Types de textes

Essai argumentatif

Introduction

Nous allons commencer par une étude détaillée des textes argumentatifs. Dans ce chapitre, nous allons analyser la nature du texte argumentatif, sa composition et ses nuances.

Un texte argumentatif est entièrement dédié à la défense du point de vue de son auteur·e. Cela consiste à présenter et soutenir un point de vue que l’on croit en espérant convaincre ses lecteurs.

Si le débat oral permet l’impulsivité et l’improvisation, l’argumentation écrite doit être structurée, logique, fondée sur des raisons, des faits et des exemples judicieusement choisis. Dans ce type de texte, il faut raisonner et non tomber dans les sentiments et les émotions.

Ce module vous présente les techniques de base pour construire une argumentation écrite convaincante.  Il ne faut jamais oublier que l’expression claire et impeccable du point de vue de la grammaire est primordiale dans la rédaction de n’importe quel travail écrit. Ces facteurs sont deux fois plus importants lorsqu’il s’agit d’un texte argumentatif.

Avant la rédaction

D’habitude, nous rédigeons un texte argumentatif sur un sujet déterminé et précis dans lequel l’auteur·e de l’essai propose des arguments pour et contre pour défendre son point de vue sur le sujet.

Avant de procéder à la rédaction, il faut rassembler les idées et apprendre davantage sur le sujet en question :

Une méthode qui est particulièrement utile pour l’argumentation, c’est quand on représente en deux colonnes des arguments pour et contre. Voici, par exemple, quelques arguments pour et contre pour parler des cigarettes. En contrastant les arguments de cette façon, nous pouvons organiser plus facilement notre réflexion autour d’un sujet, et cela nous permet aussi de voir l’ensemble de tous les arguments tout en prenant en considération les points de vue opposés.

Pour pouvoir bien argumenter, il faut avoir à sa disposition des exemples sur l’actualité (faits divers ou autres) ou sur l’expérience personnelle qui illustrent bien la question traitée.

L’argumentation d’après sa nature doit prendre en compte les points de vue opposés. Cette technique permet non seulement d’évaluer les mérites et les points faibles de l’avis contraire, mais aussi de tester la solidité de notre propre point de vue, et si nécessaire, de le nuancer.

Construire un texte argumentatif

Nous passons maintenant à l’analyse de la structure des textes argumentatifs. Dans cette section, nous allons apprendre à bien construire un texte argumentatif.

Tout texte écrit devrait avoir une introduction. Comment pouvons-nous introduire le sujet dont nous voudrions parler ?

Tout d’abord il faut mettre en contexte. Il est important avant de défendre un point de vue de s’assurer la compréhension de votre locuteur et par conséquent éveiller l’intérêt de ce dernier dès le début de votre texte.

Nous pouvons le faire

  1. en présentant une information générale
  2. par une déclaration controversée qui accrochera à coup sûr votre lecteur·trice
  3. ou bien, au moyen d’anecdotes, de faits divers, de données statistiques, de citations

Ici, vous amenez le sujet et vous le délimitez. Il n’y a ni argument ni thèse. Il faut simplement intéresser le lecteur ou la lectrice.

Expressions utiles (introduction)

Dans l’introduction, on emploie fréquemment des expressions pour présenter le sujet :

  • Aujourd’hui tout le monde s’accorde à…
  • On parle beaucoup à l’heure actuelle…
  • On constate de plus en plus que…
  • Chacun sait que…
  • De plus en plus de personnes pensent que…
  • La plupart d’entre nous…
  • Au cours de dix dernières années…
  • Les derniers évènements/sondages montrent…
  • Les événements de ces derniers jours viennent relancer le débat sur …
  • Il n’est guère possible d’ouvrir un journal sans y découvrir …
  • Depuis quelque temps, les problèmes de … font la une des journaux…
  • À l’heure actuelle, il est largement reconnu que…
  • Il est important de se pencher sur la problématique de…

Poser le problème

Nous venons mettre en contexte notre lecteur·trice, maintenant il faut poser le problème sur lequel portera le débat.
Le problème posé peut prendre la forme :

