Chapitre 9: Risques Liés À L’innovation

Après avoir lu ce chapitre, vous devriez être en mesure de :

    1. Décrire comment une entreprise peut créer un portefeuille d’innovation équilibré afin de réduire les risques.
    2. Expliquer comment l’utilisation d’indicateurs pour l’innovation permet de réduire les risques.
    3. Discuter des moyens de faire face à la résistance au changement.
    4. Expliquer ce que l’on entend par « constituer une bonne équipe » pour un projet d’innovation.
    5. Énumérer les moyens par lesquels une entreprise peut protéger sa propriété intellectuelle afin de réduire les risques.
    6. Expliquer pourquoi l’échec d’un projet d’innovation est acceptable.

Utiliser un portefeuille d’innovation équilibré

Dans le monde des affaires d’aujourd’hui, il semble que la seule constante soit le changement. Les entreprises qui ne parviennent pas à suivre le rythme du changement et à s’adapter aux innovations perturbatrices se retrouvent souvent en difficulté. Il existe un grand nombre d’entreprises qui n’ont pas su innover et qui ont été contraintes de déclarer faillite, de fusionner avec une autre organisation ou qui ont perdu leur place dans le classement Fortune 500. 88 % des entreprises Fortune 500 qui existaient en 1955 ont disparu.[1]

Tout nouveau produit ou service révolutionnaire finit par devenir obsolète, banalisé et dépassé par des solutions, des produits et des entreprises nouveaux et meilleurs. [2]  Les exemples de Kodak, Blockbuster, Polaroid, Pan Am, Sears, Compaq, Nokia, Yahoo et Blackberry en sont la meilleure illustration.[3]

 Pour s’assurer des flux de revenus sains et une survie à long terme, les organisations doivent disposer d’un portefeuille équilibré de projets d’innovation couvrant les horizons temporels suivants : initiatives à court terme (de base), à moyen terme (adjacentes) et à long terme (transformationnelles). Un portefeuille d’innovations bien équilibré est composé d’un mélange de changements à haut risque et d’innovations incrémentales à faible risque. L’équilibrage du portefeuille est une technique utilisée par les meilleurs innovateurs du monde pour analyser les risques à long et à court terme des projets d’innovations dans leur pipeline. Aucune organisation ne peut se permettre de risquer son activité sur une seule grande idée. De même, le développement d’une série de petits projets progressifs ne permettra pas non plus d’obtenir une grande réussite.[4]

La matrice des ambitions pour l'innovation présentée dans la Harvard Business Review (mai 2012), est un modèle classique qui aide les entreprises à décider comment financer différentes initiatives de croissance. Peu d’organisations réfléchissent au meilleur niveau d’innovation à atteindre, et encore moins y parviennent. Selon Nagji et Tuff, la meilleure approche de l’innovation consiste à penser en termes de gestion d’un « portefeuille » intégré et équilibré d’initiatives d’innovations qui sont divisées en trois types : Les initiatives de base, les initiatives adjacentes et les initiatives transformationnelles[5]

  • Innovations de base – Il s’agit d’initiatives incrémentales telles que l’amélioration des offres de base (p. ex. l’extension de la gamme, le rafraîchissement ou l’amélioration des performances d’un produit existant). Il s’agit d’un domaine de renouvellement automatique ou d’innovations durables qui aident l’entreprise à rester à jour et compétitive. Il s’agit d’initiatives relativement sûres en termes de risque.
  • Innovations adjacentes – Elles élargissent l’organisation existante en tirant parti de ce qui fonctionne déjà très bien (une partie de l’innovation de base) dans de nouveaux lieux adjacents ou dans des entreprises en collaboration. L’innovation adjacente implique généralement des risques légèrement plus importants et une gestion supplémentaire.
  • Innovations transformatrices – Ces initiatives sont considérées comme des percées, des innovations radicales ou perturbatrices et sont des créations d’offres ou d’initiatives entièrement nouvelles dont la réalisation implique généralement un risque encore plus élevé. [6]

