3.3: Le CODP et les accommodements

Femme en fauteuil roulant avec un chien-guide, deux interprètes en langage des signes signant et une place de stationnement pour personnes handicapées
(sammateocountyphotos, 2012; PittCaleb, 2013; taberandrew, 2008)

Idéalement, le développement d’un cours utilisant les principes de la CUA et suivant les lignes directrices en matière d’accessibilité répondra de manière proactive aux besoins de tous les étudiantes et étudiants. Ceci comprend les mesures de soutien indiquées dans les demandes d’accommodement. Cela devrait permettre de réduire le temps passé à adapter les composantes du cours après coup. Cependant, comme il n’existe pas d’approche unique de l’apprentissage, le besoin de mesures d’adaptation individuelles dans un environnement d’apprentissage sera toujours présent. En concevant un cours en tenant compte de l’accessibilité et en utilisant les principes de la CUA, la réponse aux demandes individuelles devrait nécessiter moins de travail.

En vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario (CDPO), toute personne est protégée contre la discrimination tant directe qu’indirecte dans les « services », fondée sur des motifs protégés. Cette protection inclut l’éducation puisque l’éducation est un service au sens du Code. Cela signifie que les étudiants et étudiantes en situation de handicap sont protégés par le Code. Celui-ci prévoit également des protections pour les personnes qui subissent des représailles ou qui sont menacées de représailles pour avoir tenté d’exercer leurs droits fondamentaux (CODP, 2003).

« L’éducation au sens large est un « service » aux termes du Code. Les « services d’éducation » portent notamment sur l’acquisition des connaissances, les normes scolaires, l’évaluation et l’accréditation  ».

 

— Commission ontarienne des droits de la personne, 2004

Principes d’accommodement en vertu du Code

Les mesures d’adaptation pour les étudiants et les étudiantes en situation de handicap sont régies par la Charte des droits et libertés et par les lois provinciales sur les droits de la personne, comme le Code des droits de la personne de l’Ontario adopté en 1962. Le Code des droits de la personne de l’Ontario(opens in a new tab) rend illégale toute action discriminatoire à l’égard des personnes fondée sur des motifs protégés dans un domaine social protégé.

En lisant la liste suivante, demandez-vous si l’un de ces motifs ou domaines sociaux vous semble protégé ? Si oui, pourquoi ? Y a-t-il des motifs ou des domaines que vous vous attendiez à voir et qui n’apparaissent pas ici ? Quels sont ces motifs ou ces domaines ?

Ces motifs sont les suivants : Les secteurs sociaux protégés
  • L’âge
  • L’ascendance, la couleur, la race
  • La citoyenneté
  • L’origine ethnique
  • Le lieu d’origine
  • La croyance Un handicap
  • L’état familial
  • L’état matrimonial (y compris le célibat)
  • L’identité sexuelle, l’expression de l’identité sexuelle
  • L’assistance sociale (en matière de logement seulement)
  • Le casier judiciaire (en matière d’emploi seulement)
  • Le sexe (y compris la grossesse et l’allaitement)
  • L’orientation sexuelle
  • L’hébergement (logement)
  • Les contrats
  • L’emploi
  • Biens, services et installations
  • L’adhésion à un syndicat ou à une association commerciale ou professionnelle.

Qu’est-ce qu’un accommodement ?

Les mesures d’adaptation sont un moyen de prévenir et d’éliminer les obstacles qui empêchent, entravent ou empêchent les étudiantes et étudiants en situation de handicap de participer pleinement à l’environnement éducatif d’une manière qui soit accessible et appropriée à leur situation unique. Le principe de l’accommodement implique trois considérations : la dignité, l’individualisation et l’inclusion (CODP, 2004).

Définition d’un accommodement approprié

Il existe une grande variété d’aménagements offerts aux étudiantes et étudiants en situation de handicap au niveau postsecondaire. Ces aménagements peuvent inclure :

  • Adaptations visant à améliorer l’accessibilité physique des installations
  • Fourniture ou formation sur les technologies adaptatives
  • Services d’interprétation en langue des signes
  • Sous-titrage en temps réel
  • Enregistrement des cours
  • Soutien en classe comme, par exemple, support pour la prise de notes
  • Modifications des méthodes d’évaluation, telles que l’allongement de la durée de l’examen, ou des formats d’examen alternatifs

Le processus d’adaptation dans l’enseignement postsecondaire est principalement la responsabilité des Services d’accommodements scolaires. Il incombe à ce bureau de recueillir et de conserver la documentation pertinente à l’appui de la demande de mesures d’adaptation, de travailler avec les étudiants et étudiantes à l’élaboration de leur plan d’adaptation et de préparer les communications à transmettre au personnel enseignant.

