4-1 Considérations sur l’éthique de la recherche dans le domaine de l’EPS

Teresa Chan

 

Aperçu

Dans ce chapitre, vous explorerez l’éthique du savoir et de la recherche. Même si toutes les bourses d’études accordées à l’enseignement des professions de la santé ne sont pas nécessairement associées à la recherche, il est important de comprendre les défis inhérents qui sont propres à ces types de bourses.

Principaux points à retenir du chapitre

À la fin de ce chapitre, l’apprenant.e doit être en mesure de :

  • faire la distinction entre la recherche et l’évaluation des programmes
  • formuler des préoccupations éthiques relatives à l’EPS qui n’existent pas forcément dans d’autres formes de recherche médicale, de soins de santé ou de sciences sociales

Vignette

La Dre Carmen Diego-Nunez a élaboré un programme de formation intensive d’un week-end sur les compétences cliniques dans le monde virtuel dans le cadre de son projet de fin d’études pour son certificat d’éducatrice. Aujourd’hui, après six mois de préparation, le comité du programme d’études de premier cycle a finalement approuvé son programme, et il sera intégré dans le programme d’études en tant qu’atelier facultatif dans quelques mois.

« Félicitations pour la création et la mise en œuvre de ce programme Carmen! Cela va être très intéressant », a déclaré sa mentore, la Dre Mary Park-Edwards. « Mais avez-vous réfléchi à la question de savoir si cette étude nécessitera une approbation éthique? Je pense que ce projet pourrait en être exempté, mais nous devons quand même nous en assurer auprès du comité d’examen de notre établissement… »

Carmen a fait une pause. Elle n’y avait pas du tout pensé. La plupart des cours et des programmes qu’elle a suivis au cours de son parcours scolaire comportaient un sondage à la fin d’un programme. Les auteurs des sondages ont-ils dû obtenir une approbation éthique à chaque fois pour chaque sondage d’évaluation de programme? Qu’en est-il des sondages sur l’expérience des patients qu’elle doit toujours traduire pour sa mère et que cette dernière remplit avec son aide? Un comité d’éthique approuve-t-il également toutes ces enquêtes?

« Je ne suis pas sûre, a-t-elle répondu. Y a-t-il un endroit où je pourrais en apprendre davantage sur ce processus? »

Mary lui a répondu : « Sans aucun doute. Je vais trouver le lien vers le chapitre sur la recherche en enseignement des professions de la santé (REPS), et vous l’envoyer pour que vous le lisiez avant notre prochaine réunion… »

Approfondir le concept

D’une manière générale, toutes les recherches doivent être menées de manière éthique. Il existe de nombreux précédents dans l’histoire de la recherche qui sont connus de la plupart des chercheurs. Par exemple, les expériences de Tuskgeekee sur la syphilis, les expériences sur les prisonniers pendant la Seconde Guerre mondiale, les recherches sur la nutrition dans les pensionnats canadiens sont reconnues par la plupart des scientifiques comme étant à l’origine de la création des comités d’examen institutionnels ou des comités d’éthique de la recherche (1,2).

Le principe général de l’éthique de la recherche consiste à protéger les personnes soumises aux protocoles de recherche et à veiller à ce qu’elles ne subissent pas d’épreuves ou de complications excessives. En fin de compte, la recherche est censée servir la société dans son ensemble – et de nombreux groupes participent à ces processus, depuis les organismes de subvention et de financement jusqu’aux étudiant.es ou aux patients.es. Il existe aussi parfois des liens avec l’industrie ou avec les personnes qui prennent les décisions en matière de politiques gouvernementales. Cependant, quelles que soient les parties prenantes, toutes les recherches doivent être menées de manière éthique et saine afin de s’assurer que les parties prenantes n’ont pas d’incidence négative sur les autres (p. ex. une société pharmaceutique influençant indûment les résultats rapportés lors d’un essai clinique). Pour en savoir plus sur les principes généraux de l’éthique de la recherche au Canada, consultez cette page des Instituts de recherche en santé du Canada (1).

Considérations éthiques dans la recherche en enseignement des professions de la santé

Si nous ne menons généralement pas d’expériences invasives, comme tester un nouveau vaccin, nous devons néanmoins garder à l’esprit que la recherche dans le domaine de l’enseignement des professions de la santé peut être potentiellement préjudiciable. Au Canada, l’histoire honteuse de la recherche nutritionnelle sur les enfants des pensionnats (2) souligne tout particulièrement l’importance pour l’ensemble des chercheurs et chercheuses (en particulier le personnel enseignant) de remplir leurs obligations morales et éthiques en matière de sauvegarde et de protection des personnes qui participent à nos recherches.

