9 Santé mentale et maladies mentales

Santé mentale et maladies mentales

La santé mentale d’un patient désigne son bien-être émotionnel et psychologique qui influence son quotidien. En 2014, l’Organisation mondiale de la Santé a défini la santé mentale comme un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser tout son potentiel, affronter le stress normal de la vie, travailler avec succès et d’une manière productive et contribuer à sa communauté. La santé mentale passe souvent sous le radar, ce qui révèle une lacune importante vu l’omniprésence du stress dans la société.

Conseil clinique

La santé mentale est un élément de chaque personne; il s’agit d’un état de bien-être qui fluctue tout au long de la vie.

Les maladies mentales comprennent notamment la dépression, l’anxiété, la toxicomanie, la schizophrénie et le trouble de stress post-traumatique. La maladie mentale se définit comme une perturbation du fonctionnement quotidien. Elle peut affecter l’emploi, les relations et la participation à la société civile d’une personne.

Il est important d’évaluer la santé mentale du patient et, le cas échéant, s’il souffre de maladies mentales. Vous pouvez commencer cette partie de l’évaluation par un énoncé comme celui-ci : « La santé mentale est une partie importante de la vie et je pose donc des questions à tous les patients sur leur santé mentale et sur toute préoccupation ou maladie qu’ils pourraient avoir. »

Le tableau 2.5 présente des questions et énoncés que vous pouvez utiliser pour clarifier des renseignements sur la santé mentale du patient. Sachez que de nombreux facteurs peuvent influencer la santé mentale, comme la violence et les traumatismes, lesquels sont abordés dans la prochaine section sur la santé fonctionnelle.

Question ou énoncé Éléments à prendre en compte
 

Parlez-moi de votre santé mentale.

 

Cette question porte sur la santé en général et encourage le dialogue. Elle ne doit pas être posée de manière isolée ou hors contexte. Sur le plan social et culturel, la santé mentale se définit de bien des façons et un patient pourrait ne pas s’identifier comme une personne qui souffre de problèmes de santé mentale. Si le patient répond « Bien », posez des questions d’approfondissement comme « Pouvez-vous m’en dire plus? » ou « Que voulez-vous dire par bien? » pour lui permettre d’élaborer.

 

Parlez-moi du stress dans votre vie.

 

En général, le stress est un terme connu que de nombreux patients ont vécu et dont ils sont probablement plus à l’aise de parler, notamment en raison de son omniprésence, que des problèmes de santé plus difficiles. Il est important d’être attentif au langage du patient et de réfléchir aux termes qu’ils emploient, comme « stress extrême », « stress intense », « stress non géré » ou « stress paralysant », car ils peuvent être un signe de problème de stress ou de santé mentale latent qui nécessite une intervention.

 

Comment le stress vous affecte-t-il?

 

Comprendre comment le stress affecte le patient vous donne un aperçu de ses répercussions mentales, physiques et sociales. Vous devrez peut-être approfondir certains points pour connaître les effets du stress sur le patient sur les plans physique, mental et social.

 

Comment composez-vous avec le stress? (Parlez-moi de vos stratégies d’adaptation, qu’elles soient positives ou négatives.)

 

Cette question permet d’ouvrir la conversation sur les stratégies d’adaptation. Il est important de porter une attention particulière aux stratégies d’adaptation autodestructrices, telles la toxicomanie, l’isolement et le désengagement, la restriction alimentaire, les comportements purgatifs, l’automutilation, les compulsions et les phobies, car celles-ci pourraient indiquer un problème de santé mentale. Vous pouvez également intégrer une stratégie fondée sur les forces à votre évaluation et développer la capacité du patient à choisir et à utiliser des stratégies d’adaptation positives.

 

Avez-vous subi une perte ou perdu un être cher?

 

Encourager la conversation sur la perte et le deuil peut aider les patients qui n’ont pas eu la chance de parler ouvertement de leurs émotions et des conséquences liées à cette perte. Donner au patient la chance de parler de la perte et du deuil et en comprendre les répercussions sur la santé est un aspect important de l’évaluation de la santé mentale.

 

Avez-vous vécu une séparation ou un divorce récemment?

 

L’éloignement, l’émancipation, le chamboulement ou la fin d’une relation ne sont pas nécessairement un signe de maladie mentale. Cependant, les chamboulements à répétition dans les relations peuvent indiquer des problèmes sous-jacents tels que des habiletés relationnelles inefficaces, de la difficulté à s’adapter ou une faible estime de soi. Approfondissez votre évaluation si le patient mentionne une rupture ou un divorce.

 

Avez-vous perdu votre emploi ou été en arrêt de travail récemment?

