7.8 Les obstacles affectant le bien-être dans la petite enfance

Divers obstacles empêchent de nombreuses familles d’accéder à des structures d’accueil de la petite enfance qui répondent à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Ces obstacles sont variés et incluent le manque d’accessibilité, d’inclusivité, d’abordabilité et de réactivité des services. Lorsqu’une famille ne peut pas accéder à la structure d’accueil de la petite enfance de son choix, elle est forcée de rester en dehors du marché du travail, d’accéder à des programmes mal adaptés à sa culture ou de se rabattre sur une autre solution.

Les obstacles à l’accès

Au Canada, de nombreuses familles vivent dans des zones isolées ou des communautés qui n’ont pas facilement accès à une structure d’accueil de la petite enfance. Le transport peut poser problème si la structure d’accueil est trop éloignée du domicile pour que les enfants puissent s’y rendre quotidiennement. Le Centre canadien de politiques alternatives a récemment classé London, en Ontario, comme l’une des villes canadiennes ayant le plus faible ratio de centres de garde agréés pour les enfants de moins de cinq ans, ce qui en fait un désert en la matière (2023). Parallèlement, le rapport d’une association locale indique que de nombreuses personnes ne peuvent pas accéder aux transports en commun à London (London News Today, 2023). À cause de ces obstacles, plusieurs familles n’ont pas accès à une structure d’accueil de la petite enfance, et encore moins à celle de leur choix. Ces problèmes d’accessibilité sont encore pires dans les comtés avoisinants, les régions rurales et les secteurs isolés du Nord de l’Ontario.

Le nouveau plan pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants a rendu les services de garde agréés plus abordables. La diminution des frais de garde a entraîné une hausse de la demande de places. Dans de nombreux services de garde agréés, la liste d’attente pour obtenir une place est longue. Les listes d’attente continueront de s’allonger tant que de nouvelles places ne seront pas offertes. Le manque de personnel qualifié est un autre problème qui entrave la capacité des services de garde agréés à se développer. Tous les paliers gouvernementaux collaborent pour améliorer les conditions de travail dans le secteur de la petite enfance afin de recruter et de retenir du personnel qualifié. Il faut régler les problèmes d’infrastructure pour que le réseau de la petite enfance puisse se développer au Canada, sans quoi plusieurs familles n’auront pas accès à des services de garde agréés.

Les obstacles à l’inclusion

Les ressources humaines, financières et d’intégration des structures d’accueil de la petite enfance sont souvent limitées. Le financement des agences chargées d’aider les structures d’accueil à assurer un traitement équitable et inclusif à tous les enfants est très limité. Plusieurs structures d’accueil de la petite enfance et conseillers en ressources ont établi d’excellents partenariats, mais l’offre disponible est affectée par le sous-financement de ces services. Les enfants ont parfois besoin d’un équipement spécialisé ou de soutien en classe. Puisque le financement est limité, il est rare que des ressources humaines supplémentaires soient disponibles. Dans de rares cas, cela peut empêcher une structure de la petite enfance d’offrir des services à une famille.

Parfois, un programme ne peut pas accueillir un enfant ayant des besoins particuliers, faute de formation ou de sensibilisation. L’ouvrage Comment apprend-on? définit les attentes envers les programmes afin d’aider les structures de la petite enfance à comprendre leur rôle dans la prise en charge des jeunes enfants. Les éducatrices et éducateurs suivent un perfectionnement professionnel continu afin d’améliorer leurs connaissances et de mieux comprendre comment répondre à ces attentes.

Les attentes envers les programmes fournissent une orientation pédagogique aux éducatrices et éducateurs :

  • nourrir des relations et des liens authentiques et bienveillants pour créer un sentiment d’appartenance parmi les enfants, entre eux et les adultes, ainsi qu’avec le monde qui les entoure;
  • favoriser le développement sain des enfants et les aider à renforcer le sentiment de leur identité;
  • créer des environnements et des expériences propices à l’engagement des enfants par l’exploration, le jeu et l’enquête de manière active, créative et motivante;
  • favoriser la communication et l’expression sous toutes leurs formes.

(Ministère de l’Éducation de l’Ontario, 2014)

En Ontario, toutes les organisations doivent respecter les normes d’accessibilité et intégrer des politiques d’accessibilité dans leurs structures. Les programmes de la petite enfance peuvent demander du financement pour rendre leurs locaux accessibles à tous les enfants, toutes les familles et tout le personnel. Le financement peut couvrir les coûts liés à la modernisation d’un espace ou à la formation du personnel. Le ministère de l’Éducation et les conseillères et conseillers en ressources des agences collaborent avec les structures de la petite enfance pour promouvoir l’accessibilité des services aux enfants. Les conseillères et conseillers en ressources aident les programmes à évaluer leurs locaux et espaces afin qu’ils soient accessibles à tous les enfants et qu’ils respectent les principes de la conception universelle de l’apprentissage.

Les obstacles à l’abordabilité

Maple Avenue Market Farm co-owner Sara Guerre teaching children about produce.