Pour les besoins de nos discussions, l’Énoncé de politique des trois conseils 2 (2018) (article 2.1) définit ce qui suit comme étant de la recherche devant faire l’objet d’une évaluation de l’éthique :

  1. recherche avec des participants humains vivants
  2. recherches portant sur du matériel biologique humain, des embryons, des fœtus, des tissus fœtaux, du matériel reproductif humain ou des cellules souches humaines Il peut s’agir de matériel provenant de personnes vivantes ou décédées.

Certaines formes de recherche sont également considérées comme exemptées de l’évaluation du comité d’éthique de la recherche (CER) au Canada. L’Énoncé de politique des trois conseils 2 (2018) (article 2.2-2.4) (3) précise ce qui suit :

  1. « Il n’y a pas lieu de faire évaluer par un CER les recherches qui sont fondées exclusivement sur de l’information qui est : a. accessible au public par un mécanisme établi par la loi ou la réglementation et qui est protégée par la loi; b. du domaine public, et que les personnes concernées n’ont pas d’attente raisonnable en matière de respect de la vie privée. » (2, article 2.2)
  2. « La recherche faisant appel à l’observation de personnes dans des lieux publics ne nécessite pas d’évaluation par un CER si les conditions suivantes sont réunies : a. la recherche ne prévoit pas d’intervention planifiée par le chercheur ou d’interaction directe avec les personnes ou les groupes; b. les personnes ou les groupes visés par la recherche n’ont pas d’attente raisonnable en matière de respect de la vie privée; c. la diffusion des résultats de la recherche ne permet pas d’identifier des personnes en particulier. » (2, article 2.3)
  3. « Il n’y a pas lieu de faire évaluer par un CER un projet de recherche fondé exclusivement sur l’utilisation secondaire de renseignements anonymes ou de matériel biologique humain anonyme, à condition que le couplage de données, l’enregistrement des résultats ou leur diffusion ne crée pas de renseignements identificatoires. » (2, article 2.4)

Voici quelques considérations qu’il peut être important d’examiner lors de la conception des études :

  • Dynamique du pouvoir – La dynamique du pouvoir (ou la perception de celle-ci) peut souvent être à l’origine de ce problème au sein de certaines populations. Dans la recherche clinique ou biochimique, il est souvent évident que les participants à la recherche ont le sentiment qu’il existe une différence de pouvoir entre eux et la personne qui réalise la recherche (p. ex. leur médecin traitant ou l’infirmière qui peut faire partie d’un essai clinique). De même, dans le domaine de l’enseignement des professions de la santé, les chercheurs peuvent exercer un pouvoir sur leurs participants potentiels. Si un directeur de programme de résidence cherche à étudier un groupe d’étudiants candidats potentiels à leur spécialité, on peut imaginer que certaines questions éthiques doivent être abordées afin de réduire au minimum les répercussions de ce pouvoir sur les candidats. En réponse aux questions de pouvoir au sein de la REPS, de nombreux établissements disposent de comités d’évaluation secondaires qui incluent des étudiant.es dans l’évaluation des projets de recherche, en parallèle avec le comité d’éthique de la recherche officiel. Au sein de l’Université McMaster, il existe un comité d’examen secondaire spécifique dirigé par l’école de médecine Michael G. DeGroote qui doit approuver tous les projets de recherche sur la santé et l’environnement auxquels participent des étudiant.es en médecine.
  • Relation avec les environnements cliniques – Bien que de nombreux projets de REPS n’aient pas d’incidence directe sur les soins cliniques, si les travaux sont réalisés dans un environnement d’apprentissage clinique, l’introduction d’une recherche (ou d’un chercheur ou une chercheuse) dans l’environnement peut avoir des effets indirects. Par exemple, si un ou une ethnographe souhaite être intégré à une équipe clinique pour observer la manière dont les stagiaires interagissent avec les patients.es, cette personne devra peut-être adhérer à toutes les procédures et politiques types de tout autre prestataire de soins de santé (p. ex. vaccinations, formation aux risques professionnels, confidentialité des patients) pour s’assurer qu’il ou elle n’enfreint pas les protocoles en place au sein de l’hôpital.
  • Confidentialité – Dans toute recherche, la confidentialité est très importante, mais dans le cadre de la REPS, il peut y avoir plusieurs niveaux de confidentialité dont il faut tenir compte. Par exemple, dans le cadre d’une étude qualitative de l’excellence ou de la honte au sein d’une population étudiante en soins infirmiers, ces étudiant.es peuvent être influencés par les questions des entretiens et divulguer leurs propres renseignements de santé personnels pour contextualiser les récits. De même, ils peuvent avoir l’impression que la seule façon d’expliquer ce qu’ils ressentent est de le faire dans le contexte d’une rencontre spécifique avec un patient. Dans les deux cas, le participant ou la participante peut divulguer des caractéristiques identifiables susceptibles d’entraîner une violation de la confidentialité. En tant que chercheur ou chercheuse dans le domaine de l’EPS, il est important d’être attentif à la manière dont vos outils d’élicitation de connaissances ou de collecte de données peuvent inciter vos participants à raconter leur histoire.