Politique d’accessibilité à l’éducation pour les étudiants et étudiantes en situation de handicap

Within a honeycomb graphic, small icons that represent different media types are featured. Examples include hands signing, the assistive listening devices symbol, wifi symbol, and headphones symbol.

La Commission ontarienne des droits de la personne a publié la politique sur l’éducation accessible aux élèves handicapés(opens in a new tab). Cette politique a été conçue pour aider les pédagogues à reconnaître et à remplir leurs obligations en vertu du Code. L’intention est de créer une expérience éducative plus inclusive grâce à des politiques et des procédures qui aideront à prévenir et à éliminer les obstacles. En outre, la mise en œuvre efficace de cette politique permettra de régler les problèmes avant que des plaintes relatives aux droits de la personne ne soient déposées auprès du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO).

Voici les mesures que les prestataires de services éducatifs peuvent prendre pour donner aux étudiants et étudiantes en situation de handicap les meilleures chances de participer pleinement aux services éducatifs :

ÉTAPE 1 : Promouvoir une conception inclusive
ÉTAPE 2 : Retirer les obstacles
ÉTAPE 3 : Accommoder les besoins qui restent (CODP, s.d.)

Le saviez-vous ? 
La CODP exige que tous les établissements d’enseignement postsecondaire aient une politique sur les mesures d’adaptation scolaires qui décrit le processus d’examen et de révision des mesures d’adaptation. Vous voudrez peut-être revoir le processus de gestion des mesures d’adaptation de votre établissement pour vous assurer que vous suivez le processus et que vous vous adressez aux services de soutien qui peuvent vous aider.

L’obligation d’accommodement

L’obligation d’accommodement repose sur l’établissement d’enseignement dans son ensemble — et non seulement sur le service spécifique aux accommodements scolaires. Tous les membres de l’établissement postsecondaire ont un rôle à jouer (CODP, 2018). Par exemple :

  • Le corps professoral et le personnel ont le devoir de s’informer sur les questions liées aux handicaps, d’interagir avec les étudiantes et étudiants de manière non discriminatoire, de s’engager dans le processus d’adaptation et de fournir des adaptations appropriées jusqu’à ce qu’il y ait contrainte excessive.
  • Le personnel et le corps enseignant responsables de la conception ou de l’élaboration d’installations, de services, de politiques, de processus, de cours ou de programmes d’études nouveaux ou révisés ont la responsabilité de veiller à ce que ceux-ci soient conçus de manière inclusive, en tenant compte des besoins des personnes en situation de handicap.
  • Des processus et des lignes directrices claires et raisonnables pour la recherche de mesures d’adaptation devraient être établis dans tous les établissements postsecondaires, et ils devraient être clairement communiqués à tous les étudiants et étudiantes.
  • Le processus d’adaptation, ainsi que son résultat, doivent respecter la dignité des personnes concernées et tenir compte de l’importance de leur intégration et de leur pleine participation. Toute planification de l’accessibilité doit reconnaître que les personnes en situation de handicap sont des parties prenantes importantes du processus.

Devoir de se renseigner 8.6.1

En général, l’obligation d’adaptation à une situation de handicap existe pour les besoins qui sont connus ou qui devraient être connus. En règle générale, on n’attend pas des prestataires de services scolaires qu’ils s’adaptent à des situations de handicap dont ils ne sont pas conscients. Cependant, dans certaines circonstances, un professeur ou professeure pourrait remarquer qu’un étudiant ou une étudiante qui avait de bons résultats commence soudainement à éprouver des difficultés ou que son comportement en classe change soudainement.

Une façon respectueuse de demander serait de :

  • Demander si l’étudiant ou l’étudiante a besoin d’un soutien quelconque pour l’aider à participer efficacement dans ses études.
  • Les étudiantes et étudiants ne doivent pas être poussés à partager plus d’informations que nécessaire.

Si l’étudiant ou l’étudiante révèle avoir besoin d’un soutien, le professeur ou professeure doit l’orienter vers les services d’accommodements scolaires qui pourront l’aider à obtenir le soutien dont il ou elle a besoin et auquel il ou elle a légalement droit.