Une règle générale suivie par de nombreuses entreprises consiste à consacrer 70 % des investissements aux innovations de base, 20 % aux innovations adjacentes et seulement 10 % aux innovations transformatrices. Cependant, en termes de potentiel de création de valeur, les ratios sont inversés : les efforts d’innovation de base contribuent généralement à 10 % du rendement cumulé à long terme de l’investissement dans l’innovation, les initiatives adjacentes à 20 % et les projets de transformation à 70 %. Le bon équilibre des investissements dans l’innovation varie d’une entreprise à l’autre en fonction de facteurs particuliers tels que l’âge de l’entreprise, sa position concurrentielle sur le marché et les caractéristiques de l’industrie desservie (p. ex. le nombre de fournisseurs, la croissance du marché, les modèles réglementaires, etc.) La plupart des entreprises ont tendance à s’orienter fortement vers l’innovation de base et, bien que cela soit compréhensible pour éviter les risques et incertitudes plus importants associés aux initiatives adjacentes et transformationnelles, le résultat se traduira par un déclin constant et à long terme de l’activité et de l’attrait pour les clients si une entreprise n’essaie jamais de projets adjacents ou transformationnels.[7]

Pour de nombreuses entreprises, l’innovation est un ensemble tentaculaire d’initiatives non coordonnées qui doivent être gérées avec des stratégies fluctuantes. Pour obtenir des rendements réguliers et supérieurs à la moyenne, les entreprises ont besoin d’un portefeuille d’innovation équilibré et d’une capacité à l’aborder comme un tout intégré. L’équilibre idéal varie d’un secteur et d’une entreprise à l’autre, mais une chose reste constante : les entreprises doivent agir aux trois niveaux d’ambition et gérer l’innovation totale de manière délibérée et minutieuse. Elles doivent notamment développer les capacités uniques nécessaires à l’innovation transformationnelle. Cela signifie qu’il faut trouver les talents nécessaires aux efforts de percée et veiller à ce qu’ils soient suffisamment séparés de l’activité principale; créer une structure de financement appropriée (et souvent très différente); s’écarter de l’approche de la gestion du pipeline et utiliser des mesures internes et non économiques pour évaluer les premiers efforts.[8]

Innovation Ambition Matrix showing core, adjacent and transformational innovations
Matrice des ambitions pour l’innovation, Nagji, B. & Tuff, G., Harvard Business Review

Innover en utilisant des métriques

L’innovation comporte de nombreux risques, tels que la perte d’argent, de temps, de réputation/image de l’entreprise et la perte de potentiel. La perte de potentiel signifie que si une entreprise investit de l’argent, du temps et d’autres ressources dans le développement d’une nouvelle innovation qui échoue sur le marché, les ressources allouées à cette innovation ratée auraient pu être affectées à d’autres secteurs de l’entreprise ou à un autre projet d’innovation; il y a donc une perte de potentiel sur ce qui aurait pu être fait avec ces ressources. Toutes les idées innovantes ne peuvent être concrétisées en raison des ressources limitées nécessaires à leur réalisation. Les entreprises doivent donc sélectionner les meilleures idées et atténuer les risques du mieux qu’elles peuvent. Un bon moyen de contrôler le retour sur investissement consiste à utiliser des metrics pour comparer et suivre les performances et les progrès des projets d’innovation.

Pourquoi utiliser des métriques pour l’innovation?

Measure progress and success image showing a magnifying glass sitting on a paper chart
Mesure le progrès et la réussite

La liste ci-dessous présente quelques raisons pour lesquelles les entreprises devraient utiliser des métriques d’innovation.[9]

  • Fournir une orientation stratégique en signalant les changements de priorités
  • Guider la (ré)affectation des ressources
  • Évaluer l’efficacité des dépenses d’innovation
  • Responsabiliser les gestionnaires et associer des incitations à la réalisation des objectifs
  • Diagnostiquer et améliorer les performances en matière d’innovation

Métriques d’entrée

Les métriques d’entrée mesurent la manière dont l’entreprise évalue l’apport et l’effort dans le projet d’innovation. Ces paramètres mesurent des éléments tels que le nombre d’idées générées par chaque employé, le temps consacré par les cadres supérieurs aux activités d’innovation et le pourcentage de capital alloué aux projets d’innovation.

Métriques de développement

Les métriques de développement évaluent les progrès, le processus et le pipeline d’innovations de l’entreprise. Ces métriques mesurent des éléments tels que le montant des dépenses de R&D pour chaque phase de développement, le nombre de projets en cours et le temps consacré à chaque phase de la gestion des idées.