  • – d’une question posée directement ou indirectement
  • – d’une remise en question de propos acceptés et reconnus
  • – d’une (re)définition du sujet dont on va débattre

Par exemple, voici une lettre de lecteur qui met en contexte le débat sur le progrès technique et l’économie :

Le point crucial n’est pas de déterminer si la réduction du temps de travail, avec ou sans baisse de salaire, engendrera la création d’emplois. La vraie question est de savoir si le progrès technologique doit mettre en valeur l’homme en tant qu’individu ou l’envisager uniquement comme un « Homo economicus ». En ce sens, le débat économique actuel occulte le débat de société essentiel auquel l’homme du XXIe siècle doit faire face. Chaque découverte, chaque avancée technologique doit-elle servir à accroître la richesse d’un groupe ou à soulager l’ensemble de l’humanité ?

Expressions utiles

Voici quelques expressions qui vous aideront à bien aborder un problème quelconque :

  • Il est crucial d’examiner la pertinence / l’efficacité de…
  • La question est de savoir si…
  • Il faut s’interroger sur le bienfondé / sur la valeur de…
  • Il est primordial de comprendre les implications de…
  • Une question qui mérite d’être approfondie/clarifiée/redéfinie…
  • Une idée controversée/ une idée qui fait l’objet d’une controverse…
  • Un projet de loi qui soulève un problème délicat…
  • Une proposition qui nécessite une évaluation minutieuse est…
  • Un aspect préoccupant à prendre en compte est…

N’hésitez pas à nommer votre sujet et à énoncer brièvement votre thèse (pour, contre ou les deux). Suite à votre sujet posé, annoncer les grandes lignes du développement de votre argumentation. En faisant cela, vous guidez le lecteur ou la lectrice.

Développer l’argumentation

Nous passons maintenant à la partie principale dans laquelle vous allez développer l’argumentation.

Argumenter, c’est avant tout exposer et défendre une opinion ou un point de vue sur un sujet choisi. Il ne s’agit donc pas de mettre en bout à bout un certain nombre de déclarations visant à appuyer une thèse, mais de présenter ses arguments de manière stratégique.

N’oubliez pas que la force de votre essai repose sur la pertinence de vos arguments.

Paragraphes et organisation des idées

À l’intérieur de chaque grande partie, organisez vos arguments en paragraphes distincts. Chaque paragraphe a son unité propre et représente une étape dans le développement de votre argumentation. Il comporte une idée claire et spécifique qui peut être illustrée d’un ou de plusieurs exemples.

Classez vos arguments par ordre d’importance. Vous pouvez aller du plus simple au plus complexe et réserver votre argument le plus convaincant pour la fin.

Les idées, les arguments, les exemples doivent s’enchainer logiquement. Ne passez pas brutalement d’une idée à une autre. Vous devez assurer une transition ou une liaison logique entre les différentes idées exprimées dans votre essai. La lecture de textes argumentatifs est la meilleure façon d’apprendre à effectuer des liaisons appropriées et élégantes.

Expressions utiles

Voici quelques mots ou expressions pour structurer vos idées d’une façon logique:

  • D’une part (on one hand) …D’autre part (on the other hand)
  • En premier lieu (first) /  En second lieu (second) / en dernier lieu (last)
  • Premièrement, deuxièmement, troisièmement, finalement…
  • Pour commencer / D’abord / Tout d’abord
  • Par ailleurs / Ensuite / Puis
  • De même / De plus / En outre
  • Pour conclure / Enfin / En résumé / En somme

Vous pouvez proposer vos arguments de deux façons :

Par un plan dialectique conflictuel (un paragraphe pour chaque argument de la thèse suivi du contre-argument de l’antithèse – alternance) :

1er argument, 1er contre-argument,

2e argument, 2e contre-argument, etc.

Par un plan dialectique (paragraphe avec la thèse et les arguments et un autre paragraphe avec l’antithèse et les contre-arguments) :

1er argument, 2e argument, etc.

1er contre-argument, 2e contre-argument, etc.

