6 Les coûts de la vie : genre, citoyenneté et politique des prix à Montréal dans les années 1940

Magda Fahrni

Traduit de l’anglais par Hélène Paré[1]

Madame Conroy a dit que toutes les femmes du Canada se préoccupaient des prix en ce moment et que si nous voulions être entendus des Canadiennes, nous devions montrer que nous allons examiner les prix très minutieusement[2].

Au cours des années 1940, dans les villes canadiennes, on se préoccupait des prix et on attachait de l’importance à une politique centrée sur l’achat. Comme l’indique l’intervention de Mme Patrick Conroy, représentante du Congrès du travail du Canada à l’Association canadienne des consommateurs, composée exclusivement de femmes, cette politique des prix était tout à fait genrée. Partout au pays, dans les milieux urbains, les femmes se servaient de leur connaissance intime des finances de leur ménage pour demander de meilleures mesures de protection sociale et un coût de la vie raisonnable dans le contexte de la Deuxième Guerre mondiale, puis de la reconstruction de l’après-guerre.

Le présent article explore les différentes façons dont les Montréalaises, s’appuyant sur un sentiment de citoyenneté économique cultivé au cours des années de guerre, se regroupèrent autour d’enjeux de consommation à la fin de celle-ci. Le gouvernement fédéral avait favorisé une prise de conscience concernant la consommation de guerre dans le cadre de ses interventions sur le front intérieur. Tout au long des années 1940, le rationnement, le contrôle des prix, les campagnes de récupération et de recyclage ainsi que le marché clandestin ont fait de la disponibilité et de la distribution des produits un sujet populaire de discussion. Au lendemain de la guerre, la poursuite des mesures de contrôle gouvernemental, les groupes de consommateurs et les journaux ouvriers ont encouragé les familles de la classe moyenne et de la classe ouvrière à continuer à s’intéresser aux prix, aux normes, au choix des consommateurs et à la disponibilité des produits. Les Montréalaises, qui se sont habituées au régime égalitaire de rationnement et que la hausse du coût de la vie inquiète, réclament de pouvoir acheter les produits ménagers de première nécessité à des prix raisonnables, ce qu’elles considèrent comme un des droits économiques fondamentaux[3].

La gestion du ménage et les achats quotidiens étaient depuis longtemps considérés comme le travail des femmes mariées – surnommées Mrs Consumers ou encore Purses on Legs[4]. Les mouvements de consommateurs ont dès lors permis à des femmes de se tailler une place importante dans la sphère publique. Ces femmes, qui parlaient au nom des épouses et des mères, ciblaient l’État tout autant que les commerçants et revendiquaient des droits fondamentaux particuliers aux femmes, en se servant de ce que l’historienne américaine Susan Porter Benson a appelé la « figure de la bonne gestionnaire »[5]. Leurs efforts ont donné de la visibilité à la famille sur la scène publique et, de fait, ces femmes ont utilisé l’argument de la famille comme base fondamentale de la citoyenneté. À Montréal, en outre, leur formulation de la citoyenneté économique s’inscrivit dans le contexte de l’acquisition récente de leur citoyenneté politique. En effet, les femmes du Québec avaient obtenu en 1940 le droit de voter aux élections provinciales. L’appel des militantes de la consommation en faveur de la reconnaissance du travail non payé des femmes donne ainsi à voir comment le genre a modelé la sphère politique et la sphère publique au cours de cette période.

L’examen du mouvement des consommateurs nuance dans les faits notre compréhension de l’équilibre entre « le privé » et « le public » dans les années 1940. L’intervention du gouvernement fédéral dans la gestion des ménages pendant la guerre, par ses règlements sur ce que les gens pouvaient acheter et en quelle quantité, sur ce qu’ils pouvaient manger et ce qu’ils ne devaient pas jeter, exposa au grand jour ce qui auparavant était privé. Les spécialistes en histoire de l’Amérique du Nord ont soutenu que, à la fin de la guerre, certains citoyens ont réclamé le rétablissement du caractère privé de ce qui était domestique, en se retirant dans la domesticité pour tenter d’éviter un affrontement avec les affaires publiques[6]. Pourtant, comme nous le verrons dans le présent article, d’autres personnes mirent à profit les leçons qu’elles avaient tirées durant la guerre et les utilisèrent pour transformer leur situation ménagère et financière en un genre de question politique. Elles firent une déclaration publique et politique à partir de ce qui avait pu, un jour (pendant la Crise, par exemple), être considéré comme une situation honteuse, qu’il fallait cacher à tout prix[7]. En rendant public ce qui était privé, les personnes et les groupes qui agissaient comme consommateurs prenaient au sérieux la promesse de donner les moyens de vivre à l’abri du besoin et essayaient de modeler une sphère publique plus démocratique. Les actions entreprises par des femmes en tant que consommatrices franchissaient la frontière entre le privé et le public et mettaient en question l’utilité de ces distinctions.

Le problème, c’était la consommation limitée de biens indispensables, comme les produits d’épicerie, et non la consommation accrue d’automobiles et de biens durables coûteux que l’on associe habituellement à l’Amérique du Nord de l’après-guerre. Dans le présent article, je commence par explorer les dimensions et les implications de la prise de conscience qui s’est développée durant la guerre à l’égard de la consommation, en particulier chez les femmes. J’aborde ensuite deux exemples de mise sur pied de groupes de consommateurs par des Montréalaises, au lendemain de la guerre : le boycottage d’épiceries et de boucheries par des femmes en 1947-1948 et leur combat pour la légalisation de la margarine (ou « oléomargarine »), susceptible de remplacer le beurre à moindre coût. Ces aspects fondamentaux de la vie privée firent les manchettes à la fin des années 1940, le débat sur la margarine s’étant même rendu jusqu’à la Cour suprême. Les familles de la classe moyenne étaient non seulement des unités de production, mais aussi, depuis plusieurs décennies, des unités de consommation. Dans les années 1940, celles de la classe ouvrière de Montréal se retrouvèrent-elles aussi, et de plus en plus, dans la même situation[8]. Les deux campagnes de protection des consommateurs traversèrent donc les divisions de classes et des Montréalaises d’expression française et anglaise s’y engagèrent. En outre, tout en ayant des dimensions sociales et ethniques particulières à Montréal, ces campagnes s’inscrivirent à l’époque dans un phénomène plus large. Les reportages des journaux locaux au sujet des « ménagères militantes » de Toronto, de Chicago et de Paris légitimèrent les actions des ménagères à Montréal et accrurent leur importance[9].

Le rôle de premier plan tenu par les femmes dans ces batailles n’a rien d’étonnant : des femmes de partout dans le monde avaient une longue histoire de manifestations publiques autour de la consommation, depuis les émeutes du pain de l’époque préindustrielle jusqu’aux rassemblements sur le coût de la vie à la fin de la Grande Guerre[10]. Ce qui distingue les épisodes subséquents de ceux qui les ont précédés, c’est tout d’abord le degré d’encouragement qu’a reçu la sensibilisation à la consommation durant la Deuxième Guerre mondiale, puis, en second lieu, le sentiment croissant, chez les femmes, qu’un État en expansion était à leur portée et qu’elles avaient le droit de lui adresser certaines demandes. Les revendications publiques des consommatrices donnent à voir certaines des choses auxquelles les citoyens croyaient avoir droit dans une démocratie victorieuse et un État-providence en émergence. Elles révèlent des terrains où famille et sphère publique se rejoignaient, au cours de la période de reconstruction.

La sensibilisation à la consommation au cours de la Deuxième Guerre mondiale

Dans l’espoir de gérer la guerre et de parvenir à un consensus sur le front intérieur, Ottawa façonna une relation avec ses citoyens fondée sur la conservation des matériaux rares destinés à l’effort de guerre et sur la maîtrise de l’inflation qui pourrait survenir si plus d’argent que de marchandises se trouvait en circulation. Il fallait que les Canadiens économisent, récupèrent et réutilisent, et ils devaient accepter le rationnement pour que les produits puissent être distribués équitablement. Ils devaient s’assurer que les commerçants acceptent le plafonnement des prix tout en refrénant leur propre envie de dépenser[11]. Les campagnes d’obligations de la Victoire alimentaient le sentiment patriotique tout en siphonnant l’« excès » de pouvoir d’achat et en satisfaisant l’instinct d’épargne des citoyens – né de la Crise –, en prévision de périodes difficiles. Le contrôle constant du coût de la vie par l’État signifiait que, malgré l’amélioration des salaires durant les années de guerre, les Canadiens étaient tout à fait au courant de la fluctuation des prix et de l’équilibre délicat entre les revenus et les dépenses.

Tout le travail autour du rationnement, du recyclage, de la récupération, de l’épargne et de la bonne gestion du budget était considéré comme l’apanage des femmes[12]. La division de la Consommation (Consumer Branch) de la Commission des prix et du commerce en temps de guerre (WPTB pour Wartime Prices and Trade Board) s’est assuré la collaboration officielle de 16 000 femmes, dans l’ensemble du pays : toutes ont accepté de surveiller les prix et de faire rapport à la Commission. L’État et les médias affirmèrent avec insistance que ces femmes contribuaient à une victoire des Alliés et veillaient à ce que le pays, où reviendraient leurs hommes, soit en bonne santé économique[13]. On rappelait en outre aux femmes qu’au Canada, contrairement à ce qui prévalait dans les pays d’Europe déchirés par la guerre, les restrictions gouvernementales étaient des « inconvénients » et non des « privations » ni des « sacrifices » [14]. Le jour de la victoire en Europe, le gouvernement félicita les femmes pour leurs efforts de guerre, car grâce à elles, les Canadiens avaient réussi à maintenir l’inflation à un niveau raisonnable. À présent, la tâche consistait à gagner la paix. On rappelait aux citoyens et consommateurs que l’inflation la plus grave que l’on ait associée à la Première Guerre mondiale était survenue après la fin des hostilités[15]. Le « danger de l’inflation » était « plus réel maintenant qu’à n’importe quel autre moment depuis le début de la guerre » et les « ménagères de la nation devraient être en état d’alerte, plus que jamais[16] ». En effet, les restrictions sur les prix ne seraient levées que petit à petit. Lentement, la production de biens de consommation durables reprendrait normalement et les produits reviendraient sur les tablettes des magasins, mais entre-temps, les consommateurs devaient se montrer patients[17]. Certains produits demeureraient rationnés, car le Canada destinait une partie de ses réserves alimentaires à l’exportation vers l’Europe[18]. Les campagnes d’obligations de la victoire se poursuivirent jusqu’à la fin des années 1940. Aussi longtemps que les salaires et l’épargne dépassaient la valeur des biens de consommation, l’inflation demeurait une menace et le marché clandestin [dit « marché noir »], une tentation.