Métriques de sortie

Les métriques de sortie mesurent la fin ou les résultats des efforts de l’entreprise. Ces métriques mesurent des éléments tels que le nombre de produits lancés sur une base annuelle, le nombre de brevets accordés et le pourcentage de revenus provenant de nouvelles offres.

Les métriques offrent des points de repère pour les améliorations et les progrès. Elles calibrent les efforts de l’entreprise et indiquent clairement la voie à suivre pour remédier à la situation. À partir des métriques, les entreprises peuvent déterminer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et comment modifier le projet du début à la fin.

Défauts courants des mesures

La liste ci-dessous présente quelques défauts courants liés à l’utilisation des mesures.[10]

  • Encourager l’innovation incrémentale plutôt que l’innovation perturbatrice
  • Avoir trop peu ou trop de métriques
  • Mesurer ce qui est disponible plutôt que ce qui est nécessaire
  • Mettre trop l’accent sur les mesures de sortie plutôt que sur l’efficacité des processus

Regardez cette vidéo YouTube « Innovation – réussite rapide : métriques de l’innovation » pour découvrir les principales métriques que les entreprises doivent mettre en place pour contrôler et suivre la réussite de l’innovation.[11]Transcription pour la vidéo « Innovation – Réussite rapide : Métriques de l’innovation »  [PDF–Nouvel onglet]. Le sous-titrage est disponible sur YouTube.

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Réduire la résistance au changement

L’innovation crée du changement, qu’il s’agisse d’un nouveau processus ou d’une nouvelle technologie mis en œuvre sur le lieu de travail ou d’un nouveau produit radical mis au point qui crée le changement au sein de l’organisation. Il y aura toujours des employés et d’autres parties prenantes qui résisteront au changement, ce qui peut entraver la réussite du projet d’innovation ou dresser des obstacles.

Les dix raisons pour lesquelles les gens résistent au changement sont les suivantes :[12]

  1. Perte de sécurité ou de contrôle avec son emploi. Ils craignent de perdre leur emploi ou de ne pas avoir leur mot à dire sur la façon dont leur travail est effectué. La communication de la direction et la formation des employés peuvent contribuer à réduire leur résistance.
  2. Choc et peur de l’inconnu. Les gens vont généralement de l’avant s’ils estiment que le risque de rester immobile l’emporte sur le risque d’aller de l’avant. Le changement doit être communiqué rapidement et la nécessité du changement doit être convaincante; moins les employés en savent sur le changement et sur la manière dont il les affectera, plus ils seront craintifs.
  3. Perte de confiance. Ils craignent de ne pas pouvoir apprendre de nouveaux systèmes/processus ou de ne pas pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes. La direction doit aider les employés à renforcer leurs compétences afin d’accroître leur confiance en eux.
  4. Mauvais choix du moment. Trop de changements d’un coup peuvent entraîner une résistance de la part des employés. Les personnes doivent ressentir les avantages des efforts de changement précédents pour les aider à adhérer au prochain changement.
  5. Absence de récompenses. Les employés résisteront au changement s’ils n’y voient pas d’avantages pour eux. La direction doit expliquer aux employés les avantages tangibles à court et à long terme.
  6. Politique de bureau. Certains employés résistent au changement pour prouver à la direction que la décision est mauvaise ou que la personne qui conduit le changement n’est pas capable de mener à bien cette initiative. D’autres peuvent résister au changement parce qu’ils risquent de perdre du pouvoir dans la structure organisationnelle. Lorsque les équipes sont unies et travaillent à la réalisation d’une nouvelle initiative, les employés acceptent les décisions des dirigeants.
  7. Perte du système de soutien. Les employés se sentent à l’aise avec leurs collègues, leur équipe et leurs responsables et ont mis en place un système de soutien prévisible. Il est dans la nature humaine d’éviter ce qui n’est pas familier. D’un autre côté, la plupart des gens aiment l’aventure. La direction doit communiquer sur la manière dont le nouveau système de soutien fonctionnera.
  8. Expérience antérieure en matière de changement. Si les employés ont été confrontés à une mauvaise gestion du changement par le passé, ils ont tendance à résister encore plus aux nouveaux changements. La direction doit parler des initiatives de changement antérieures et souligner leurs avantages.
  9. Manque de confiance et de soutien. Le changement ne se fait pas bien dans une atmosphère de méfiance. La communication doit être présente et les actions doivent être dignes de confiance pour que les employés aient confiance dans les intentions de la direction et des dirigeants.
  10. Pression des pairs. Les acteurs de l’organisation résisteront au changement pour protéger les intérêts d’un groupe. Les gens sont prêts à changer si les promesses de l’avenir sont meilleures que les réalités du présent.