Exemptions relatives à la gouvernance du comité d’éthique de la recherche

Au Canada, la gouvernance relative à l’éthique de la recherche est déterminée par l’Énoncé de politique des trois conseils (EPTC 2), qui en est à sa deuxième itération (3). Il existe quelques exemptions notables qui ont une incidence sur le personnel enseignant des professions de la santé et qui méritent d’être examinées dans cette section.

Mais avant cela, il est important d’examiner la nature de la recherche en éducation et de noter que toutes les études qu’un membre du corps enseignant des professions de la santé peut mener ne sont pas nécessairement des « recherches ». Dans l’EPTC 2, la « recherche » est définie comme étant une démarche visant le développement des connaissances au moyen d’une étude structurée ou d’une investigation systématique (3). Cela signifie que l’objectif premier d’un projet particulier sera d’étendre nos connaissances dans un domaine spécifique. Cependant, comme défini précédemment dans d’autres parties du programme de REPS, les bourses d’études engloberont d’autres formes de recherche, comme l’analyse documentaire/la synthèse des connaissances, l’évaluation des besoins, l’évaluation des programmes, la médecine narrative et l’application des connaissances.

Comme vous vous en souvenez peut-être, l’article 2 de l’EPTC 2 (2018) identifie plusieurs domaines de recherche autorisés qui ne nécessitent pas de surveillance éthique (3). Les voici :

  1. données publiques (article 2.2)
  2. données relevant du domaine public, et pour lesquelles il n’y a pas d’attente raisonnable en matière de respect de la vie privée (article 2.2)
  3. observation dans les lieux publics (article 2.3)

Utilisation secondaire de renseignements anonymes ou de matériel biologique humain anonyme (à la condition que le couplage de données ne génère pas de renseignements identifiables) (article 2.4).

Amélioration de la qualité

L’article 2.5 de l’EPTC 2 (2018), qui concerne spécifiquement le personnel enseignant, souligne ce qui suit :

« [l]es études consacrées à l’assurance de la qualité et à l’amélioration de la qualité, les activités d’évaluation de programmes et les évaluations de rendement, ou encore les examens habituellement administrés à des personnes dans le contexte de programmes d’enseignement, s’ils servent exclusivement à des fins d’évaluation, de gestion ou d’amélioration, ne constituent pas de la recherche au sens de la Politique et ne relèvent donc pas de la compétence des CER ».

Selon l’article 2.5, les activités d’évaluation des programmes (comme les enquêtes concernant les cours ou les tests de routine auxquels sont soumis les étudiant.es de vos classes) ne nécessitent pas d’évaluation de la part d’un CER. Il s’agit certainement d’une clause importante à connaître en tant que membre du corps enseignant, car il est important de savoir que le fait de vérifier si votre programme spécifique (ou curriculum ou produit) fonctionne bien (au moyen de sondages, de groupes de discussion ou d’entretiens) n’est pas considéré comme de la « recherche ». Toutefois, il est très important de veiller à ce que ces activités d’évaluation de programme restent dans les limites de l’évaluation d’un programme spécifique et ne s’égarent pas dans des généralités et des déductions sur les nouvelles connaissances acquises.