L’historien Jeff Keshen nous rappelle que la tricherie, l’arnaque et le marché clandestin voisinaient avec la soumission des civils aux règlements adoptés en période de guerre. Le marché clandestin, affirme-t-il, « était plus répandu à Montréal » qu’ailleurs au Canada, phénomène qu’il attribue à « l’appui tiède du Québec à la guerre[19] ». Les avis sur la participation militaire étaient incontestablement partagés. Pourtant, de nombreux Canadiens français étaient fiers de collaborer avec l’État. Durant la guerre, des femmes du Québec participèrent à la campagne de surveillance des prix de la WPTB et les membres de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), de Montréal, reproduisirent la lettre de Donald Gordon les remerciant de leur aide au contrôle des prix dans le numéro de mai 1947 de leur bulletin[20]. Mariana Jodoin, qui fut décorée de l’Ordre de l’Empire britannique [Order of the British Empire ou OBE] pour son travail au cours de la guerre avec la division de la Consommation du WPTB, remercia la FNSJB, qui l’avait félicitée « en son nom personnel et au nom de toutes les Canadiennes françaises, dont cette décoration représente le dévouement pendant la guerre[21] ». Malgré cela, la machine de propagande fédérale a peut-être dû travailler plus fort au Québec qu’ailleurs. Le retour de Maurice Duplessis au pouvoir provincial, en août 1944, témoigne d’un grand ressentiment contre la politique fédérale ainsi que de l’attrait du nationalisme québécois, à mesure que la fin de la guerre approchait. Duplessis lui-même s’en prit régulièrement aux mesures adoptées par Ottawa en période de guerre, les tournant en ridicule de diverses façons : « restrictions vexatoires, stupides, inopportunes, intempestives », et déclarant : « la bureaucratie remplace la démocratie[22] ».

L’opposition pancanadienne aux restrictions du gouvernement s’intensifia après la victoire lorsque les mesures de contrôle furent maintenues. La campagne de retour à la normale « dans l’ordre », dirigée par Gordon et le WPTB, nécessitait donc un marketing constant et stratégique[23]. Producteurs, consommateurs et commerçants accueillirent favorablement la fin du rationnement[24]. La libéralisation des prix, cependant, suscita des réactions contradictoires. À la fin de 1945, La Presse remarqua que le contrôle des prix conservait, sans surprise, la faveur de l’opinion publique, contrairement au contrôle des salaires[25]. Les propriétaires, les fabricants et certains commerçants se réjouirent au fur et à mesure que les restrictions furent levées, mais les locataires, les travailleurs et les consommateurs se mirent bientôt à faire pression pour qu’elles soient rétablies[26]. L’Institut canadien de l’opinion publique déclara en 1947 que le contrôle des prix était plus populaire chez les femmes, les pauvres et les travailleurs syndiqués et leurs familles. Il trouva également que le Québec était moins pressé de voir une réimposition du contrôle des prix que les autres régions[27]. Les taxes et les impôts demeuraient un sujet de récrimination après la guerre, ce que déplorait le caissier de banque fictif de Gabrielle Roy, Alexandre Chenevert, à la fin des années 1940 : « des taxes, de tous côtés des taxes, et le coût de la vie montait en flèche[28] ». Dans les quotidiens, des reportages réguliers sur le combat des Canadiens contre l’inflation et de fréquentes mises à jour des indices de prix tenaient les lecteurs au courant de l’importance continuelle des prix en temps de paix. En 1947, La Presse conclut que la population avait beaucoup appris sur l’inflation au cours des trois années précédentes[29].

L’effort de guerre en matière de consommation avait aiguisé la conscience de la plupart des Canadiens sur cette question, mais le fait que cet effort avait souvent été formulé comme relevant du travail des femmes avait eu un effet sur le caractère genré du militantisme consommateur de l’après-guerre. À la fin des années 1940, on considérait invariablement que, dans les ménages, les « consommateurs » étaient les femmes[30]. Plus précisément, on considérait qu’il s’agissait des femmes mariées, le pouvoir d’achat des femmes célibataires étant largement ignoré. De nombreuses épouses canadiennes ont soutenu qu’elles méritaient d’être reconnues pour leur collaboration, durant la guerre, à la politique fiscale du gouvernement. Mme Leslie Hodges, active au sein du Conseil local des femmes [Local Council of Women ou LCW] de Montréal et du WPTB, affirma en 1944 que le Canada était « le seul pays au monde où le plafonnement des prix était vraiment efficace, principalement grâce à la collaboration entre les ménagères et le gouvernement[31]. Une autre femme, qui proposa en 1946 la mise sur pied d’un Centre de femmes [Women’s Centre] à Montréal, déclara que ce serait « un hommage à l’excellent travail réalisé sur le front intérieur par la mère de famille ordinaire au cours des six dernières années. » : dans le travail volontaire de guerre, à la maison et « en tant que consommatrice lorsqu’elle collaborait au maintien des plafonds de prix[32] ». Les femmes se rendaient compte que leur travail ordinaire avait acquis une nouvelle valeur pendant la guerre. Comme le Conseil national des femmes du Canada le souligna une demi-douzaine d’années après la guerre, faire des économies avait « une importance nationale », à cause de son rôle dans la lutte contre l’inflation. Les ménagères, remarqua avec finesse Renée Vautelet, libérale réformiste de Montréal, jouissaient d’une nouvelle importance comme citoyennes d’une démocratie économique[33].

De nombreuses femmes utilisèrent l’idée de la ménagère surveillant les prix pour adresser de nouvelles revendications dans la sphère publique. Par exemple, j’ai montré ailleurs que les récipiendaires des allocations aux personnes à charge des militaires dressaient méticuleusement la liste des dépenses de leur ménage dans des lettres adressées à Ottawa pour réclamer une augmentation de ces allocations dans le contexte de la hausse du coût de la vie en période de guerre[34]. Parallèlement à ces rédactrices solitaires, il y avait des femmes qui s’organisaient. L’Association canadienne des consommateurs [ACC, ou CAC pour Canadian Association of Consumers], une association entièrement féminine formée en 1947, est un exemple d’un groupe de femmes tablant sur la reconnaissance publique de leurs réalisations en temps de guerre. L’ACC accomplit une partie du travail de la division de la Consommation du WPTB et représenta la détermination de certaines femmes à conserver un rôle dans la vie publique et à entretenir la visibilité de leur travail non rémunéré sur la scène publique[35]. Décrite par un journaliste comme « une organisation permanente de consommatrices qui “sont incapables de rester inactives” à regarder les prix monter et les goulots d’étranglement de la production perturber l’économie domestique[36] », l’ACC déclara que son domaine d’intérêt était « tout ce qui peut améliorer le statut social de la famille canadienne[37] ». L’Association rencontrait régulièrement des politiciens fédéraux et des fonctionnaires et demandait à ses membres de protéger les intérêts des ménagères en examinant minutieusement les prix et en adhérant aux mesures de contrôle du gouvernement[38]. Tout comme la division de la Consommation et les Council of Women qui émaillaient le pays, l’Association canadienne des consommateurs comprenait un conseil national chapeautant des sections provinciales et locales. La section québécoise reposait sur des structures institutionnelles particulières à la province, où le recrutement se faisait au niveau paroissial[39].

Ce sont des femmes de la classe moyenne, canadiennes-anglaises et canadiennes-françaises, qui ont pris l’initiative de fonder l’ACC. Ses organisatrices francophones étaient des militantes politiques comme Renée Vautelet, Thérèse Casgrain, Mariana Jodoin et Mme Gérard [Germaine] Parizeau[40]. L’ACC fit des démarches pour s’allier à des organisations syndicales, notamment le Congrès du travail du Canada (CTC) et des organismes affiliés à l’Action catholique, comme la Ligue ouvrière catholique (LOC). Selon Claire Aubin, présidente nationale de la section féminine de la LOC et responsable des liaisons de l’ACC avec les travailleuses, l’ACC avait pour but de maintenir « un certain standard de vie pour les ouvriers[41] ». Une autre membre de l’ACC précisa, en parlant des organisateurs syndicaux : « [ce sont] les femmes de ces hommes que nous représentons et que nous essayons d’aider[42]. »

Même si, par son rôle et par son nombre de membres, l’ACC était la plus importante des multiples ligues de consommateurs formées au lendemain de la guerre, certaines femmes de la classe ouvrière choisirent plutôt de s’engager dans les ligues de consommateurs et les mouvements coopératifs affiliés aux syndicats et aux groupes d’auxiliaires syndicales[43]. Dans le mouvement syndical, le militantisme consommateur n’était pas exclusivement du ressort des femmes, les hommes syndiqués se regroupaient aussi pour discuter des prix. Le Conseil des métiers et du travail de Montréal (CMTM), par exemple, protesta contre l’augmentation du coût de la vie et la levée du contrôle des prix de la part du gouvernement fédéral, appela la population à acheter des produits portant l’étiquette syndicale, manifesta de l’enthousiasme pour les coopératives de consommateurs et invita les représentantes des ligues de consommatrices de la ville à prendre la parole à ses assemblées. Les membres masculins du CMTM s’engagèrent à inviter leurs femmes à leur congrès de 1947 sur le coût de la vie et, à titre de soutiens des familles, ils déclarèrent s’intéresser aux prix, au nom même de leurs familles[44]. La Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) souligna à son tour, en 1947, que la décision du gouvernement fédéral d’abandonner le contrôle des prix avait réduit sérieusement le pouvoir d’achat des familles ouvrières[45].