Confidentialité et protection des informations liées à la situation de handicap

Les étudiantes et étudiants de niveau postsecondaire ne devraient pas être tenus de révéler leurs renseignements médicaux privés au personnel enseignant, personnel administratif, etc. ou de demander des mesures d’adaptation directement à ces derniers, comme condition pour recevoir des mesures d’adaptations scolaires (CODP, 2018).

Afin d’éviter l’étiquetage ou les stéréotypes, il est essentiel de maintenir la confidentialité. L’établissement dans son ensemble a la responsabilité de veiller à ce que les informations médicales en sa possession soient sécurisées et que le droit à la vie privée et à la confidentialité soit protégé. Il est essentiel que les informations demandées se limitent à ce qui est spécifiquement nécessaire pour l’aménagement, lequel est souvent géré par les services d’accommodements scolaires. En général, la divulgation de la situation de handicap ne devrait être partagée que si la personne concernée le souhaite.

Les lettres ou plans d’adaptation fournis par les services d’accommodements scolaires au personnel enseignant ne doivent pas inclure un diagnostic. Elles doivent indiquer les mesures d’adaptation nécessaires pour permettre à l’étudiante ou à l’étudiant d’avoir des chances égales d’atteindre le même niveau de performance ou de bénéficier du même niveau d’avantages et de privilèges que les autres.

Préjudice injustifié

Les prestataires de services scolaires ont l’obligation légale de prendre des mesures d’adaptation pour les étudiants et étudiantes en situation de handicap tant que cela ne constitue pas une contrainte excessive. Dans de nombreux cas, il ne sera pas difficile d’accommoder la situation de handicap. L’adaptation peut simplement consister à assouplir les politiques, les règles et les exigences. Bien que cela puisse entraîner certains désagréments administratifs, ces derniers ne constituent pas en soi un facteur d’évaluation de la contrainte excessive.

Le Code ne prescrit que trois éléments à prendre en compte pour déterminer si un aménagement entraînerait une contrainte excessive :

  • Coût
  • Sources de financement extérieures, le cas échéant
  • Exigences en matière de santé et de sécurité, le cas échéant

Aucune autre considération ne peut être prise en compte en vertu de la loi ontarienne. Par conséquent, des facteurs tels que les inconvénients pour l’établissement, le moral des étudiantes et étudiants ou du personnel enseignant, les préférences de tiers et les conventions collectives ne sont pas des considérations valables pour évaluer si une mesure d’adaptation causerait une contrainte excessive.

Il est important de noter que le seuil de « contrainte excessive » est assez élevé et que la charge de la preuve incombe à l’établissement d’enseignement.

La Commission a adopté la position suivante : « la liberté de l’enseignement n’est pas liée à l’obligation d’accommodement et ne devrait pas constituer un moyen de défense en regard de mesures d’adaptation pour les personnes handicapées » (CODP, 2003, p. 68). L’objectif de la liberté académique est de protéger le rôle particulier des établissements d’enseignement supérieur dans la libre recherche de la vérité et sa libre expression. En tant que telle, elle concerne principalement la liberté de recherche et d’expression dans l’enseignement. Il sera rare qu’un aménagement lié à une situation de handicap empiète sur la liberté académique.

Une fois qu’il ou elle a bénéficié d’une mesure d’adaptation appropriée, l’étudiant ou l’étudiante doit être en mesure de répondre à des exigences académiques justifiées, telles que le respect des normes académiques d’admission, la démonstration de compétences spécifiques, la maîtrise du programme d’études et la réussite de la formation, du cours ou du programme.

Dans un cas, le TDPO a déclaré (cité dans OHRC, 2018) :  

« L’accommodement des élèves handicapés a pour but de permettre à ces élèves de faire la démonstration de leur maîtrise de la matière et des compétences requises pour réussir le cours, sans subir de désavantage en raison de leur handicap […] L’accommodement ne modifie pas les normes scolaires servant à déterminer si le cours a été réussi ou non ».