C’est souvent dans cette zone grise que les personnes qui font des recherches dans le domaine de l’EPS peuvent avoir des problèmes. Elles peuvent souhaiter approfondir certaines idées issues de l’évaluation d’un programme spécifique, mais entrer dans une zone éthique problématique si le projet s’oriente davantage vers la recherche générale de la vérité que vers un projet précis. D’une manière générale, les activités d’évaluation des programmes doivent être utilisées dans le but d’améliorer le projet – il se peut que l’histoire de votre projet soit utile à d’autres personnes souhaitant se lancer dans un projet similaire, et qu’elle soit donc publiable en tant qu’ouvrage d’érudition sur l’amélioration de la qualité. Dans le domaine clinique, il existe des revues entières consacrées à l’amélioration de la qualité (p. ex BMJ Quality and Safety, Journal of Evaluation in Clinical Practice), et nombre de ces projets peuvent inclure des composantes éducatives ou être entièrement axés sur les aspects éducatifs d’un projet donné. De même, de nombreuses revues sur l’EPS proposent des rapports d’innovation (4) ou d’autres formats permettant aux éducateurs de publier leurs projets d’amélioration de l’éducation (p. ex. l’évaluation des besoins pour un nouveau projet, l’évaluation d’un curriculum/programme innovant).

La dualité de certains chercheurs du domaine de l’EPS qui ont autorité sur des programmes d’études peut également créer une zone grise sur le plan éthique. Par exemple, si vous êtes directeur ou directrice de programme et que vous décidez d’introduire un nouveau programme dans le seul but de découvrir de nouvelles choses sur une population d’apprenants particulière (p. ex. un atelier unique sur l’état d’esprit de croissance avec un sondage avant et après l’atelier, qui comprendrait des données démographiques et une exposition antérieure à l’état d’esprit de croissance), une telle initiative pourrait très bien être considérée comme une recherche. Toutefois, si vous étiez cette même personne et que vous décidiez qu’un atelier pour les nouveaux stagiaires sur l’état d’esprit de croissance serait bénéfique, alors la création, la mise en œuvre et l’évaluation de ce nouvel atelier ne seraient pas considérées comme de la recherche. En cas de doute, il est toujours conseillé de vérifier auprès du comité d’éthique de la recherche local. En Alberta, on a créé un outil en ligne (The ARECCI Tool) (5) qui vous guide à travers le processus de réflexion pour un projet donné. Au niveau local, par exemple à l’Université McMaster, notre CER préfère examiner chaque projet individuellement.

Activités créatives

Enfin, pour les personnes engagées dans des activités narratives ou créatives, l’article 2.6 de l’EPTC 2 (2018) stipule que :

« Les activités intégrant une pratique créative ne nécessitent pas d’évaluation par un CER. Cependant, un examen par un CER s’impose si une recherche fait appel à une pratique créative pour recueillir auprès des participants des réponses qui seront ensuite analysées pour répondre à la question de recherche

Cet article est important, car certaines personnes peuvent chercher à s’engager dans la médecine narrative ou dans des techniques d’enseignement et d’apprentissage basées sur les arts. Ces documents peuvent devenir un ouvrage d’érudition en soi, par exemple une anthologie de récits d’étudiants en médecine. Toutefois, comme l’indique l’énoncé ci-dessus, si vous utilisez des techniques artistiques ou créatives pour répondre à une question de recherche, l’étude devra être évaluée et approuvée par le CER. Par exemple, il peut s’agir d’une séance d’amélioration des soins de santé avec des étudiant.es en physiothérapie, qui est enregistrée pour être ensuite analysée par un groupe de personnes intéressées par les nouvelles techniques d’enseignement afin de déterminer les interactions entre le personnel enseignant et les apprenants – un tel projet nécessiterait l’évaluation et l’approbation du CER avant d’être mis en œuvre. Un autre exemple serait une étude dans laquelle on demanderait à des étudiant.es sages-femmes de dessiner des images riches et de s’engager dans une élaboration graphique de leurs expériences de harcèlement sur le lieu de travail, ces images étant analysées ultérieurement pour répondre aux questions que le personnel enseignant pourrait se poser sur les expériences des étudiant.es dans l’environnement d’apprentissage clinique.

Résumé de l’éthique de la recherche

En résumé, le tableau suivant (4.1.1) présente certains types de bourses d’études susceptibles de bénéficier d’une exemption. En cas de doute, le CER local est l’instance à consulter.