Regardez cette vidéo YouTube « Dix raisons pourquoi les gens résistent au changement sur le lieu de travail » pour en savoir plus sur les raisons pour lesquelles les employés résistent au changement et sur la manière dont les entreprises peuvent réduire cette résistance.[13] Transcription pour la vidéo « Dix raisons pourquoi les gens résistent au changement sur le lieu de travail » [PDF–Nouvel onglet]. Le sous-titrage est disponible sur YouTube.

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Trouver les bons talents

Équipe du projet d’innovation

Un élément important de la réussite d’un projet d’innovation est la constitution de la bonne équipe. Les entreprises doivent sélectionner, embaucher, collaborer et externaliser les bons talents. Certains éléments clés sont mentionnés ci-dessous.[14]

  • Innover pour des initiatives à court terme ou à long terme (dans dix ans) exige des compétences très différentes
  • Les équipes d’innovation doivent être composées de personnes représentant les différentes parties prenantes et différents intérêts de l’organisation
  • Les équipes d’innovation doivent avoir un ou quelques « champions » influents capables de convaincre d’autres membres de l’organisation d’adhérer au projet
  • Il est essentiel de faire appel à des personnes extérieures très talentueuses qui examineront les projets d’innovation sans le prisme de l’organisation afin d’obtenir une perspective nouvelle

Si les talents adéquats pour un projet d’innovation ne sont pas disponibles au sein de l’entreprise, il est possible d’envisager une formation pour faire progresser les candidats internes. Si la formation n’est pas disponible, si elle est trop coûteuse ou si elle prend trop de temps, les entreprises peuvent alors envisager d’externaliser certaines parties du développement du projet à des experts dans le domaine; par exemple de petites entreprises qui se concentrent sur un secteur de niche. Une autre option consisterait pour l’entreprise à embaucher les talents dont elle a besoin, mais s’il s’agit d’un besoin ponctuel ou rare (l’embauche d’un employé à temps plein peut s’avérer trop coûteuse et donc irréalisable). En revanche, il peut être possible d’embaucher un travailleur contractuel qui peut travailler sur place pendant la période nécessaire, sans perspective à long terme de devenir un employé de l’entreprise.

Il se peut que l’entreprise puisse bénéficier des services d’un entrepreneur en gestion de l’innovation. Ces entreprises guident le projet d’innovation, forment les cadres internes, aident à gérer le projet et apportent leur expertise et expérience à l’entreprise contre rémunération et pour une durée déterminée.

Collaborer avec le gouvernement

Le gouvernement du Canada encourage des partenariats plus étroits entre les entreprises, les universités et les collèges canadiens afin de stimuler l’innovation et d’encourager l’adoption de nouveaux processus et de nouvelles technologies qui aident les entreprises canadiennes à se préparer à être compétitives et à gagner sur le marché mondial.[15] Les entreprises peuvent obtenir une liste de programmes de financement, d’expertise, d’installations, etc. pour soutenir leurs projets d’innovation sur le site Web du gouvernement du Canada consacré au financement et au soutien à l’innovation.

Collaborer avec les clients, consultants et concurrents

La collaboration avec les clients, les consultants, les concurrents et les employés peut aider l’entreprise à atteindre ses objectifs en matière d’innovation. Ces projets sont souvent appelés projets de cocréation et parfois projets d’innovation ouverte. Parmi les sociétés de conseil en innovation les plus connues, citons IDEO, Innosight, frog, Board of Innovation, et bien d’autres encore. L’expertise de chaque cabinet peut varier ainsi que les services qu’ils proposent. Les entreprises peuvent faire appel à un cabinet de conseil spécialisé dans l’innovation pour les guider et les soutenir dans leurs initiatives d’innovation.

