6.4: La CUA pour les pédagogies autochtones
Les pédagogies autochtones sont utilisées sur l’île de la Tortue (Amérique du Nord) pour enseigner et transmettre les connaissances depuis des temps immémoriaux. Un résumé rapide des principes d’apprentissage des peuples autochtones, offert par le First Nations Education Steering Committee en Colombie-Britannique, aborde bon nombre des sujets identifiés dans le module sur les pédagogies autochtones.
Étant donné que la conception universelle de l’apprentissage porte sur des approches d’enseignement et d’apprentissage équitables, les neuf principes suivants « favorisent en fin de compte le bien-être de soi, de la famille, de la collectivité, de la terre, des esprits et des ancêtres (First Nations Education Steering Committee, s.d.) ».
- En fin de compte, l’apprentissage contribue au bien-être de soi, de la famille, de la collectivité, de la terre, des esprits et des ancêtres.
- L’apprentissage est holistique, réflexif, réfléchi, expérientiel et relationnel (axé sur la connectivité, les relations réciproques et le sens du lieu).
- L’apprentissage implique de reconnaître les conséquences de ses actes.
- L’apprentissage implique des rôles et des responsabilités générationnels.
- L’apprentissage reconnaît le rôle du savoir autochtone.
- L’apprentissage est ancré dans la mémoire, l’histoire et les récits.
- L’apprentissage exige de la patience et du temps.
- L’apprentissage nécessite l’exploration de son identité.
- L’apprentissage implique de reconnaître que certaines connaissances sont sacrées et ne peuvent être partagées qu’avec permission et/ou dans certaines situations.
.Dans la mesure du possible, ces principes devraient être pris en compte et adaptés pour aider à créer un climat d’inclusion pour tous les apprenantes et apprenants, mais en particulier pour ceux et celles des Premières Nations, des Métis et des Inuits.
Utilisation des principes de la CUA
L’objectif de la CUA est d’aider les apprenants et apprenantes à devenir maîtres de leur apprentissage tout en respectant la façon selon laquelle ils et elles peuvent le mieux réaliser leurs objectifs d’apprentissage et leurs besoins. Comme indiqué au module 6.1, « Chaque décision que nous prenons en tant que pédagogues comporte des biais inconscients. ». La mise en œuvre de la CUA aide les pédagogues à créer un espace pour les pédagogies autochtones dans leur contenu, tout en aidant à soutenir les besoins innés et l’autodétermination de tous et de toutes, en mettant un accent approprié sur les besoins des étudiantes et étudiants autochtones.
Pour revenir à l’étude de cas 2 mentionnée au module 6.1, deux points de vue devraient être examinés. Tout d’abord, l’étudiante ou l’étudiant qui est loin de sa communauté et qui ne sent pas de lien avec le cours ou les lectures assignées peut se prévaloir de l’UDL en utilisant l’action et l’expression. Cette personne pourrait bénéficier de l’utilisation des multimédias pour rechercher diverses formes de contenu autochtone dans le cours. Par exemple : Isaac Murdoch, Conteur sur YouTube.
Le membre du corps professoral qui se sent mal à l’aise quant à ses propres compétences pour enseigner des éléments autochtones pourrait utiliser l’engagement de la CUA pour commencer à acquérir des compétences en matière de savoirs autochtones. En faisant appel à un engagement avec des porteurs de savoirs autochtones, le membre du corps professoral aura mis en pratique les lignes directrices sur la représentation, l’action et l’expression, mais en mettant l’accent sur les savoirs et la communauté autochtones, ce qui, en retour, aidera les étudiants et étudiantes autochtones à connaître la réussite dans leurs études.
Le professeur ou la professeure peut se sensibiliser à d’autres formes de soutien qui n’existent pas au niveau institutionnel en demandant des conseils à d’autres établissements postsecondaires ou à d’autres organisations. Des organismes comme la Fondation autochtone de guérison (FADG) offrent d’excellents programmes, des ressources et du soutien au grand public qui partage les mêmes préoccupations que le professeur ou la professeure. Les pédagogues peuvent commencer par observer ce que font les autres établissements d’enseignement postsecondaire, y compris les collèges, ainsi que les conseils scolaires (ils ont généralement recours à un consultant ou une consultante autochtone pour les programmes et les pédagogies autochtones).