Tableau 4.1.1. Types de bourses d’études pouvant donner lieu à des exemptions conformément à l’Énoncé de politique des trois conseils 2 au Canada.
Type de bourse d’études Détails Section pertinente de l’EPTC 2
Recherche Recherche avec données publiques Article 2.2
Recherche Recherche avec données relevant du domaine public sans attente raisonnable de respect de la vie privée Article 2.2
Recherche Recherche faisant appel à l’observation de personnes dans des lieux publics sans intervention du chercheur Article 2.3
Recherche Recherche fondée exclusivement sur l’utilisation secondaire de renseignements anonymes ou de matériel biologique humain anonyme (à condition que le couplage de données, l’enregistrement des résultats ou leur diffusion ne crée pas de renseignements identificatoires) Article 2.4
Bourse d’étude pour l’évaluation de programme L’évaluation de programmes éducatifs existants (p. ex. un cours ou un événement annuel) ou les tests de routine des étudiant.es/apprenant.es dans le cadre de leurs paramètres éducatifs normaux ne sont pas considérés comme de la recherche. Ces travaux dans le cadre d’une bourse d’études seront très précis en ce qui a trait à la nature et aux résultats d’un mandat particulier. Il est rare que ces projets soient suffisamment novateurs pour faire l’objet d’un rapport plus large dans la littérature en tant que projet d’évaluation de programme. Article 2.5
Bourse pour l’évaluation des besoins L’amélioration de la qualité des programmes/portfolios existants peut inclure une évaluation des besoins locaux afin d’améliorer les systèmes locaux. Bien que ces évaluations doivent suivre un certain niveau de processus scientifique et qu’elles puissent ressembler à des méthodes de recherche (p. ex. sondages, groupes de discussion, entretiens), les rapports et les données qui en résultent seront très spécifiques en ce qui concerne les besoins d’un programme particulier. Il est rare que ces projets soient suffisamment novateurs pour faire l’objet d’un rapport plus large dans la littérature en tant que projet d’amélioration de la qualité. Article 2.5
Activités de pratique créative Les activités de pratique créative qui aboutissent à des produits éducatifs (p. ex. essais, médecine graphique, chansons/musique, nouvelles) ne nécessitent pas d’approbation d’un CER en elles-mêmes. Par contre, si les chercheurs utilisent des techniques artistiques comme méthodes de collecte de données (p, ex. une recherche qualitative qui utilise des images riches pour collecter des données), cela serait considéré comme de la recherche. Article 2.6

Il convient de noter que la détermination de ce qui est ou n’est pas de la recherche se fait généralement à l’échelle d’une institution donnée. Bien qu’elles ne soient pas directement régies par les documents de l’EPTC 2, la plupart des revues s’attendent à ce que vous ayez confirmé auprès du CER ou de votre comité d’examen d’établissement que votre projet est considéré comme exempté de leur point de vue.

Éthique relative à la paternité d’une œuvre et aux collaborateurs

Le domaine de l’éthique relative à la paternité d’une œuvre est distinct de celui de la recherche, mais reste lié aux pratiques de la REPS. Bien que cela n’entre pas dans le cadre de ce chapitre particulier du programme de REPS, nous vous invitons à vous rappeler qu’il existe certaines normes relatives à la conduite en matière de paternité d’une œuvre qui doivent être examinées et respectées par les membres de votre équipe. Veuillez consulter le chapitre suivant du manuel de REPS (Travailler en collaboration : constituer une équipe de recherche) pour vous assurer que vous maîtrisez bien ce sujet également.

Principaux points à retenir

En résumé, lorsque l’on considère l’éthique dans le cadre de la recherche et de l’enseignement des professions de la santé, il est important de tenir compte de ce qui suit :

  1. L’éthique de la recherche en enseignement des professions de la santé doit tenir compte de la dynamique du pouvoir, de la confidentialité (à la fois de la vie privée des stagiaires, des étudiant.es et des patient.es) et des répercussions cliniques.
  2. Toutes les bourses d’études ne sont pas nécessairement associées à des « recherches », et elles ne requièrent pas toujours l’approbation du CER, mais les décisions relatives à la surveillance et à la gouvernance du CER sont généralement prises par les comités d’examen locaux. En cas de doute, posez-leur toutes vos questions.

Conclusion de la vignette

Après une discussion avec la Dre Park-Edwards, Carmen se lance dans une étude approfondie des techniques d’évaluation de programme et de la littérature connexe, et elle en ressort avec un plan pour une évaluation de programme très solide qui cherche spécifiquement à répondre à des questions sur son innovation curriculaire particulière.

