2 Histoire du design participatif

Dans les 60 dernières années, un nouveau mouvement a pris de l’ampleur chez les designers américains : l’implication du futur utilisateur dans la conception de produits et services lui étant destinés. Les manufacturiers se sont ouverts aux besoins des individus en pratiquant un design centré sur l’utilisateur. L’utilisateur devient donc le sujet de la recherche en design. Pour ce faire, les designers observent l’utilisateur dans ses tâches de travail et/ou lui demandent son opinion sur les produits existants (Bjerknes et Bratteteig, 1995).

Depuis les années 70, la population scandinave a de plus en plus été invitée à participer l’information, l’édition et la conception de futurs produits. Cette nouvelle approche en design participatif commence à peine à jouir d’une reconnaissance aux États-Unis. Elle a été mise en place de manière à rehausser la valeur de la production industrielle en engageant des travailleurs dans le développement de nouveaux systèmes en milieu de travail (Shuler et Namioka, 1993).

Les premières tentatives de conceptualiser le design participatif en tant que théorie de conception pragmatique référaient à Wittgenstein et sa philosophie du langage-jeu (Ehn, 2008). Dès lors, le design participatif a été considéré comme un processus de conception impliquant une participation significative des utilisateurs professionnels et des designers et utilisant des jeux de langage se tissant avec le design. Ce design repose sur des artefacts comme des prototypes ou des jeux de conception aidant à déterminer les limites de l’objet ou du produit ainsi qu’à lier les différents jeux de langage (Wittgenstein, 1953 ; Ehn, 1998 ; Star, 1989 d’après Ehn, 2008). Dès lors, le défi, dans la conception, réside dans la préparation du terrain pour concevoir un jeu de langage qui soit familier tant aux professionnels des différentes parties prenantes qu’aux utilisateurs ou « laydesigners » et aux designers professionnels (Ehn, 2008). Le design participatif met en commun l’expertise de designers, de chercheurs et des personnes touchées par le changement. Cette approche se construit sur les expériences des travailleurs eux-mêmes pour leur fournir les ressources nécessaires pour agir sur leur situation actuelle (Bodker, 1996 d’après Sanders et Stappers, 2008). Pour améliorer les connaissances sur le système et démocratiser ce dernier, on donne le droit aux membres de l’organisation de participer aux décisions susceptibles d’affecter la qualité de leur travail (Livari et Hirschheim, 1992 ; Karasti 1994 d’après Bjerknes et Bratteteig, 1995).

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