Semaine nationale du dîner scolaire à l’école élémentaire de Nottingham à Arlington (Virginie), le mercredi 12 octobre 2011. Photo du U.S. Department of Agriculture, CC BY 2.0.

Même si le plan pancanadien d’apprentissage et de garde des jeunes enfants a rendu les services de garde plus abordables, ces services demeurent trop chers pour de nombreuses familles. Les familles admissibles peuvent recevoir une allocation pour les frais de garde, mais certaines familles n’y ont pas accès en raison de leurs revenus. Plusieurs familles peinent à payer leurs dépenses de base et elles dépendent de plus en plus des banques alimentaires et d’autres aides financières. Le rapport le plus récent indique qu’un enfant sur six vit sous le seuil de pauvreté en Ontario (CCPA, 2021).

Les familles qui reçoivent une aide financière dans le cadre du programme Ontario au travail peuvent recevoir une allocation pour la garde d’enfants si elles participent à un programme de formation. Une fois le programme de formation terminé, les familles n’ont plus droit à l’allocation jusqu’à ce qu’elles aient un emploi. Cette situation est difficile pour les personnes qui n’ont pas d’aide pour garder leurs enfants pendant qu’elles cherchent un emploi. Cela affecte la capacité des familles qui ont de jeunes enfants à trouver un emploi.

Parfois, les familles nouvellement arrivées au Canada ne sont pas au courant des services offerts pour les soutenir financièrement. Souvent, les structures de la petite enfance sont le premier point de contact pour ces familles. Les éducatrices et éducateurs et les organisations doivent connaître les services et les ressources disponibles pour en faire part aux familles qui ont besoin d’aide supplémentaire. Les centres familiaux et les programmes ON y va offrent de nombreux services dans l’ensemble de l’Ontario. Ces organismes communautaires collaborent avec les unités locales de santé publique et les services municipaux à l’enfance.

Consultez les sites suivants pour en savoir plus sur les centres de la famille et les programmes ON y va :

Certaines familles peuvent vivre de l’insécurité alimentaire ou être sans-abri pendant la période où leurs enfants sont inscrits dans une structure d’accueil de la petite enfance. Le personnel doit connaître les ressources offertes aux familles afin que chaque enfant reçoive les soins nécessaires à son bien-être. Plusieurs refuges existent dans les communautés locales pour soutenir les familles, mais ils sont souvent pleins. Par ailleurs, les familles préfèrent parfois ne pas recourir aux refuges. Les éducatrices et éducateurs établissent des relations de confiance avec les familles et sont parfois les premières personnes à qui une famille révèle sa situation de vie. Pour soutenir les enfants et leurs familles, il est nécessaire de connaître les partenaires communautaires qui peuvent les aider à accéder à un logement sûr.

Lire

Consultez les ressources pour les familles et les enfants du Rond point de l’itinérance afin d’en savoir plus sur les raisons qui font que certains enfants n’ont pas de toit.

Les obstacles à des services réactifs

Précédemment dans ce chapitre, nous avons parlé de la pédagogie sensible à la culture, qui aide à éliminer les obstacles pour les enfants et les familles. Pour éprouver un sentiment d’appartenance et de bien-être, les enfants et les familles ont besoin de se reconnaître dans les milieux de la petite enfance. Certaines familles immigrantes ne connaissent personne à leur arrivée au pays et peuvent vouloir se rapprocher des personnes qui partagent leurs traditions culturelles. Les structures d’accueil de la petite enfance peuvent jouer un rôle crucial pour relier les familles avec les communautés afin de créer un sentiment d’appartenance et de bien-être.

Les éducatrices et éducateurs ont aussi besoin de se reconnaître dans le milieu d’apprentissage et de vivre des occasions d’apprentissage avec leurs collègues. Il est difficile d’avoir une collaboration réactive si on manque de temps ou d’occasions pour mettre en commun des connaissances entre collègues. Les milieux de la petite enfance ont accès à des ressources qui favorisent la collaboration et l’apprentissage mutuel pour le personnel. Nous avons mentionné plusieurs de ces ressources précédemment dans ce chapitre et fourni des liens au chapitre 8. Les milieux qui intègrent de solides communautés de pratique et qui favorisent l’autoréflexion réduisent les obstacles à la prestation de services de garde adaptés aux besoins des communautés.

Explorez le First Nation Early Learning Collaboration Website pour en savoir plus sur le Provincial First Nation Early Learning Leadership Circle (PEACE) et les nombreuses ressources adaptées à la culture des enfants et des familles autochtones.

En communiquant de façon ouverte avec les familles, on peut instaurer la confiance et développer des relations réceptives. En écoutant et en s’ouvrant à de nouvelles idées et façons d’être, on réduit les obstacles à des services adaptés aux besoins des familles. En offrant aux jeunes enfants des services de garde bien adaptés à leurs besoins, on renforce le sentiment d’appartenance et de bien-être de la prochaine génération.

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