Chapitre 10 : Variations et changements linguistiques

10.2 Variations linguistiques

Il existe des variations considérables dans les langues : à la fois au sein d’une même variété linguistique et entre les différentes variétés. Nous verrons quelques exemples de ces deux types de variation et je présenterai l’un des concepts centraux utilisés dans la sociolinguistique variationniste : la variable linguistique.

Toutes les langues présentent des variations

De nombreuses approches linguistiques de l’étude de la langue s’intéressent à la variation linguistique. Comme vous l’avez lu dans d’autres chapitres, les théories sur le fonctionnement du langage reposent sur des preuves obtenues en comparant la façon dont une chose est dite ou signée dans deux ou plusieurs langues, dialectes ou variétés différentes.

Langue, dialecte, variété. ;Dans le langage courant, le terme dialecte est utilisé pour désigner les façons de parler que les gens perçoivent comme inférieures à la norme, de moindre qualité, associées à la classe ouvrière, non prestigieuses, isolées géographiquement, ou comme une dérivation ou une aberration par rapport à une version « standard » de la langue. La réalité linguistique est que tout le monde a un dialecte. Plutôt que de considérer les langues et les dialectes de manière hiérarchique, les linguistes considèrent les dialectes comme des subdivisions d’une langue. Les linguistes parlent parfois du « dialecte standard », mais il est important de souligner qu’aucun dialecte, pas même ce que nous pourrions appeler le « dialecte standard », n’est objectivement (linguistiquement) supérieur à tout autre dialecte de la langue. Un autre terme, « variété », n’a pas les mêmes connotations négatives que « dialecte », et c’est pourquoi nous l’utiliserons généralement pour désigner les subdivisions d’une langue dans ce chapitre.

Prenons par exemple ces phrases islandaises et danoises (1) et (2). Les deux phrases ont la même signification.

(1)
Ég (*ekki) spurði ekki [af ; hverju Péter (*ekki) hafði ekki lesið hana]
I (je) (*NEG) asked (demandé) NEG [why (pourquoi) Peter (*NEG) had (avait) NEG read (lu) it]
‘I didn’t ask [why Peter hadn’t read it]’ (Je n’ai pas demandé [pourquoi Peter ne l’avait pas lu]) (islandais)
(2)
Jeg (*ikke) spurgte ikke [hvorfor Peter ikke havde (*ikke) læst den]
I (je) (*NEG) asked (demandé) NEG [why (pourquoi) Peter NEG had (avait) (*NEG) read (lu) it]
« I didn’t ask [why Peter hadn’t read it] » (Je n’ai pas demandé [pourquoi Peter ne l’avait pas lu]) (danois)

Il est évident que certains éléments lexicaux et morphèmes diffèrent entre (1) et (2) – comme nous pouvions nous y attendre étant donné qu’ils proviennent de deux langues différentes. En même temps, nous pouvons observer des similitudes entre elles, ce qui est normal puisque ces deux langues sont très proches (elles sont toutes deux des langues germaniques du Nord). Une différence syntaxique entre les deux exemples est l’ordre du marqueur de négation et du verbe principal dans la proposition enchâssée (hafði ekki « have not » (n’a pas) en islandais et ikke havde « not have » (ne pas avoir) en danois). Si nous examinions ces données comme un syntacticien, nous pourrions regarder (1) et (2) et utiliser les deux ordres de mots différents (c.-à-d. VERB-NEG vs. NEG-VERB) comme preuve dans une analyse de l’élévation du verbe. ; C’est ce que nous appelons la variation interlinguistique : différentes manières de faire la même chose dans différentes langues ou variétés.

Mais au sein d’une même langue ou variété – ou même d’une même personne – la réalisation spécifique de structures abstraites (comme l’ordre des mots) peut varier. ; Prenons l’exemple du couplet rimé (3) de Roméo et Juliette de Shakespeare (386, 670).

(3)
Juliette : Saints do not move, though grant for prayers sake. (Les saints ne bougent pas, quoiqu’ils exaucent les prières qui leur sont faites.)
Roméo : Then move not while my prayers effect I take. (Alors ne bougez pas, tandis que je vais goûter le fruit de ma prière.)

