5. Les relations lexicales
1. Introduction: les relations lexicales et l’expansion des domaine d’application
Selon la perspective adoptée au chapitre précédent, on parle du sens d’un mot comme la réalité à laquelle s’applique une étiquette. Savoir à quelle réalité s’applique une étiquette donnée est une affaire de convention, une entente tacite entre locuteurs et locutrices. Ce n’est donc pas la nature de la réalité qui compte vraiment, mais bien l’idée qu’une forme donnée désigne désormais cette réalité en raison d’une convention.
Cette semaine, nous discutons du fait que les mots de la langue ont des applications multiples, c’est-à-dire qu’ils ont un domaine d’application beaucoup plus large qu’une réalité unique. Nous explorons des cas qui montre ceci en discutant de l’homonymie et de la polysémie.
2. Les trois faces de l’homonymie
Si la synonymie est l’existence de formes différentes ayant le même domaine d’application (étiquettes différentes associées à une même réalité), l’homonymie correspond à la relation inverse, où la même forme s’applique à des réalités différentes (des mots identiques avec des sens différents). Effectivement, l’homonymie est l’extension du domaine d’application d’une étiquette.
Exercice 1 : l’homonymie, une même étiquette s’applique à plusieurs réalités
Il y a différents types d’homonymie en français en raison de l’existence de deux codes (oral et écrit). L’exercice suivant met en évidence celle basée sur le code oral.
Exercice 2 : découverte et pratique des homophones
À côté de l’homophonie et l’homonymie parfaite, il y a aussi l’homonymie basée sur le code écrit: ce sont les homographes.
Exercice 3: découverte et pratique des homographes
Points à retenir
- L’homonymie est l’application d’une même étiquette à plusieurs réalités: elle permet donc d’étendre le domaine d’application d’une étiquette donné
- Étant donné l’existence de deux codes, on peut distinguer trois types d’homonymes:
- les homonyme parfaits, qui ont la même forme en code oral et code écrit, comme livre;
- les homophones, qui ont la même forme en code oral mais pas en code écrit, comme [vɛr] (qui correspond dans code écrit à ver, vers, vert, etc.);
- les homographes qui ont la même forme en code écrit mais pas en code oral, comme président (qui correspond à [prezid] ou [prezidɑ̃] dans le code oral).
- L’homonymie introduit potentiellement de l’ambiguïté dans la langue: en contexte cependant, on parvient généralement à savoir à quelle application du mot on fait affaire. Sur ce point par ailleurs:
- Il y a parfois des indices dans le contexte (par exemple, le genre d’un mot) qui permettent de distinguer deux homonymes.
- Avec les homophones, les relations qu’un mot entretient avec d’autres mots de la langue permettent souvent de tirer des conclusions concernant l’orthographe de deux homophones.
3. Polysémie
Un autre processus très productif pour étendre le domaine d’application d’une étiquette est la polysémie, le sujet du prochaine exercice.
Exercice 4. Polysémie
Il n’est pas toujours clair de déterminer si un emploi spécifique d’un mot est un homonyme ou une extension polysémique. Les bons dictionnaires peuvent être utile à cet égard.
Exercice 5. Polysémie ou homonymie?
Points à retenir
- La polysémie est la façon la plus productive d’étendre le domaine d’application d’une étiquette.
- Une même forme est appliquée à une série de réalités reliées du monde, réalités qui sont généralement reliées en fonction de paramètres (le lieu d’une activité sociale, les aliments, etc.).
- Homonymie ou polysémie?
- Dans certains cas, la relation entre deux réalités étiquetées peut être historique: une recherche dans le dictionnaire peut relever une relation polysémique insoupçonnée (le cas de grève).
- L’application de l’étiquette sur des réalités différentes, qu’elles soient reliées ou non ou que les locuteurs et locutrices connaissent la relation, reste une affaire de convention.
Points à retenir pour le chapitre 5
- L’homonymie est l’application d’une même étiquette à plusieurs réalités: elle permet donc d’étendre le domaine d’application d’une étiquette donné.
- Étant donné l’existence de deux codes, on peut distinguer trois types d’homonymes (des homonymes parfaits, des homophones et des homographes.
- La polysémie est l’application d’une étiquette à des réalités reliées:
- La polysémie semble plus motivée que l’homonymie, mais reste néanmoins une question de convention
- L’homonymie et la polysémie introduisent potentiellement de l’ambiguïté dans la langue: en contexte cependant, on parvient généralement à savoir à quelle application du mot on fait affaire.
- Notez cependant que pour l’homonymie, il y a parfois des indices dans le contexte (par exemple, le genre d’un mot) qui permettent de distinguer deux homonymes.
- Avec les homophones, les relations qu’un mot entretient avec d’autres mots de la langue permettent souvent de tirer des conclusions concernant l’orthographe de deux homophones.