Derrière les objections des syndicats du Québec à la flambée des prix et à la disparition des mesures de contrôle, il y avait la conviction qu’Ottawa ne comprenait pas la situation des Canadiens français, qui se caractérisait par de bas salaires, des ressources insuffisantes et des familles plus nombreuses, dans bien des cas, que la moyenne des familles canadiennes-anglaises. Une caricature publiée en janvier 1948 dans Le Monde ouvrier (organe de la Fédération provinciale du travail, affiliée au Congrès des métiers et du travail), par exemple, montre un couple fatigué assis dans le salon d’une maison en désordre et entouré de onze enfants. La femme rassure son mari en disant : « Ne te décourage pas, vieux, le docteur Pett, d’Ottawa, dit qu’on peut les nourrir pour 15½ cents par repas![46] ». En réaction à la même statistique fédérale, le journal de Saint-Henri, La Voix populaire, réalisa un sondage auprès des ménagères du quartier en leur demandant si elles pouvaient nourrir leur famille avec 15½ cents par personne et par repas. Le journaliste fut accueilli par des rires et des railleries, les femmes affirmant qu’avec cette somme il était impossible de nourrir leurs maris assez bien pour qu’ils continuent à travailler[47]. L’économie précaire d’un grand nombre de familles montréalaises, dans les années 1940, offre peu de ressemblances avec la « société de consommation de masse » décrite par la plupart des historiens de l’après-guerre en Amérique du Nord. Habitués à une vie frugale, de nombreux Montréalais continuèrent pendant un certain temps à se limiter à des dépenses minimales et prudentes[48].

Enfin, l’Action catholique adopta une position sur la consommation semblable à celle des organisations syndicales. La Ligue ouvrière catholique (LOC) entreprit d’intensifier la prise de conscience concernant les prix en organisant des groupes d’études sur les mouvements coopératifs et les associations de consommateurs, tout en enseignant à ses membres de la classe ouvrière à tenir un budget dans le contexte de l’augmentation du coût de la vie[49]. Contrairement à la plupart des syndicats de cette époque, l’Action catholique se méfiait quelque peu de l’implication de l’État. Elle encensait les coopératives de consommateurs, par exemple, comme une réponse à la hausse du coût de la vie qui incarnait le principe catholique de la coopération. Ces coopératives constituaient une solution de rechange, non seulement au capitalisme débridé, mais aussi au socialisme et au communisme[50]. Mais en publiant des éditoriaux, des articles et des caricatures au sujet des prix élevés, du contrôle des prix et du rationnement, Le Front ouvrier de la LOC ainsi que les journaux syndicaux comme Le Monde ouvrier favorisaient une prise de conscience à l’égard de la consommation et se chargeaient d’instruire leurs lecteurs de la classe ouvrière sur la façon de consommer durant les premières années de l’après-guerre.

La défense des consommateurs : deux études de cas

En novembre 1947, au Canada, on remplissait son panier d’épicerie de fruits et de légumes frais et en conserves. Le gouvernement fédéral venait d’imposer un embargo sur l’importation de certains produits afin de conserver ses réserves de dollars américains et les consommateurs craignaient l’imminence d’une pénurie de produits[51]. La première réaction des ménagères montréalaises à cet embargo semble avoir été différente selon la classe et l’appartenance ethnique. Dans l’ouest de la ville (plus anglo-canadien et fortuné), on assista à une « course des acheteurs » et à des achats massifs de produits dont les stocks seraient peut-être difficilement renouvelables. Dans l’est de la ville (largement franco-canadien et plus pauvre), les femmes qui avaient probablement une glacière plutôt qu’un réfrigérateur dans leur cuisine et peu d’argent dans leur porte-monnaie achetaient chaque jour une petite quantité de produits et surveillaient attentivement les prix[52]. Cependant, lorsque la panique des achats entraîna la spéculation et la flambée des prix dans l’ensemble du pays, les ménagères firent la grève des achats, refusant de payer des prix exorbitants pour les fruits et les légumes. Depuis Toronto, la présidente de l’Association canadienne des consommateurs, Blanche Marshall, pressa les Canadiennes d’utiliser leur pouvoir d’achat pour faire cesser l’inflation dans le commerce alimentaire : « Ne vous laissez pas prendre, dit-elle. Si on vous demande 25 cents pour un chou qui en vaut dix, laissez-le. » Puis elle  ajouta : « Le moment où les ménagères cesseront d’acheter, les prix tomberont aussitôt[53]. » Les Montréalaises suivirent ce conseil et restèrent à la maison et leurs familles mangèrent les aliments achetés quelques jours ou une semaine plus tôt dans le climat de panique[54]. Les journaux décrivirent les étalages de produits peu fréquentés, d’un bout à l’autre de la ville. Par exemple, au marché Bonsecours, les femmes s’enquéraient des prix et, en entendant la réponse, elles continuaient leur chemin sans rien acheter. La Presse rapporta que les grèves des acheteurs rendaient pessimistes les fermiers et les marchands et que le marché des fruits et des légumes frais était « mort, tout à fait mort[55]! »

La grève des ménagères atteignit son but, du moins à court terme. Certains fermiers réduisirent presque aussitôt les prix de leurs fruits et légumes. À la fin de novembre, par exemple, le prix des carottes et des oignons baissait tous les jours. À la fin du mois, le gouvernement fédéral réimposa des prix maximums pour certains aliments en conserve et certains produits frais, ce qui contribua à stabiliser les prix[56]. La Presse nota qu’à la fin de février 1948, les Montréalaises desserraient les cordons de leur bourse, car les aliments essentiels devenaient plus abordables. Ainsi, les choux qu’elles avaient laissés sur les tablettes des épiciers à trente cents la livre se vendaient maintenant à cinq cents la livre. Les « grèves silencieuses » des acheteuses avaient eu un effet sérieux, affirmait le journal, et les bouchers ainsi que les marchands de produits maraîchers avaient été durement touchés. Les prix de la viande avaient atteint leur sommet au début de janvier et ils avaient baissé un peu après que le gouvernement fédéral eut menacé d’imposer des prix maximums, mais les acheteuses avaient continué à limiter leurs achats de bacon, de bœuf et de saucisses. Vers la fin de février, on rapportait que les glacières des boucheries débordaient de marchandises et que la viande se vendait environ 10% moins cher qu’au début du mois[57]. La consommation de viande, en particulier, était susceptible de diminuer fortement lorsque les prix étaient élevés. Un journaliste du Monde ouvrier découvrit que les mères de la classe ouvrière qui avaient de nombreuses bouches à nourrir et peu de réserves dans leurs armoires de cuisine ne pouvaient pas cesser complètement leurs achats, mais elles avaient tendance à éviter d’acheter des produits chers comme la viande et le beurre[58].  Les différences de classe et de culture se manifestaient aussi clairement dans le choix des boucs émissaires jugés responsables du prix élevé des aliments. Alors que les grands journaux de Montréal désignaient les cultivateurs et les commerçants comme étant les coupables, Le Front ouvrier, journal ouvrier catholique, défendait avec indignation les producteurs ruraux et pointaient plutôt du doigt la spéculation et les tentatives de faire des profits excessifs de la part des importateurs, des marchands de gros et des distributeurs comme causes les plus probables des hausses de prix[59].

Le boycottage des épiceries et des boucheries, en 1947-1948, franchit les frontières de classe et d’ethnicité et se manifesta d’un côté comme de l’autre de la séparation entre le militantisme consommateur organisé et l’action informelle ou entre les besoins privés et l’action publique. Dans cette perspective, il fut à la fois plus étendu et plus diffus que les autres campagnes de consommation de l’après-guerre, comme la bataille pour la légalisation de la margarine en tant que solution de rechange plus économique que le beurre. La margarine devint un enjeu dans l’ensemble du Canada à la fin des années 1940, mais Montréal, ville d’un million de consommateurs, joua un rôle de premier plan dans cette campagne. Dans son histoire de la législation sur la margarine, W.H. Heick affirme que l’interdiction, en 1886, de la fabrication, de l’importation et de la vente de la margarine fut le résultat des pressions exercées par les producteurs de lait et de beurre dans une nation encore très rurale[60]. La société des années 1940, plus urbanisée et devant compter avec un rationnement de la nourriture et un coût de la vie élevé, avait besoin de la margarine comme substitut moins coûteux et plus disponible que le beurre. Le centre de gravité politique du Canada s’était déplacé : « les désirs de 15 000 producteurs de lait, écrit Heick, devaient céder la place à ceux de 13 millions de consommateurs[61]. » Cela ne se ferait cependant pas sans combat. L’enjeu de la margarine, banal en apparence, déclencha un débat non seulement entre les producteurs des campagnes et les consommateurs des villes, mais aussi entre Ottawa et les provinces.