La FADG serait en mesure d’apporter son soutien aux pédagogues en leur proposant éventuellement des programmes pour leur permettre de se sentir à l’aise et en confiance pour présenter des éléments autochtones dans leurs cours. Par exemple, la rédaction d’une reconnaissance respectueuse du territoire consisterait à se renseigner sur le territoire où se trouve l’établissement scolaire et sur la façon dont l’histoire s’est déroulée.
La FADG pourrait également aider les pédagogues à trouver et à inviter une personne détentrice du savoir autochtone à donner des cours à titre d’invitée. Par exemple, l’enseignement au sujet de la roue de médecine exige une personne détentrice du savoir autochtone parce que ces enseignements sont si vastes et que chaque Première Nation aurait une version différente des enseignements selon l’emplacement géographique.
L’établissement de relations réciproques avec des organisations comme les centres étudiants autochtones, les centres d’amitié, d’autres établissements postsecondaires et les communautés autochtones fournira ce dont le professeur ou la professeure a besoin, pour que, lorsque ce scénario se reproduira, les ressources et le soutien authentiques soient à sa disposition.
Parmi les autres défis courants liés à l’éducation autochtone et liés aux ressources que les membres du corps professoral devraient connaître, citons : l’accès au transport, l’accès à des textes abordables, l’accès à une technologie fiable et l’accès à des espaces sûrs.
Le colonialisme et la Loi sur les Indiens ont créé des obstacles systémiques qui font continuellement fi des connaissances et des voix autochtones. Pour lutter contre les obstacles systémiques, les membres du corps professoral peuvent mettre en œuvre les lignes directrices de la CUA afin de fournir des options favorisant la réduction des obstacles et un environnement d’apprentissage plus holistique. Par exemple, des options de soumission d’évaluation qui permettent de raconter des histoires, des occasions délibérées de réflexion tout au long du cours ou un espace cohérent pour faire appel aux connaissances personnelles et générationnelles antérieures. Les pédagogues peuvent également responsabiliser leurs institutions en s’engageant activement dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et en devenant des alliés de l’éducation des peuples autochtones et de leur savoir.
Un conseil :
Les membres du corps professoral ne devraient jamais demander à un étudiant ou étudiante autochtone de faire ce travail. La responsabilité d’éduquer le corps professoral ne lui incombe pas !
Activité 4: Remue-méninges
La conception universelle permet un apprentissage qui favorise l’équité entre les personnes qui apprennent. Faites un remue-méninges sur les différentes façons dont la conception universelle peut soutenir les neuf principes d’apprentissage propres aux Premiers Peuples proposés au début de ce module.
Par exemple, si les étudiantes et étudiants autochtones ne peuvent pas se voir reflétés dans le cours ou le matériel, que ce soit dans le contenu du cours ou dans leurs établissements d’enseignement, leur capacité d’apprendre et de réussir est également touchée. Les principes autochtones sur l’éducation des Autochtones abordent cette question dans le principe 2 : « l’apprentissage est holistique, réflexif, réfléchi, expérientiel et relationnel (axé sur la connectivité, les relations réciproques et le sens du lieu) ».
Nous vous invitons à enregistrer votre réflexion et à travailler de la manière qui vous convient le mieux, par exemple en écrivant, en dessinant, en créant un fichier audio ou vidéo, une carte mentale ou toute autre méthode qui vous permettra de réfléchir et de vous référer à vos pensées.
Un espace de prise de notes en mode texte est également proposé ci-dessous. Toutes les notes que vous prenez ici restent entièrement confidentielles et ne sont visibles que par vous. Utilisez cet espace comme bon vous semble pour garder une trace de vos réflexions, de votre apprentissage et de vos réponses aux activités. Téléchargez une copie texte de vos notes avant de passer à la page suivante du module afin de vous assurer de ne rien perdre de votre travail !
Références
First Nations Education Steering Committee. (n.d.). First peoples principles of learning. Retrieved December 17, 2021, from http://www.fnesc.ca/first-peoples-principles-of-learning/