Affirmer

Pour développer votre argumentation, vous pouvez choisir d’affirmer un fait. L’affirmation catégorique est la façon la plus simple est de présenter un argument.

Voici un exemple d’une affirmation catégorique : « Peut-on rendre les citoyens responsables du déficit en les accusant d’évasion fiscale ? Il faut tout d’abord reconnaître que tant que le gouvernement ne rétablira pas un climat de confiance, les citoyens seront tentés de tricher. »

Voici quelques expressions pour affirmer un fait quelconque :

Attention!

  • c’est + adjectif que est à réserver à l’oral.
  • À l’écrit, il convient d’utiliser il est + adjectif que…

Il est sûr que (non pas: c’est sûr que…)

 

  • Il est indéniable que…
  • On ne peut nier que…/ on peut dire que…
  • Nul doute que…
  • Il faut le reconnaître, il faut admettre que…
  • Il va de soi que…
  • Il faut savoir que…
  • N’oublions pas que…
  • Rappelons que…
  • Il est sûr/certain/vrai/exact que…
  • On affirme que…/ certains affirment que…
    etc.

Douter

Vous pouvez utiliser des expressions qui marquent le doute ou l’incertitude :

  • Il est douteux que… (+subjonctif)
  • Peut-on vraiment penser que…
  • Il n’est pas certain que… (+subjonctif)
  • Je ne crois pas que… (+subjonctif)
  • Il semble peu probable que… (+subjonctif)
  • Est-il réellement envisageable que… (+subjonctif)
  • On peut se demander si…
  • On peut avoir des réserves quant à…

Attention, ce type de formulation est souvent suivi du subjonctif.

Émettre des hypothèses

Nous pouvons aussi émettre des hypothèses pour développer notre argumentation. L’hypothèse est moins catégorique que l’affirmation, mais tout aussi efficace, elle nous permet de présenter la situation sous un angle nouveau et de remettre en question certaines idées reçues.

Voici quelques expressions utiles qui vous aideront à émettre des hypothèses :

  • Ne pourrait-on pas aussi envisager/concevoir…
  • Si tel était le cas…
  • Un tel argument laisse supposer que…
  • Cette situation est probablement due à…
  • On pourrait considérer/avancer l’hypothèse selon laquelle…
  • On peut supposer que…
  • Il est possible que…
  • Peut-être…  (Notez que « peut-être » en début de phrase est suivi d’une inversion)

Concéder

Une autre stratégie dans la présentation des arguments est de concéder, concéder c’est d’exprimer au lecteur le fait qu’il a raison et qu’on a tort.

Concéder avant de s’opposer est une démarche essentielle dans tout travail d’argumentation. En effet, pour convaincre davantage son lecteur et sa lectrice, il est important de reconnaître la validité de certains arguments que l’on pourrait objecter. On y apportera alors d’autres éléments d’information qui permettront d’ouvrir le débat.

Quelques expressions pour y parvenir:

  • Il est vrai que / il est exact que…
  • J’admets que… / je reconnais que…
  • Oui, effectivement… (cette tournure s’emploie pour renforcer une affirmation, par exemple)
  • En effet…
  • Certes…
  • Il est certain que…
  • Il va de soi que…
  • Évidemment…
  • Il est indéniable que…

Réfuter

Réfuter un argument signifie qu’on s’y oppose : on détruit partiellement ou totalement la thèse adverse. On y apporte une nouvelle orientation, une autre façon de voir les idées, une réévaluation des données qui prend souvent la forme d’une interrogation (parfois ironique).

En voici quelques expressions pour réfuter des arguments :

  • Tout de même…
  • Néanmoins…
  • Seulement… (faites attention, en tête de proposition, introduit une restriction, une atténuation)
  • Il n’en demeure pas moins que… (cette expression permet de nuancer un point de vue)
  • Toutefois / cependant / malgré tout…
  • Cela ne signifie pas que…
  • Il est légitime de remettre en cause que…
    etc.

Il est bon aussi d’anticiper parfois la réaction de lecteurs et de prévoir ses objections éventuelles afin de pouvoir rendre plus solide l’argumentation.

