8. Propriétés des groupes nominaux
1. Introduction: les groupes nominaux
Au dernier cours, nous avons discuté des GN et des groupes en général de façon globale, en cherchant à identifier leur contour (les frontières) sans nous attarder à leur contenu interne. L’objectif de ce chapitre est d’arriver à donner l’analyse interne du GN, tout particulièrement ceux avec des compléments de type GA et GP.
La section 2 porte sur la sémantique du GN. La composition interne d’un GN repose sur la relation de sens entre ses différentes parties. Nous élaborons les bases d’une approche ou le sens des GN est directement lié à son application à des situations de discours spécifiques, la complexité du GN étant directement mise en relation avec l’étendu de son domaine d’application.
La section 3 est la section où on met en place les analyses: après une activité visant à aider à la formalisation des groupes, une série d’exercices d’analyse de GN complexes est proposée.
2. La sémantique du GN
Nous avons jusqu’à présent mis l’emphase sur les propriétés distributionnelles des groupes pour découvrir les frontières des groupes. Nous allons maintenant faire intervenir la sémantique pour mettre en évidence la structure du GN et de ces compléments.
La section est divisée en quatre présentations H5P, regroupé sous les Exercices 2.
- Une introduction qui met en place quelques règles visant à étayer l’application des GN en situation de discours.
- Une discussion de la différence entre le nom propre, le nom commun, et la fonction du déterminant dans le GN.
- Une présentation du déterminant (article) défini le et le pluriel.
- Une présentation sur la différence sémantique entre les GA et les GP.
Exercices 2. Application des GN
Partie 1. La sémantique des GN: Introduction
Partie 1: L’ABC de l’application des GN
- A. La règle de l’application véridique: Une forme peut s’appliquer à une réalité que si cette réalité appartient au domaine d’application de la forme tel que défini par convention entre locuteurs et locutrices.
- B. La règle de UN: un mot simple est une étiquette unique; elle ne peut s’appliquer qu’à une et une seule réalité du discours à la fois.
- C. La règle de compatibilité: l’application d’une forme dans un GN doit être compatible avec le domaine d’application de la forme en général.
Partie 2. La sémantique des GN: Nom propre, nom commun et déterminant
Partie 3. La sémantique des GN: GN défini et GN pluriel
Partie 4. La sémantique des GN: Les compléments du nom
Points à retenir
Partie 1: L’ABC de l’application des GN
- A. La règle de l’application véridique: Une forme peut s’appliquer à une réalité que si cette réalité appartient au domaine d’application de la forme tel que défini par convention entre locuteurs et locutrices.
- B. La règle de UN: un mot simple est une étiquette unique; elle ne peut s’appliquer qu’à une et une seule réalité du discours à la fois.
- C. La règle de compatibilité: l’application d’une forme dans un GN doit être compatible avec le domaine d’application de la forme en général.
Partie 2: Nom propre, nom commun et déterminant
- Les GN simples, composés d’un nom propre, sont des formes uniques qui s’appliquent à des réalités individuelles.
- Les GN composés d’un nom commun et du déterminant un: le déterminant restreint l’application du noyau, qui s’applique en principe à un ensemble de réalités, à une réalité dans le discours.
- Le déterminant informe qu’il existe une réalité unique dans la situation de discours.
- Le noyau est la forme qu’on applique à la réalité isolée par déterminant.
Partie 3: GN défini et GN pluriel
- Le déterminant le défini est une indication que le noyau avec lequel il se combine devrait être applicable dans le contexte immédiat. Lorsqu’au singulier, le noyau ne peut s’appliquer qu’à une réalité (la règle du UN). On s’attend donc à trouver, dans le contexte immédiat, une seule réalité chapeau à laquelle on peut applique la forme chapeau.
- S’il y a plusieurs chapeaux dans le contexte, le GN doit être au pluriel. La morphologie du pluriel est donc un manière de multiplier les étiquettes afin de permettre l’étiquetage d’une multitude de réalités avec la même forme.
Partie 4. Les compléments du nom: GA et GP
- Les GN qui contiennent un complément sont hyponymiques par rapport au même GN sans le complément.