Au Québec, le premier ministre Maurice Duplessis, attentif aux électeurs des campagnes, choisit de faire de la demande pour la margarine une attaque contre les traditions agraires de la province et contre le mode de vie de ses cultivateurs. Il obtint le soutien de l’Union Catholique des Cultivateurs (UCC), qui affirma que la production et la vente de margarine au Québec porteraient un coup fatal à l’industrie laitière de la province et, par conséquent, à son secteur agricole tout entier[62]. Cependant, la migration massive de Québécois des campagnes vers les emplois industriels des villes, pendant la guerre, signifiait qu’à l’intérieur du Québec, l’équilibre entre producteurs et consommateurs de nourriture s’était modifié de façon spectaculaire[63]. Pendant que Duplessis s’occupait des électeurs des campagnes, le nombre grandissant d’habitants des villes qui réclamaient le droit d’acheter de la margarine obtint l’appui des syndicats, des agences de service social et des associations privées ou bénévoles, notamment la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, le Conseil des métiers et du travail de Montréal, la Family Welfare Association de Montréal et le Local Council of Women, le Conseil canadien du bien-être et l’Association canadienne des consommateurs[64]. Des questions de classes et de droits étaient en jeu. En clair, ceux qui avaient le plus besoin de margarine étaient les familles à faible revenu[65].

Les défenseurs de la margarine ciblaient les gouvernements plutôt que les agriculteurs et les commerçants[66] et invoquaient la libre entreprise, le libre choix, la saine concurrence et les besoins des familles dans une démocratie victorieuse. Durant les premières années de l’après-guerre, années de rationnement et de prix élevés des produits alimentaires, le Local Council of Women de Montréal protesta contre « l’interdiction de produire, d’importer et de vendre la margarine », parce que « les familles canadiennes nécessiteuses devaient avoir accès à un substitut du beurre additionné de vitamines[67]. En janvier 1948, Le Front ouvrier signala que le prix du beurre avait grimpé régulièrement depuis l’abolition du contrôle des prix : par quoi les ouvriers le remplaceraient-ils[68]? » Au début de 1948, les sondages montraient que le mouvement en faveur de la margarine gagnait du terrain au Canada. À l’exception notoire des cultivateurs, la majorité des gens s’opposaient alors à l’interdiction de la margarine. Si les sondages montraient que les avis sur la margarine ne se différenciaient pas tellement selon le sexe, La Presse affirma : « C’est la ménagère qui sait mieux que tout autre la rareté du beurre[69]. » Mariana Jodoin, de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, souligna la dimension genrée de la question lorsqu’elle informa la FNSJB que, lors d’une assemblée publique au sujet de la margarine à Montréal, en septembre 1948, « Mme [Thérèse] Casgrain a su, mieux que tous ces Messieurs, traiter la question[70]. »

La décision largement diffusée de la Cour suprême en décembre 1948 – selon laquelle le gouvernement fédéral n’avait pas le droit d’interdire la fabrication ou la vente de la margarine – fut maintenue par le Comité judiciaire du Conseil privé en 1950 et, pour bon nombre de personnes, elle confirma le droit de choisir des consommateurs[71]. Les lobbyistes de la margarine se tournèrent alors vers les autorités provinciales. Ils rencontrèrent en Duplessis un opposant redoutable. La loi provinciale interdisant la margarine fut promulguée en mars 1949 et elle restera illégale au Québec jusqu’en 1961[72]. Le Local Council of Women de Montréal expédia une série de télégrammes à Duplessis, en faveur du droit des consommateurs au « libre choix d’acheter un substitut sain au beurre ». La loi interdisant la margarine, affirmaient les femmes de cette association, portait « atteinte à la liberté personnelle ». Quelle ironie qu’un « gouvernement qui a défendu l’autonomie provinciale » décide de « nier l’autonomie de l’individu dans sa maison et son ménage[73]. » En mettant l’accent sur le libre choix, la liberté personnelle et l’autonomie individuelle, le Local Council of Women formulait des hypothèses sur la citoyenneté et les droits qui étaient de plus en plus répandues à la fin des années 1940. En 1948, l’Association canadienne des consommateurs et le Conseil canadien des femmes affirmèrent que si l’on se trouvait vraiment à une époque de libre entreprise, alors les consommateurs avaient « droit à la protection que [fournissait] la concurrence » entre fabricants, entre produits et entre magasins[74]. C’est aussi le sens des paroles que chantait un artiste populaire montréalais sur un air de calypso bien connu, « Margie Margarine » :

My mother go to the grocery store, [Ma mère va à l’épicerie]

To buy a pound of butter or more [Pour acheter une livre de beurre ou plus]

But the butter price is much too high [Mais le prix du beurre est beaucoup trop élevé]

So mother sit at home and cry … [Alors ma mère reste à la maison et pleure]

This is democracy, I am told, [On me dit que c’est ça, la démocratie,]

So why can’t margarine be sold[75]? [Alors, pourquoi interdire la vente de margarine?]

Conclusions

Le militantisme consommateur avait une très grande pertinence au lendemain de la guerre, entre autres parce que les Québécois, comme d’autres Canadiens, commençaient à modifier leur sens de la citoyenneté. Dominique Marshall a soutenu de façon convaincante qu’à cette époque, les Québécois développèrent une conception plus économique de leur citoyenneté qui incluait les nouvelles mesures de protection sociale comme l’assurance-chômage et les allocations familiales[76]. Ces nouvelles mesures avaient pour but, notamment, de camoufler les clivages ethniques et politiques exacerbés par la guerre et la conscription ainsi que de bâtir un sentiment d’appartenance à l’État fédéral et à une « nation » commune. Ce que Marshall appelle « citoyenneté économique » a été décrit par d’autres historiens et sociologues comme une « citoyenneté sociale », soit un sens de la citoyenneté enraciné, notamment, dans des mesures de protection sociale[77]. Dans le présent article, j’ai employé l’expression « citoyenneté économique » pour désigner la conviction qu’on avait le droit de participer à une économie capitaliste à des conditions raisonnables et, en outre, que l’État avait un rôle à jouer pour faciliter cette participation. Ce sens de la citoyenneté économique avait été alimenté par la propagande des années de guerre, selon laquelle être un bon citoyen signifiait dépenser sagement, ce qui était encouragé par la rhétorique du début de la guerre froide qui cherchait à vendre la supériorité du capitalisme démocratique[78]. De plus en plus, les Canadiens s’attendaient à ce que les récompenses de la citoyenneté incluent des bienfaits aussi tangibles qu’un coût de la vie acceptable[79].

Tout au long des années de guerre et de reconstruction, les syndicats, les sections ouvrières de l’Action catholique ainsi que des hommes et femmes non syndiqués, issus de familles ouvrières, tentèrent de protéger le niveau de vie de la classe ouvrière en réclamant non seulement le maintien du contrôle des prix et des loyers, mais aussi des mesures de protection sociale plus généreuses. Il existait pourtant des visions de la citoyenneté économique opposées à celle-là. Vers la fin des années 1940, et très certainement au début des années 1950, les interprétations dominantes sur la démocratie et la citoyenneté économique tenaient généralement pour acquise la supériorité d’un marché plus ou moins libre[80]. De nombreuses voix s’élevaient pour soutenir que la sécurité offerte par une économie en santé et des programmes de protection sociale financés par l’État empêcheraient le communisme de prendre racine chez les citoyens de la nation. La citoyenneté économique, sociale et politique formait ainsi un tout[81]. En étant des consommateurs disciplinés, les citoyens jouaient un rôle dans la guerre froide et l’endiguement du communisme. En 1950, dans une publication intitulée Why Be Thrifty? (Pourquoi être économes?), le Conseil national des femmes du Canada mettait les femmes en garde contre le communisme, qui poussait dans l’« effondrement économique », mais aussi dans la discipline excessive et les mesures de contrôle rigides, tandis qu’à l’opposé, « la force de la démocratie réside dans le sens de la responsabilité individuelle et l’exercice de l’initiative individuelle[82]. » La démocratie devait être cultivée avec soin; les citoyens, y compris les femmes, avaient des responsabilités tout autant que des droits[83]. Le volet libéral de la citoyenneté économique qui semble avoir pris le dessus dès les années 1950 traçait des liens explicites entre la consommation (genrée) et la participation politique à une démocratie. Renée Vautelet, par exemple, parlait du vote des femmes comme d’« aller au marché », de « faire ses achats, le jour des élections, au magasin de l’expérience en matière de gouvernement », d’« acheter » l’avenir [84]. Dans cette culture politique, on estimait que les militantes consciencieuses réclamant des prix plus bas, une plus grande quantité et un plus grand choix de produits ne faisaient pas obstacle à la bonne marche de l’économie d’après-guerre, mais qu’elles y contribuaient plutôt.

Une politique populaire basée sur les prix avait la capacité de rallier un grand nombre de personnes autour de questions habituellement considérées comme privées, depuis la margarine jusqu’au loyer mensuel. On pourrait penser que le militantisme consommateur rassemblait les acheteuses de toutes les classes sociales dans un effort commun pour gagner la paix. Même si les travailleuses et travailleurs étaient affectés plus durement par l’augmentation du coût de la vie, les citoyennes et citoyens de la classe moyenne déploraient eux aussi publiquement les hausses de prix. Renée Vautelet, par exemple, déclara que la consommation était « le seul sujet économique au Canada qui intéressait l’ensemble du Canada […] notre dénominateur commun […] le seul intérêt commun au pays[85]. » Pourtant, des différences de classe étaient incorporées au militantisme consommateur, à Montréal. L’enjeu d’une politique des prix mettait en lumière la précarité des budgets de la classe ouvrière dans cette ville qui se débattait avec la hausse du coût de la vie. Il recueillait l’accord des citoyennes et citoyens de Montréal précisément parce que, dans bien des cas, chaque sou comptait. Des femmes de la classe ouvrière participaient aux projets de la Ligue ouvrière catholique féminine sur le budget et aux activités en matière de consommation des auxiliaires syndicales. Par-dessus tout, elles économisaient sur tout à la maison, par des formes non organisées de militantisme consommateur. Pour les familles ouvrières, mettre l’accent uniquement sur les prix était nettement inadéquat. Susan Porter Benson le rappelle, en écrivant que la consommation « était étroitement liée au revenu » dans une province où les bas salaires étaient endémiques, les tentatives pour réduire les prix ne pouvaient pas venir à bout de tout[86].

