4.5 Pratiques nutritionnelles à l’âge scolaire

La transition des enfants et de leurs familles vers les espaces d’apprentissage de l’école maternelle s’accompagne d’un changement des pratiques nutritionnelles. Généralement, les enfants d’âge scolaire apportent leurs lunchs et leurs collations de la maison et les mangent à des heures précises au cours de la journée. Cela peut poser des problèmes aux familles en situation d’insécurité alimentaire. Les enfants doivent aussi gérer leur sac à lunch et tous les récipients de façon plus autonome. La supervision et le soutien diminuent au fil de l’évolution de l’enfant dans le système scolaire, ce qui peut laisser place à des problèmes d’exclusion et de stigmatisation alimentaire (food shaming en anglais). Les programmes avant et après l’école doivent disposer d’un permis et se conformer à la Loi de 2014 sur la garde d’enfants et la petite enfance. Les pratiques nutritionnelles dans les programmes agréés avant et après l’école ressemblent généralement à celles que les enfants ont connues dans des structures agréées pour la petite enfance.

Les éducatrices et éducateurs doivent garder à l’esprit les problèmes que peuvent poser les pratiques nutritionnelles des enfants d’âge scolaire et être en mesure d’engager des conversations délicates avec les enfants et les familles. Des programmes de déjeuner et de dîner ont été mis en place dans certaines écoles afin de s’assurer que tous les enfants ont accès à des collations et des repas nutritifs. Pour pouvoir participer et apprendre, les enfants doivent s’alimenter adéquatement, c’est pourquoi certains conseils scolaires ont adopté ces programmes visant à garantir que les enfants reçoivent gratuitement à manger pendant qu’ils sont à l’école.

En effet, il arrive qu’un enfant n’apporte pas de lunch, ou que son lunch ne contienne pas les éléments nutritifs essentiels à une croissance saine et au bien-être physique. Ses pairs peuvent le remarquer et se moquer de l’enfant ou dénigrer son lunch. Les éducatrices et éducateurs doivent être en mesure de faire face à ces problèmes et de mettre en œuvre des stratégies préventives afin d’éviter la stigmatisation alimentaire entre pairs. Le personnel doit également communiquer régulièrement avec les familles afin de leur fournir des ressources et de trouver des solutions pour répondre aux besoins nutritionnels de chaque enfant.

Les élèves peuvent aussi se moquer d’un enfant dont le repas ne leur est pas familier. Des enfants d’origines culturelles diverses fréquentent les écoles de l’Ontario. Il incombe aux éducatrices et éducateurs et aux administrations scolaires de veiller à ce que les valeurs et les traditions culturelles soient célébrées. La découverte des pratiques nutritionnelles diverses des autres enrichit l’espace d’apprentissage et permet aux élèves d’acquérir des connaissances sur les différentes façons de vivre dans ce monde. Dès l’arrivée des enfants dans les structures d’accueil de la petite enfance, il faut les exposer à une grande variété d’aliments et leur apprendre à célébrer les traditions culturelles des autres. Cela favorise l’émergence d’une attitude plus inclusive chez les enfants qui entrent dans le système scolaire. La sensibilisation continue aux principes de l’EDI (équité, diversité et inclusion) à l’âge scolaire renforce les connaissances et la conscience des enfants à cet égard, ce qui a pour effet de réduire la stigmatisation alimentaire et l’intimidation.

Lecture

Cliquez sur le lien suivant pour prendre connaissance des renseignements sur The Lunchbox Shaming Research Project (TMU, 2022). Réfléchissez aux questions posées dans l’article auquel mène le lien « as a case in the open textbook Food Studies ».

 

À la maternelle et aux premières années de l’école primaire, il arrive que des enfants évitent de manger des aliments provenant de la maison s’ils ne sont pas en mesure d’ouvrir les récipients ou s’ils n’ont pas les ustensiles nécessaires pour les manger. Les éducatrices et éducateurs qui travaillent avec les plus jeunes enfants dans le système scolaire doivent parfois les aider à accéder à leur lunch. De plus, comme l’indique The Lunchbox Shaming Project (2022), les écoles de l’Ontario ne sont pas toutes équipées pour permettre aux enfants de faire chauffer leur repas. Un enfant peut arriver à l’école avec des aliments qui doivent être ouverts à l’aide d’un ouvre-boîte ou réchauffés au micro-ondes. Les installations scolaires ne sont généralement pas conçues pour soutenir les élèves de cette manière. La plupart des programmes avant et après l’école offrent des collations aux enfants d’âge scolaire.

Le temps alloué aux collations et au dîner est très limité dans les écoles, et les enfants n’ont donc souvent pas le temps de finir leur repas apporté de la maison. Les familles peuvent avoir besoin d’information supplémentaire de la part de l’administration de l’école pour mieux comprendre ce qui est réaliste pour les enfants pendant les repas. Les éducatrices et éducateurs, les administrations scolaires et les familles ont tout intérêt à plaider en faveur d’une prolongation des périodes de repas pour s’assurer que les besoins nutritionnels des enfants sont satisfaits, mais aussi pour répondre à leurs besoins sociaux et culturels en leur donnant l’occasion de savourer leur dîner tout en discutant avec leurs pairs.

Un autre problème qui se manifeste chez les enfants d’âge scolaire est celui de la stigmatisation de l’apparence physique (body shaming en anglais). Cela se produit également dans les groupes plus jeunes, mais la plus grande indépendance des enfants d’âge scolaire fait en sorte qu’on les surveille moins assidûment, ce qui leur donne davantage l’occasion de se moquer du physique de leurs pairs. Des mesures préventives doivent être mises en place dès la petite enfance et dans le cadre de programmes scolaires afin de guider les enfants et de les sensibiliser aux méfaits de la stigmatisation de l’apparence physique.

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