Définitions et réglages

Modes contrôlés

La chose la plus importante à retenir est celle-ci : les modes contrôlés sont conçus pour remplacer complètement le processus physiologique de la respiration. Chaque aspect de la respiration doit être programmé et « contrôlé » par le clinicien. Toutes les ventilations administrées par le respirateur, qu’elles soient déclenchées par la machine ou par le patient, sont identiques et respectent les réglages définis.

Un respirateur.

Quels paramètres reconnaissez-vous sur le panneau de commande de ce respirateur?

Quels paramètres doit-on régler en mode contrôlé? Comme on l’a vu au chapitre 2, il faut toujours régler au moins deux paramètres, peu importe le mode ventilatoire :

  1. le niveau de PEP, pour empêcher les alvéoles de s’affaisser
  2. la FiO2 nécessaire pour fournir au patient un apport d’oxygène adéquat

Outre ces réglages obligatoires pour tous les modes ventilatoires, il faut régler trois autres paramètres en mode contrôlé :

  1. la fréquence à laquelle le patient va respirer
  2. l’ampleur de la respiration acheminée au patient
  3. la vitesse à laquelle l’air sera acheminé à la personne

La fréquence à laquelle les respirations sont générées est habituellement déterminée par la fréquence respiratoire (FR). Elle désigne le nombre minimal de cycles respiratoires en une minute. Les patients peuvent déclencher des respirations à un rythme plus rapide que celui prescrit par la FR; ces respirations supplémentaires sont comptées dans la FR totale.

L’ampleur d’une respiration est généralement déterminée par le volume d’air poussé dans les poumons. C’est ce qu’on appelle le volume courant (Vc ou VT pour tidal volume). Il désigne le volume d’air (en ml/kg) généré chaque fois qu’une ventilation est administrée au patient. Le volume d’air acheminé au patient peut être modifié selon le mode, que ce soit avec la ventilation à volume contrôlé, qui détermine le volume lui-même, ou la ventilation à pression contrôlée (PC), qui détermine la pression appliquée aux poumons. Ce concept est approfondi au chapitre 4.

Notons que le niveau de pression appliqué aux poumons en ventilation à pression contrôlée est souvent appelé « pression contrôlée », mais peut aussi être appelé pression inspiratoire. Ne vous mélangez pas ici! C’est simple : si vous voyez le réglage « pression contrôlée », c’est que vous êtes en mode ventilatoire à pression contrôlée!

Les modes permettent aussi de programmer la durée de chaque respiration. Pour modifier la durée d’une respiration, il faut régler la vitesse à laquelle le respirateur pousse l’air dans les poumons. Les modes à pression contrôlée et à volume contrôlé permettent d’ajuster la vitesse de l’air acheminé au patient en ajustant le débit ou le temps pendant lequel l’air est poussé (ce qu’on appelle le temps inspiratoire, ou Ti). Tous ces réglages sont approfondis au chapitre 4.

En résumé, vous êtes en mode contrôlé si vous réglez les trois paramètres suivants :

  1. la fréquence respiratoire
  2. le volume ou la pression que va appliquer le respirateur
  3. le débit d’air ou la durée de la poussée d’air dans les poumons

Notions à retenir

Peu importe l’acronyme qui définit le mode que vous utilisez, si vous devez régler la fréquence respiratoire, le volume, la pression, le débit ou le temps, vous êtes en mode contrôlé.

Mode spontané

Comme le mode contrôlé, le mode de ventilation spontanée génère aussi des respirations par pression positive à partir d’un respirateur. Comme pour tous les modes ventilatoires, il faut régler les paramètres obligatoires suivants :

  1. le niveau de PEP, pour empêcher les alvéoles de s’affaisser
  2. la FiO2 nécessaire pour fournir au patient un apport d’oxygène adéquat

Cependant, contrairement aux modes contrôlés, le mode spontané laisse le patient déclencher lui-même ses respirations et choisir le nombre de respirations qu’il souhaite prendre, et à quelle fréquence. Ce n’est donc pas vous qui déterminez le volume d’air que le patient inspire ni sa fréquence respiratoire. En mode spontané, vous décidez seulement de la quantité d’« aide » que le respirateur apportera pour faciliter la respiration déclenchée par le patient. Le principal paramètre à régler est le suivant :

  1. l’ampleur du soutien à donner au patient.

Lorsque le déclencheur physiologique du patient déclenche une respiration et que le diaphragme se contracte, le respirateur perçoit cette contraction et « aide » à acheminer l’air en le poussant en même temps que le patient l’aspire. Cette aide inspiratoire atténue l’effort que le patient doit fournir pour respirer.

Exemple pratique

Un enfant s’apprête à boire d’un tuyau d’arrosage.

Imaginez que vous êtes enfant et que vous jouez à l’extérieur dans la chaleur d’un jour d’été. Vous repérez tout près un tuyau d’arrosage et décidez de boire une rasade. Même si l’alimentation en eau est fermée, il reste de l’eau froide dans le boyau. Vous créez une succion et tentez d’aspirer l’eau hors du tuyau, ce qui vous demande un effort considérable. Si une personne ouvrait l’alimentation en eau, vous auriez plus de facilité à aspirer l’eau. Si l’eau qui parvenait jusqu’à vous n’était qu’un filet, ce ne serait sans doute pas suffisant et vous continueriez à créer une succion pour retirer une plus grande quantité d’eau du tuyau. Si l’alimentation en eau était plus généreuse, vous n’auriez alors aucune difficulté à boire toute l’eau que vous voulez sans devoir fournir les « efforts » de succion.

En résumé, pour confirmer que vous êtes en mode spontané, il suffit de vérifier les paramètres qui ne sont pas programmés. Autrement dit, le respirateur ne définit ni la fréquence respiratoire, ni le volume, ni le débit. Vous programmez une pression uniquement pour aider à amplifier la respiration.

Attribution des éléments visuels

Licence

L’ABC de la ventilation mécanique© par Melody Bishop, B.Sc., thérapeute respiratoire, assistante en anesthésie clinique certifiée (AACC). Tous droits réservés.

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