Les femmes de la classe moyenne qui avaient forgé des partenariats avec le gouvernement fédéral pendant les années de guerre, par l’entremise de la Division de la consommation de la WPTB, poursuivaient elles aussi leurs efforts de consommatrices au lendemain de la guerre. En insistant pour que les gouvernements et les citoyens écoutent les ménagères, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, le Local Council of Women et L’Association canadienne des consommateurs rendirent public le travail non rémunéré des femmes[87]. En élaborant ce que l’historienne britannique Sonya Rose a appelé le « discours de la citoyenneté active », ces femmes ont rejoint d’autres Nord-Américaines de l’après-guerre engagées dans des causes centrées sur la famille, notamment les organismes foyer-école, les associations parents-enseignants et les batailles pour les garderies[88].

Sylvie Murray a soutenu à juste titre que le fait de se préoccuper d’enjeux touchant la maison et la famille n’équivalait pas à se retirer dans la famille nucléaire. À Montréal, par exemple, les membres du Notre-Dame-de Grâce Women’s Club s’enseignaient mutuellement la procédure parlementaire et tenaient des séances d’étude sur « la démocratie canadienne en action », partaient en excursion à l’Hôtel de Ville et sur la colline parlementaire et invitaient des conférencières leur parler des « femmes face à un monde en changement » et de « l’éducation en prévision d’un jour nouveau » [89]. Leur point de vue fut habilement résumé en 1948 dans une déclaration de la présidente du Local Council of Women : « comme la politique concerne aujourd’hui la maison et la famille, la politique devrait nous intéresser[90]. » Cette déclaration eut une résonance particulière là où les femmes pouvaient exercer leur droit de vote aux élections provinciales depuis moins d’une décennie. Ces femmes se définissaient certainement comme des citoyennes actives, leurs actions remettant en question certaines idées tenues pour acquises sur la domesticité insulaire des femmes de l’après-guerre et donnant à voir des conceptions plus larges de la politique durant cette période. De plus, elles confirment une abondante documentation démontrant que la « grande noirceur », qui est censée être descendue sur le Québec pendant les années de Duplessis, fut ponctuée de nombreux moments de protestation[91].

L’examen des politiques de prix dans une ville en reconstruction fait apparaître une façon dont « la famille » et les familles furent mobilisées dans leur quête de droits civiques après la guerre. Le militantisme pour la famille et le militantisme consommateur pouvaient l’un et l’autre être déployés au nom de diverses convictions politiques et d’une multitude d’objectifs. On entendait ainsi l’argument maternaliste dans des lieux aussi variés que l’Association canadienne des consommateurs, formée principalement de gens de la classe moyenne, et le journal ouvrier catholique Le Front ouvrier[92]. Pourtant, alors que des organisations aussi différentes que le Local Council of Women et la Ligue ouvrière catholique entretenaient des visions différentes de la famille, les familles dont parlaient ces organismes disparates étaient de plus en plus des unités qui achetaient leurs produits essentiels plutôt que de les produire. Et même si les idées particulières de famille véhiculées pour défendre les droits des consommateurs n’étaient pas toujours identiques, la famille, en tant que concept abstrait, avait un remarquable pouvoir de persuasion à cette époque.

L’activité consommatrice des femmes traversait les frontières entre le privé et le public. Les boycottages pratiqués par les consommatrices, appelés éloquemment « grèves silencieuses », se démarquaient nettement des grèves, par exemple, qui étaient publiques, bruyantes et, à l’occasion, violentes. Non seulement le militantisme consommateur ciblait des établissements plus discrets, mais, de même qu’une bonne partie du travail domestique des femmes, les décisions concernant les produits à acheter et à ne pas acheter étaient prises discrètement, souvent en privé, et se traduisaient par des actes de retenue, qui se faisaient surtout remarquer par leur absence[93]. L’essentiel du militantisme des consommatrices, en fait, était probablement informel et consistait simplement à ne pas acheter lorsque les prix étaient trop élevés[94]. Les délégations de consommateurs et les manifestations de femmes devant l’Hôtel de Ville furent d’importantes exceptions. Visibles et dignes de mention dans les journaux, elles attiraient l’attention publique à la manière des grèves et des occupations de rues par les hommes.

Ce que nous voyons à Montréal, dans les années 1940, ce sont des tentatives de la part de citoyens de la classe ouvrière et de la classe moyenne pour rendre la sphère publique plus démocratique en y élargissant la participation, mais aussi des efforts pour traduire la présence de la population en impact politique. En particulier, les familles de la classe ouvrière qui exposaient au grand jour leurs maigres revenus et dépenses dévoilaient le privé pour tenter de voir se réaliser la rhétorique démocratique des années de guerre. En réclamant et en négociant de nouveaux droits civiques après la guerre – une citoyenneté économique, mais aussi, pour les femmes, une citoyenneté politique sous la forme du suffrage féminin aux élections provinciales, et pour les familles de la classe ouvrière, en particulier, une citoyenneté sociale sous la forme de nouvelles mesures de protection sociale –, les Montréalaises firent pression en faveur d’une sphère publique plus inclusive et utilisèrent la rhétorique de la famille pour étayer leurs revendications.