L'innovation ouverten est un modèle qui encourage la collaboration avec des personnes et des organisations extérieures à l’entreprise. En ce sens, les défis de l’innovation ouverte constituent une véritable rupture culturelle avec la mentalité de silo de l’entreprise et le secret traditionnellement associé à la culture de R&D d’une entreprise. Ce modèle d’innovation devient viable lorsque l’entreprise reconnaît qu’il existe de nombreux professionnels brillants et de grandes connaissances à l’extérieur de l’organisation. C’est à ce moment précis que l’opportunité d’attirer ces personnes et/ou entreprises externes se concrétise. Les entreprises mettent en œuvre des pratiques d’innovation ouverte de différentes manières, telles que des alliances entre entreprises, des chaires de recherche dans les universités, des concours d’externalisation ouverte (« crowdsourcing ») et des écosystèmes d’innovation.[16]

La page suivante décrit comment Starbucks a collaboré avec Spotify pour offrir aux clients des deux entreprises un écosystème musical innovant.

Exemple de collaboration entre entreprises

Campagne de co-marquage : Un écosystème musical unique en son genre

Starbucks a transformé un café haut de gamme en une marque mondiale de grande envergure, en utilisant la musique pour créer une ambiance autour de son café. Spotify, une plateforme de streaming musical, a généré près de 25 milliards d’heures d’écoute dans le monde. Starbucks et Spotify ont conclu un partenariat innovant de co-marquage pour créer un « écosystème musical », offrant aux artistes un meilleur accès aux consommateurs de Starbucks et permettant à Starbuck d’accéder à la vaste discographie de Spotify. Dans le cadre de cette initiative, les employés de Starbucks bénéficient d’un abonnement premium à Spotify avec lequel ils peuvent créer des listes de lecture (auxquelles les clients peuvent accéder via l’application mobile Starbucks) qui sont diffusées tout au long de la journée dans le magasin. Cet écosystème musical est conçu pour développer l’environnement des cafés qui fait la réputation de Starbucks, tout en donnant aux artistes une plus grande visibilité auprès des clients de Starbucks. Le partenariat « écosystème musical » est mutuellement bénéfique, car il permet aux entreprises d’atteindre le public de l’autre sans sacrifier leur marque.[17]

Voici un exemple de cocréation entre IKEA et ses clients.

Exemple de collaboration entre entreprises et clients

Cocréation IKEA

Début 2018, le détaillant suédois de meubles et d’articles pour la maison IKEA a lancé « Co-Create IKEA » (Cocréation IKEA), une plateforme numérique encourageant les clients et les fans à développer de nouveaux produits.

La plateforme de cocréation d’IKEA se concentre sur quatre domaines spécifiques :

  • Demander aux clients de suggérer des idées de produits
  • Organiser des camps d’entraînement IKEA pour travailler avec des entrepreneurs
  • Collaborer avec des étudiants universitaires sur des solutions de produits
  • Se mettre en contact avec des laboratoires d’innovation dans le monde entier

Si une suggestion de conception de meuble ou de produit est retenue, IKEA peut concéder une licence sur la technologie ou accepter d’investir dans de futurs produits. Pour les designers et les amateurs techniques talentueux, il s’agit d’une motivation forte : se faire connaître par le plus grand détaillant de meubles au monde. Cette approche a donné lieu à des milliers de suggestions de la part des clients. Les participants peuvent également prétendre à des récompenses en espèces si leurs idées sont retenues. Plus utile encore, IKEA met à disposition des ressources telles que des laboratoires d’essai et des ateliers de prototypage pour aider les clients à développer et à affiner leurs suggestions. Pour IKEA, la cocréation permet de mettre la sagesse des foules au service de l’innovation produit en permettant à l’entreprise d’exploiter des idées de conception utiles. Cela crée de réels avantages commerciaux pour l’entreprise et contribue à la création d’une communauté de clients dévoués.1[18]

Protéger la propriété intellectuelle

En termes généraux, la propriété intellectuelle est tout produit de l’intellect humain que la loi protège contre l’utilisation non autorisée par d’autres. Pour certaines innovations, une entreprise peut avoir besoin d’un brevet ou d’un droit d’auteur pour protéger sa propriété intellectuelle des concurrents et l’aider à conserver son avantage concurrentiel, au moins pendant un certain temps.