L’exemple (3) présente la même variation de l’ordre des mots que les exemples (1) et (2), mais ici, les deux façons différentes de faire la même chose apparaissent dans la même langue! Et bien qu’elles soient techniquement prononcées par deux personnages différents, les deux phrases ont été écrites par la même personne! Cela n’est pas si surprenant, car l’anglais moderne naissant permettait les deux options : un ordre VERB-NEG à la manière de l’islandais et de Roméo et un ordre NEG-VERB à la manière du danois et de Juliette (avec l’utilisation de « do », voir le chapitre 6 et le chapitre 14). Dans ce couplet rimé, nous voyons une variation sociolinguistique : deux ou plusieurs façons de faire la même chose au sein d’une langue, d’une variété et d’un individu.

 

Qu’est-ce qu’une variable linguistique?

Lorsque nous abordons la langue dans une perspective sociolinguistique variationniste, nous appelons variable linguistique les choix entre un ensemble d’options qui signifient la même chose. Les options individuelles que les gens choisissent au cours de l’utilisation de la langue sont appelées variantes. ; Les variables linguistiques existent dans toutes les langues et variétés, dans toutes les modalités et dans tous les domaines du langage, de la phonétique à la pragmatique. Une variable linguistique est un ensemble abstrait; il n’y a rien dans le monde que nous puissions pointer du doigt et dire « hé, c’est une variable linguistique! ». Nous ne voyons ni n’entendons la variable abstraite que comme l’une de ses variantes concrètes. Examinons quelques exemples de variables linguistiques provenant de différentes langues et de différents domaines linguistiques.

 

Dans la langue des signes australienne, la langue des signes néo-zélandaise (NZSL) et la langue des signes américaine (ASL), certains signes qui sont, de façon normative, situés sur le front, comme KNOW (SAVOIR), THINK (PENSER) et NAME (NOMMER), ont un emplacement variable : sur le front ou abaissé près de la joue (Bayley, Schembri et Lucas 2015). Vous pouvez voir ces deux variantes en Auslan/NZSL dans la figure 12.1 et regarder une vidéo sur ce lien en langue ASL.

L’image montre un personnage de bande dessinée montrant deux variantes pour NAME (NOM) en Auslan et NZSL. Une variante est articulée au niveau de la tempe, l’autre au niveau de la joue.

Figure 10.1 : Deux variantes de NAME en Auslan/NZSL (d’après Bayley, Schembri et Lucas 2015).

Il s’agit d’un exemple de variation phonétique-phonologique avec des variantes qui diffèrent en ce qui concerne un paramètre articulatoire (dans ce cas, l’emplacement). Un autre type de variable phonétique-phonologique concerne la variation entre la présence et l’absence d’un segment sonore. En mandarin de Pékin, les syllabes ouvertes (c’est-à-dire les syllabes sans coda) peuvent être rhotacisées (c’est-à-dire produites avec une coda rhotique). Par exemple, le mot qui signifie « sac » peut être prononcé avec la variante syllabique ouverte (包 bao [paw]) ou la variante coda rhotique (包儿 baor [pawr]) (Zhang 2008). Nous trouvons également des variables linguistiques dans le domaine morphophonologique des langues. ; L’anglais international contient une alternance catégorielle avec l’article indéfini entre an et a, an se produisant avant une voyelle et a se produisant ailleurs (en comparaison an apple vs a pineapple). Cependant, dans l’anglais londonien contemporain, en particulier chez les jeunes immigrants de couleur, le contexte pré-vocalique présente une variation entre an et a; an apple [ənæpl] et a apple [əʔæpl] sont toutes deux possibles (Gabrielatos, Torgersen, Hoffmann, et Fox 2010).

