutée par l’appareil.

Il faut paramétrer le respirateur de sorte que la PEP assure le maintien de l’air qui reste normalement dans les poumons. La PEP est, à tout le moins, toujours réglée à 5 cmH2O. Ainsi, les « ballons » que sont les alvéoles ne se vident pas complètement, et le volume résiduel abordé au chapitre 1 demeure dans les poumons afin de les gonfler plus facilement au prochain cycle respiratoire.

La PEP remplit également d’autres fonctions. En plus de permettre aux poumons de ne pas s’affaisser complètement et de se gonfler plus facilement d’un cycle à l’autre, elle peut également augmenter l’oxygénation en ajoutant une « poussée » supplémentaire pour faire passer l’oxygène à travers la membrane alvéolocapillaire.

Exemple pratique

L’astronaute Chris Hadfield essore une serviette dans l’espace

NASA via Giphy

Imaginez que vous essayez de sécher une chemise mouillée. Vous l’enveloppez dans une serviette en espérant transférer l’eau à la serviette sèche. L’eau jouerait le rôle de l’oxygène et vous voulez la faire passer à travers la « membrane » (dans la serviette). La PEP équivaut à tordre la chemise enveloppée dans une serviette, en propageant
l’eau (l’oxygène) à une plus grande vitesse.

La PEP est utilisée précisément dans les cas où la membrane alvéolocapillaire est épaissie ou cicatrisée en raison d’un trouble ou d’une maladie quelconque. Lorsque l’inflammation ou les infiltrats imprègnent la membrane alvéolocapillaire, la capacité de diffusion de l’oxygène est entravée. Si l’on se reporte aux concepts des poumons et à la circulation de l’air d’une pression élevée à une pression faible, la PEP contribue au gradient et facilite la diffusion de l’oxygène vers la zone de plus faible concentration. Généralement, lorsque la membrane alvéolocapillaire est anormale (poumons en mauvais état), augmenter la PEP augmente le taux d’oxygène dans le sang devoir nécessairement augmenter la FiO2.

Exemple pratique

Imaginons que la PEP et la FiO2 sont deux personnes soulevant une table basse. Elles travaillent en tandem pour déplacer la table de la même manière que la PEP et la FiO2 améliorent ensemble l’oxygénation. Si une personne déploie plus d’efforts pour soulever la table, l’autre en fournira moins. De même, l’augmentation de la PEP permettrait de diminuer la concentration d’oxygène à administrer, en limitant l’exposition à un taux trop élevé.

Notions à retenir

La PEP est un autre paramètre qui doit toujours être configuré sur un respirateur, quel que soit le mode. Il est essentiel d’empêcher les alvéoles de s’affaisser complètement pour reproduire les processus physiologiques normaux. La PEP peut être utilisée pour améliorer la diffusion de l’oxygène à travers la membrane alvéolocapillaire.

Cependant, la PEP n’est pas une solution miracle. L’augmentation de la PEP peut avoir des effets indésirables, surtout si elle est trop élevée. Elle augmente la pression dans les poumons, ce qui peut comprimer le cœur et diminuer le retour veineux et le flux sanguin vers le cœur. Le débit cardiaque peut être altéré si la PEP est trop élevée. Il faut augmenter la PEP graduellement tout en surveillant constamment l’état cardiaque.

Un autre effet indésirable important est son effet sur la compliance pulmonaire. Il est bon de rappeler que la PEP est comme l’air restant dans le ballon. Si vous gonflez chaque fois un ballon d’après un volume fixe, mais en augmentant la quantité d’air résiduelle, le ballon pourrait plus supporter la quantité d’air insufflé et risque d’éclater. Il en va de même pour les poumons : s’ils sont plus remplis au début du cycle (augmentation de la PEP), ils seront moins susceptibles de « s’adapter » au volume d’air que le respirateur administrera, sans les exposer à une pression élevée ou sans provoquer de surdistension. En général, la PEP doit être augmentée avec précaution, en suivant toujours les instructions du médecin. Les concepts seront abordés dans les chapitres 3 à 5 lorsque les paramètres de la ventilation seront explorés plus en profondeur.

Attribution des éléments visuels

Licence

L’ABC de la ventilation mécanique© par Melody Bishop, B.Sc., thérapeute respiratoire, assistante en anesthésie clinique certifiée (AACC). Tous droits réservés.

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