  1. Traduction de « Counting the Costs of Living: Gender, Citizenship, and a Politics of Prices in 1940s Montreal », The Canadian Historical Review, vol. 83, no 4 (décembre 2002). Pour leurs précieuses observations sur des versions antérieures de cet article, je tiens à remercier Bettina Bradbury, Craig Heron, Joan Sangster, les membres du York Women’s History Group et du Toronto Labour Studies Group, ainsi que les quatre évaluateurs anonymes de la Canadian Historical Review. Je suis également reconnaissante de l’aide financière du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Ramsay Cook Fellowship in Canadian History de l’Université York.
  2. Bibliothèque et Archives Canada (BAC), Association canadienne des consommateurs (CAC), MG 28 I 200, vol. 1, dossier 1 : Program Committee, 29 Sept. 1947.
  3. Cette demande semble corroborer la première partie de l’énoncé en trois volets de Victoria de Grazia, selon lequel « au milieu du XXe siècle, il devint évident que l’accès aux produits de consommation était un droit fondamental de tous les peuples, que la libre entreprise était la mieux placée pour y satisfaire et que celle-ci fonctionnait le plus efficacement lorsqu’elle était motivée par le profit et libre de toute contrainte de la part de l’État ou autrement. » Grazia, introduction de The Sex of Things: Gender and Consumption in Historical Perspective, Berkeley, University of California Press, 1996, p. 2. Le présent article démontre que l’opinion des Canadiennes et des Canadiens sur l’entreprise privée et le rôle proprement dit du gouvernement dans les années 1940 était plus diversifiée que ce que Grazia donne à voir dans les deuxième et troisième volets de son énoncé. Sur le scepticisme de la classe ouvrière à propos de la libre entreprise au cours de la Crise, voir Alice Kessler-Harris, A Woman’s Wage: Historical Meanings and Social Consequences, Lexington, University Press of Kentucky, 1990, p. 74-80.
  4. L’historienne américaine Susan Strasser analyse le rôle de la ménagère en tant que « Mrs Consumer » [« Mme la Consommatrice »] dans une économie capitaliste dans Never Done: A History of American Housework, New York, Pantheon, 1982, chap. 13. Voir aussi Victoria de Grazia, introduction de Establishing the Modern Consumer Household, dans Grazia (dir.), The Sex of Things, p. 152. L’expression « Purses on Legs » [« sacs à main ambulants »] fut employée par Renée Vautelet, réformiste libérale, pour décrire la perception de la population à propos des consommatrices. BAC, Documents Renée Vautelet, MG 30 C 196, vol. 1, dossier : The High Cost of Living, Notes Lib. Womens Fed. (sd).
  5. Susan Porter Benson, « Living on the Margin: Working-Class Marriages and Family Survival Strategies in the United States, 1919-1941 », p. 222, dans Grazia (dir.), The Sex of Things. Au Canada, le militantisme des femmes de la gauche en matière de consommation a été exploré par : Joan Sangster, Dreams of Equality: Women on the Canadian Left, 1920-1950, Toronto, McClelland & Stewart, 1989; Ruth A. Frager, « Politicized Housewives in the Jewish Communist Movement of Toronto, 1923-1933 », dans Linda Kealey et Joan Sangster (dir.), Beyond the Vote: Canadian Women and Politics, Toronto, University of Toronto Press, 1989; Linda Kealey, Enlisting Women for the Cause: Women, Labour, and the Left in Canada, 1890-1920, Toronto, University of Toronto Press, 1998, chap. 2 et 5; Julie Guard, « Women Worth Watching: Radical Housewives in Cold War Canada », dans Gary Kinsman, Dieter K. Buse et Mercedes Steedman (dir.), Whose National Security? Canadian State Surveillance and the Creation of Enemies, Toronto, Between the Lines, 2000.
  6. Cet argument est particulièrement courant dans l’historiographie américaine : voir William S. Graebner, The Age of Doubt: American Thought and Culture in the 1940s, Boston, Twayne Publishers, 1991, p. 1-2; Perry R. Duis, « No Time for Privacy: World War II and Chicago’s Families », dans Lewis A. Erenberg et Susan E. Hirsch (dir.), The War in American Culture: Society and Consciousness during World War II, Chicago, University of Chicago Press, 1996, p. 39. Pour le Canada, voir Doug Owram, Born at the Right Time: A History of the Baby-Boom Generation, Toronto, University of Toronto Press, 1996, chap. 1-3.
  7. Sur la Crise et la honte aux États-Unis, voir Duis, « No Time for Privacy », p. 19-20. Pour le Canada, voir L.M. Grayson et Michael Bliss (dir.), The Wretched of Canada: Letters to R.B. Bennett, 1930-1935, Toronto, University of Toronto Press, 1971.
  8. Denyse Baillargeon, Ménagères au temps de la crise, Montréal, Les Éditions du remue-ménage, 1991, p. 160, 196. Baillargeon met l’accent sur le niveau de consommation très bas dans les familles de la classe ouvrière de Montréal, durant les années 1930. La famille ouvrière, soutient-elle, « représentait davantage un lieu de production que de consommation », du moins jusqu’aux années 1940.
  9. La Presse, 26 mai 1947, « Le mot d’ordre des ménagères de l’ouest », p. 4; 22 sept. 1947, « Une manifestation des ménagères de Paris », p. 1; 20 fév. 1948, « La baisse des prix continue », p. 1. Sur le militantisme des femmes après la guerre, en matière de consommation, voir  James Hinton, « Militant Housewives: The British Housewives’ League and the Attlee Government », History Workshop Journal, vol. 38 (1994), p. 128-156.
  10. John Bohstedt, « Gender, Household, and Community Politics: Women in English Riots, 1790-1810 », Past and Present, vol. 120 (1988), p. 265-284; Judith Smart, « Feminists, Food and the Fair Price: The Cost-of-Living Demonstrations in Melbourne, August-September 1917 », dans Joy Damousi et Marilyn Lake (dir.), Gender and War: Australians at War in the Twentieth Century, Cambridge, Cambridge University Press 1995; Susan Levine, « Workers’ Wives: Gender, Class and Consumerism in the 1920s United States », Gender & History, vol. 3, no 1 (1991), p. 45-64; Dana Frank, Purchasing Power: Consumer Organizing, Gender, and the Seattle Labor Movement, 1919-1929, Cambridge, Cambridge University Press, 1994.
  11. La Presse, 21 oct. 1944, « Exception à la règle », p. 28; BAC, Marion Creelman Savage Papers, MG 30 C 92, vol. 7, dossier : WPTB 1933-1944 [sic], affiche : « The Story of Inflation... in one easy lesson ».
  12. La Presse, 3 janv. 1944, « L’ennemi se dresse, implacable », p. 4; 3 janv. 1944, « La récupération au programme de l’année nouvelle », p. 4; 7 juil. 1944, « Le marché noir est une plaie économique », p. 6. Voir en outre Ruth Roach Pierson, « They’re Still Women After All »: The Second World War and Canadian Womanhood, Toronto, McClelland & Stewart 1986, chap. 1; Geneviève Auger et Raymonde Lamothe, De la poêle à frire à la ligne de feu. La vie quotidienne des Québécoises pendant la guerre ‘39-’45, Montréal, Boréal, 1981; Amy Bentley, Eating for Victory: Food Rationing and the Politics of Domesticity, Urbana, University of Illinois Press, 1998.
  13. Joseph Schull, The Great Scot: A Biography of Donald Gordon, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1979, p. 66-67; La Presse, 21 oct. 1944, « Exception à la règle », p. 28.
  14. BAC, Savage Papers, dossier : WPTB – Consumers’ News 1944-1945; Consumers’ News, May 1945, « The Price of Freedom », p. 1.
  15. La Presse, 7 mai 1945, « L’inflation, le dernier ennemi », p. 4; BAC, Savage Papers, dossier : WPTB 1944-1945, Directive No 4 to Liaison Officers from Byrne Sanders, director, Consumer Branch; dossier : WPTB – Consumers’ News 1944-1945; Consumers’ News , Nov-Dec. 1945, « Why It Could Happen Here », p. 4; dossier : WPTB 1933-1944 [sic], Women’s Regional Advisory Committee, Montréal, Minutes, 19 Sept. 1944.
  16. BAC, Montreal Council of Women (MCW), MG 28 I 164, vol. 2, Minutes, Local Council of Women, 20 Feb. 1946; vol. 5, dossier 6, Local Council of Women 52nd Year Book and Annual Report 1945-1946, Report of the Liaison Officer to the Women’s Regional Advisory Committee (Consumer Branch) of the WPTB.
  17. La Presse : 5 janv. 1946, « Le Canada ne doit pas perdre patience », p. 22; 3 janv. 1947, « Le retour à l’état normal », p. 6. Joy Parr soutient qu’on a délibérément donné moins d’importance à la production de biens ménagers qu’à la reconstruction de l’industrie lourde. Voir Domestic Goods: The Material, the Moral, and the Economic in the Postwar Years, Toronto, University of Toronto Press, 1999, chap. 3.
  18. La Presse, 27 déc. 1945, « La lutte à l’inflation », p. 12; BAC, MCW, vol. 6, dossier 13; Letter from de LCW of Montreal [Food Conservation], 2 Jan. 1948.
  19. Jeff Keshen, « One for All or All for One: Government Controls, Black Marketing and the Limits of Patriotism, 1939-47 », Journal of Canadian Studies vol. 29, no 4 (1994-1995) : p. 126. Sur le marché clandestin, voir aussi Baillargeon, Ménagères, p. 141; La Presse, 29 mai 1946, « Un juge s’élève contre les responsables du marché noir », p. 3; 30 sept. 1946, « Violentes protestations contre le marché noir », p. 11.
  20. La Bonne Parole, mai 1947, témoignage, p. 8.
  21. BAnQ-M, P120, Fonds Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste (FNSJB), P120/12-9, procès-verbaux du Bureau de direction, octobre 1947-mai 1955; Bureau de direction, 18 déc. 1948.
  22. York University Archives (YUA), fonds Maurice Duplessis, 1980-008/001, bobine 7, « Schéma – Discours » [sd], p. 2; bobine 3, discours de Maurice Duplessis [sans date ni titre], p. 14.
  23. La Presse, 4 mai 1946, « Première victoire contre l’inflation », p. 31; 26 juil. 1946, « Le contrôle des prix reste nécessaire », p. 6. Voir aussi Schull, The Great Scot, p. 59, 64.