Illustrer – expliquer

L’introduction d’une explication, d’un exemple, d’une anecdote, d’un sondage ou d’une information permet de renforcer et de soutenir un argument en se basant sur des données concrètes et réelles, qui sont ainsi plus proches des lecteurs. Vous avez la possibilité d’utiliser diverses illustrations provenant de votre vie personnelle, de la société en général, de la sphère économique, politique, scientifique, culturelle, ou encore de l’histoire pour étayer votre propos. Ces différentes approches permettent d’enrichir votre argumentation en fournissant des éléments concrets et variés qui captivent l’attention des lecteurs.

 

Par exemple,« Le PDG devra tenir compte d’une situation financière plus serrée que prévu. En effet, au lieu d’un surplus d’une dizaine de millions de dollars, c’est vers un déficit de 50 millions qu’on s’achemine cette année.»

Quelques expressions pour introduire des informations pertinentes :

  • En effet, …
  • C’est le cas notamment de…
  • D’ailleurs, …
  • Prenons l’exemple / le cas de …
  • Ainsi, …
  • Considérons par exemple…
  • Un autre point essentiel est que …
  • À noter que…
  • Il est important de mentionner que …
  • Il convient de souligner que …

Définir un terme ou un concept

Afin d’éviter tout risque d’ambiguïté, le rédacteur est invité à clarifier ou à préciser ses propos ou à définir la terminologie adoptée dans son argumentation.

La définition est souvent présentée sous forme d’une mise en apposition (c’est-à-dire, nous insérons la définition dans la phrase en la séparant avec des virgules):

Par exemple,

« Le remue-méninge, technique à laquelle l’enseignant a recours pour trouver des idées, peut être conçu comme première étape à la production de texte. »

Les éléments peuvent aussi être mis entre parenthèses ou introduits par les expressions suivantes :

  • c’est-à-dire, …
  • autrement dit, …
  • en d’autres termes/mots, …
  • en un mot, …
  • en somme, …
  • ou, plus simplement, …

Citer

Citer, c’est rapporter les paroles de quelqu’un d’autre à titre d’exemple ou à l’appui d’une thèse.

N’oubliez pas les guillemets (« ») lorsque vous insérez une partie du discours dans la phrase et de citer la source (nom de l’auteur·e et page).

Voici quelques expressions pour introduire une citation :

  • Comme le souligne / le fait remarquer / le dit X …
  • Rappelons les propos de X …
  • Il suffit de lire X pour savoir que…
  • Si l’on en croit X et Y …
  • Selon X, …
  • Monsieur Y déclare d’ailleurs …
  • Madame X n’hésite pas à affirmer que …

Il ne faut pas oublier d’inclure la bibliographie de toutes les sources citées et utilisées pour votre essai.

Conclusion

La dernière partie de n’importe quel travail écrit comprend une conclusion.

Conclure ne consiste pas à reprendre la thèse telle qu’elle a été énoncée dans les premières lignes du texte. Il s’agit davantage de faire une synthèse de l’ensemble de l’argumentation et de présenter la (les) conclusion(s) comme aboutissement logique de tout le raisonnement. Terminer par une question permet par ailleurs d’ouvrir le sujet en relançant le débat dans une autre direction.

 

Voici quelques expressions utiles à utiliser dans la conclusion :

  • Pour conclure, …
  • En somme, …
  • En définitive, …
  • En conclusion, …
  • Pour résumer l’ensemble, …
  • En guise de conclusion, …
  • Finalement, …
  • Par conséquent… / en conséquence…
  • Tout compte fait, …
  • En résumé, …
  • En fin de compte, …

 


Adapté librement de sources suivantes :

Loriot-Raymer. G., Vialet. M., et J. Muystens. À vous d’écrire: Atelier de français. McGraw Hill, 1996.

Dejy-Blakeley, S. and S. Rosienski-Pellerin. Voyage au bout de l’écrit. De l’exploitation à la production de textes. Éditions Du Gref, 1999.

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