- On a identifié deux types de compléments de nom ici:
- Le GA, où le domaine d’application de l’adjectif est défini par le domaine d’application du nom.
- Une réalité est distinguée par rapport une dimension ou propriété qualitative
- L’adverbe de degré comme très: intensification d’une qualité: son interprétation est dépendante de l’adjectif avec lequel il apparaît.
- Le GP, où la présence d’un deuxième nom dans le groupe implique une réalité indépendante du noyau, mais reliée à celle du noyau à travers la préposition.
- Le GA, où le domaine d’application de l’adjectif est défini par le domaine d’application du nom.
3. Structure du GN
Ce que nous avons présenté dans les dernières semaines se résume ainsi: pour faire l’analyse des GN qui contiennent des GA et des GP, on doit s’assurer d’identifier la catégorie des mots, les mots qui sont des noyaux (les N, A et P), et les différentes parties des groupes pour identifier les frontières. On parvient à identifier les éléments en nous basant sur les propriétés distributionnelles des mots et des groupes, et des relations de sens qui les unissent. Notre objectif maintenant est de donner une représentation en termes de crochets et de catégorie de tous ces éléments.
L’activité suivante propose une façon d’arriver à cette représentation en adaptant l’activité d’identification des points proposés la semaine dernière.
Exercice 3. Représenter la structure interne du GN
Points à retenir
On fait des analyses grammaticales en étudiant attentivement les groupes et les mots, leur distribution et les relations de sens, et ainsi de suite. Nous avons développé ici une version de l’exercice avec les points pour mettre en évidence les différentes étapes derrière l’analyse.
- Cette version implique la séparation des mots par un certain nombre de points (ce nombre est déterminé par le plus grand nombre de crochets nécessaires pour décrire la jonction entre deux mots).
- On marque les frontières en identifiant les points les plus près des mots, à gauche pour les crochets d’ouverture ( [ ) et à droite pour les crochets de fermeture ( ] ).
- L’application de ces règles permet de mettre en évidence les relations d’inclusion des groupes les uns dans les autres.
- Finalement, nous avons marqué les crochets de fermeture une étiquette ]GN, ]GA et ]GP, qui identifie le groupe associé à ce crochet.
Vous pouvez maintenant mettre en pratique ces outils en analysant les GN dans l’exercice suivant.
Exercice 4. Analyse des GN complexes
Points à retenir
Ce chapitre a montré comment, en utilisant la règle du 1 en interaction avec le domaine d’application des mots, nous pouvons esquisser une relation directe entre la forme d’un GN et son domaine d’application. La règle est simple: plus on complexifie le GN, l’application de celui-ci est réduite.
Étant donné la règle, les GN les plus simples, ceux composés d’un noyau unique (sans déterminant), sont seulement compatibles avec les mots qui ont un domaine d’application de 1, les noms propres. Ainsi, on utilise dans un contexte la forme Flix lorsqu’il y a Flix (et un Flix seulement, sinon on met un déterminant). La forme du GN à noyau unique est incompatible avec les mots dont le domaine d’application est plus grand que 1, les noms communs comme icône. Même s’il y a seulement une réalité du bon type dans le contexte, les locuteurs et locutrices s’attendent à ce que ce mot s’applique à tous les icônes, pas seulement Flix. On ne peut, au grés des situations, changer les conventions de la langue.
La forme peut s’appliquer à une réalité unique si le noyau apparait avec un déterminant. Celui-ci isole en quelque sorte l’étiquette, la dirigeant dans un contexte où il y a assurance de trouver une seule réalité. Dans une circonstance où une forme unique peut s’appliquer à plusieurs réalités, on doit mettre la forme au pluriel: la multiplication des étiquettes permet une application appropriée (complète).
En complexifiant le GN avec des compléments GA ou GP, on peut cibler des réalités spécifiques, des sous-types du noyau: de chapeau, on cible le chapeau rouge, le chapeau de Félix, etc. La complexification du GN mène donc à la capacité de cibler des objets de plus en plus précis.