Nous pouvons également trouver des variables morphosyntaxiques dans les langues. En inuktitut du nord de l’île de Baffin, les constructions transitives peuvent se produire de manière variable avec un alignement ergatif ou anti-passif. Ces types d’alignement diffèrent quant au cas morphologique des arguments et du type d’accord qui apparaît sur les verbes. Avec l’alignement ergatif, comme dans (4a), l’objet est marqué par le cas absolu (qui apparaît comme un morphème nul ) et le verbe s’accorde à la fois avec le sujet et l’objet (qui apparaît comme le morphème -jara). Avec l’alignement anti-passif, comme dans (4b), l’objet est marqué par un cas oblique (il apparaît avec le morphème -mit) et le verbe s’accorde uniquement avec le sujet (qui apparaît comme le morphème -vunga) (Carrier 2020).

(4a)
surusiq-ø taku-jara
child-ABS voir-PART.Sub1SG.Obj3SG
« I see a child » (Je vois un enfant) (inuktitut du nord de l’île de Baffin)

;

(4b)
naarraajim-mit taku-vunga
frog-MOD.SG (grenouille) voir-IND.Sub1SG
« I see a frog » (Je vois une grenouille) (inuktitut du nord de l’île de Baffin)

Les langues peuvent également avoir des variables linguistiques avec des variantes qui diffèrent de multiples façons, dans différents domaines. Par exemple, en tagalog, le sens des adjectifs peut être intensifié avec plusieurs variantes qui diffèrent sur le plan lexical, morphologique et morphosyntaxique de chaque autre variante, comme dans (5) (Umbal 2019).

(5a)
sobra-ng sakit ng tainga ko
INT-LINKER painful (douloureux) GEN ear (oreille) 1p.sg.pos
« My ears are ;very painful » (Mes oreilles sont ;très douloureuses) (Tagalog)
(5b)
bagay na bagay sa iyo
suitable (convenable) NA suitable (convenable) DAT 2p.sg
« It is ;very suitable for you » (Cela vous convient ;parfaitement)(Tagalog)
(5c)
napaka-ganda ng transit natin dito
INT-beautiful GEN transit (traversée) 1p.pl.pos ici
« Our transit here is ;very beautiful » (La traversée ici est ;très belle)(Tagalog)
(5d)
ang liit ng opportunity (occasion)
NOM small (peu) GEN opportunity (occasion)
« The opportunity is very small » (lit. “how small of an opportunity”) (Il y a très peu d’occasions) (Littérale : Quelle petite occasion)

Une variante, en (5a), utilise un morphème libre sobra (similaire à l’anglais very, really etc.). La réduplication de l’adjectif en (5b) et l’affixation du morphème napaka (5c) sont deux variantes morphosyntaxiques. Enfin, la construction exclamative de (5d) est une quatrième variante syntaxique.

Il ne s’agit là que de quelques exemples de variables linguistiques dans différentes langues et dans différents domaines linguistiques. Toutes les langues présentent des variations de ce type dans les différentes parties de la grammaire d’une langue.

Qu’est-ce qui ;n’est pas une variable linguistique?

Quel que soit le domaine de la langue dans lequel une variable linguistique existe, les variantes « font la même chose » d’une manière ou d’une autre. Cela devrait vous donner une bonne idée de ce qu’est une variable linguistique, mais avant de continuer, il est important de souligner quelques concepts linguistiques qui sont similaires à des variables linguistiques, mais qui n’en sont pas : 1) les synonymes et 2) les alternances catégorielles.