Les prestataires de services scolaires, en particulier au niveau postsecondaire, devraient clairement définir les exigences académiques véritables d’un cours ou d’un programme, afin d’améliorer la transparence, la cohérence et l’équité, et pour que les étudiantes et étudiants sachent ce qu’on attend d’eux. Par exemple, il est probable qu’il soit essentiel qu’un étudiant ou une étudiante maîtrise un aspect essentiel du programme d’un cours. Il est beaucoup moins probable qu’il soit essentiel de démontrer cette maîtrise dans un format particulier, à moins que la maîtrise de ce format (par exemple, la communication orale) soit également une exigence vitale du programme.

Cette vidéo de la CODP (2013), Travailler ensemble: Partie 3. Comprendre l’obligation de tenir compte des besoins [5:31], explique brièvement vos droits et responsabilités en vertu du Code et de la LAPHO.

Activité 3: Réflexion sur l’étude de cas

Repensez à votre cours HyFlex de l’activité 1. Il y a une présentation de groupe obligatoire en classe. Comme vous vous en souvenez, un étudiant a fait une demande pour une adaptation qui implique de limiter les présentations orales. Lorsqu’il prend en compte les options d’accommodement, vous considérez les possibilités suivantes :

  • Demander à l’étudiant bénéficiant de mesures d’adaptation de faire savoir au groupe qu’il a des mesures d’adaptation afin qu’il puisse définir son rôle au sein du groupe (dignité ?).
  • Demander à I’étudiant en situation de handicap de présenter seul (pleine participation/inclusion ?).
  • Placer tous les étudiants et étudiantes ayant des adaptations dans un même groupe et leur donner du temps supplémentaire pour effectuer le travail (individualisé ?).

Pour chaque solution proposée, pouvez-vous identifier quel principe de considération est impliqué? Ces considérations sont-elles satisfaites par les solutions proposées? Pourquoi ou pourquoi pas? Que devriez-vous faire pour respecter les obligations?


Nous vous invitons à enregistrer votre réflextion de la manière qui vous convient le mieux, ce qui peut inclure l’écriture, le dessin, la création d’un fichier audio ou vidéo, une carte mentale ou toute autre méthode qui vous permettra de réfléchir et de vous référer à vos pensées.

Un espace de prise de notes en mode texte est également proposé ci-dessous. Toutes les notes que vous prenez ici restent entièrement confidentielles et ne sont visibles que par vous. Utilisez cet espace comme bon vous semble pour garder une trace de vos réflexions, de votre apprentissage et de vos réponses aux activités. Téléchargez une copie texte de vos notes avant de passer à la page suivante du module pour vous assurer de ne rien perdre de votre travail !


Références

CODP. (2013, Mar 14). Travailler ensemble: Partie 3. Comprendre l’obligation de tenir compte des besoins [Video]. YouTube. https://youtu.be/fwqxonTwZVM

Commission ontarienne des droits de la personne [CODP]. (2003). Une chance de réussir: Éliminer les obstacles à l’éducation pour les personnes handicappées.      https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/attachments/The_opportunity_to_succeed%3A_Achieving_barrier-free_education_for_students_with_disabilities_fr.pdf

Commission ontarienne des droits de la personne [CODP]. (2004). Principes de l’adaptation. Directives concernant l’education accessible. https://www3.ohrc.on.ca/sites/default/files/Guidelines_on_accessible_education_fr.pdf

Commission ontarienne des droits de la personne [CODP]. (2016). 8. Obligation d’accommodement. Politique Sur Le Capacitisme et La Discrimination Fondée Sur Le Handicap. https://www.ohrc.on.ca/fr/politique-sur-le-capacitisme-et-la-discrimination-fond%C3%A9e-sur-le-handicap

Commission ontarienne des droits de la personne [CODP]. (2018). Politique: L’éducation accessible aux élèves handicapés. https://www.ohrc.on.ca/sites/default/files/Politique%20sur%20l%27éducation%20accessible%20aux%20élèves%20handicapés_FINAL_FR.pdf

PittCaleb. (2013). Sign Language Interpretation. [Image]. https://wordpress.org/openverse/photos/a2451f35-8c79-4ece-9f63-211dcb3d92d6. CC BY-NC-ND 2.0. 

sammateocountyphotos. (2012). Chair user with companion dog. [Image]. https://wordpress.org/openverse/photos/286119f9-faf4-4789-83d3-f8815c0986f8. CC BY-NC-SA 2.0.

taberandrew. (2008). Disabled Parking. [Image] https://wordpress.org/openverse/photos/49680af4-3fdf-408c-806b-e3a6d0d0dbbd. CC BY 2.0.

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