Cette vidéo explique les principales méthodes de protection de la propriété intellectuelle (brevets, droits d’auteur, marques, secrets commerciaux), y compris les conditions requises pour les utiliser et les cas dans lesquels une organisation peut choisir de ne pas protéger sa propriété intellectuelle.[footnote]Schilling, M. (2021, August 7). Innovation strategy: Intellectual property. https://www.youtube.com/watch?v=d6F4Hma6ijg[/footnote] Transcription de la vidéo « Stratégie d’innovation : Propriété intellectuelle [PDF–Nouvel onglet]. Le sous-titrage est disponible sur YouTube.

Un ou plusieurs éléments interactifs ont été exclus de cette version du texte. Vous pouvez les consulter en ligne ici : https://ecampusontario.pressbooks.pub/leadinginnovation/?p=67#oembed-3

Étudier les échecs de l’innovation

Personne n’aime échouer et la plupart d’entre nous s’efforcent de ne pas échouer, mais l’échec permet d’apprendre et il est absolument nécessaire d’apprendre pour réussir à innover. Pour chaque chef de file de l’innovation, comme Google, Microsoft ou Amazon, il y a des centaines de concurrents qui ne parviennent jamais à s’imposer. Pour les start-ups en pleine croissance qui cherchent à s’établir, il est toujours utile d’essayer de comprendre pourquoi cela se produit. Cependant, l’échec en matière d’innovation n’est pas quelque chose qui n’arrive qu’aux petites entreprises. Même les chefs de file du marché tels que Coca-Cola, Samsung et Nintendo peuvent encore avoir de nombreux mauvais jours. Il suffit de regarder la triste histoire du Nintendo Virtual Boy.[19] Malgré l’énergie négative qui l’accompagne, l’échec a des côtés positifs. L’expérience de l’échec peut vous apprendre des leçons que vous n’auriez pas apprises autrement. En fait, certaines des personnes qui ont le mieux réussi dans le monde n’ont pu atteindre le succès que grâce aux leçons qu’elles ont tirées de leurs échecs antérieurs[20]

Pour réduire les risques d’échec, les entreprises doivent étudier leurs propres échecs passés ainsi que ceux de leurs concurrents. Il est important de tirer les leçons de l’échec. Qu’est-ce qui a fonctionné? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? L’échec n’est pas une chose dont il faut avoir peur ou qu’il faut considérer de manière négative au sein de l’entreprise. Il s’agit d’une courbe d’apprentissage résultant d’essais et d’erreurs. Les entreprises qui réfléchissent à leurs échecs passés découvrent souvent que ces échecs les ont amenées aux succès qu’elles connaissent aujourd’hui.[21]

Voici quelques conseils permettant aux équipes de tirer des leçons des échecs de projets d’innovation :

  1. Sachez qu’il est acceptable d’échouer parce qu’un nouveau chemin est créé à partir de l’échec.
  2. Réalisez que l’expérience est le meilleur enseignant, car l’équipe apprend ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
  3. Laissez à l’équipe la liberté d’échouer, car si elle est trop prudente elle ne prendra pas de risque.
  4. L’échec permet à l’équipe d’acquérir de nouvelles connaissances dans le cadre de son travail et de se recentrer.
  5. La peur de l’échec doit motiver l’équipe à réussir, car l’échec conduit à une amélioration de ses capacités.
  6. Acceptez l’échec, car plus vite l’équipe échoue plus vite elle réussira.
  7. L’échec rend les gens plus forts et mieux préparés à relever le prochain défi.
  8. .Conservez une trace des échecs et des succès de votre entreprise et de vos concurrents afin de pouvoir vous référer aux « leçons apprises » lorsque vous travaillerez sur de futurs projets d’innovation.