Les synonymes sont un concept souvent confondu avec les variables linguistiques, et pour cause : certains synonymes peuvent être des variables linguistiques, mais pas tous! Les synonymes sont des paires ou des ensembles de mots qui partagent le même sens ou un sens similaire, notamment car, automobile, ride, horseless carriage, jalopy, hooptie et paddock basher, qui désignent tous en anglais ces véhicules à quatre roues et à moteur que de nombreuses personnes conduisent. Ces options semblent certainement être deux ou plusieurs façons de faire la même chose, mais il faut savoir que les différents synonymes ne sont généralement pas interchangeables comme le sont les variantes des variables linguistiques. Comme nous l’avons vu au chapitre 7, les langues n’ont que très peu de synonymes absolus. Les différentes options peuvent avoir des connotations ou des significations sociales différentes qui rendent une option beaucoup plus appropriée qu’une autre. Par exemple, jalopy, hooptie, et paddock basher indiquent que le véhicule est vieux ou délabré; « char » peut être utilisé dans des contextes informels et « automobile » dans des contextes formels. Certaines options peuvent également n’apparaître que dans des variétés régionales ou sociales particulières. Par exemple, jalopy est un terme anglais nord-américain plus ancien (il est utilisé à plusieurs reprises dans On The Road de Jack Kerouac, écrit à la fin des années 1940), hooptie est typiquement associé à l’anglais des Noirs (il a fait l’objet de la chanson hip-hop « My Hooptie »” de Sir Mix-a-Lot en 1989), et paddock basher est un terme que nous ne trouvons principalement qu’en Australie, qui désigne une voiture qui ne convient que pour circuler dans le champ d’un agriculteur (qui, sans coïncidence, est appelé paddock dans ce pays). Certaines de ces options sont devenues obsolètes : aujourd’hui, vous n’entendrez peut-être parler de horseless carriage (voiture sans chevaux) que si vous regardez une série télévisée comme Downton Abbey. En raison des connotations différentes ou des usages régionaux et sociaux limités, les synonymes de ce type ne sont généralement pas interchangeables de la même manière que les variables linguistiques. Cependant, ils peuvent parfois l’être! Si le choix entre les options varie systématiquement en fonction de contraintes sociales et/ou linguistiques, les synonymes peuvent être analysés comme des variables linguistiques. Par exemple, en anglais, les adjectifs d’évaluation positive comme cool, awesome, sick, neat et great se sont révélés être en corrélation avec les contraintes linguistiques et sociales (Tagliamonte et Pabst 2020).

Comme vous l’avez déjà vu dans les chapitres précédents, les langues sont pleines d’alternances catégorielles (par exemple, les règles phonologiques abordées au chapitre 4). Les alternances catégorielles sont un deuxième concept qui peut être facilement confondu avec les variables linguistiques. Maintenant, il est vrai que les alternances catégorielles représentent des variations au sein d’une langue et les options sont en effet deux ou plusieurs façons de faire la même chose. Cependant, ils dépendent strictement du contexte linguistique dans lequel ils apparaissent. En d’autres termes, le choix entre les options est déterministe. Une règle linguistique de Canadian Raising (le noyau des diphtongues /aɪ/ et /aʊ/ est élevé à [ʌ] devant les consonnes non voisées) en anglais canadien est un exemple d’alternance catégorielle : si nous savons quel phonème vient après la voyelle, nous savons si le noyau sera [a] ou [ʌ]… c’est prévisible! Cela diffère des variables linguistiques, car une variable peut être réalisée sous ses différentes variantes même dans des contextes linguistiques identiques!

Cela dit, même si les variables linguistiques ne sont pas déterministes, elles ne sont pas non plus aléatoires! Les variables linguistiques sont plutôt de nature probabiliste. Pour reprendre les termes de l’une des études fondatrices de la sociolinguistique variationniste, l’hétérogénéité est ordonnée (Weinreich, Labov et Herzog 1968 : 100). Le choix entre différentes variantes d’une variable linguistique est soumis à des probabilités compte tenu de nombreux facteurs de conditionnement possibles (également appelés contraintes). Comme pour les alternances catégorielles, ces facteurs de conditionnement peuvent inclure des aspects du contexte linguistique. Pensez donc à l’exemple (6).

(6) I’m fishin’ this morning (Je pêche ce matin).

Vous avez probablement remarqué que les mots comme fishing et morning qui se terminent par -ing se prononcent parfois comme [ɪn] au lieu de [ɪŋ]. C’est une autre variable linguistique! Comme toutes les variables linguistiques, le choix entre [ɪn] et [ɪŋ] n’est pas aléatoire. Dans la plupart des variétés de l’anglais, la variante [ɪn] est plus susceptible de se produire dans les verbes (comme fishin’) que dans les noms (comme morning). C’est un facteur de conditionnement pour cette variable! Cependant, l’aspect socio-économique de la sociolinguistique variationniste – et la raison pour laquelle l’analyse des variables linguistiques est si importante dans ce domaine – réside dans le fait que ces facteurs de conditionnement comprennent également des facteurs sociaux. En d’autres termes, le fait qu’une personne utilise [ɪn] ou [ɪŋ] à un moment donné dépend de faits sociaux concernant le locuteur/signeur, ses interlocuteurs (les autres personnes participant à la conversation) et d’autres aspects du contexte socioculturel de l’interaction. En comptant et en quantifiant les variantes d’une variable linguistique, il est possible de découvrir des faits sociaux, en plus des faits linguistiques.