 

Plusieurs patients se définissent par le travail. Par conséquent, la perte d’un emploi peut bouleverser leur quotidien. Comprendre la signification de la perte d’un emploi est une dimension importante de la santé mentale.

 

Avez-vous eu des démêlés avec la justice récemment?

 

Les questions sur les démêlés avec la justice doivent avoir un but et ne pas être intrusives. Par exemple, des antécédents de conduite avec facultés affaiblies ou de possession de substances illicites peuvent indiquer un problème sous-jacent de toxicomanie. Faites preuve de discernement clinique lorsque vous posez des questions d’ordre juridique et assurez-vous de communiquer au patient que vous l’acceptez de manière inconditionnelle.

 

Avez-vous acheté des armes?

 

L’achat d’armes n’est pas en soi une indication de maladie mentale. Au Canada, certaines personnes aiment la chasse et d’autres activités récréatives qui se pratiquent avec des armes. Toutefois, l’achat d’armes pour se protéger contre des menaces à la sécurité personnelle ou pour s’automutiler pourrait indiquer une maladie mentale sous-jacente.

Tableau 2.5 : Évaluation de la santé mentale et des maladies mentales

Si le patient indique qu’il a une maladie mentale, vous pouvez en évaluer le moment d’apparition ainsi que les conséquences, les traitements, les hospitalisations, les complications et les incapacités qui en découlent. Voici quelques questions et énoncés que vous pouvez utiliser pour obtenir de plus amples renseignements sur le bien-être du patient malgré la maladie mentale :

  • Comment cette maladie vous affecte-t-elle?
  • Comment la maladie affecte-t-elle votre vie quotidienne?
  • Comment composez-vous avec la maladie?
  • De quelles ressources disposez-vous pour affronter cette maladie?
  • Quand avez-vous reçu le diagnostic?
  • Qui était le médecin traitant?
  • Avez-vous été hospitalisé? Où?
  • Parlez-moi du traitement (médicaments, conseils).
  • Avez-vous eu des complications?
  • Est-ce que la maladie a entraîné un handicap?
  • Avez-vous des inquiétudes au sujet de cette maladie qui n’ont pas été abordées?

Passer à l’action!

La promotion de la santé est un élément essentiel de toute évaluation de la santé mentale. Vous devez collaborer avec le patient pour l’aider à développer des comportements sains pour soutenir sa santé mentale. Le stress chronique et soutenu est un facteur déterminant de certaines maladies telles que les maladies cardiaques et le cancer. De plus, certaines stratégies d’adaptation liées au stress, comme la consommation d’alcool ou le tabagisme, peuvent précipiter l’apparition de ces maladies. L’évaluation et les interventions collaboratives sont donc importantes.

Vous devez aussi vous attarder aux résultats critiques qui nécessitent une intervention. Par exemple, si un patient mentionne se sentir désespéré ou déprimé ou encore avoir perdu tout espoir, il est important de déterminer s’il a des idées suicidaires. Vous pouvez commencer par poser des questions d’ordre général, par exemple « Avez-vous déjà pensé à vous faire du mal? » Si le patient répond « oui », vous pouvez poursuivre avec des questions d’exploration plus précises pour évaluer l’intensité et l’urgence de ces sentiments. Par exemple, vous pouvez demander : « Pouvez-vous m’en dire plus sur ce sentiment? Avez-vous pensé à vous faire du mal aujourd’hui? Avez-vous élaboré un plan? »

Points à prendre en considération

  1. Le patient le plus à risque a un plan qui indique où et quand il prévoit de passer à l’acte, surtout si l’exécution se produira dans les 48 prochaines heures. L’âge du patient n’est pas un facteur dans cette situation. Dans ces circonstances, vous ne devriez pas laisser le patient seul. Vous devez collaborer avec lui pour mettre en place un plan de soins d’urgence immédiat.
  2. Il est important de ne pas faire de suppositions sur la santé mentale d’un patient en fonction de son apparence, de son expression faciale et de sa capacité à fonctionner au quotidien. Par exemple, vous ne devriez pas présumer qu’une personne bien habillée qui affiche un sourire ou une expression neutre a une bonne santé mentale ou qu’une personne échevelée en chemise d’hôpital (figure 2.6) a des problèmes de santé mentale.

À gauche, une personne bien habillée est assise sur une chaise et semble calme. À droite, une autre personne vêtue d’une chemise d’hôpital assise sur une chaise semble être en détresse et souffrir d’un inconfort physique.

Figure 2.6 : Une personne bien habillée a une expression neutre et une personne échevelée porte une chemise d’hôpital.

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