Principaux points à retenir

  1. Les entreprises qui ne parviennent pas à suivre le rythme du changement et à s’adapter aux innovations perturbatrices se retrouvent souvent en difficulté. Il existe un grand nombre d’entreprises qui n’ont pas su innover et qui ont été contraintes de déclarer faillite, de fusionner avec une autre organisation ou qui ont perdu leur place dans le classement Fortune 500. 88 % des entreprises Fortune 500 qui existaient en 1955 ont disparu.
  2. La matrice des ambitions pour l’innovation, présentée dans la Harvard Business Review (mai 2012), est un modèle classique qui aide les entreprises à décider comment financer différentes initiatives de croissance. Peu d’organisations réfléchissent au meilleur niveau d’innovation à atteindre, et encore moins y parviennent. Selon Nagji et Tuff, la meilleure approche de l’innovation consiste à penser en termes de gestion d’un « portefeuille » intégré et équilibré d’initiatives d’innovations qui sont divisées en trois types : Les initiatives de base, les initiatives adjacentes et les initiatives transformationnelles Un portefeuille d’innovations bien équilibré comprend un mélange de nouveautés à haut risque et d’innovations incrémentales à faible risque.
  3. Un bon moyen de contrôler le retour sur investissement consiste à utiliser des métriques pour comparer et suivre les performances et les progrès des projets d’innovation
  4. L’innovation crée du changement, qu’il s’agisse d’un nouveau processus ou d’une nouvelle technologie mis en œuvre sur le lieu de travail ou d’un nouveau produit radical mis au point qui crée le changement au sein de l’organisation. Il y aura toujours des employés et d’autres parties prenantes qui résisteront au changement, ce qui peut entraver la réussite du projet d’innovation ou dresser des obstacles.
  5. Les dix raisons pour lesquelles les gens résistent au changement sont la perte de sécurité ou de contrôle avec leur emploi, le choc et la peur de l’inconnu, la perte de confiance, le mauvais choix du moment, l’absence de récompenses, la politique de bureau, la perte du système de soutien, l’expérience antérieure en matière de changement, le manque de confiance et de soutien, la pression des pairs.
  6. Un élément important de la réussite d’un projet d’innovation est la constitution de la bonne équipe. Les entreprises doivent sélectionner, embaucher, collaborer et externaliser les bons talents.
  7. Pour certaines innovations, une entreprise peut avoir besoin d’un brevet ou d’un droit d’auteur pour protéger sa propriété intellectuelle des concurrents et l’aider à conserver son avantage concurrentiel, au moins pendant un certain temps.
  8. Personne n’aime échouer et la plupart d’entre nous s’efforcent de ne pas échouer, mais l’échec permet d’apprendre et il est absolument nécessaire d’apprendre pour réussir à innover.