Source de contraintes linguistiques. Vous vous demandez peut-être… d’où viennent ces contraintes linguistiques sur la variation? ; Pourquoi [ɪn] a-t-il plus de chances d’apparaître dans un verbe que dans un nom? Ces contraintes ont de nombreuses sources différentes selon les variables, mais certaines sont enracinées dans des modèles structurels historiques trouvés dans des versions antérieures du langage. Croyez-le ou non, il est prouvé que la raison pour laquelle les anglophones sont plus susceptibles d’utiliser [ɪn] dans un verbe que dans un nom aujourd’hui remonte à un modèle du vieil anglais, parlé entre le 5e et le 11e siècle de notre ère! Le morphème moderne -ing fut le résultat de la coalescence (ou fusion) de deux morphèmes grammaticaux différents, présents en vieil anglais: -ende, qui marquait le participe présent (I am teaching today > vieil anglais tǣċende) et -ung le marqueur verbal-nom (Teaching is fun > vieil anglais tǣċung). Au cours de la période du moyen anglais, ces deux morphèmes ont commencé à fusionner pour former -ing, mais la nasale alvéolaire que nous trouvons dans le marqueur du participe présent du vieil anglais est restée en place en tant que variante! Avec la fusion des morphèmes, les gens ont perdu la trace de l’ancien modèle catégorique « alvéolaire dans les verbes et vélaire dans les noms » et les deux variantes ont été utilisées pour les verbes et les noms. Toutefois, des traces de l’ancien modèle sont encore visibles sous la forme d’un facteur de conditionnement!

Il existe de nombreux types de variations linguistiques. Certaines variations distinguent les variétés les unes des autres (variation interlinguistique), tandis que d’autres variations existent au sein d’une même variété ou d’une même personne (variation sociolinguistique). ; La variation au sein d’une même variété entre les variantes de ce que nous appelons les variables linguistiques est soumise à la probabilité de facteurs de conditionnement sociaux et linguistiques qui favorisent ou défavorisent certaines options.

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Références

Bayley, R., Schembri, A., and Lucas, C. (2015). Variation and change in sign languages. In A. Schembri and C. Lucas (eds.) ;Sociolinguistics and Deaf Communities. ;Cambridge University Press. pp. 61–94.

Carrier, J. (2017). The ergative-antipassive alternation in Inuktitut: Analyzed in a case of new-dialect formation. The Canadian Journal of Linguistics / La revue canadienne de linguistique ;62(4), 661-684. ;https://www.muse.jhu.edu/article/678231.

Gabrielatos, C., Torgersen, E. N., Hoffmann, S., & Fox, S. (2010). A Corpus-Based Sociolinguistic Study of Indefinite Article Forms in London English. Journal of English Linguistics, 38(4), 297–334. https://doi.org/10.1177/0075424209352729

Tagliamonte, S. A., & Pabst, K. (2020). A Cool Comparison: Adjectives of Positive Evaluation in Toronto, Canada and York, England. Journal of English Linguistics, ;48(1), 3–30. ;https://doi.org/10.1177/0075424219881487

Umbal, P. (2019). Contact-induced change in Heritage Tagalog: Evidence from adjective intensification. PhD generals paper: University of Toronto.

Weinreich, U., Labov, W., & Herzog, M. (1968). ;Empirical foundations for a theory of language change. University of Texas Press.

Zhang, Q. (2005). A Chinese yuppie in Beijing: Phonological variation and the construction of a new professional identity. Language in Society, ;34(3), 431-466. https://doi.org/10.1017/S0047404505050153

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