  24. La Presse, 27 mars 1947, « Au Jour le Jour », p. 13; 4 nov. 1947, « Au Jour le Jour », p. 15.
  25. Ibid., 15 déc. 1945, « Contrôle des prix », p. 30.
  26. Ibid., 3 janv. 1947, « Double moyen pour éviter l’inflation », p. 6; 5 nov. 1947, « La lutte à l’inflation », p. 38; 11 nov. 1947, « Subsides et contrôle des prix réclamés », p. 4; Le Devoir, 16 déc. 1948, « Le contrôle des prix réclamé par deux organisations ouvrières », p. 3.
  27. La Presse, 20 déc. 1947, « Rétablissement du contrôle des prix », p. 30.
  28. Gabrielle Roy, Alexandre Chenevert, [1954], Montréal, Boréal, 1995, p. 213; La Presse: 28 janv. 1947, « Va-t-on soulager le contribuable? », p. 1; 5 mars 1947, « Qui va bénéficier des dégrèvements prévus? », p. 1; 4 fév.1948, « Le fardeau restera assez lourd », p. 6; BAC, MCW, vol. 3, dossier 1A, Minutes, LCW, 19 Nov. 1947.
  29. La Presse, 30 juil. 1947, « L’inflation est connue », p. 6; voir aussi 6 août 1946, « Hausse accélérée du coût de la vie », p. 1; 5 nov. 1948, « Le coût de la vie monte légèrement », p. 7; 5 juil. 1949, « Le coût de la vie continue d’augmenter », p. 17.
  30. BAC, MCW, vol. 3, dossier 1B, procès-verbaux, Sub-Executive Committee of LCW, 1er déc. 1948; Baillargeon, Ménagères, p. 146; Parr, Domestic Goods, p. 85-86. Belinda Davis remarque que « la féminisation de la population du front intérieur » à Berlin, au cours de la Première Guerre mondiale, renforça la croyance populaire selon laquelle les consommateurs étaient des femmes; « Food Scarcity and the Empowerment of the Female Consumer in World War I Berlin », p. 288, dans de Grazia (dir.), The Sex of Things.
  31. BAC, MCW, vol. 2, Procès-verbaux, Local Council of Women, 17 mai 1944. Voir aussi Marion V. Royce, The Effect of the War on the Life of Women: A Study, Genève et Washington, YWCA Mondiale, 1945, où Royce affirme que la mise en œuvre efficace du contrôle des prix « est en grande partie attribuable à la participation volontaire de nombreuses Canadiennes à la Division de la consommation du WPTB » [Commission des prix et du commerce en temps de guerre], p. 62.
  32. BAC, MCW, Vol. 2, Mme E.C. Common President, LCW [Local Council of Women], 3 April 1946. Jeff Keshen soutient que le travail de guerre volontaire dans le domaine de la consommation a peut-être entraîné, pour certaines femmes, « une reconnaissance accrue et une plus grande confiance en elles-mêmes ». Voir « Revisiting Canada’s Civilian Women during World War II », Histoire sociale/Social History, vol. 30, no 60 (1997), p. 245.
  33. BAC, MCW, vol. 12, « Why Be Thrifty? », Ottawa, National Council of Women, 1950; Vautelet Papers, MG 30 C 196, vol. 1, « L’association canadienne des consommateurs » (sans date, mais après sept. 1947).
  34. Magda Fahrni, « Citizenship Under Reconstruction: Women’s Public Claims in 1940s Canada » (communication présentée au colloque « Paroles de femmes dans la guerre », Université de Nantes, 8 juin 2001). Sur les manifestations sur le coût de la vie de la part des prestataires des allocations aux personnes à charge des militaires, voir aussi Nancy Christie, Engendering the State: Family, Work, and Welfare in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 2000, p. 263-264.
  35. BAC, CAC, vol. 1, dossier 1, The Canadian Association of Consumers [Constitution]; Program [29 Sept. 1947]; La Presse, 20 nov. 1947, « Les femmes du Canada s’unissent », p. 4; Parr, Domestic Goods, chap. 4.
  36. BAC, MCW, vol. 11, dossier : MCW Scrapbook, 1942-1959, part 1; newsclipping from The Star, 29 Sept. [1947], « Women Meet to Organize Program ».
  37. La Presse, 3 nov. 1947, « Première réunion de l’Association des Consommateurs », p. 4.
  38. Vautelet Papers, vol. 1, « L’association canadienne des consommateurs » (sd); BAC, MCW, vol. 3, dossier 2, procès-verbaux, Executive Committee of LCW, déc. 1949; La Presse, 28 nov. 1947, « Le devoir des Canadiennes », p. 4.
  39. La Presse, 20 nov. 1947, « Les femmes du Canada s’unissent », p. 4.
  40. Ibid., 3 novembre 1947, « Première réunion de l’Association des Consommateurs », p. 4; La Bonne Parole : juillet-août-septembre 1947, Rapports des comités, Rapport du Congrès du National Council of Women of Canada, p. 13; octobre 1947, « Instrument d’action féminine collective », p. 1.
  41. La Presse, 26 nov. 1947, « La L.O.C. appuie une nouvelle organisation », p. 4. Voir aussi BAnQ-M, Mouvement des Travailleurs Chrétiens (MTC), P257, vol. 24, dossier : DIVERS - Rapport Comités LOCF 9 oct. 1946–30 sept. 1950, Comité National de la LOCF tenu le 20 oct. 1947; Le Front ouvrier, 22 nov. 1947, « Les femmes sont décidées », p. 10-11; BAC, CAC, vol. 1, dossier 3, coupures de The Canadian Unionist, Nov. 1949, « Consumers’ Association Holds Annual Meeting ».
  42. BAC, CAC, vol. 1, dossier 2, CAC, Brief of Minutes of National Annual Meeting, 21-22 sept. 1948. Au moins une personne membre de l’Association canadienne des consommateurs (ACC) était d’avis que « le monde ouvrier [devait] être mieux représenté dans ce groupe ». BAC, CAC, vol. 1, dossier 1, Morning Session, September 30. Sur les liens entre l’ACC et des femmes membres du CCF de l’Ontario, voir Dan Azoulay, « Winning Women for Socialism: The Ontario CCF and Women, 1947-1961 », Labour/Le Travail, vol. 36 (automne 1995), p. 59-90.
  43. Voir, par exemple, Sylvie Murray, « À la jonction du mouvement ouvrier et du mouvement des femmes. La Ligue auxiliaire de l’Association internationale des machinistes, Canada, 1903-1980 », mémoire de maîtrise, Université du Québec à Montréal (UQAM), 1988, p 97-98.
  44. Archives de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Fonds d’Archives du Conseil des Métiers et du Travail de Montréal (CMTM), 103P, dossier : 103P-102/6, procès-verbaux : 23 janv., 13 fév., 27 fév., 10 avril, 12 juin, 27 nov. 1947, 11 mars 1948. Dans l’ensemble du Québec, la Fédération Provinciale du Travail demanda aussi à ses partisans « d’acheter des produits de fabrication syndicale »; Le Monde ouvrier, 14 fév. 1948, p. 8.
  45. Le Front ouvrier, 1er nov. 1947, « M. Abbott dit NON! POURQUOI? », p. 10-11; 6 déc. 1947, « Les unions ouvrières et le coût de la vie », p. 3; 28 fév. 1948, « Une expérience syndicale », p. 2.
  46. Le Monde ouvrier, 31 janv. 1948, « Le Régime alimentaire d’Ottawa », p. 3.
  47. Cité dans Le Front ouvrier, 14 fév. 1948, « Les ménagères n’en reviennent pas! », p. 3. Voir aussi Le Front ouvrier, 17 janv. 1948, « Les prix qui montent! », p. 17.
  48. Joy Parr soutient que les historiens qui étudient l’économie de l’après-guerre feraient bien de chercher des analogies du côté de la pénurie qui sévissait au Royaume-Uni de même que de l’abondance qui régnait aux États-Unis. Domestic Goods, p. 32, 64-65.
  49. BAnQ-M, MTC, P257: vol. 5, dossier : Décisions du conseil national, Décisions prises au conseil national de la Ligue ouvrière catholique (LOC) tenu à Montréal les 22-23 nov. 1947; vol. 5, dossier : Comité national, octobre 1948–septembre 1949, Rapport du comité national conjoint tenu le 28 juin 1949; vol. 5, dossier : Comité national, octobre 1949–octobre 1950, Comité national conjoint de la LOC tenu le 16 sept. 1949; vol. 7, dossier : Rapport MTC et Fédérations, Rapport d’action,comité, 1947, Aperçu des activités de la LOC pour l’année 1945-1946, 26 juil. 1946; vol. 18, dossier : Conseil National, février 1948, Rapport des assemblées du conseil national de la LOC tenues les 28-29 fév. 1948 à Montréal. Voir aussi Le Front ouvrier, 31 janv. 1948, p. 4.
  50. Le Front ouvrier, 16 juil. 1949, « Essor d’une coopérative de consommation », p, 8-9.
  51. La Presse, 25 nov. 1947, « Spéculation injustifiée », p. 3; 26 nov. 1947, « Organisme prêt à agir », p. 3; 2 déc. 1947, « Réactions de la ménagère », p. 4; The Gazette : 20 Nov. 1947, « Fruit, Vegetable Prices Up as Imports Cut but Modification of Law is Forecast », p. 13; 21 Nov. 1947, « Grocers Scour Market for Vegetables as Price Trend Continues Upward Climb », p. 15.
  52. La Presse : 26 nov. 1947, « Organisme prêt à agir », p. 3; 25 nov. 1947, « Spéculation injustifiée », p. 3; The Gazette : 25 nov. 1947, « Enforcement Now Feared Impossible of New Ceilings Announced by Abbott as Grocers, Others Here Hail Action », p. 1; 28 nov. 1947, « Consumer Group to Fight Panic Buying in Montreal », p. 4. Sur la rareté des réfrigérateurs et l’achat quotidien d’aliments dans les familles ouvrières de Montréal, voir Baillargeon, Ménagères, p. 172; Sylvie Taschereau, « Les petits commerçants de l’alimentation et les milieux populaires montréalais , 1920-1940 », thèse de doctorat, UQAM, 1992, p. 202, 293, 317. Sur la nécessité, particulière au Québec, de posséder une glacière, en raison de la prédominance de logements sans chambre froide, voir Parr, Domestic Goods, p. 29.
  53. La Presse, 22 nov. 1947, « “N’achetez pas si c’est trop cher”, dit Mme Marshall », p. 36.
  54. The Gazette, 29 Nov. 1947, « Increased Prices Laid to Producers », p. 7.
  55. La Presse, 25 nov. 1947, « Les fermiers se ravisent », p. 3; 25 nov. 1947, « Grèves de détaillants? », p. 3; 26 nov. 1947, « Le marché mort », p. 3; 27 nov. 1947, « Les acheteurs font la grève, p. 3
  56. Ibid., 25 nov. 1947, « Les fermiers se ravisent », p. 3; 28 nov. 1947, « Le contingent serait mince », p. 3; 29 nov. 1947, « Le commerce se stabilise », p. 27; 20 fév. 1948, « Les réductions sur les agrumes », p. 29
  57. Ibid., 26 fév. 1948, « Les prix se stabilisent », p. 3; 21 fév. 1948, « Les prix maxima de la viande tout prêts », p. 17.
