Chapitre 6 : Syntaxe

6.7 Questions par oui ou non en proposition principale

Des questions enchâssées aux questions en proposition principale

Jusqu’à présent, nous avons vu des questions enchâssées, introduites par whether ou if, mais qu’en est-il des questions proprement dites, qui se terminent par un point d’interrogation? Quelles généralisations pouvons-nous formuler sur ce type de phrase?

Commençons par les questions par oui ou non, c’est-à-dire les questions dont la réponse en anglais peut être « oui » ou « non ». Considérons d’abord les déclarations en (1).

(1) a) It will rain.
b) They have left.
c) Ghosts are haunting this house.

Les déclarations en (1) deviennent des questions en (2) :

(2) a) Will it rain?
b) Have they left yet?
c) Are ghosts haunting this house?

Nous pouvons répondre aux questions en (2) par « oui », suivi de la phrase correspondante en (1) (ou par « non », suivi de la négation de l’une de ces phrases).

Le fait de comparer les déclarations et les questions correspondantes nous permet de formuler une généralisation sur la structure des questions par oui ou non en anglais :

Formation de questions par oui ou non en anglais
Les questions par oui ou non se forment en déplaçant le premier auxiliaire de la proposition principale au début de la phrase (c’est-à-dire avant le sujet).

Cela est également connu sous le nom d’inversion sujet-auxiliaire (ou inversion sujet-aux.).

Il est important d’utiliser « le premier auxiliaire dans la proposition principale », au lieu de chercher simplement le premier auxiliaire de la phrase. S’il y a un auxiliaire à l’intérieur du sujet, ce n’est pas celui qu’il faut déplacer. Pour s’en convaincre, il suffit de réfléchir à la manière de formuler une question par oui ou non à partir de la déclaration en (3).

(3) [The information [that was shared]] will surprise them.

Le sujet de cette phrase est [the information that was shared], qui contient l’auxiliaire was. Toutefois, essayer de faire l’inversion sujet-auxiliaire avec was comme en (4a) est extrêmement agrammatical; il faut plutôt déplacer l’auxiliaire will de la proposition principale, comme en (4b).

(4) a) * Was [the information [that __ shared]] will surprise them?
b) Will [the information [that was shared]] __ surprise them?

Pour autant que les linguistes le sachent, il n’existe pas de langage humain avec un processus grammatical selon lequel il faut « former des questions en prenant le premier auxiliaire rencontré et en le plaçant au début de la phrase ». Cela est intéressant en partie parce qu’il s’agit d’une règle très simple sur le plan technique. L’absence de cette règle confirme l’idée que la structure et la constituance, et pas seulement l’ordre des mots linéaire, sont des éléments fondamentaux sur le plan de la grammaire.

L’inversion sujet-auxiliaire peut se décrire comme une transformation. Une transformation est une règle qui modifie la structure d’une phrase de manière prévisible, en réorganisant les constituants. Elle nous permet de décrire un ensemble de phrases grammaticales en fonction de leur relation constante avec un autre ensemble de phrases.

Dans la théorie syntaxique actuelle, les transformations sont généralement analysées en utilisant le concept de déplacement. Nous reviendrons sur l’idée de déplacement syntaxique lorsque nous l’étudierons de manière plus détaillée dans le contexte des arbres syntaxiques à la section 6.19.

Règle « Do-Support »

Il nous reste un dernier point à aborder concernant l’inversion sujet-auxiliaire en anglais : que faisons-nous lorsqu’il n’y a pas d’auxiliaire? Considérons la phrase en (5) :

(5) Ghosts exist.

Il n’y a pas d’auxiliaire dans cette phrase. En revanche, lorsque nous formulons une question, un auxiliaire apparaît soudainement!

(6) Do ghosts exist?

D’où provient ce do?

