Chapitre 8 : Pragmatique

8.7 Violation vs transgression d’une maxime

Dans les sections précédentes, nous avons vu que lorsqu’il a violation d’une maxime, cela entraîne une certaine anomalie dans la conversation. Nous avons aussi vu que lorsque les participants à la conversation constatent qu’il y a eu violation d’une maxime, ils ont l’impression que la personne qui a violé la maxime était peu coopérative et que quelque chose clochait dans la conversation. Par exemple, Bo viole la maxime de qualité dans la conversation en (1) :

(1) (Contexte : Aya et Bo se sont rencontrés en ligne. Aya vit à Vancouver. Bo vit à Ottawa.)
Aya : Où as-tu dit que tu habitais déjà?
Bo : J’habite à Ottawa.
Aya : Comment est-ce, Ottawa? Aimes-tu cette ville?
Bo : J’habite à Toronto.
Aya : (Attends, quoi? Tu viens de me dire que tu vivais à Ottawa il y a quelques secondes!)

En (1), il semble que la conversation ait été interrompue d’une manière ou d’une autre en raison d’une violation : les faits doivent être clarifiés avant que la conversation se poursuive. La conversation doit être « réparée ». Comparons cette conversation à la conversation présentée en (2) : ;

(2) (Contexte : Aya et Bo discutent de ce qu’ils ont fait pendant la fin de semaine. Ils savent tous deux qu’il n’y a pas de ville nommée Toronto en Saskatchewan.)
Aya : Je suis allée à Toronto en fin de semaine.
Bo : Oh! Toronto, en Ontario?
Aya : Non, Toronto, en Saskatchewan.
(Implicature : « Oui, bien sûr qu’il s’agit de Toronto en Ontario. »)

Comme mentionné dans la section 8.6, la communication par implicature peut ne pas faire partie des stratégies discursives de certaines personnes dans leur langue première. Ainsi, pour certaines personnes, il est possible que la conversation en (2) soit aussi déconcertante qu’en (1). Dans ce cas, il peut être nécessaire de clarifier le discours en énonçant la partie de l’implicature à voix haute (par exemple, « J’étais sarcastique! Bien sûr que c’est Toronto en Ontario! »).

Pour d’autres personnes, la conversation en (2) peut ne pas sembler aussi étrange que celle en (1). L’une des façons d’interpréter la conversation en (2) est qu’Aya agit comme si elle violait la maxime de qualité d’une manière très perceptible pour le destinataire, et qu’elle le fait délibérément afin de créer une certaine implicature. Cela s’appelle transgresser (« flouting » en anglais) une maxime. En (3), Aya dit quelque chose qui est manifestement faux (et quelque chose qu’elle pense que Bo trouverait également manifestement faux) afin de créer une implicature. Aya transgresse la maxime de qualité. L’intonation (pour les langues parlées) et les expressions faciales (pour les langues parlées et signées) qui accompagnent la phrase aident souvent à indiquer que le locuteur/signeur transgresse une maxime.

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Vérifiez votre compréhension

 

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https://ecampusontario.pressbooks.pub/essentialsoflinguistics2/?p=851#h5p-86


Références

Grice, H. P. (1975). Logic and conversation. In ;Speech Acts ;(pp. 41-58). Brill.

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Les bases de la linguistique, 2e edition Copyright © 2022 by Catherine Anderson; Bronwyn Bjorkman; Derek Denis; Julianne Doner; Margaret Grant; Nathan Sanders; Ai Taniguchi; and eCampusOntario is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License, except where otherwise noted.

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