  58. Le Front ouvrier, 17 janv. 1948, « Les prix qui montent! », p. 17. Thérèse Casgrain fit remarquer à l’Association canadienne des consommateurs qu’après la hausse des prix, les quantités de lait livrées dans les quartiers pauvres de Montréal avaient diminué; BAC, CAC, vol. 1, dossier 1, Morning Session, 30 sept.
  59. Le Front ouvrier, 6 déc. 1947, « Les dernières hausses de prix », p. 3; 6 déc. 1947, « Qu’on laisse la paix aux cultivateurs! », p. 3; 6 déc. 1947, « Lettre d’un producteur de lait à des ouvriers », p. 15; 13 déc. 1947, « Qui est coupable? », p. 3; 10 janv. 1948, « Beurre ou margarine? », p. 3; 7 fév. 1948, « Qui fait monter les prix? », p. 1, 10, 11.
  60. W.H. Heick, A Propensity to Protect: Butter, Margarine and the Rise of Urban Culture in Canada, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 1991. Voir aussi Ruth Dupré, « “If It’s Yellow, It Must Be Butter”: Margarine Regulation in North America Since 1886 », Journal of Economic History, vol. 59, no 2 (1999), p. 353-371.
  61. Heick, A Propensity to Protect, p. 73.
  62. Le Devoir, 15 déc. 1948, « L’U.C.C. et la margarine », p. 3; BAC, MG 28 I 200, CAC, vol. 1, dossier 2, Minutes of the Board of Directors Meeting, 10-11 fév. 1948.
  63. Vautelet Papers, vol. 2, « The Community - Its Background and Development » (version révisée, 1951).
  64. La Presse, 21 fév. 1948, Lever l’interdiction sur l’oléomargarine », p. 49; UQAM, CMTM, 103P, dossier : 103P-102/8, Minutes, Montreal Labour Council Meeting, 22 sept. 1949; BAC, MG 28 I 200, vol. 1, dossier 4, Canadian Association of Consumers, Executive Meeting, 9 mars 1949. Renée Vautelet qualifia la manière dont Duplessis traita la question du beurre de « sorte de pot-de-vin politique aux électeurs des campagnes »; Vautelet Papers, vol. 3, dossier : Allocution : Has butter a future? « Has Butter a Future? » (sd).
  65. Dupré, « “If It’s Yellow” », p. 353.
  66. Par exemple, le Local Council of Women de Montréal décida de ne pas appuyer le boycottage du beurre proposé par le Lachine Community Council; BAC, MCW, vol. 3, dossier 2, procès-verbaux, LCW, 16 mars 1949.
  67. La Presse, 3 janv. 1947, « Pas de changement au prix du beurre », p. 6; BAC, MCW, vol. 3, dossier 1A, Report of the Recording Secretaries, 1946-1947.
  68. Le Front ouvrier, 3 janv. 1948, « Spéculation sur le beurre », p. 3.
  69. La Presse, 21 avril 1948, « La vente de la margarine », p. 6.
  70. BAnQ-M, P120, FNSJB, P120/12-9, Procès-verbaux du Bureau de direction, octobre 1947-mai 1955, Bureau de direction, 18 sept., 16 oct. 1948.
  71. Le Devoir, 14 déc. 1948, « La Cour Suprême permet la vente de la margarine », p. 1; 15 déc. 1948, « Nous protégerons les droits de l’agriculture (M. Duplessis) », p. 10; 16 déc. 1948, « La margarine », p. 1; 16 oct. 1950, « La vente de la margarine relève des provinces », p. 1. Voir aussi Heick, A Propensity to Protect, chap. 7; Dupré, « “If It’s Yellow” », p. 356.
  72. La Presse, 18 déc. 1948, « Sort incertain de la margarine dans Québec », p. 1; 5 janv. 1949, « La couleur de la margarine », p. 4; Le Devoir, 16 oct. 1950, « La vente de la margarine relève des provinces », p. 1; Heick, A Propensity to Protect, p. 98, 107; Dupré, « “If It’s Yellow” », p. 356.
  73. BAC, MCW, vol. 5, dossier 7, LCW 55th Year Book and Annual Report 1948-1949, Report of the Economics and Taxation Committee; vol. 3, dossier 2, Minutes, LCW, 19 Jan. 1949; Minutes, Sub-Executive Committee of LCW, 9 March 1949; vol. 7, dossier 25, telegram from Miss Esther W. Kerry, president, LCW of Montreal, to Maurice Duplessis, 13 Jan. 1949; ibid., LCW of Montreal, Third telegram to Mr. Duplessis re Margarine, 5 March 1949. Renée Vautelet déclara également que la loi interdisant la margarine était illégitime, parce qu’elle violait le principe de la liberté démocratique; Vautelet Papers, MG 30 vol. 1, dossier : Faits et chiffres, « Le Soutien des prix favorise-t-il le consommateur? ».
  74. La Presse, 9 déc. 1948, « Concurrence qu’on juge nécessaire. Les consommateurs ont droit à la protection que fournit la concurrence », p. 15.
  75. Cité dans William Weintraub, City Unique: Montreal Days and Nights in the 1940s and ‘50s, Toronto, McClelland & Stewart, 1996, p. 126.
  76. Dominique Marshall, Aux origines sociales de l’État-providence. Familles québécoises, obligation scolaire et allocations familiales, 1940-1955, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1998, p. 264, 274, 291.
  77. Voir, par exemple, T.H. Marshall, « Citizenship and Social Class », dans son ouvrage Class, Citizenship, and Social Development, New York, Anchor Books, 1965; Susan Pedersen, « Gender, Welfare, and Citizenship in Britain during the Great War », American Historical Review, vol. 95, no 4 (1990), p. 983-1006.
  78. Vautelet Papers, vol. 1, dossier : Allocution - Why a Canadian Association of Consumers? (sd); Lizabeth Cohen, « A Consumers’ Republic: The Politics of Mass Consumption in America », communication présentée à l’Université York, Toronto, 2 mars 2000.
  79. Voir Davis, « Food Scarcity and the Empowerment of the Female Consumer »; Parr, Domestic Goods, p. 10, 12.
  80. La Presse, 4 juin 1948, « Avantage qu’il nous faut conserver », p. 6; Le Front ouvrier, 8 janv. 1949, publicité pour la Banque de Montréal, p. 3.
  81. La Presse, 5 mai 1949, « Le communisme est toujours dangereux », p. 13; Archives de l’Université de Montréal (UM), Action catholique canadienne (ACC), P16, dossier : P16/R64, « Vers l’Édification de la famille de demain », Rapport des premières journées d’étude de la Commission française du Conseil canadien du bien-être social, Hôpital de la Miséricorde, Montreal, 9-10 mars 1951; Discours de Me Jean Lesage; BAC, MCW, vol. 3, file 1B, Minutes, LCW, 19 May 1948; Vautelet Papers, vol. 1, file: L’Association Canadienne des Consommateurs, Saint-Vincent-de-Paul (non daté)
  82. BAC, MCW, 12. « Why Be Thrifty? » Voir aussi BAC, CAC, MG 28 I 200, vol. 1, dossier 3, Mme F.E. Wright, présidente, Canadian Association of Consumers, aux présidentes des organisations nationales de femmes, 29 Nov. 1949; Vautelet Papers, vol. 3, dossier : « Notes for talk to Canadian Association of Consumers Annual Meeting,’ [non daté].
  83. Vautelet Papers, vol. 1, dossier : L’Association canadienne des consommateurs, Article pour bulletin provincial (non daté); dossier : Social Reforms for Women, C.B.C. Xmas Eve 4.18 p.m.; dossier : Les droits de la femme, sans titre (non daté).
  84. Ibid., dossier : Brooke Claxton, candidat libéral, texte pour émission radiophonique, 24 juin; Radio Talk for Brooke Claxton, 1er juin; dossier : Assemblée Mackenzie King, élections 1945. Discours, assemblée Mackenzie King, élections 1945 (11 juin).
  85. Ibid., dossier : The High Cost of Living, Notes Lib. Womens Fed. (non daté). Voir également  Parr, Domestic Goods, p. 13.
  86. Benson, « Living on the Margin », p. 236.
  87. Vautelet Papers, vol. 1, « L’industrie oubliée » (1949); « L’association canadienne des consommateurs » (non daté)
  88. En se basant sur l’étude de Jenny Hartley, qui soutient que la guerre a rendu « le foyer » visible, Sonya Rose affirme que l’accent mis sur le mariage et la maternité, durant l’après-guerre, a produit un regain de militantisme féminin au nom des épouses et des mères; Rose, communication présentée à l’Université York, 25 fév. 1999; Jenny Hartley, « Millions Like Us: British Women’s Fiction of the Second World War », Londres, Virago, 1997, p. 54. Pour un exemple canadien, voir Susan Prentice, « Workers, Mothers, Reds: Toronto’s Postwar Daycare Fight », Studies in Political Economy , vol. 30 (automne 1989), p. 115-141. Pour des travaux américains sur le même sujet, voir « Dialogue: Reimagining the Family », Journal of Women’s History , vol. 13, no 3 (2001), p. 124-168.
  89. Murray, « À la jonction du mouvement ouvrier », 120; McGill University Archives, NDG Women’s Club, MG 4023, container 1: 14th Record Book, Minutes, 7 Jan. 1944; 15th Record Book, Minutes of 23rd Charter Day Luncheon, 2 March 1945; 16th Record Book, Minutes, 18 Oct. 1946; 17th Record Book, Minutes, 3 Oct. 1947; 17th Record Book, Minutes, 17 Oct. 1947; 19th Record Book, Minutes, 13 April 1949.
  90. NBACA, MCW, vol. 3, dossier 1B, Minutes, Local Council of Women, 8 Dec. 1948. Voir aussi La Bonne Parole, novembre 1947, « Les femmes et les élections municipales », p. 2.
  91. Pour une évaluation de cette historiographie, voir Yves Bélanger et al. (dir.), La Révolution tranquille. 40 ans plus tard: un bilan, Montreal, VLB Éditeur, 2000.
  92. BAC, CAC, MG 28 I 200, vol. 1, file 3, President’s Remarks, Annual Meeting of Canadian Association of Consumers, 28-29 Sept. 1949; Le Front ouvrier, 22 nov. 1947, « La femme au foyer, une isolée? », p. 17; 6 déc. 1947, « Éditorial féminin. “Gardons le foyer”, p. 17.
  93. Vautelet Papers, vol. 1, dossier : L’Association Canadienne des Consommateurs, Saint-Vincent de Paul (non daté). Mais, comme le remarque Dana Frank, la « visibilité limitée » du magasinage signifiait que « La réussite d’un boycottage était toujours difficile à prouver et son application toujours difficile à vérifier »; Purchasing Power, 248.
  94. Il existe des indications, par exemple, montrant que l’ACC mit du temps, au début, à attirer les « femmes au foyer »; Thérèse Casgrain observa que la majorité des femmes ne faisant pas partie de groupes organisés en matière de consommation étaient probablement les plus touchées par la hausse du coût de la vie; BAC, CAC, MG 28 I 200, vol. 1: file 2, Minutes of the Board of Directors Meeting, 10-11 Feb. 1948; file 1, Minutes, National Conference, 29 Sept. 1947.

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