3 Design participatif et design classique

Le design participatif fonctionne sur plusieurs modes spécifiques qui le différencient du design traditionnel. Premièrement, le design participatif s’éloigne de la simple informatisation des tâches. Au contraire, il tente de fournir aux humains de meilleurs outils pour faciliter leurs tâches de travail et améliorer leurs compétences. Deuxièmement, le design participatif considère que les gens eux-mêmes sont dans la meilleure position pour déterminer comment ils peuvent améliorer leur propre travail et leur vie professionnelle. Par conséquent, le design participatif transforme radicalement la relation traditionnelle entre designer et utilisateur. Il considère l’utilisateur comme le seul expert de son expérience et le meilleur connaisseur de ses besoins, alors que le designer devient essentiellement un consultant technique. Troisièmement, le design participatif considère la perception populaire de la technologie comme un facteur important de son succès. Les sentiments des utilisateurs face à la technologie sont un bon moyen de savoir ce qu’ils en feront. Finalement, les fondements du design participatif transforment les ordinateurs et les applications : de produits isolés, ils deviennent des outils importants dans les processus du milieu de travail (Shuler et Namioka, 1993 : xi).

La participation des utilisateurs au centre ou à la fin du processus de conception n’est pas suffisante pour induire le développement de produits et de services centrés sur l’humain. En effet, il faut exploiter la créativité de tout au chacun dès le début du processus du design participatif (Sanders et William, 2001) pour concevoir l’imprévisible et préparer des positions de repli (De Boho, 2004). La créativité multiplie les possibilités dont l’information et la logique peuvent par la suite évoluer.

Les gens souhaitent s’exprimer directement et activement et participer au processus de conception (Sanders, 1999a ; Sanders et Stappers, 2003). Les utilisateurs de produits, d’interfaces, de systèmes et d’espaces ont pris conscience de leur énorme influence collective sur les réseaux et commencent donc à les utiliser pour obtenir ce qu’ils veulent, quand ils le veulent et comment ils le veulent. Ces nouvelles règles en appellent à de nouveaux outils (Sanders, 1999a). La Figure 1 illustre la différence entre le design classique et le design participatif.

 

Dans le design classique l'utilisateur laisse sa voie dans les recherches, le chercheur utilise ces informations pour créer des rapports et le designer se base sur les rapports pour sa conception. Dans le design participatif, les trois rôles (utilisateur, rechercheur et designer) sont mis ensemble pour la conception.
Figure 1. Le modèle d’Elizabeth Sanders des rôles de l’utilisateur, du chercheur et du designer dans le design centré sur l’utilisateur (classique) et dans le design participatif (co-design) (SANDERS et STAPPERS 2008 : 8.

Le design participatif est une pratique émergente qui propose diverses activités impliquant les non-designers à l’ensemble du processus de conception. Les utilisateurs potentiels du futur produit ou service, de même que son équipe de développement, sont issus de disciplines dépassant le design comme le marketing, l’ingénierie, les ventes, etc. Les champs du design participatif et de la recherche en design vont continuer à évoluer, si bien que le design deviendra synonyme de recherche. Dans la pratique, on voit que les designers industriels ayant de nombreuses années d’expérience en développement de produits migrent à présent vers de nouveaux rôles comme chercheurs en conception.

Le futur design participatif deviendra donc une collaboration étroite entre toutes les parties prenantes au processus de développement, et ce, à travers différents types de cultures, comme la culture disciplinaire, d’entreprise, la culture ethnique, la vision du monde ou la mentalité (Sanders et Stappers, 2003).

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