Après avoir préparé les documents du protocole d’évaluation du programme (y compris un outil de sondage et un guide d’entretien de suivi avec les parties prenantes), Mary aide Carmen à soumettre les documents à un examen officiel d’exemption au président de leur CER local. Après quelques échanges de courriels et une brève conversation téléphonique, ce dernier convient que cette démarche s’inscrit parfaitement dans le cadre d’une approche solide et scientifique de l’évaluation d’un programme d’études, et il rédige à l’intention de Carmen une lettre d’exemption officielle qu’elle peut conserver dans ses dossiers.

5 ans plus tard…

Après plusieurs itérations de son programme d’études, Carmen est aujourd’hui une membre subalterne de la faculté qui dirige toujours ce programme. Au cours des cinq dernières années, Carmen a supervisé l’expansion et la croissance de ce nouveau programme, et la présidente de son département lui fait remarquer qu’elle n’a jamais rien vu de tel dans d’autres institutions. Elle l’encourage à envisager la rédaction d’un article décrivant le programme.

En renvoyant sa lettre d’exemption au CER (puisque la présidence du CER a changé), ce dernier confirme qu’il considère toujours que ses évaluations de programmes sont exemptées, conformément à la version la plus récente de l’Énoncé de politique des trois conseils. Carmen passe au crible ses sondages d’évaluation de programme et les anciens rapports d’amélioration de programme pour préparer l’histoire de son atelier. Elle s’amuse des premiers entretiens qu’elle a eus avec les participants.es, notant que nombre de ces personnes sont des résidents seniors à ce stade. Elle prépare un article présentant certaines des données d’évaluation pour un article publié dans une revue de premier plan dans le domaine de l’EPS. Elle invite Mary à collaborer à la rédaction de cet article en tant que coauteure, même si elle est maintenant vice-doyenne à l’enseignement. Mary refuse poliment, car elle est très occupée, mais elle remercie Carmen de l’avoir incluse dans le projet en tant que collaboratrice, et elle est heureuse de figurer dans les remerciements.

Le jour où Carmen télécharge l’article pour le soumettre, elle sourit et se souvient avec nostalgie des premières conversations qu’elle a eues avec son ancienne mentore. Elle est particulièrement reconnaissante pour tous les conseils qu’elle a reçus de Mary à l’époque, car l’une des premières choses que le journal demande est une lettre attestant de l’exemption pour ce projet.

Références

  1. Considérations éthiques en recherche en santé. Instituts de recherche en santé du Canada. Dernière consultation le 30 août 2021. Accessible à l’adresse : https://cihr-irsc.gc.ca/f/48801.html
  2. MacDonald, N.E., Stanwick, R. et A. Lynk. Canada’s shameful history of nutrition research on residential school children: The need for strong medical ethics in Aboriginal health research », Paediatrics & Child Health, 2014;19(2);64. Accessible à l’adresse : https://doi.org/10.1093/pch/19.2.64
  3. Énoncé de politique des trois conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains – EPTC 2 (2018). Dernière consultation le 30 août 2021. Accessible à l’adresse : https://ethics.gc.ca/fra/policy-politique_tcps2-eptc2_2018.html
  4. Hall, A.K., Hagel, C., Chan, T.M., Thoma, B., Murnaghan, A. et F. Bhanji. «The writer’s guide to education scholarship in emergency medicine: education innovations (partie 3)». Canadian Journal of Emergency Medicine. Mai 2018; 20(3) :463-70. Get it Mac

Ressources supplémentaires

Si vous souhaitez en savoir plus sur l’évaluation des programmes, vous pouvez consulter cet épisode du balado MacPFD Spark avec la Dre Michelle Howard, professeure agrégée au département de médecine familiale de l’Université McMaster :

 

Un ou plusieurs éléments interactifs ont été exclus de cette version du texte. Vous pouvez les consulter en ligne ici : https://ecampusontario.pressbooks.pub/hperprimer/?p=54#oembed-1

À propos de l’auteure

Teresa Chan est professeure associée au département de médecine au sein de la Division de médecine d’urgence, et elle est nommée conjointement à la Division de l’enseignement et de l’innovation. Elle est également doyenne associée au Continuing Professional Development Office (CPD) et clinicienne scientifique du programme MERIT (McMaster Education Research, Innovation & Theory) de la faculté des sciences de la santé de l’Université McMaster.

 

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