Dans les contextes qui nécessitent généralement un auxiliaire en anglais pour une raison grammaticale, si aucun auxiliaire n’était déjà présent dans la phrase, l’auxiliaire do apparaît pour fournir l’auxiliaire nécessaire. Cela est vrai non seulement dans les questions, mais aussi dans les phrases formulées à la négative :

(7) a) Ghosts don’t exist.
b) *Ghostsn’t exist.
c) *Ghosts existn’t.

S’il y a déjà un auxiliaire, il n’est pas possible d’ajouter do de la même manière :

(8) a) They have left.
b) They haven’t left.
c) *They don’t have left.
d) *Don’t they have left?

La règle qui ajoute l’auxiliaire do lorsqu’une phrase nécessite un auxiliaire pour être grammaticale est appelée « Do-Support. »

Questions-échos

Il existe une autre façon de formuler des questions par oui ou non en anglais, sans effectuer
le moindre déplacement. Pour ce faire, on utilise l’intonation interrogative
 : il suffit de prononcer la phrase « comme si elle avait un point d’interrogation ».

Ainsi, par exemple, en plus de (9a), dans certains contextes, il serait possible de simplement dire (9b), sans inversion sujet-auxiliaire.

(9) a) Do ghosts exist?
b) Ghosts exist?

Pour de nombreux anglophones, les questions de ce type sont un peu plus restreintes que les questions formées par l’inversion sujet-auxiliaire. Essayez de penser aux contextes dans lesquels vous pourriez dire « Ghosts exist? » au lieu de « Do ghosts exist? ». Bien qu’il soit possible de dire l’un ou l’autre, « Ghosts exist? » est légèrement préférable dans les contextes où l’on demande à quelqu’un de répéter, ou si l’on veut exprimer sa surprise.

Questions enchâssées, questions en proposition principale et ponctuation

Que faisons-nous dans une conversation quand nous utilisons des questions en proposition principale par rapport à des questions enchâssées?

Si vous parlez à quelqu’un et que vous formulez une question en proposition principale, par exemple « Do you like chocolate? », vous posez une question, en espérant généralement que votre interlocuteur y répondra pour vous fournir l’information que vous désirez obtenir.

En anglais, nous indiquons cela par la ponctuation : les questions doivent se terminer par un point d’interrogation (?), tandis que les autres types de phrases se terminent par un point (.) ou un point d’exclamation (!).

Cependant, si vous parlez à quelqu’un et que vous formulez une phrase qui contient une question enchâssée telle que « They asked if I like chocolate », vous ne posez pas réellement la question vous-même. Au lieu de cela, vous rapportez les paroles de quelqu’un d’autre, ce qu’il croit, ou peut-être ce qu’il sait. Ces phrases ne se terminent pas par un point d’interrogation, car la phrase dans son ensemble n’est pas une question.

Maintenant que nous disposons à la fois de questions en proposition principale et de questions enchâssées
, nous pouvons les combiner! Considérons une phrase comme celle-ci :

(10) They should know that ghosts exist.

Nous pouvons transformer la proposition enchâssée en question :

(11) They should know whether ghosts exist.

Nous pouvons aussi transformer la phrase entière en question, mais laisser la proposition enchâssée sous la forme d’une déclaration :

(12) Should they know that ghosts exist?

Ou nous pouvons faire les deux en même temps!

(13) Should they know whether ghosts exist?

Dans ce dernier exemple, nous avons deux syntagmes complémenteurs [+Q]. Cela déclenche l’inversion sujet-auxiliaire dans la proposition principale (qui est la façon dont les questions en proposition principale sont marquées en anglais), tandis que dans la proposition enchâssée, nous obtenons le complémenteur interrogatif whether (qui est la façon dont les questions par oui ou non enchâssées sont marquées en anglais).

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Les bases de la linguistique, 2e edition Copyright © 2022 by Catherine Anderson; Bronwyn Bjorkman; Derek Denis; Julianne Doner; Margaret Grant; Nathan Sanders; Ai Taniguchi; and eCampusOntario is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 4.0 International License, except where otherwise noted.

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