17 Journal « Un jour de vie », ou Customer Journey Mapping

Le journal représentant un jour de vie est efficace dans les recherches auprès des adolescents ou des parents de jeunes enfants qui ne sont pas encore en mesure de faire un exercice de recherche sur leur propre expérience (NARANJOBOCK 2012a). Ce journal met au diapason les détails d’activités qu’ils pourraient tenir pour acquis. Cet exercice peut être utile pour identifier de nouvelles idées potentielles et décrire leurs expériences et les émotions qui y sont attachées (SANDERS et WILLIAM, 2001).

Dérivé du journal intime, le journal de type « un jour de vie » favorise l’expression et l’exploration de soi. Il s’agit d’une approche fondée sur la combinaison des forces de l’art-thérapie et de l’écriture créative pour générer un dialogue avec l’inconscient. À travers les dessins et leur exploration, on accède à notre espace intérieur qui recèle de réponses à nos questions, de solutions à nos problèmes, et d’une sagesse sans pareille (PODVIN 2012). Le journal permet de faire émerger l’énergie créative et de la ressentir, de la découvrir, de lui donner plus d’espace et de la laisser s’exprimer à son plein potentiel (PODVIN 2012). Le journal de type « un jour de vie » peut se présenter de différentes façons : en images, en photos ou encore en post-its illustrés.

 

Figure 18.Journal « Un jour de vie »: la boite à outils développée par S. Hussain and E.B.-N. Sanders lors de l’étude auprès des enfants utilisant les prothèses de jambes au Cambodge (HUSSAN et SANDERS 2012 : 23).

La Figure 18 présente les outils du journal de type « un jour de vie » tels que développés par Hussan et Sanders dans leur étude auprès des enfants utilisant des prothèses de jambes dans les zones rurales du Cambodge. Une série de dessins et de mots a été fournie aux enfants. Ils pouvaient les utiliser pour décrire leurs activités quotidiennes ou s’en inspirer pour créer leurs propres dessins. Une ligne droite et une ligne circulaire ont aussi été fournies aux enfants pour les guider dans la chronologie des événements. On a proposé de placer les événements positifs au-dessus de la ligne chronologique alors que les événements associés à des sentiments négatifs iraient plutôt sous la ligne (Hussan et Sanders, 2012).

Tous les enfants ont favorisé la façon linéaire de présenter leur jour de vie. L’exercice de description de leur journée a montré que les enfants ont fait de nombreuses activités au bénéfice de leur famille tout au long de la journée et ont passé davantage de temps à l’extérieur que les enfants en Occident.

Le journal de type « un jour de vie » facilite une communication plus structurée entre les enfants et les concepteurs quant aux activités effectuées dans la journée. Généralement, les enfants du Cambodge rural ne sont pas interrogés sur leurs opinions, leurs pensées ou leurs sentiments, encore moins sur leurs rêves. Ils ne sont donc pas à l’aise de partager leurs idées avec des inconnus. Pourtant, dans l’exercice de description du journal de type « un jour de vie », les rêves des enfants ont spontanément vu le jour. En effet, les enfants ont incorporé des éléments souhaités à leur description journalière (Hussan et Sanders, 2012).

Ainsi, un enfant a dédié quelques images de son journal à des activités ne faisant pas partie de son quotidien, mais plutôt le fruit de son imagination. Il a ajouté un dessin d’un tuk-tuk, soit un pousse-pousse motorisé, et d’une moto tout en expliquant qu’il souhaitait se rendre plus facilement à l’école, mais ne pouvait pas se permettre d’acheter de tels véhicules (Figure 19).

 

Figure 19. Un exemple du journal d’un jour de vie de Sockeat, le garçon de 12 ans, dans la zone rurale du Cambodge (HUSSAN et SANDERS 2012 : 26).

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