Exercice de fin de chapitre

  1. Types d’innovation. Faites une recherche sur Internet pour trouver des informations sur les différences entre l’innovation radicale, l’innovation de percée et l’innovation perturbatrice. Existe-t-il des différences ou les trois termes sont-ils utilisés de manière interchangeable? Discutez de vos conclusions avec votre classe et/ou votre professeur.
  2. Comparaison de matrices. Superposer la matrice des ambitions pour l’innovation à la matrice d’Ansoff. Qu’avez-vous découvert? Cela a-t-il un sens? Discutez de vos observations avec votre classe et/ou votre professeur.
  3. Métriques. Faites une recherche sur Internet pour trouver un exemple, une histoire ou un article sur la façon dont les métriques de l’innovation ont été utilisées pour guider une entreprise tout au long d’une initiative d’innovation. Partagez vos résultats avec votre
  4. classe et/ou votre professeur.
  5. Collaboration entre entreprises. Faites une recherche sur Internet des informations sur une récente collaboration entre entreprises dans le cadre d’un projet d’innovation. Quel en a été le résultat? Y a-t-il eu des problèmes dont vous avez pris connaissance? Y avait-il une équipe de projet interentreprises? Faites part de vos conclusions à votre classe et/ou à votre professeur.
  6. Collaboration avec les clients. Faites une recherche sur Internet des informations sur une récente collaboration entre entreprises et clients dans le cadre d’un projet d’innovation. Quels clients ont participé? Qu’est-ce que l’entreprise espérait gagner en incluant les clients? Quel a été le résultat? Faites part de vos conclusions à votre classe et/ou à votre professeur.
  7. Innovation frugale. Faites une recherche sur Internet pour trouver des exemples d’innovation frugale. Quelles sont les entreprises qui le font? Pourquoi? S’agit-il d’un moyen de réduire le risque d’innovation? Quel est le retour sur investissement de ce type d’innovation? De nombreuses entreprises se lancent-elles dans le développement de l’innovation frugale? Pourquoi ou pourquoi pas? Pensez-vous que c’est quelque chose que la plupart des entreprises devraient faire? Pourquoi? Discutez de vos conclusions avec votre classe et/ou votre professeur.
  8. Soutien gouvernemental. Visitez le site web du gouvernement du Canada consacré à l’innovation et au soutien. Examinez les types de soutien que le gouvernement du Canada offre aux entreprises. Pensez-vous que ces aides aideront surtout les entrepreneurs, les petites entreprises ou les grandes sociétés? Pourquoi? Faites part de vos conclusions à votre classe et/ou à votre professeur.
  9. Initiatives gouvernementales. Visitez le site web Innovation, Sciences et Développement économique Canada du gouvernement du Canada. Examinez la liste actuelle des projets et initiatives sur lesquels le gouvernement du Canada travaille. Quels sont ceux qui vous intéressent le plus? Quels sont ceux qui vous intéressent le plus? Faites part de vos conclusions à votre classe et/ou à votre professeur.
  10. Propriété intellectuelle. Faites une recherche sur Internet pour savoir si Coca-Cola a un brevet sur sa formule de Coca-Cola. Vous pouvez également rechercher d’autres entreprises qui ont des brevets ou d’autres formes de protection de la propriété intellectuelle sur leurs produits, leurs procédés ou leurs modèles d’entreprise. Partagez vos découvertes avec votre classe et/ou votre professeur.
  11. Échecs en matière d’innovation. Faites une recherche sur Internet pour trouver des informations sur les entreprises qui ont échoué en matière d’innovation. Quel a été l’échec? Pourquoi ont-elles échoué? Qu’ont-elles retenu de cet échec ? Faites part de vos conclusions à votre classe et/ou à votre professeur.

 

Exercice d’autocontrôle – Cartes-éclairs – Niveau de risque

Un élément interactif H5P a été exclu de cette version du texte. Vous pouvez le consulter en ligne ici :

Chapter 9: Innovation Risks

 

Références

(Remarque : Cette liste de sources utilisées n’est PAS en style de citation APA, mais les fonctions de note de bas de page automatique et de citation des médias de Pressbooks ont été utilisées pour citer les références tout au long du chapitre et générer une liste à la fin du chapitre.)


  1. Goh, F. (n.d.). 10 companies that failed to innovate, resulting in business failure. https://www.collectivecampus.io/blog/10-companies-that-were-too-slow-to-respond-to-change
  2. Anderson, M. (n.d.). The importance of keeping a balanced innovation portfolio. https://blog.mike-andersson.com/the-importance-of-keeping-a-balanced-innovation-portfolio/
  3. Valuer (2022, July 28). 50 examples of corporations that failed to innovate. https://www.valuer.ai/blog/50-examples-of-corporations-that-failed-to-innovate-and-missed-their-chance
  4. Bodell, L. (2018, December 28). Achieve a more balanced innovation portfolio in 2019. https://www.forbes.com/sites/lisabodell/2018/12/28/achieve-a-more-balanced-innovation-portfolio-in-2019/?sh=4814103070cb
  5. Nagji, B. & Tuff, G. (2012, May). Managing your innovation portfolioHarvard Business Review. https://hbr.org/2012/05/managing-your-innovation-portfolio
  6. Sharp, T. (2015, September 2). Core innovation, adjacent innovation, and transformative innovation. https://choralnet.org/2015/09/core-innovation-adjacent-innovation-and-transformative-innovation/
  7. MBA Knowledge Base. (n.d.). The innovation ambition matrix. https://www.mbaknol.com/strategic-management/the-innovation-ambition-matrix/
  8. Nagji, B. & Tuff, G. (2012, May). Managing your innovation portfolioHarvard Business Review. https://hbr.org/2012/05/managing-your-innovation-portfolio
  9. Mack Institute. (n.d.). Choosing innovation metrics for success in the digital era. https://mackinstitute.wharton.upenn.edu/2020/innovation-metrics-for-success-digital-era/
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